Les motifs qui conduisent à visiter une exposition sont divers. Il arrive qu’on connaisse et apprécie un artiste, qu’on ait envie de découvrir un univers, qu’on soit curieux ou qu’on ait entendu une critique élogieuse. C’est une autre raison qui m’a poussé à franchir les portes de l’exposition consacrée à Paul Durand-Ruel, marchand d’art bien connu du début du siècle dernier. Outre la possibilité d’admirer des œuvres impressionnistes au musée du Luxembourg, c’est la vie de ce marchand d’art qui m’a intrigué. Centrer une exposition sur la vie d’un marchand d’art est une idée assez récente.
L’année précédente j’étais tombé sous le charme, au musée du quai Branly, de l’exposition: « Charles Ratton, l’inventeur des d’arts primitifs ». L’exposition retraçait la carrière de cet homme qui voua sa vie aux arts primitifs. Il avait d’abord fait découvrir ces fabuleux objets, à un cercle restreint composé de gens du spectacle, de la littérature, des familiers de la vie mondaine. Il les avait ensuite fait connaître à un plus large public de collectionneurs. Il fit rentrer ces objets dans les salles des musées et sut leur donner la reconnaissance qu’ils méritaient. « Collectionneur marchand » ou « marchand collectionneur » , difficile à dire. L’exposition était passionnante et s’ouvrait par une reconstitution du bureau de Charles Raton, décoré de ses objets fétiches. Pas de doute, ce dernier était donc un « collectionneur ». Plus loin, les photos de sa galerie d’art attestaient qu’il avait bien fait la différence entre « ses » objets et son commerce.
C’est avec les mêmes interrogations que je me suis rendu au musée du Luxembourg afin de voir, de comprendre, et éventuellement de comparer la vision de Paul Durand-Ruel, en tant que marchand d’art. Dès le départ, j’ai compris que la logique de l’exposition était différente, très ancrée dans la réalité des chiffres. Les commissaires avaient choisi de parler sans détour et avant tout de la relation marchande. Ainsi on pouvait suivre la vie des tableaux : vendu, revendu, racheté la même année…une vie trépidante ! Si les prix de vente de l’époque sont mentionnés, avec parfois des culbutes impressionnantes, la transparence a ses limites puisqu’à aucun moment n’est indiqué le prix auquel le marchand rachetait l’œuvre. On entrevoit déjà le rôle des banques dans le marché de l’art. Le plus intéressant n’apparaît qu’à la fin de l’exposition. C’est là que j’ai eu la réponse à ma question : Paul Durand-Ruel qui eut entre les mains des centaines d’œuvres d’art ne gardait-il rien pour lui-même ? Ne tombait-il jamais sous le charme d’une œuvre ?
Sur le dernier mur de l’exposition figuraient des pièces majeures. Deux d’entre-elles avaient décoré son appartement. Il avait fait le choix de les conserver pour lui. On peut imaginer aisément qu’il les jugeait au dessus du lot. Elles sont désormais au musée d’Orsay.
Cela m’a ramené à ma propre situation. Les clients me disent souvent qu’il doit être difficile de concilier une collection et un commerce se rapportant à cette collection. Il n’en est rien. Il faut juste savoir apprécier ce luxe, à mes yeux, qui est de pouvoir décider, choisir quelles pièces doivent être mises en vente et quelles pièces doivent être gardées. Les critères qui font que l’on range une pièce dans telle ou telle catégorie évoluent au fil du temps. L’important est de ne jamais regretter un choix, mais de se servir de l’analyse de ce choix pour continuer à avancer et ne pas réitérer une erreur.
J’ai le plaisir de vous présenter quelques coffrets Solido sortant du commun. Ils sont rares, j’aime particulièrement les productions de Solido et c’est sans hésitation que j’ai placé ces coffrets dans mes vitrines.
Comment expliquer la rareté de ces coffrets ? On peut imaginer que Solido les a exécutés au moment des fêtes de fin d’année car ils permettaient d’écouler des modèles en déclin. En conséquence, ils pouvaient être proposés à des tarifs intéressants auprès de la clientèle de Noël. Par rapport aux coffrets Dinky Toys, les modèles sont retenus au socle par une petite ficelle caractéristique des productions d’Oulins. Ces coffrets n’ont d’intérêt que si la ficelle est restée intacte. Le coffret contenant un assortiment des productions d’Oulins est extraordinaire en ce qu’il réunit des chars, des camions, des autos et des bolides. On peut émettre l’hypothèse selon laquelle il s’agit d’un coffret de représentant : il pouvait ainsi montrer un échantillon des différentes gammes de chez Solido. Rien n’est sûr sauf une chose : je ne m’en séparerai pour rien au monde !