La récente présentation à l’opéra d’Hyppolite et Aricie de Jean-Philippe Rameau m’a plongé dans la mythologie grecque. Celle-ci surgit régulièrement dans notre civilisation occidentale. Les Romains s’en sont librement inspirés, puis la religion chrétienne, monothéiste, a effacé les traces de celle, polythéiste, venue d’Athènes.
Ainsi, il fallut attendre la Renaissance pour voir réapparaitre dans le domaine des arts graphiques, lyriques et littéraires les héros de l’antiquité. Le siècle des lumières fut propice à la diffusion des images issues de cette mythologie. Les courants artistiques y puisent régulièrement leur inspiration.
Au début du siècle dernier, beaucoup d’industriels se sont inspirés des légendes grecques pour donner une identité forte à leurs produits. Le milieu de l’automobile n’a pas échappé à cette tendance. Son vocabulaire en est la preuve : le terme « phaéton » qui décrit une carrosserie automobile sportive équipée d’une banquette, rend hommage au héros qui avait osé conduire le char du soleil. Les personnages mythologiques inspirèrent bien évidemment les publicitaires. On peut citer à titre d’exemple Mobil et son cheval ailé, Pégase, GoodYear et les sandales ailées de Mercure, le messager des Dieux. Les constructeurs automobiles ont également utilisé ces symboles forts. La firme Rolls Royce a choisi pour orner ses radiateurs la fameuse représentation de Niké, déesse symbolisant la victoire de Samothrace. Maserati s’empara du trident, attribut du Dieu Poséidon, Alfa Romeo de la vouivre, création fantastique de la mythologie. Ils ont également donné à leurs modèles les noms des dieux et héros de l’antiquité. Simca baptisa l’une de ses berlines « Ariane », Renault fit de même avec sa « Clio ». La liste serait fort longue à établir, tant la mythologie grecque inspira les constructeurs automobiles, et plus généralement l’industrie. C’est bien la preuve de son influence sur notre société occidentale.
Un autre symbole, directement lié à la mythologie a été largement utilisé durant le siècle dernier. Il s’agit de l’attribut de l’Amour nommé aussi Cupidon et c’est bien évidemment la flèche.
Les attributs des Dieux symbolisent leurs pouvoirs et sont bien souvent à double lecture. Ainsi, Cupidon décoche deux types de flèches : celles qui sont en or font naître l’amour chez ceux qui les reçoivent, celles qui sont en plomb provoquent l’aversion dans le cœur de l’être aimé.
On comprend mieux pourquoi les concepteurs de la Golden Arrow (littéralement flèche d’or) ont choisi ce nom. L’auto est conçue en 1929. Elle est considérée par les historiens de l’automobile comme la première à avoir reçu une carrosserie étudiée à des fins d’aérodynamisme.
Elle reçoit un moteur W12 Napier Lion de 23,9l de cylindrée issu de l’aviation. Pour le refroidir, les ingénieurs avaient placé dans les soutes latérales de l’engin des bacs de glace ! Dès sa première tentative à bord du modèle, Henry Segrave efface le record de la White Triplex. Peu de temps après avoir été détrôné, Lee Bible sur la White Triplex perdra la vie en tentant de reconquérir son titre. En signe de deuil, Henry Segrave renoncera à améliorer son record et l’auto sera remisée.