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Le fils perdu

Le fils perdu

Il est toujours réjouissant pour un collectionneur de découvrir un modèle qui n’est pas encore connu. Quand il provient de plus d’une firme majeure comme Tekno, on peut parler d’un petit événement. Deux livres suivis de rééditions complétées ont été faits sur la firme Tekno mais les découvertes récentes donneraient assez de matière pour en écrire un troisième.

Prototype Volkswagen
Prototype Volkswagen T2 de chez Tekno

Empressés de faire découvrir la marque Tekno au reste du monde, deux auteurs danois ont publié un premier livre au milieu des années quatre-vingt. Bien évidemment, les collectionneurs français qui ne parlent pas le danois doivent se contenter des listes et des photos en noir et blanc. Le second livre sur Tekno révèle un travail superficiel et déçoit. Les auteurs ont choisi la solution de facilité et se sont contentés de quelques visites chez des collectionneurs danois. Ils ont profité d’un voyage en France pour faire des photos chez mon père durant une journée. Ainsi, l’ossature de ce livre est constituée de trois ou quatre collections. Pour une firme comme Tekno, cela est bien insuffisant. A titre d’exemple, il a fallu attendre le dernier opuscule pour que soit mentionnée la Chevrolet Corvette, alors que plusieurs exemplaires de cette dernière était connus y compris de personnes proches des auteurs. Nous sommes à l’opposé du travail mené par des passionnés comme Paolo Rampini qui sans cesse prend des notes afin de compléter ses listings.

Carlo Nilsson qui avait des relations au sein de l’usine Tekno avait certainement constitué à l’époque de la fermeture de cette usine la plus belle collection de modèles Tekno. Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer car il habitait dans le Jutland et ne participait pas aux manifestations qui se concentraient dans la région de Copenhague.

A son décès, sa famille a dispersé la collection en salle des ventes. La veille de cet évènement, elle apporta une dernière valise. Je ne sais si elle ignorait ou non l’intérêt de cette dernière, mais la surprise pour tous les amateurs fut de taille.

La valise contenait plus d’une vingtaine de prototypes, ébauches en laiton et autres matériels du bureau d’étude. Ces objets fraichement découverts ne faisaient pas partie de la vente mais ils furent exposés en vitrine.

Prototype Volkswagen
Prototype Volkswagen

A mes yeux, la vedette de cette vitrine était incontestablement le Volkswagen type 2 de 1968. Personne n’avait entendu parler de ce projet. Il était accompagné d’une version pick-up, dans la logique opératoire de Tekno. Depuis la première représentation du célèbre Kombi, Tekno a toujours proposé plusieurs déclinaisons de carrosseries. Pour la nouvelle mouture, Tekno avait donc suivi sa logique. L’existence d’un prototype en laiton, dernière étape avant la fabrication du moule acier démontre que Tekno était très avance dans son projet.

L’existence des pièces en bronze ayant servi à la réalisation du second Ford Taunus me conduit à m’interroger : Tekno avait-il songé à réaliser un Ford Transit destiné à lui succéder ? Peut-être en découvrirons-nous un jour l’ébauche ?

Tekno freezer D800 posthume

Mon intérêt pour Tekno réside aussi dans la faculté qu’a eu cette firme de pouvoir, parallèlement à sa production de jouets, fournir des modèles promotionnels aux entreprises qui lui en faisaient la demande. Il semble que cela n’a été possible que grâce à la taille modeste de l’unité de fabrication. Il est bien évident que des firmes comme Dinky Toys, de taille bien plus importante n’auraient pas pu se diversifier dans ce type de produits, sauf à ce que les quantités commandées soient importantes. Or je suis convaincu que des commandes modestes ont été honorées chez Tekno.

Tekno
couverture du catalogue Tekno 1968

Pour mener à bonne fin sa production de modèles promotionnels, Tekno va créer une caisse plastique dont il dotera sa version à châssis long. La simplicité de cette dernière tranche avec la sophistication du châssis cabine. On comprend que ce fourgon a vocation à pouvoir recevoir facilement des décorations différentes. Les surfaces planes permettent l’application de tout support publicitaire. Cette caisse ne fut d’ailleurs jamais proposée à la vente en magasin.

Tekno Der Spiegel
Tekno « Der Spiegel »

Le modèle le plus connu est sans doute la version commandée par le journal allemand « Der Spiegel ». La décoration est réalisée à l’aide d’un papier autocollant entourant trois faces du fourgon. Il existe également une version pour le loueur de véhicules Hertz. Une version pour la chaîne danoise de magasins de jouets « BR Legetoj » a été envisagée mais je ne pense pas qu’elle fut produite en série par Tekno. Un seul exemplaire de pré-série a été répertorié chez M. Nilson, collectionneur danois introduit auprès de l’entreprise.

Elle appartenait aussi à M. Nilsson. J’ai eu l’occasion de l’acquérir lors de la dispersion de sa collection. Cette découverte confirme que c’est bien au Danemark que fut créé l’outillage de ce beau modèle qui n’était connu qu’en version néerlandaise plus tardive et aux couleurs « Frisko Is ».

Depuis, un second modèle danois a fait surface, mais sans sa décoration. Les parties moulées en plastique de couleur bleu ainsi que les pochoirs de couleur bleu appliqués pour la décoration de la cabine ne laissent aucun doute sur l’authenticité du modèle. Il est bien évident que sur ce genre de support, Tekno aurait pu appliquer bon nombre de publicités.

Tekno Ford  D800 "Tekno freezer"
Tekno freezer D800

Le Tekno freezer ne sera jamais commercialisé. Il est trop tard. Le destin de Tekno passe par les Pays-Bas. Le repreneur poursuivra avec l’outillage danois et ne devra sa survie que grâce à la production quasi exclusive de modèles réalisés pour les transporteurs néerlandais. Le repreneur avait compris que l’âge d’or du jouet était terminé et qu’il fallait passer à l’étape suivante.