Petit moteur et sexe faible
Je ne suis pas certain que Simone de Beauvoir et les autres féministes du milieu des années cinquante aient apprécié le vecteur choisi par le patron de Simca pour promouvoir sa nouvelle gamme de coupés et cabriolets.
Henri Pigozzi avait en effet imaginé une auto élégante et racée destinée aux femmes possédant les même attributs.
A une époque où peu de femmes étaient indépendantes financièrement, ce projet semblait vouer à l’échec, mais on sait combien M. Pigozzi appréciait la gent féminine.
Avec le recul on ne peut que constater qu’il était en avance sur son temps. Ce coupé/cabriolet n’était pas conçu pour emmener promener les enfants le jeudi au bois de Vincennes, mais plutôt pour aller essayer les dernières nouveautés de chez Dior avenue Montaigne ou prendre le thé chez Ladurée.
L’auto s’est d’ailleurs affichée avec des mannequins dans les vitrines des Galeries Lafayette lors d’une campagne publicitaire. Cette opération de séduction envers la clientèle féminine inaugurée par le patron de Simca en personne s’intitulait « La femme et sa voiture ».
Si la voiture était élégante, on peut émettre des réserves sur son moteur qui n’était pas celui d’un pur-sang. Elle était équipée du moteur de l’Aronde Monthléry 57cv. Et pas un plus. Ce n’est pas le genre d’auto qui aurait tenté la romancière Françoise Sagan, elle qui aimait ressentir la sensation de vitesse au volant de ses Gordini, Jaguar et Aston Martin. La Simca Océane ou Plein Ciel lui aurait semblé bien fade. En fin de carrière la voiture recevra le nouveau moteur de la Simca P60 « Rush super » de 62cv. En 1962 les derniers exemplaires seront équipés de celui développant 70cv.
Henri Pigozzi avait voulu reproduire un genre de petite Ford Thunderbird. Elle avait la couleur mais pas la saveur de la belle américaine.
Cette Simca de belle facture s’adressait à une clientèle privilégiée, certains spécialistes de la marque parlent même d’une auto « snob ». Elle ne correspondait pas à l’image de la marque Simca, qui est celle d’une auto populaire de qualité. Son prix de vente sera un frein à sa diffusion : il atteignait le double de celui d’une Simca Aronde, dont elle empruntait pourtant la base et le moteur.
En 1958 arrive la Renault Floride, bien moins chère et visant le même type de clientèle. Notre Océane ne s’en remettra pas.
Solido va inscrire la Simca Océane à son catalogue, en même temps que la Renault Floride d’ailleurs. On constate encore une fois combien la direction de Solido savait être opportuniste. C’est bien sûr la version cabriolet qui sera choisie, permettant à la firme d’Oulins de montrer son savoir faire. Pare-brise, aménagement intérieur, personnage au volant et bien sûr la suspension.
Solido maitrisait si bien ce type de produit, que jamais elle n’eut besoin de créer une cale de protection afin de protéger le pare-brise dans l’étui individuel. La qualité du plastique employé est aussi à souligner.
Je n’ai jamais vu de pare-brise fêlé sur une miniature en bon état de conservation de peinture, ce qui est loin d’être le cas sur les Dinky Toys. On appréciera la courbure du pare brise et cette impression de solidité. La planche de bord rapportée, en plastique, indépendante du pare-brise et astucieusement maintenue, permet d’amortir les chocs parasites sur ce dernier.
La miniature est une réussite : proportion, gravure de la calandre et des pare-chocs, tout est bien rendu.
Notre Simca Océane aura une carrière assez tranquille, ne connaissant qu’une variante majeure celle de la gravure de la plaque d’immatriculation avant sur le pare-chocs.
Il y aura peu de variantes de couleurs comme pour d’autres Solido de la même époque. J’avoue ne pas distinguer de teintes réellement plus rares parmi celles produites.
Un passage au Danemark chez Tekno enrichira la miniature de trois teintes superbes. On appréciera notamment la couleur bleu marine, très foncée, presque noire.
Enfin, comme bon nombre de modèles Solido, l’Océane connaitra une production en Espagne chez Dalia. Cette production s’éternisera, on le constate au vu des variantes de jantes, des décorations et des couleurs d’aménagement intérieur.
Comme pour les versions française décrites plus haut, pas de couleur rare selon moi.
On peut juste signaler l’association de couleurs, capote bleu moyen avec la carrosserie bleu métallisé qui semble un peu plus rare. Si vous aimez les versions baroques, celle décorée d’une bande blanche et rouge est faite pour vous.
A ma connaissance et jusqu’à preuve du contraire les versions Dalia ne sont jamais équipées de personnages.
Comme la vraie voiture, la miniature semble avoir eu une carrière commerciale discrète. Ce sont les trois versions danoises qui se détachent.