Au moment de choisir ma nouvelle auto, je n’ai pu que repenser au nuancier Wiking. Commandant une auto du groupe Volkswagen, j’ai d’abord regretté l’heureuse époque où le vendeur remettait à son client la reproduction en miniature de l’auto qui venait d’être commandée. Les constructeurs semblent ignorer la portée de ce geste commercial. Désormais, il faut payer pour obtenir la miniature, et le choix de la couleur se fait sur catalogue.
Chez le constructeur allemand Audi, vous pouvez vous faire plaisir et choisir parmi un très grand nombre une couleur à la carte, dite « exclusive », c’est à dire hors catalogue. Le collectionneur que je suis, de manière inconsciente certainement, a tout de suite fait un parallèle avec la notion de « couleur rare » ou « variante peu fréquente ». C’est ainsi que j’ai opté, après avoir obtenu l’approbation familiale, pour un bleu pâle, un « bleu cumulus ». Le nom est assez évocateur, la couleur est très douce, elle m’a emballé plus encore que le moteur !
La contrepartie de ce choix téméraire fut une attente de sept mois et demi avant que je ne puisse aller réceptionner ma voiture. Sept mois d’attente, c’est plus qu’il n’en faut pour fantasmer sur le romantisme du bleu cumulus…je m’imaginais déjà au volant, glissant dans une volonté de parfaite harmonie le « Tannhäuser » de Wagner » dans le lecteur de CD.
En fait d’harmonie, c’est « Ring my bell » que j’aurais dû amener. L’impensable s’est produit : les Allemands m’ont livré une auto d’une autre couleur que celle commandée ! Envolé le bleu cumulus, la voiture trônait au milieu du hall, arrogante dans sa robe « bleu spring », pour tout dire bleu-pailleté, tendance disco et années 80. Pour un peu, je me sentais obligé d’emmener ma femme au Queen. Moi qui vante depuis des années la rigueur germanique à tout le monde, j’en suis encore abasourdi.
A l’instar de Georges Brassens qui dans son émouvante « Stances à un cambrioleur », trouve d’abord des circonstances atténuantes à son voleur et finit par conclure qu’il a ainsi trouvé prétexte à une chanson, j’essaierais moi aussi d’être philosophe en remerciant Audi de m’avoir inspiré le blog de la semaine.