Made in Japan

C’est au cours d’une manifestation à Birmingham que j’ai découvert ce jouet qui m’était jusqu’alors inconnu. Il était dans les mains d’un amateur. Celui-ci avait sélectionné un certain nombre de modèles chez mon ami Clive opérant des choix qui indiquaient clairement son thème de prédilection : les véhicules de pompiers. Dans ce genre de situation, il ne reste plus qu’à attendre patiemment sans laisser paraître l’intérêt qu’on a pour le modèle qui est entre les mains d’un autre. Il faut savoir se maîtriser et ne pas se précipiter sur l’objet convoité au risque de faire revenir sur son choix celui qui vient de le reposer. J’ai parfois vu des gens changer d’avis lorsqu’un autre collectionneur se jetait sur l’objet qu’ils venaient de délaisser. Après que ce dernier a eu le dos tourné, j’ai fébrilement récupéré l’objet et je l’ai ajouté aux modèles que j’avais mis de côté chez Clive.

Camion de pompier
Camion de pompier

Ce dernier qui n’est pas tombé de la dernière pluie avait bien perçu mon intérêt pour ce camion de pompiers. Amateur de véhicules de fabrication très ancienne, je le trouvais tout simplement exceptionnel.

La première raison est due à son origine lointaine, le Japon.

La seconde raison est le choix du matériau. Nous sommes en présence d’un objet datant des environs de la seconde guerre mondiale. Les fabrications japonaises de cette période et d’après-guerre sont pour la plupart en tôle. Or le fabricant MK a injecté ses modèles en plomb. Le véhicule fait penser aux camions Tootsietoys. En effet, la firme de Chicago a produit un véhicule similaire constitué d’un châssis de camion et d’une flèche en treillis, avec, au bout, une lance d’incendie. L’inspiration américaine est palpable, ce qui est logique, puisque les USA ont toujours constitué pour le Japon un marché incontournable. Par contre, on notera au niveau du traitement des roues une singularité orientale. Ces dernières sont figurées en relief sur la carrosserie. Le véhicule est mobile grâce à des roues installées entre le châssis et les ailes où sont dessinées les roues factices.

La troisième raison, la plus importante pour moi, tient au fait que ce jouet était destiné au marché japonais et non à l’exportation comme la très grande partie de la production de l’époque. L’illustration est sans équivoque : c’est bien un soldat du feu japonais qui est représenté.
Je demandai à Clive, qui visite parfois ce pays, de voir s’il pouvait me dénicher d’autres véhicules similaires. Quelques mois plus tard, il m’a apporté à Sandown Park cette étonnante berline équipée d’un dévidoir sur la malle arrière. On peut penser qu’elle est l’œuvre du même fabricant.

Pour illustrer cette chronique, j’ai choisi de faire figurer un véhicule de la même époque, fabriqué aussi au Japon mais conçu en tôle et destiné au marché américain. Il représente l’inverse du camion de pompiers décrit plus haut. Il s’agit d’une copie non autorisée du camion Mack tracteur semi-remorque porte-autos de chez Tootsietoys. J’ai également un faible pour ce type de jouet. La remarque suivante me vient à l’esprit : dés le début de son activité, Tootsietoys avait misé sur la production de masse afin de tirer les prix vers le bas. On peut donc supposer que ce camion ne fut pas une exception. En conséquence, la firme japonaise, qui copia Tootsietoys devait proposer ce jouet à un prix défiant toute concurrence ! Peu d’exemplaires semblent avoir survécu.

Dialogue de Buicks

« Dialoguer ». Le verbe est à la mode. Il l’est particulièrement dans les chroniques relatives aux expositions artistiques : désormais, les commissaires aux expositions sont tenus de présenter des œuvres « qui dialoguent entre elles ». Il est devenu impératif de mettre en scène les expositions d’art, comme on met en scène un opéra ou une pièce de théâtre : « Faire dialoguer les œuvres » C’est le fil conducteur d’une des dernières expositions du musée du Louvre. Et le pari que se sont lancés les commissaires de l’exposition « le Louvre Abu Dhabi ».

Buick
Buick

Imaginez un pays, en quête de reconnaissance internationale qui déciderait de constituer une collection d’œuvres d’art en partant d’une feuille blanche. Un musée de taille internationale retracerait l’histoire de l’art et de l’humanité sous toutes ses formes. La constitution de la collection du Louvre Abu Dhabi s’est faite en partenariat avec le musée français. Aussi, une partie des œuvres a été exposée au Louvre Paris avant de rejoindre le Louvre Abu Dhabi dont l’ouverture est prévue en 2015. Il est toujours réjouissant de voir qu’un pays mise sur la culture pour se distinguer et offrir ses trésors aux yeux de tous. D’autres pays du Golfe ont misé sur le Football et le sport automobile.

Les commissaires de l’exposition ont pris le parti de présenter en parallèle plusieurs œuvres ayant un point commun. Cela peut être l’époque de création, le sujet, la matière, le format, le support. Une des sections de l’exposition est consacrée à l’évocation des grands phénomènes religieux. Des sous-ensembles ont été créés. Ainsi pour évoquer la religion musulmane et la religion juive le choix s’est porté sur deux rares et splendides ouvrages. En face, pour évoquer l’hindouisme un magnifique bronze du Xème siècle représentant Shiva fait face à une figure Soninké (Mali) en bois, du XIIIème siècle. L’ensemble dialogue. Le pari m’est apparu gagné.

J’ai été tenté d’appliquer cette démarche culturelle à notre petit univers des modèles réduits. Voici les quatre premiers protagonistes de ce dialogue imaginaire.

Ce sont des jouets rares qui ont pour point commun d’être tous originaires du Danemark et de reproduire une auto américaine : une Buick berline de type Roadmaster des années 50. Elles ont pour autre point commun leur couleur et l’adjonction d’un mécanisme à remontage à clef.

Nous sommes donc en présence de quatre Buick différentes mais produites par seulement deux fabricants. Les deux premières sont injectées en zamac. Elles sont identiques, à part leur échelle de reproduction. L’une est au 1/38 environ et l’autre approximativement au 1/25 environ. La plus imposante est également équipée d’un système de filoguidage, dont l’embout dépasse, logiquement, au niveau du poste de conduite, à travers le pare-brise. La plus petite est estampillée au niveau du châssis « Stentorp ». Je ne collectionne pas les autos de taille supérieure au 1/32, mais j’ai trouvé intéressant de faire dialoguer ces deux modèles !