Sous les feux de la rampe.

« il y a Jean Pierre Pernaut qui te cherche partout ! » s’amusa mon épouse au téléphone. Jean Pierre Pernaut?  alors que je cherchais un visage sur ce client, elle ajouta, « mais non, le présentateur du journal de TF1 de 13 heures ! »   et de m’expliquer qu’une journaliste avait laissé un message sur le téléphone afin de réaliser un reportage sur ma collection. La surprise passée, Je la contacta et elle m’expliqua que pour les fêtes de fin d’année la direction avait prévu une série de reportages sur le thème des collectionneurs de  jouets. En une demi heure  de conversation au téléphone, elle m’expliqua la finalité du projet. Présenté en 4 minutes un collectionneur de petites voitures   qui en plus en a fait son métier. Il ne s’agit pas de rentrer dans les détails, comment pourrait on d’ailleurs dans un laps de temps si court.

La forte audience de ce journal, plus de 6 millions de spectateurs repose en partie sur ces reportages, aux quatre coins du pays, sur des gens discrets qui, par leur passion, leur métier se singularisent. Et de m’expliquer qu’il ne s’agit pas de montrer des pièces rares, des prototypes mais des jouets que ces téléspectateurs ont connus, ou des reproductions d’autos qu’ils ont conduit ou rêver de conduire. Bref, de réveiller des souvenirs enfouis. Le journal de 13 heures touche beaucoup des gens à la retraite, qui ont le temps à cette heure d’être devant leur télévision. Ce type de reportage est donc ciblé.

J’ai saisi cette opportunité sans hésiter. La caméra  est intimidante. On  finit par l’oublier. Avec la journaliste nous avons essayé en quatre minutes de montrer quelques miniatures éveillant la curiosité  et donnant  envie, pourquoi pas,  de collectionner.

Ces jouets  sont des objets usuels qui font désormais parti de notre histoire, de celle nos parents, et même  de nos grand parents.  Leurs formes, leurs couleurs  ne peuvent laisser indifférent. Ce sont de beaux objets, que l’on peut regarder avec un oeil profane ou averti avec un plaisir égal.

Ils sont  liés à une autre aventure,  celle de l’automobile.

La centaine de message reçu  deux heures après l’émission et le téléphone sonnant sans arrêt m’a confirmé le bien fondé de cette analyse. Même notre site  internet a sauté.

C’est  d’ailleurs une question d’un téléspectateur qui m’a inspiré cette chronique : « Bonjour . j’ai vu une Ford Thunderbird coupé dinky toys, je suppose que ce n’est pas une réplique et que les feux arrière fonctionnent ? Merci ».

En trente sept ans de métier, je n’avais jamais pris le temps de mettre une pile et de visualiser ce gadget. Bien que cette auto fasse parti des jouets de ma génération, elle est sorti en 1969, je n’ai jamais été attiré par ce genre de miniature à l’époque. les gadgets ne me passionnaient  pas.

On peut se féliciter de la manière dont la branche française de Dinky Toys a résolu l’équation : loger une pile, toujours volumineuse,  sans déformer la ligne du modèle reproduit quand on voit comment Liverpool a traité ce genre de problèmes. Les BMW 2000 Tilux et autres Mercedes 250SE ne sont pas franchement des réussites.

J’ai donc prit le temps de placer une pile sur un modèle. La surprise fut de taille. Superbe. On se surprend de ne l’avoir pas fait avant ! J’ai décidé de tester aussi les autres versions que je possède.

Au fil des années, j’ai pu rassembler un ensemble de couleur qui n’ont jamais dépassé le bureau d’étude. J’ai d’abord auprès d’un ancien du bureau d’étude récupéré un modèle empruntant les couleurs de la DS présidentielle. J’ai  plus tard pu récupérer deux autres exemplaires de cette couleur laissant pensé qu’il pourrait s’agir d’une petite série réalisé pour un événement particulier comme le salon du jouet par exemple. On sait que Meccano a commencé avec la Renault Floride de couleur blanche, a soigné ses clients en leur réservant une surprise lors de leurs passages sur le stand Meccano. la boîte bleue de la DS présidentielle a ainsi été distribué lors de cet événement.

Plus tard j’ai récupéré lors des ventes Vieville, ancien du bureau d’étude, d’autres couleur, empruntés à des modèles de la gamme (Opel Admiral). Ces   exemplaires sont  des pré-série.  Il est fort possible qu’elles soient uniques. On peut  ici parler de pré série quand on voit le traitement des chassis sur ces exemplaires.

Ainsi celui équipant l’auto peinte de couleur bleu métal, ne possède pas encore la gravures des éléments mécaniques (carter, boîte de vitesse , ni même les inscriptions Dinky Toys). Il a cependant reçu une couche de peinture noire.

Ce qui n’est pas le cas de la rouge métallisé qui est resté à l’état  brut, bien qu’il est reçu sa gravure définitive.

Ces deux modèles ne possèdent pas le système électrique. On se doute qu’il n’était pas encore prêt et que comme très souvent chez Meccano, on se sert des   premières injections  de  série pour réaliser  les essais de couleur.

J’ai  un lien particulier avec ce modèle. Monsieur Badaroux que j’ai eu la chance de rencontrer il y a quelques années, a participé à la conception de ce modèle. Ce dernier m’a expliqué qu’au bureau d’étude, les taches étaient variés  et  parfois surprenantes.  Ainsi on lui demanda , aprés  avoir fait le plan de l’Opel Admiral, de replacer, en l’adaptant,  un systéme électrique d’un jeux de société ayant fait ses preuves, dans un  autre jeux,  très différent, et de  lui expliquer que le budget prévu était  des plus réduits. A lui de se débrouiller ! Je revois encore ce jour toute la fierté qu’il avait à me montrer son tour de passe passe ingénieux.

Monsieur Badaroux avait une préférence pour le chemin de fer HO. Il a  toujours une faiblesse pour « ses » locomotives. Il maîtrisait parfaitement ces circuits électriques miniaturisés et leurs intégration. C’est donc en toute logique qu’il participa à la conception de la Ford Thunderbird et de ses feux stops électrique. Ainsi quand j’apperçu  dans ses trésors une Ford Thunderbird bicolore de couleur argent, il m’expliqua son lien avec cette miniature et préféra la garder. J’avais déjà cette auto et n’insistais pas.

Plus tard, lors d’une autre visite, je remarquai un détail. La couleur de l’intérieur était différent de la mienne, qui provenait d’un collegue à monsieur Badaroux. Le lien amical que j’entretenais avec monsieur Badaroux fit que ce dernier me céda la miniature.

Quel plaisir il eut lors de sa venue à mon domicile  avec son fils de voir toutes ses anciennes miniatures , ses plans au milieu de ma collection. L’histoire continue et le plaisir qu’il a eu à me conter ses anecdotes est révélateur de cet état d’esprit qui l’anime : transmettre aux futures générations.