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Le discours d’un chef

Le discours d’un chef.

25cv. 1131cm3. 4cyl. 750Kg. Voilà les données du problème.

En cette année 1948, les ingénieurs se doivent de résoudre l’équation suivante : avec un modeste moteur 4 cylindres de 1131cm3 développant 25cv, le seul disponible de toute façon, comment concevoir un véhicule utilitaire de 750kg de charge utile ?

Pour le patron de Volkswagen, Heinz Nordhoff, nommé le 1er janvier 1948 directeur général par les forces anglaise d’occupation , l’idéal serait d’utiliser le châssis de la berline. C’est ce qui sera fait sur le premier prototype, très vite modifié car le véhicule montre d’inquiétantes distorsions au bout de quelques centaines de mètres. La rationalisation a des limites ! les ingénieurs reverront leur copie en renforçant le châssis de barres d’acier et en le soudant à la caisse, au lieu de simplement le boulonner.

Dans un souci d’économie d’échelle, le véhicule doit emprunter le maximum de pièces de la berline. Ainsi il sera équipé de suspensions à roues indépendantes comme cette dernière. C’est une première à l’époque pour un utilitaire, et cela lui confère un confort de conduite indéniable.

Des emprunts à la berline, le plus problématique est celui de l’implantation mécanique à l’arrière. Une partie du volume est ainsi condamnée ainsi que l’accessibilité par l’arrière.

Lors du discours de présentation à la presse le 12 novembre 1949 avec un peu de provocation, le grand patron balaiera tous les doutes :

« Nous aurions placé le moteur à l’avant sans la moindre hésitation si nous avions pensé qu’il s’agissait là d’une meilleure solution ».

Autant d’assurance dans l’affirmation a pu paraître présomptueux.

Pourtant, si l’on se rappelle l’équation de départ, c’est à dire le rapport puissance-charge utile et la nécessité d’utiliser les pièces de la berline, l’architecture du Combi, avec son implantation mécanique en porte-à-faux arrière est logique, et disons-le intelligent : la charge à transporter se situe au milieu, entre le poids de la cabine et du conducteur, et celui du moteur.

Afin de légitimer ses choix techniques auprès des futurs acheteurs, la firme de Wolfsburg fit appelle à Wiking, établi à Berlin, pour concevoir une miniature originale. De mémoire, aucune firme automobile n’avait pensé à proposer une reproduction d’un de ses véhicule de façon « éclatée ».

Wiking a découpé son modèle en deux parties afin de montrer aux futurs acheteurs du Combi toute la fonctionnalité et l’habitabilité de ce dernier. C’est la ligne horizontale de la caisse qui a servi à délimiter la découpe. Wiking se sert astucieusement de cette ligne qui, à l’avant, au-dessus du pare-chocs, forme un « V »entre les deux phares.

La miniature est composée de deux parties. La partie supérieure qui incorpore une partie de la face avant, est réalisée en plastique transparent sur les premiers modèles, laissant ainsi apparaître le volume disponible. L’effet est saisissant, notamment sur la version familiale.

Ce dernier, rappelons le, avait pour fonction d’être équipé de deux banquettes démontables. Un vrai mono-space modulable avant l’heure. La miniature reprend l’esprit du catalogue publicitaire. Les personnages semblent sortis tout droit du catalogue sur lequel Volkswagen n’avait pas eu peur de placer 8 adultes et des bagages !

…Wiking non plus ! la firme berlinoise trouva même l’espace pour rajouter un chien entre la porte coulissante et la première banquette ! Ce chien disparaîtra sur les versions suivantes de même qu’un des 8 adultes remplacé par un enfant. Ouf ! Wiking avait sans-doute  exagéré les capacités du véhicule et le Combi a dû se sentir un peu allégé…

Le véhicule eut un succès rapide et planétaire ! C’est bien la preuve que le produit correspondait à une attente. Il faut dire qu’à la sortie du conflit de 1939-1945, le parc automobile européen est à reconstruire. L’ évolution du véhicule, programmée en 1967, fut un véritable cauchemar pour le bureau d’étude. Comment faire évoluer une icône ? (voir le blog consacré au Volkswagen T2 prototype)

Les collectionneurs de miniatures éclectiques peuvent dénombrer dans leurs vitrines nombre de modèles dont les fabricants sont de nationalités différentes : Danemark, Norvège, Belgique, France, Grande-Bretagne, Portugal, Hong Kong, Iran, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Espagne, Chili, Brésil, USA et bien sûr Allemagne. J’en oublie certainement.

Le succès a reposé sur des valeurs simples que le grand patron a su mettre en place : qualité de fabrication, économie à l’usage, fiabilité, et densité du réseau du service après-vente. Il faut ajouter une offre diversifiée avec des modèles adaptés à quasiment tous les corps de métier (pick-up, échelle, nacelle, ambulance, double cabine pick-up…).