Hors du temps, hors des modes.
Pas besoin d’affiches racoleuses pour attirer le regard. Prenons pour exemple cet ange Gabriel extrait d’une annonciation peinte par Lorenzo Monaco (1370-1424) et qui a servi pour l’affiche de l’exposition consacrée à « la collection Alana » au musée Jacquemart André.
Un vrai moment de grâce. Croiser cet ange, placardé sur le devant des bus dans la grisaille de la circulation parisienne, redonne le moral pour la journée.
On se dit qu’il y a encore de belles choses sur terre.
Mon épouse ne partage pas ma passion pour la peinture primitive italienne. C’est donc tout seul que je suis allé contempler cette exposition. Plusieurs aspects de cette collection m’ont interpellé. J’aurai l’occasion de vous en reparler.
J’avais lu dans le magazine Télérama du 09/10/2019, un article présentant cette exposition qui m’avait intrigué. Le journaliste expliquait que l’originalité de l’exposition résidait dans le fait que la collection Alana se situait à contre-courant de la tendance actuelle selon laquelle les amateurs fortunés privilégient l’art contemporain et ses promesses spéculatives plutôt que l’art ancien.
Il est vrai que cette approche, un brin simpliste me convenait bien et confortait mon impression de vivre dans un monde où tout est régi par l’argent.
Mais cette approche est empreinte de naïveté. Tout objet rare a son marché et devient sujet de spéculation. Un Lorenzo Monaco ou un Piero della Francesca ne se trouvent pas sur le « Bon Coin ».
D’ailleurs, deux mois après la parution de l’article, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre parler d’une enchère record pour une peinture de Cimabue (1240-1302) : « Le Christ moqué ». Selon le journaliste cette oeuvre allait rejoindre la collection… Alana ! Voilà une information qui met un peu à mal la vision d’une collection « allant à contre courant du marché spéculatif de l’art».
Une pièce exceptionnelle reste une pièce exceptionnelle. Elle défie donc le temps et les modes.
Dans la collection de miniatures automobiles nous retrouvons le même phénomène. Il y a des modes. Il y a toujours eu des modes et il y en en aura toujours. Comme dans l’art ancien, une pièce exceptionnelle franchira sans problème l’écueil des modes.
Plusieurs fois dans ma carrière j’ai tenté d’expliquer à des clients cet aspect des choses. Les Dinky Toys fabriquées en Afrique du Sud peuvent entrer dans cette catégorie.
Elles ont été produites par la société Harris à la suite d’un accord commercial aux termes duquel Bobigny exportait en Afrique du Sud des caisses avec les différents composants permettant la fabrication des miniatures. A charge pour la société Harris de les peindre, de les assembler et bien sûr de les distribuer. Ces pratiques commerciales furent mises en place par certains pays désireux de favoriser la main- d’œuvre locale et de développer une industrie locale.
Ces produits sont difficiles à se procurer et l’on toujours été. La page en couleur du premier ouvrage de Jean-Michel Roulet nous a fait fantasmer mon père et moi. Seuls ceux qui ont essayé de réunir au complet la série peuvent apprécier la prouesse que constitue la réunion de cet ensemble.