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CD contre Tootsietoys

Les firmes de jouets qui ont apporté des innovations à l’histoire des miniatures ont ma préférence. En cela, CD et Tootsietoys font partie de mes firmes favorites. On peut d’ailleurs tenter un rapprochement entre les deux firmes. Au milieu des années 20, elles ont toutes deux proposé des reproductions miniatures qui procédaient de la même logique. Elles ont fabriqué des miniatures automobiles, injectées en plomb de très bonne qualité et composées de deux parties distinctes. La conception de ces modèles permettait de proposer une série de carrosseries fort différentes allant de la voiture de maître à l’utilitaire, sur la base d’un châssis identique à toute la série. Ces deux fabricants ont aussi en commun d’avoir reproduit des autos de marques connues et dûment estampillées du nom de ces dernières.

CD contre Tootsietoys Delahaye Paris
CD contre Tootsietoys Delahaye Paris

Commençons notre étude comparative avec la série dite « GM » de chez Tootsietoys apparue en 1927. Elle est ainsi nommée car Tootsietoys avait gravé les calandres de ses modèles du nom des quatre firmes différentes qui appartenaient à la General Motors (GM). Ainsi vous pouvez lire les noms de Chevrolet, Cadillac, Buick et Oldsmobile. Tootsietoys proposera six carrosseries différentes. Vous pouvez donc trouver une Cadillac utilitaire ou une Chevrolet limousine ! La firme de Chicago trouva là un moyen de multiplier les références à peu de frais.

CD ira plus loin. Tootsietoys avait choisi d’incorporer le capot moteur au moulage du châssis. En conséquence de ce choix, il n’était pas possible de jouer sur le dessin de ce dernier. Or, déjà à cette période, les constructeurs automobiles cherchaient à se différencier entre eux. Dans la série GM de chez Tootsietoys il n’est pas possible de différencier une Buick d’une Cadillac sans regarder l’inscription de la calandre. CD fut plus ingénieuse. Si elle moula aussi ses autos en deux parties, elle le fit de manière différente. Elle injecta les carrosseries de manière monobloc, incorporant le capot. Le châssis formait la deuxième partie. Grâce à ce choix technique, CD put reproduire les formes particulières propres à chaque marque automobile. Ainsi, les enfants pouvaient aisément reconnaître une Renault 40cv d’une Delahaye ou d’une Chenard & Walcker. Enfin, en estampillant ses châssis du nom des marques des constructeurs automobiles, CD donnait à ses reproductions une touche d’authenticité.

Si Tootsietoys a standardisé sa production, à l’image des fabricants automobiles américains de l’époque, CD au contraire a essayé d’ajouter à chaque modèle une touche particulière. Un détail me fascine particulièrement. Pour la Delahaye limousine elle n’a pas hésité à positionner sous la malle arrière deux roues de secours horizontales. Sur la berline, la roue de secours est positionnée de manière verticale devant la porte avant. Un autre détail permet de mieux comprendre que la solution de Tootsietoys était avant tout guidée par un souci de rentabilité. A la fin de la production, Tootsietoys n’hésitera pas à mettre sur le marché une cinquième série, baptisée « no name » (sans nom). Son contrat avec GM était peut être terminé. Cette série, mignonne au demeurant, doit être davantage considérée comme une série de jouets que comme des reproductions fidèles.