La vision de la grille de départ du premier Grand Prix du Japon en 1963, sur le tout nouveau circuit de Suzuka, propriété de Honda, est éloquente : elle révèle le fossé qui existe entre les productions nippones et les autos occidentales.
A partir du moment où Honda s’est aventuré en formule 1, les autres constructeurs japonais ont eu un réel besoin de montrer leur savoir faire. Un parallèle peut être fait avec l’engagement de Ford pour la conquête de la victoire en terre mancelle. Les Japonais apprendront très vite. Comme Ford, ils auront rapidement recours à des châssis européens qu’ils équiperont de mécaniques performantes « made in Japan ». Si Ford emprunta à Lola son châssis, Prince choisira un châssis Brabham, et dominera pendant un temps ses adversaires.
Entre les constructeurs nippons, l’émulation pour la conquête de la victoire est vive. Elle aura pour effet d’accélérer leur apprentissage. Très vite, les lourdes berlines qui s’alignaient sur la grille de départ sont remplacées par des prototypes performants. Comme pour Ford, l’enjeu de la domination est celui des retombées publicitaires.
Les modèles que je vous présente sont ceux du deuxième Grand Prix du Japon, disputé en 1964.
Sur la première ligne figure une Porsche 904, fine et racée. A ses côtés des berlines, pataudes ou à l’allure citadine. L’alignement fait davantage penser à une course de club qu’à un Grand Prix national. Cependant, au-delà des apparences, au baisser du drapeau, la Porsche aura bien du mal à se défaire des Prince et des Toyota. Les mécaniques nippones sont redoutables et donneront bien du fil à retordre à la voiture de Stuttgart. Les berlines sont surtout handicapées par leur poids qui rend la tenue de route aléatoire : glissades et dérapages se multiplient aux quatre coins du beau circuit. Finalement, la Porsche s’imposera devant cinq Prince.
Dans la catégorie inférieure ce sont les Toyota qui vaincront. La marque tirera une excellente publicité de ce succès national. Ce sera le point de départ d’une course à la puissance et à la modernité : dès 1966 apparaissent les premiers prototypes (l’édition de 1965 a été annulée). Le règlement inspiré de la fameuse Can-Am (Groupe 7) engendre de véritables monstres. Pour preuve, en 1969, David Piper sur sa toute nouvelle Porsche 917 ne peut que s’incliner face aux productions locales.
Cherryca Phenix n’aura aucun mal à reproduire les quatre autos ayant participé au Grand Prix de 1964 : elles existaient déjà à son catalogue, sous la forme de paisibles routières.
Un jeu de décalcomanies approprié, se composant des numéros de course et des plaques correspondant à leur homologation, élément indispensable pour donner aux modèles un côté compétition. Si le fabricant s’est appliqué pour apposer les bons numéros, il n’a eu aucun souci de fidélité quant aux couleurs des autos reproduites. Ainsi, certains modèles existent en plus de deux couleurs.
Ce Grand Prix avait été divisé en deux courses, ce qui explique la présence du même numéro sur deux autos. Les boîtes sont excessivement intéressantes. Elles représentent les autos en action pendant ce fameux Grand Prix. A l’intérieur de chacune d’elles, un prospectus écrit en japonais vante les mérites de la gamme, et, on le suppose, les brillants résultats de chacune des voitures.
Enfin, pour finir, je me dois de vous rapporter une petite anecdote concernant l’acquisition de la dernière auto. Nous possédions les trois premières depuis 25 ans. Ces autos sont peu fréquentes en France et même en Europe. Il y a 3 mois, par le biais du site, j’ai été contacté par un client Japonais. Il m’a proposé de me céder la Prince. Sachant que ces autos sont onéreuses au Japon, je lui ai répondu que je devais d’abord vérifier s’il s’agissait bien du modèle qui me manquait. Il m’a répondu du tac au tac qu’il en était certain car il possédait des photos de nos vitrines qu’un ami japonais avait photographiées il y a plus de 20 ans !
Ainsi, il connaissait mieux que nous notre collection. Nous avons conclu l’affaire par un échange qui fut satisfaisant pour chacun d’entre nous. Nous pouvons ainsi vous présenter aujourd’hui les quatre modèles.
PS : remerciements particuliers à Adrien qui a apporté son concours technique au blog et nous permet ainsi de visionner le Grand Prix de 1964. Si le début de la vidéo révèle surtout le manque de maîtrise du caméraman, le tournage gagne en assurance au fil des tours. Ne ratez pas la chasse au lapin en bonus dans la seconde course, ni la cérémonie du drapeau à damiers toute empreinte de tradition nipponne.