La bonne étoile de Bobigny – 2

D’autres éléments démontrent l’existence des hésitations de Meccano quant à la décision de produire la Mercedes 190sl. Elles ont notamment porté sur le choix du coloris. La consultation des catalogues est révélatrice.

Mercedes 190sl
Mercedes 190sl

La première édition du catalogue de 1958 présente une auto dans une livrée argent avec pavillon bleu-marine. Le dessin, sur la couverture fait apparaître un vitrage. Au dos de ce même catalogue sont reproduites quatre des treize nouveautés de l’année : Citroën 2cv pompier (sans sa décoration sur les portes), la Peugeot 403 familiale de couleur noire, le rouleau Richier et notre Mercedes 190sl.

Sur ce dessin, le vitrage n’apparaît plus et la numérotation est absente. Le catalogue mentionne comme caractéristique la longueur du modèle de 99 mm. Or, en prenant une règle, je me suis aperçu que l’auto ne mesurait que 97 mm. Dès lors, on peut se demander si la mesure n’a pas été prise sur le prototype en bois. L’édition italienne du catalogue de 1958 conserve la mise en scène de Jean Massé, mais nous présente au premier plan une Mercedes dont la teinte est plus soutenue.

La nouveauté figure en page 3, sous la forme d’un étrange dessin qui n’est certainement pas l’œuvre de Jean Massé car la voiture est plutôt difforme. Sa sortie est annoncée pour le second trimestre 1958. Un tampon additionnel indique même le prix, 645 Lires. A titre de comparaison une Peugeot 403 est à 500 Lires, une Plymouth Belvedere à 765 Lires et la Chrysler New Yorker à 890 Lires ! Dans l’additif français de 1958 (été 1958) elle figure toujours avec un pavillon bleu, mais la carrosserie semble être ivoire. Son matricule, 24 H, est mentionné. Dès l’édition de 1959, elle change de robe et se présente désormais en argent avec pavillon noir. La nouvelle numérotation apparaît également 24 H/526… mais sans vitres.

L’édition suivante de 1960, la propose numérotée 526 uniquement, le texte signale la présence de vitres, ce qui, au vu de la numérotation, est logique. Elle apparaît de couleur argent avec le pavillon noir. Il est curieux de constater que la combinaison la plus classique, ivoire avec pavillon noir, apparaît uniquement sur l’affichette de nouveauté, en compagnie de la Citroën 2cv pompier, en 1958.

Les tergiversations concernant le choix des teintes ont dû être nombreuses comme cela a souvent été le cas à Bobigny. Cela peut s’expliquer par le fait que la direction conservait la ou les teintes initiales le plus longtemps possible.

Nous avons pu récupérer plusieurs exemplaires établissant les tâtonnements de la direction.

  • Le premier a été acquis auprès de la famille Chaudey. La carrosserie est de couleur argent. Cela confirme que le choix de la teinte de la carrosserie s’orienta très vite sur cette couleur. Les catalogues le prouvent également. La variante porte donc sur la teinte du pavillon. Celle-ci est de couleur rouge. Un rapide comparatif avec la version de série au pavillon noir, montre que la nuance de la peinture argent est différente. Celle qui est avec le pavillon rouge est très claire, et la peinture ne comporte pas de paillettes. Le châssis en tôle est différent et je pense que le traitement en a été simplifié. Le rendu est un noir satiné. La variante la plus importante et la plus significative est la présence d’un pavillon totalement lisse, ce qui permet de penser que le moule n’était encore figé. Cela lui confère un intérêt plus important, car tous les modèles de série, à ma connaissance, recevront un pavillon quadrillé.
  • Le second exemplaire a une teinte très harmonieuse : c’est en quelque sorte la reprise de la teinte de la Simca Aronde Elysée, bleu avec le pavillon ivoire. Le modèle possède lui aussi un pavillon lisse. Il a appartenu à un grand collectionneur helvète. Un détail amusant résulte du fait que l’auto, conservée tel quelle, est équipée côté droit de pneus de couleur blanche et côté gauche de pneus de couleur noire ! La similitude avec celle qui arbore un pavillon rouge est évidente. La découpe de peinture du pavillon est identique, mais différente de la version définitive, au niveau de la gouttière de pavillon notamment.
  • Le troisième exemplaire est inédit. Il arbore une couleur inversée par rapport au modèle décrit précédemment. Le choix est également judicieux à mes yeux. La voiture est équipée de vitres. Le modèle étant entré en production, le moule a été figé et c’est une carrosserie de série qui a servi de base à cette couleur. Je crois me souvenir avoir déjà vu une autre teinte similaire et il n’est pas impossible qu’une petite série ait été réalisée.

Enfin, il est bon de noter que la version argent avec pavillon noir existe également sans vitres. Il s’agit des premiers modèles de la série qu’il n’est pas évident de se procurer.