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Ford et Solido: une longue complicité

Ford et Solido: une longue complicité

Avez-vous déjà compté le nombre de miniatures arborant le logo Ford dans la fameuse série 100 de chez Solido ? Il y en a huit, ce qui place le fabricant de Detroit au troisième rang des marques automobiles les plus représentées dans cette série. Ferrari détient le record avec 14 modèles. La seconde marche du podium est occupée par la firme allemande Porsche, avec neuf unités, juste devant Ford et ses huit modèles. Les trois marques représentent presque le tiers de la série 100. A travers ces chiffres, un constat s’impose. Celui de l’attachement et de la fidélité de Solido envers certaines firmes automobiles.

 

Pourquoi? M. De Vazeilles s’est exprimé sur le sujet en expliquant que certaines firmes comme Mercedes fournissaient les plans très facilement. D’autres entreprises comme Ferrari laissaient faire sans demander de contrepartie financière, comme c’est désormais le cas.
Il semble aussi qu’il y ait eu des affinités plus fortes avec certaines marques.

Ainsi, Ford a toujours bénéficié d’un traitement de faveur. Solido visait peut-être une ouverture sur le marché américain. On constate la volonté de proposer les déclinaisons et les évolutions d’un même modèle au fil des ans.

Par exemple, quand en 1956 Solido décide d’incorporer une version pick-up à sa gamme Junior, c’est une Ford qu’elle choisit. Près de quinze ans plus tard, dans sa série Major ressuscitée ce sera également une Ford, d’un millésime contemporain au coffret, qui remplira cette mission dans le coffret Major IV. Cette continuité montre bien les liens entre Solido et certaines firmes automobiles. Il aurait été intéressant que Bertrand Azéma questionne M. De Vazeilles sur ce sujet. Pouvait-il y avoir un contrat entre Ford et Solido ?

Dans la même logique, lorsque le cabriolet Ford Thunderbird a perdu son intérêt, il a été remplacé l’année de son éviction du catalogue, en 1963, par une autre version de la Thunderbird, plus moderne.

Solido ayant lancé en 1961 ses fameuses portes ouvrantes, elle choisit pour la nouvelle mouture de la Thunderbird la version coupé, avec portes ouvrantes bien entendu. Cela permettra au bureau d’étude de montrer l’étendue de son talent. Il est aussi très intéressant de constater que plus de vingt-cinq ans plus tard, quand Solido dans sa série Age d’or, se tourne vers les autos américaines de la période dite des « fifties » et des « sixties » très en vue dans les années quatre-vingt, c’est encore une Ford Thunderbird qu’elle propose. Ultime clin d’œil au passé, ce sera une version cabriolet du modèle 1961 ! Cette fois c’est le capot moteur qui est ouvrant.

Je me souviens très bien comment Bertrand Azéma m’a dévoilé la sortie prochaine de cette Age d’or avec des yeux gourmands. Nul doute qu’il avait conseillé le bureau d’étude dans ce choix.

Cette référence 128 va connaitre une très longue carrière. Lorsque l’on a commencé à chercher les variantes de couleurs au milieu des années 70, sa cote était basse du fait qu’elle était encore disponible dans les coffrets Caravaning. Cette ultime version était disponible en vert pomme. Quelle drôle d’idée !

Désormais c’est une auto prisée. Les nombreuses variantes de teintes excitent la convoitise des collectionneurs. Il y a pourtant à mes yeux de fausses raretés. Les versions bicolores, spectaculaires, ne sont pas rares. J’en ai vu bien plus souvent que des versions de couleur jaune, bleu métallisé ou rouge métallisé.

L’auto sera d’abord produite avec des phares moulés, peints de couleur or. Le châssis est généralement peint de couleur grise. Il faut toujours se méfier avec une firme comme Solido, des versions intermédiaires ne sont jamais à exclure.

En 1965, Solido voudra donner un coup de fouet à sa gamme en lançant la série « luxe 65 ». Il lui faudra créer et mouler une plaque minéralogique sous le pare-chocs avant pour apposer l’immatriculation en papier fournie avec chaque auto. L’entreprise profitera de cette modification pour équiper son modèle de phares translucides.

Il est intéressant de constater que Solido continuera d’employer certaines teintes après avoir effectué cette modification, ce qui tend à prouver une certaine rigueur dans le choix de ces teintes et surtout la programmation de ces dernières dans le temps.

(voir l’article sur la Ford Thunderbird cabriolet 113B)

 

La caravane et l’Aston Martin

La pérennité de la série 100 est à mettre à l’actif de Jean De Vazeilles. Lorsque le père de ce dernier avait créé Solido, il avait pour ambition de proposer des jouets démontables. Les reproductions d’automobiles tenaient alors une grande place dans les catalogues. Le coté ludique du jouet résidait dans la possibilité pour l’enfant de construire son propre modèle.

La caravane et l’Aston Martin
Face avant et arrière

Il avait à sa disposition un châssis, des capots, et des éléments de carrosserie variés. Il ne restait plus qu’à les assembler au gré de son imagination. L’enfant pouvait ainsi passer d’un coupé chauffeur à une pointe de course. Le passage à la série 100 n’a pas totalement supprimé cet esprit de jouet démontable. Mais il s’agit désormais de proposer des autos fidèles et ce critère impose de réaliser des châssis aux cotes de chaque auto : c’est la fin des châssis standardisés.

Jean de Vazeilles ne souhaita jamais se séparer de ce qui avait fait le premier succès de la marque : les autos démontables, transformables, ludiques. Il adapta le concept à ses nouvelles productions. Il choisit deux modèles de la série 100, la Ford Thunderbird et l’Alfa Romeo 2600 Bertone.

Le moule fut modifié de manière très simple. Du sertissage comme moyen de maintenir le châssis à la carrosserie, on passa au vissage grâce aux fameuses vis Solido qui n’avaient guère évolué depuis le début de l’histoire de la Solido. Deux tailles de coffret furent proposées : Caravaning 1 et Caravaning 2. L’enfant qui recevait le second coffret pouvait choisir d’assembler, à l’aide d’un châssis très simple qui avait été créé au milieu des années 50, la caravane ou la remorque pour véhiculer le hors-bord. L’enfant qui recevait le petit coffret ne pouvait accrocher à son Alfa Romeo que la caravane. Il est bien clair que l’intervention de l’imagination est désormais très cadrée. Plus tard, l’opération sera renouvelée avec des modèles du milieu des années 70, preuve qu’il y avait là un petit marché laissé vacant par les autres fabricants.

Vous allez me dire, mais quel rapport y a t-il avec notre Aston Martin DB5 ? Le voici. Solido a eu une grande carrière à l’international. Les moules ont voyagé en Espagne, en Argentine, au Brésil, et se sont parfois un peu détériorés. Ainsi notre Alfa Romeo 2600 a dû partir en Espagne alors qu’il y avait une livraison de coffrets Caravaning 1 à honorer.

La direction conclut bien vite que la seule auto présentant des caractéristiques similaires était l’Aston Martin DB5.

La caravane et l’Aston Martin
La caravane et l’Aston Martin

Il fallut juste modifier le châssis. Un pas de vis remplaça le sertissage pour permettre de fixer la carrosserie au châssis. Cette modification fut conservée jusqu’à la fin de production du modèle. Cette version, peinte d’un beau vert cru est toujours équipée de jantes en acier, ce qui en fait une exception pour une Aston Martin DB5 « made in France ». A contrario, l’Alfa Romeo 2600 partie en Espagne et vendue en étui individuel sera produite vissée !

Là aussi ce sera une exception. Au retour de l’outillage en France, l’Alfa Romeo réintégrera les coffrets caravaning jusqu’au milieu des années 70.