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Le crépuscule

Le crépuscule

A peine sorti de la mégapole new-yorkaise, la nature est omniprésente. Moins de vingt minutes se sont écoulées depuis l’aéroport de Newark, et l’on a déjà oublié les gratte-ciel et la civilisation.

Le changement est même assez brutal. Il est plaisant de sortir de l’univers bétonné pour retrouver la nature. Les forêts sont nombreuses sur la route qui traverse le New Jersey vers la Pennsylvanie et, en ce début novembre, le spectacle est grandiose .

Le ciel bleu vient rehausser cette impression. Pourtant, à bien y regarder, l’automne se meurt. Les couleurs ont subtilement viré du jaune et rouge flamboyant à un ocre et brun qui annoncent l’arrivée prochaine de l’hiver.

Ce sont des détails mais la nature s’apprête à un long sommeil. Ce n’est pas la température encore presque estivale qui pourrait faire croire à cela.

Pourtant, comme me dit un autochtone à l’hôtel, dans dix jours il y aura peut-être 20 cm de neige ! On pourrait croire à une blague, mais l’automobiliste averti que je suis a bien reconnu le crissement particulier des pneus hiver sur le parking de l’hôtel où je viens d’arriver.

Chaque automne, je guette ce moment si particulier où la nature perd son éclat et glisse vers l’hiver. C’est souvent imperceptible, petite touche par petite touche, un coup de vent par ci, une journée de pluie par là, la nature fait le reste. C’est le crépuscule de l’automne.

Quand la commission sportive internationale a autorisé la publicité sur les automobiles de course, elle ne sait pas encore qu’elle a ouvert la boîte de Pandore. Mais cela va se faire par petites touches, comme pour l’arrivée de l’hiver.

Dans un premier temps, seuls les pétroliers sont autorisés à apposer leur logo sur les flancs des autos de course. Ces derniers participaient activement à la vie des différentes équipes de formule 1 ou de « sport prototypes » avec pour seul retour, la possibilité de communiquer sur les résultats par le biais des publicités dans la presse.

« Esso » et « BP » éditaient également chaque année de belles publications reprenant les différents succès des autos qu’ils avaient « aidées » financièrement au cours de l’année.

On appréciera cette publication d’Esso de 1956 où le pétrolier n’hésite pas à placer la Jaguar Type D victorieuse au Mans cette même année à côté d’une Peugeot 403 en pleine attaque dans un rallye hivernal.

Puis ce fut au tour des équipementiers d’avoir le droit de s’afficher sur les autos : pneus, éclairage, bougies, essuie-glaces. Jusque-là, rien d’extraordinaire.

Cela faisait sûrement grincer des dents les amateurs purs et durs pour qui une auto devait concourir sous la seule couleur du pays qui l’engageait. Il a fallu faire preuve de pédagogie, expliquer qu’il était nécessaire à la survie de toutes ces équipes d’introduire un peu de publicité.

Sans le savoir, le monde de la course automobile va se trouver bouleversé par cet événement. Le sport automobile ne sera jamais plus comme avant.

Les sponsors vont bientôt exiger une meilleure visibilité de leur investissement : cela entrainera l’arrivée de la télévision. En vendant son âme, la course automobile n’a-t’-elle pas perdu  de son intérêt ?

Lotus, un constructeur innovant sur le  plan technique et financier.

Le début de la saison 1968 fut terrible pour l’écurie Lotus. Elle a vu son pilote numéro un, l’Ecossais Jim Clark, disparaitre dans une épreuve mineure de formule 2 à Hockenheim.

Puis c’est Mike Spence qui trouve la mort aux essais d’Indianapolis. Ce dernier remplaçait l’Ecossais dans le baquet de la Lotus.

Hasard du calendrier, c’est dans cette période catastrophique que l’écurie a introduit le premier sponsor étranger au monde de l’automobile, j’ai nommé le cigarettier « Gold leaf ».

Le Premier Grand Prix de la Lotus 49B sous ces nouvelles couleurs à Jarama pour le Grand Prix d’Espagne sera une première victoire. On imagine que ce succès mit un peu de baume au coeur à tous les membres de l’écurie.

Le second Grand Prix à Monaco sera une seconde victoire. La saison se révélera difficile mais Graham Hill pilote numéro un de l’écurie Lotus sera couronné d’un second titre de champion du monde.

Cette version du Grand prix de Monaco 1968 est celle qu’avait choisi de reproduire Dinky Toys. Je me souviendrai toute ma vie, et je pèse mes mots, de cette découverte chez un ancien du bureau d’étude qui avait eu l’intelligence de sauver quelques pièces d’une destruction programmée. Cette version est facilement identifiable avec son carénage moteur incorporant un petit aileron.

 

Pour l’amateur de Dinky Toys et de voitures de course que j’étais,voir côte à côte la Porsche 917 et la Lotus 49B, projets abandonnés, reste un des plus beaux souvenirs de ma vie de collectionneur. Je me souviens combien j’étais excité à l’idée de relater cette découverte auprès des amateurs de la marque. (voir le blog consacré à la Porsche 917 de chez Dinky Toys

Il est facile de comprendre pourquoi Liverpool a mis son veto à cette opération. La firme anglaise avait décidé de reproduire également une Lotus 49B.

A cette époque, Dinky Toys Grande-Bretagne s’était déjà égaré dans des projets sans intérêt. Celui de la Lotus 49B de la saison 1969 au 1/32 fait partie cette liste.

Pourquoi avoir changé l’échelle de reproduction ? Etait-on à ce point à court d’idée  outre-Manche pour se différencier des autres fabricants ?

La reproduction produite est moyenne. la gravure épaisse. Pourquoi avoir choisi un rouge métallisé ? C’est bien un modèle de fin de règne. On apprécie néanmoins le boîtage et le diorama, ainsi que la planche de décoration.

Elle reproduit la version avec laquelle Graham Hill remporte le dernier Grand prix de sa carrière et son cinquième succès à Monaco en 1969.

La couleur du bolide ne devait pas déplaire au responsable de Bobigny à l’époque, on sait combien ce dernier appréciait le rouge. Dernièrement, un ancien du bureau d’étude m’a confirmé cette anecdote que Jean-Michel Roulet m’avait déjà racontée : lors d’une présentation de palette de couleurs, un membre du bureau d’étude, par plaisanterie, avait cru bon de n’amener que des autos finies en rouge.

ll est intéressant de constater que la monoplace qui remplacera dans le catalogue cette Lotus abandonnée sera aussi de couleur rouge, confirmant si nécessaire l’intérêt de la direction de Dinky Toys pour cette couleur. Le choix d’une Surtees TS5 qui plus est de formule 5000 semble bien établir que c’est la couleur de l’auto qui a dicté ce choix plus que le palmarès de la monoplace qui est demeuré très modeste.