C’est dans les galeries des musées, devant les représentations de la bataille navale de Lépante qui opposa la flotte ottomane à une coalition chrétienne composée de navires vénitiens, espagnols et pontificaux que j’ai réalisé la puissance de l’empire ottoman. Cette bataille faisait suite à la prise par les Turcs de Chypre et de ses comptoirs commerciaux à Venise. Il faut dire que la Méditerranée était soit sous le contrôle des Turcs, soit sous le contrôle de Venise. Tout l’essor de cette dernière reposait sur le commerce en méditerranée alors que les Turcs faisaient régner la terreur sur les mers.
Après la défaite de Lépante, la puissance de l’empire ottoman déclina. Plus tard, sous le règne de Joseph II, en Autriche, la Cour se passionna pour le mode de vie oriental. Le faste et le mystère des harems la faisaient fantasmer. Mozart composa alors « l’enlèvement au sérail » son premier opéra en langue allemande, commandé par Joseph II empereur mélomane. Dans les lettres adressées à son père, il évoque son travail et sa joie de composer des « turqueries ». Il dirigea lui-même la première représentation devant la Cour. A la fin de celle-ci, l’empereur aurait eu cette phrase célèbre (sans doute apocryphe), reprise par Milos Forman dans son film « Amadeus » : « Mozart, c’est trop beau pour nos oreilles. Il y a trop de notes ! ».
Encore un peu plus tard, en 1971, à Istanbul sur les rives du Bosphore, cette même phrase aurait pu être détournée par les grossistes en jouets de la capitale turque pour s’adresser au patron de Meboto : « Vos miniature sont trop belles et trop fragiles pour nos gamins. Il y a trop de parties ouvrantes ! ». Meboto venait en effet de reprendre une partie de l’outillage de la firme italienne Edil Toys. Cette dernière s’était fait remarquer en 1965, lors de sa création en proposant des miniatures très détaillées et très soignées. Elles possédaient tous les ouvrants, même les berlines. Pour l’époque, il s’agissait d’une prouesse, d’autant plus que l’ensemble était ajusté de manière parfaite.
La firme arrêta sa production en 1969. L’Opel Commodore programmée ne sortira jamais. Aujourd’hui encore, des collectionneurs pensent que la Mercedes n’a pas eu le temps de sortir de l’usine milanaise et que Meboto a récupéré l’outillage de cette Mercedes vierge. Plusieurs éléments peuvent expliquer cette méprise. Les versions turques portent encore sur le châssis le logo Edil. Cependant, sur les versions produites à Istanbul la mention « made in Italy » a été surchargée. Les boîtes et les teintes choisies sont quant à elles sans rapport avec les fabrications milanaises.
Toutefois, nous pouvons affirmer qu’Edil Toys, avant sa fermeture a bien eu le temps de produite la Mercedes 250SE. Le châssis de cette dernière est bien estampillé « made in Italy » et les couleurs retenues sont empruntées à la gamme Edil Toys traditionnelle : bleu métallisé et anthracite. La boîte du modèle enlève enfin les derniers doutes. Il y a bien eu une production milanaise. Elle est particulièrement rare.