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Où est passée la traction de la 7eme Cie ?

Le titre de notre petite rubrique nous est apparu comme une évidence lors de la multi-rediffusion estivale de ce chef d’oeuvre du septième art réalisé par Robert Lamoureux.

Traction avant militaire JRD
Traction avant militaire JRD

L’histoire de notre miniature du jour colle assez bien au film, mais n’anticipons pas. De manière générale, avec mon père, nous n’avons jamais été particulièrement attirés par les miniatures reproduisant les véhicules militaires. Mais quelques exceptions ont trouvé grâce à nos yeux.

Il en est ainsi de la série des blindés produite par Solido, incontournable par sa variété et la qualité d’exécution : quelle prouesse technique au niveau de la fabrication des chenilles ! Les Plank également ne nous ont pas laissé insensibles. Ils sont un témoignage historique des débuts de la mécanisation des conflits (guerre de 1914/1918). Nous avons enfin intégré dans notre collection certaines miniatures militaires qui complètent des séries.

C’est le cas de cette traction avant militaire qui complète la série des tractions avant de chez JRD (voir l’épisode 90 du blog). Comme tous les modèles de la série, elle est réalisée en plastiline. L’échelle de reproduction est la même. JRD proposera également une autre version militaire équipée d’un projecteur.

Il est légitime de s’interroger sur les motivations du créateur de ce jouet : l’idée d’utiliser la Citroën traction qui plus est cabriolet pour réaliser un modèle militaire peut paraître saugrenue. Il faut oser la comparaison avec les productions de nos voisins à la même époque. Le contraste est saisissant. Alors que JRD dans l’insouciance des années 30 propose à ses jeunes clients une superbe traction, Mârklin, fabricant d’outre-Rhin, emplit les pages de son catalogue de machines de guerre impressionnantes : canons lourds, blindés, camions de transport de troupe avec soldats alignés impeccablement …

Cela n’augure rien de pacifique. Il est en de même avec les fabricants comme Fisher et Tipp.co. Il est possible que nos fabricants de jouets, encore marqués par la dure épreuve du conflit précédent, aient souhaité présenter les jouets militaires sous un jour plus agréable. Mais le plus intéressant réside dans la conception de cette Citroën. Observez bien l’auto. Deux soldats sont installés aux places avant. L’arrière est occupé par une casemate, équipée d’un petit affut avec son servant. Mais il y a un détail troublant. La mitrailleuse ne peut fonctionner que dans le sens opposé à la marche avant : elle est donc en position de retraite. Est-ce la prémonition de la débâcle de 1940 ?

Il est certain en tout cas qu’elle n’aurait pas été déplacée entre les mains des héros de la 7ème compagnie. Hein Chef ? 

1936, un souffle de modernité à Sochaux

Dans son ouvrage consacré à la firme sochalienne, René Bellu est catégorique : c’est la plus jolie et la plus originale de toutes les Peugeot jamais produites. Il faut avouer que la ligne « fuseau Sochaux » tranche radicalement avec ce qui a déjà été fait.

Peugeot 402 JRD: l'élégance française
Peugeot 402 JRD: l’élégance française

Moderne, aérodynamique, ces carrosseries s’inscrivent dans un courant apparu au milieu des années 30.

Elle sera produite en plusieurs versions : coach, cabriolet décapotable, cabriolet transformable (avec système de décapotage électrique !), roadster, commerciale et bien sûr en conduite intérieure.

Pour cette dernière version, il faut même parler de deux variantes, l’une normale et l’autre longue. Celle-ci servira de base au modèle taxi. De profil, la différence entre les deux est visible au niveau de l’extrémité du pavillon. Sur la version longue, la carrosserie se prolonge après la troisième baie vitrée. Ceci offrant bien évidemment plus d’espace aux passagers arrière. L’empattement est bien sûr plus important. C’est cette version longue que JRD a choisi de reproduire. Pour l’histoire, on peut donc considérer que la version offerte par Dinky Toys dont le pavillon plonge immédiatement après la dernière vitre est peu réaliste.

Nous devons cette reproduction de la Peugeot 402 aux déboires de Citroën ! En effet, c’est bien de l’éclatement des jouets Citroën qu’est né JRD. Messieurs Rabier et Douat vont diversifier leur production et nous offrir cette fantastique série de modèles réalisés en plastiline à une échelle voisine du 1/43. Le coach et la commerciale qui ont réellement existé sont les deux seules versions qui n’ont pas été reproduites. JRD produira par contre des versions utilitaires, notamment un plateau brasseur. Les modèles présentés ce jour sont différents.

Les premiers modèles de Peugeot 402 produits par JRD, bien difficiles à se procurer, sont ornés d’une calandre en tôle fixée à l’aide d’une patte dans un orifice prévu à cet effet dans la carrosserie ; l’axe arrière est maintenu à la carrosserie à l’aide de pattes en tôle. Enfin, observez les ailes arrière. Elles sont découpées. Le dessin et les courbes des ailes avant sont également différents par rapport à ceux du second modèle possédant la calandre moulée. Nous n’avons jamais rencontré d’autres versions proposées par JRD qui auraient été équipées de la calandre en tôle. Nous pensons donc que seule la berline a été affublée de cet accessoire trop fragile. Le cabriolet et le roadster ont été également moulés avec des ailes arrière découpées, ce qui tendrait à prouver que la fabrication des moules pour produire des objets dans cette matière qu’est la plastiline devait être bien moins contraignante que la fabrication des moules servant à injecter du zamac.

De cette période novatrice restent ces beaux jouets qui sont le témoin des dernières années d’insouciance avant le conflit mondial qui se profile.

Et l’automobile bascula dans la modernité

C’est le 18 avril 1934, dans son grand hall d’exposition place de l’Europe, qu’André Citroën choisit de dévoiler la traction avant.

En vérité, les concessionnaires avaient été conviés dès le 23 mars à une présentation privée. A la mi-avril, la production commence au rythme de cent voitures par jour. La production passe très vite à deux cents exemplaires par jour. Il s’agit de la « 7 ».

Traction Citroën JRD
Traction Citroën JRD

Dès le début du mois de mai 1934, les heureux privilégiés commencent à prendre possession de leur véhicule. Ce sera le commencement de la fin pour le créateur de la marque. Même si les qualités qui feront plus tard le succès de l’auto sont déjà là, les premières voitures ne sont pas au point, elles manquent de fiabilité. En fait, André Citroën, cerné par les créanciers tente un dernier coup de poker. Cela ne suffit pas, il doit céder son entreprise à son principal créancier, la firme de pneumatiques Michelin. C’est ainsi que Pierre Boulanger arrive à la tête de Citroën. Au prix d’une gestion rigoureuse la firme se redresse.

Mais André Citroën devra quitter son entreprise qui était sa raison de vivre. Il décédera un an plus tard, en 1935, sans avoir vraiment assisté au succès de cette auto. Cette période troublée pour la firme du quai de Javel aura des répercussions sur nos petites reproductions miniatures

Le budget consacré à la reproduction en miniatures des automobiles Citroën n’est pas épargné par la rigueur et le contrat liant Citroën à la firme de Briare ne sera pas reconduit. C’est notamment pour cette raison que la C-I-J se tourne vers Renault.

Monsieur Rabier issu des jouets Citroën, en profite pour créer la JRD. Celle-ci continuera à s’intéresser aux reproductions Citroën, mais pour ne pas revivre les mêmes déboires, JRD refuse de s’enfermer à nouveau dans une logique de monopole

Ainsi verra-t-on une magnifique série de Peugeot, mais également des autos de course (tank Bugatti, Bluebird et autres Delahaye du million). C-I-J au contraire, souhaitera avoir le monopole des reproductions de Boulogne-Billancourt. Renault avait toujours jalousé Citroën. L’opportunité d’avoir, comme André Citroën un label « Jouets Renault » a dû fortement peser dans la balance. Ce monopole ne cessera qu’avec la Dauphine !

Cette reproduction de la traction peut être interprétée à nos yeux comme une reproduction « post Jouets Citroën ». Le jouet n’emporte pas le succès escompté. Les modèles de la série des tractions sont difficiles à se procurer. En dehors de la berline, il existe un cabriolet, et des versions militaires (mitrailleuse et projecteur). Au final, on peut légitimement s’interroger : s’agit-il d’une 7 ou d’une 11 ? bien que de bonne facture, la reproduction n’autorise pas à trancher.

Nous laisserons donc aux spécialistes de la marque aux chevrons le dernier mot. Observez pour finir le nom figurant sur les pneumatiques ce sont des Michelin, bien évidemment !