La nouvelle édition du festival de Cannes m’offre l’opportunité de rendre hommage au réalisateur italien Federico Fellini. « La dolce vita » présenté à Cannes en 1960 où il reçut la palme d’or, marqua les esprits, notamment en Italie où il divisa la population.
Le film eut un immense succès commercial qui reposait d’ailleurs davantage sur l’intérêt du public pour les scènes érotiques que sur ses qualités intrinsèques. Le Vatican jugea l’œuvre pornographique et blasphématoire !
Ainsi, dans « Divorce à l’italienne », tourné en 1961 par Pietro Germi, une scène se déroule devant le cinéma d’un village : la projection de « La dolce vita » provoque une émeute, la salle étant trop petite pour accueillir le public dominical tout émoustillé par la réputation du film. Il est amusant de remarquer que le rôle principal de « Divorce à l’italienne » est tenu par Marcello Mastroianni, qui interprète également le rôle principal de « La dolce vita ». Ce sera la première collaboration de Mastroianni avec le cinéaste Federico Fellini.
Cinq autres films réuniront les deux monstres sacrés qui semblent s’apprécier. De construction moderne, le film est une suite de séquences où nous suivons un chroniqueur interprété par Marcello Mastroianni. La scène la plus connue est bien sûr celle où Anita Ekberg se baigne dans la fontaine de Trévi. Cette scène s’est imposée au cinéaste après avoir lu un article de journal relatant qu’au cours d’une séance de photos Anita Ekberg s’était blessée légèrement au pied ; elle était à proximité de la fontaine de Trévi et était allée y nettoyer sa blessure. Le photographe Pierre Luigi avait alors réalisé une série de photos publiée dans le journal Tempo.
De nombreuses scènes du film font partie de l’histoire du cinéma. Federico Fellini nous offre une vision toute personnelle de certains quartiers de Rome, notamment celui de l’EUR, construit sous Mussolini et structuré en grandes artères rectilignes. La vision est assez déroutante pour qui connaît la capitale romaine. Il semble bien que le cinéaste ait cherché à prendre le contre-pied des clichés faciles sur la « douceur de vivre à l’italienne ».
Ainsi, pour en venir au sujet qui nous est cher, l’automobile, le choix du cinéaste est singulier. Il lui aurait été facile de choisir parmi les voitures sportives, de luxe ou populaires, produites par l’industrie italienne. Pour nous, Français, le titre du film peut facilement évoquer une Alfa Romeo Giulietta, une belle Lancia Aurelia et même une Ferrari 250GT.
Fellini choisit de faire rouler son personnage principal en Triumph TR3.
Le photographe qui l’assiste, Pierotto Paparazzo, (à l’origine du mot paparazzi) apparaît en MG TF. Maddalena, interprétée par Anouk Aimée et symbole de la bourgeoisie désœuvrée roule, elle, dans une Cadillac Eldorado Biarritz. Le spectateur est déstabilisé et il y a fort à parier que Fellini a personnellement choisi les automobiles de ses acteurs.
Pour illustrer ce film, j’ai souhaité vous présenter une Triumph TR3 un peu moins connue que celles produites par Corgi Toys ou Spot On. Le modèle a été produit au Japon, par Line Mar, pour la firme Marx sous le nom de « Collectoys ». Compte tenu de la consonance anglo-saxonne, la destination commerciale de ce produit, les Etats-Unis, est évidente. Il faut rappeler que déjà, avant la seconde guerre mondiale, le Japon s’était attaqué au marché américain du jouet. Au départ la qualité de ces jouets était médiocre. Elle s’est vite améliorée.
Après guerre, les jouets produit par la firme Marx ont porté le marquage un brin infamant : « Made in Occupied Japan ».
Les Japonais se sont vite redressés à l’issue du conflit et le marché américain est demeuré leur principale cible. La multitude de belles américaines en tôle à des échelles allant du 1/35 au 1/10 environ en est la preuve. Mais les échelles inférieures n’ont pas été oubliées.
Voici donc une série attachante de cabriolets et de coupé européens, dont la Triumph fait partie au même titre qu’une Jaguar XK120, une Porsche 356 et même une BMW 507. L’échelle choisie pour ces modèles est environ le 1/50. Le fabricant proposera toute une série d’autos américaines, dont une Edsel. Celles-ci seront alors reproduites au 1/66 environ, l’échelle de reproduction étant dictée par les boîtages, tous de même format !
Marx commandera ensuite à son fabricant de jouets japonais une autre série de modèles extrapolés de cette gamme et installera au volant un personnage issu des dessins animés de Walt Disney. Mickey s’assiéra dans la Triumph TR3 et Goofy prendra les commandes de la Jaguar XK120 ou de la « MGA » ! Cette série est également peu fréquente.