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Lloyd et serpent de mer

Lloyd est une marque très ancienne dans le monde de l’automobile. Ses origines remontent à 1906. Au départ, c’est une compagnie maritime qui se diversifie en développant une unité de production automobile qui fabrique des voitures électriques sous licence de la marque Krieger.

Lloyd Tekno rare calandre
Lloyd Tekno rare calandre

En 1908, Lloyd crée sous son propre nom une auto fonctionnant à l’essence dont le succès est très limité. En 1914 la société fusionne avec Hansa. La restructuration se poursuit et en 1929 c’est la société Borgward qui reprend les rênes de la firme moribonde. Après plusieurs années de sommeil, Borgward remet en 1950 la marque Lloyd au goût du jour avec une auto de petite taille équipée d’un moteur bi-cylindre. Au milieu des années 60, c’est la fin de Borgward qui entraîne dans sa chute la firme Lloyd.

La petite Lloyd Alexander a été fabriquée de 1953 à 1961. La version que propose Tekno en 1958 sous la référence 819 est équipée d’une calandre à barres horizontales, assez discrète et ornée en son centre du logo en forme de triangle.

La version « TS » équipée d’une calandre plus moderne, de forme ovale apparaît en 1958. Cette éphémère calandre ne comporte plus le logo de la marque, si caractéristique. Le reste de la carrosserie est identique, comme la motorisation. Mais il est indéniable que cette transformation donne au modèle davantage de modernité.

Le premier modèle Tekno est une réussite. Les formes sont bien rendues. Les amateurs ont dû accueillir ce modèle avec plaisir, car au moment où il est sorti, aucun fabricant ne l’avait inscrit à son catalogue, horSikumis Siku, mais à l’échelle du 1/60.

Siku a d’ailleurs proposé un grand choix de Borgward, Hansa et autres Lloyd, marques du même consortium. Tekno ne se contentera pas de la berline, mais proposera également un break vitré et un break tôlé. Borgward avait l’habitude de produire beaucoup de versions différentes à partir d’une même base. A titre d’exemple, la Borgward Isabella que Dinky Toys a reproduit en coupé a également existé en berline, en cabriolet mais aussi en break vitré, break tôlé et en pick up !

Cette deuxième mouture de la Lloyd Tekno est excessivement rare. On peut dire que c’est même la Tekno la plus rare. Son histoire est obscure. Le premier ouvrage danois sur la firme Tekno qui date du milieu des années 80 ne mentionne pas ce modèle. Il faut attendre les années 90 (et le second ouvrage) pour que la littérature scandinave cite notre modèle. Malheureusement, le modèle photographié dans l’ouvrage est repeint et réparé et les auteurs, peu perspicaces, lui attribuent la même année de création que l’autre modèle ce qui n’est pas plausible.

En effet, la voiture réelle est de 1958 et il faut tenir compte des presque deux ans de gestation nécessaires à l’époque pour mettre au point l’outillage : le modèle ne peut donc être sorti avant 1960.

Cette thèse est confortée par le rapide abandon de la production de cette miniature qui coïncide avec l’arrêt de la production de la vraie voiture dès 1961. Ce modèle repeint et réparé est longtemps resté le seul modèle connu jusqu’à ce que nous ayons la chance d’acquérir trois modèles auprès d’un vieux marchand danois qui en avait trouvé une dizaine neuves en boîte ! On constate que la boîte est identique à celle du modèle antérieur. Les couleurs retenues sont plus nombreuses que celles vues pour le premier moule et nous nous souvenons très bien que les autos de notre marchand étaient toutes différentes : il devait en avoir six ou sept. On peut légitimement penser que ces autos reprenaient les teintes du constructeur. Il est tentant d’y voir un modèle à usage promotionnel.

En effet, Tekno travaillait avec Lloyd et lui fournissait des autos destinées à être présentées sur des palettes distribuées dans les réseaux de revendeurs pour faciliter les choix des futurs acheteurs (voir la fiche sur Saab /Tekno). Les palettes connues sont toujours équipées de premiers modèles. Pour la petite histoire, comme le marchand danois ne parlait pas l‘anglais, et comme nous ne parlions pas le danois, les négociations ressemblèrent quelque peu à un spectacle du mime Marceau. Heureusement les chiffres sont universels…. et j’ai commencé mon apprentissage du danois !

En voyant ces autos je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour la cordialité de ce marchand danois, mélange de rudesse et de bonne humeur. C’est un des charmes de la collection que ces rencontres éphémères et improbables.

Ernst Plank : 100 ans déjà – 2

Au premier coup d’œil, ces miniatures sont le pendant des belles autos produites par Carette, Märklin et autres Bing dans la région de Nüremberg, berceau des grandes firmes de jouets Allemandes.

Ernst Plank fut surtout célèbre à ses débuts pour ses machines à vapeur vive, très en vogue à la fin du 19ème siècle, ce qui paraît inconcevable aujourd’hui au regard des normes de sécurité.

Camion militaire Ernst Plank
Camion militaire Ernst Plank

Comme dans la réalité, le fabricant avait d’abord produit des machines fixes puis était passé naturellement en appliquant le même principe, la production d’énergie par la combustion de charbon, à des trains à vapeur. Ce furent les deux grands domaines d’activité de ce fabricant. Il diversifia ensuite sa production par l’intermédiaire de miniatures. Ernst Plank proposa dès les années 1905, une gamme d’autos et de camions réduite à l’échelle environ du 1/60ème. Ces jouets s’adressaient aussi bien aux petits garçons qu’aux petites filles. On note d’ailleurs la présence de nombreux personnages féminins à l’intérieur des autos.

Ces jouets sont à mettre en parallèle avec les Erzgebirge. Ils sont d’ailleurs reproduits à la même échelle, seul le matériau diffère, les Erzgebirge étant en bois. Il y aura des interconnections entre les deux marques : une gamme économique de Plank verra le jour avec des éléments en bois, le capot moteur, et des camions dotés fourgons également réalisés également en bois.

Tous les modèles Plank ont un châssis en tôle épaisse et des capots moteurs moulés en plomb. C’est là que réside le trait de génie de ce fabricant : offrir une gamme conséquente de modèles d’apparence fort différente, sur une base commune.

Les modèles se distinguent notamment par les ailes, quelquefois par leur absence. Ainsi, dans la gamme de véhicules militaires présentée ci-dessous, la carrosserie empruntée à la berline permettra la déclinaison d’une auto d’état major et de deux ambulances. Il a suffi au fabricant d’étudier un système d’ouverture du hayon arrière et de modifier subtilement la carrosserie. Ici, la découpe de la carrosserie, juste avant le poste de conduite, permet d’offrir une allure totalement différente de celle de la berline. On notera que le système d’ouverture du hayon évoluera avec le temps. Nous avons la trace d’un catalogue datant de 1905, où figurent déjà ces véhicules militaires.

Nous reviendrons, et sur plusieurs fiches sur les productions Plank, notamment les autos militaires, qui ont connu chez ce fabricant d’étonnantes déclinaisons…

C’était il y a cent ans… Ernst Plank

C’était il y a cent ans… Ernst Plank

Voici le troisième épisode de l’histoire des jouets Ernst Plank, après les épisodes 66 et 67. Celui ci concerne les utilitaires avec carrosserie spéciale.

Vous reconnaitrez

  • un camion de déménagement
  • un camion fourgon
  • un camion balayeuse
  • un camion postal.

La suite au prochain numéro…

Ernst Plank et le jouet devint vivant – 1

Il y a une quinzaine d’années alors que nous étions chez Monsieur Scherpereel, pionnier et grand marchand parisien, nous sommes tombés en arrêt devant deux objets : un petit hangar en tôle et la limousine qu’il abritait. Nous avons tout de suite été séduits par la qualité d’exécution de ces jouets et leur poésie, et nous avons souhaité avoir davantage d’informations sur ces jouets Ernst Plank de provenance germanique.

Le monde poétique des Ernst Plank
le monde poétique des Ernst Plank

Nous avons interrogé différents marchands allemands. A l’évocation du nom du fabricant, venait immanquablement la même réponse : nos interlocuteurs citaient le même collectionneur, Rolf Naskret, qui acquérait tous modèles de la marque, sans même leur donner une chance d’être proposés sur le marché. Il avait à cette fin tissé un réseau de marchands et de collectionneurs.

De mémoire, nous n’avions jamais vu un collectionneur tenir un secteur du marché de la miniature comme le faisait Rolf Naskret.

Pour plus d’efficacité, il passait des encarts publicitaires dans différentes revues spécialisée sur le jouet ancien. Rolf Naskret était tombé littéralement amoureux de cette firme : il ne se contentait pas d’acquérir des modèles, mais faisait des recherches avec des catalogues d’époque afin d’établir ou de tenter d’établir une liste de la production. Nous sommes donc entrés en contact avec lui. Il avait accumulé un nombre important de doublons qu’il présentait dans les bourses d’échange à seule fin de faire découvrir ces modèles aux collectionneurs et de faire partager sa passion. Il ne les vendait pas, bien entendu. Il arrive cependant un moment où l’acquisition du quatrième exemplaire d’un modèle similaire doit logiquement conduire à une forme d’interrogation. Il est du principe même de la collection de s’enrichir régulièrement de nouveaux spécimens. Il est parfois important de savoir élargir son domaine de prédilection, afin de ne pas sombrer dans la monotonie. Bien sûr, chaque collectionneur trouve son équilibre personnel entre la contemplation des modèles déjà acquis et l’excitation des acquisitions projetées. C’est une alchimie mystérieuse.

Bref, notre ami d’outre Rhin commençait à tourner en rond. Il s’était décidé à nous céder, au compte goutte, quelques doubles. Survint alors un élément imprévisible. A l’aube, lors d’un déballage à Bruchsal en Allemagne, nous trouvâmes un très beau tracteur agricole. Comme nous avions bien retenu les leçons de M. Naskret, nous avons reconnu sans peine la patte du fabricant Allemand : il s’est trouvé que ce fameux petit tracteur était en fait un des derniers modèles que M. Naskret cherchait encore. Il en connaissait l’existence pour l’avoir vu sur un catalogue, mais ne l’avait jamais rencontré en vrai. Il nous proposa un échange assez avantageux.

Notre logique de collectionneur nous incita cependant à le conserver et il accepta de bonne grâce notre choix malgré une ultime surenchère. Quelques mois plus tard, il nous contacta pour nous céder l’intégralité de sa collection. Sans doute le fait de savoir que nous la conserverions intégralement dû peser dans son choix.

Nous récupérâmes également la documentation, les personnages, les trains et autres aéronefs et dirigeables. Nous y reviendrons plus tard.