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Vilmer Volvo PV444

Une Volvo PV444 à l’épreuve du temps

Au début des années 80, lors de mes premiers voyages à Göteborg, j’avais été surpris de voir dans les rues de très nombreuses Volvo PV544. Ces modèles semblaient hors du temps dans le flux de la circulation et illustraient la réputation de solidité du constructeur Suédois.

Vilmer Volvo PV444
Vilmer Volvo PV444

Curieusement, elles étaient bien plus nombreuses que le modèle qui avait suivi chez Volvo, le modèle Amazon. C’est la version break, dit duett qui me plaît le plus. Je me souviens avoir également vu des versions pick-up. Au bout d’une dizaine d’années, au milieu des années 90, comme par magie, elles ont disparu du paysage automobile. Il y a fort à parier qu’elles ont été victimes de nouvelles normes techniques. Nous assisterons chez nous au même phénomène, d’abord avec les véhicules industriels, puis avec les véhicules particuliers. Ainsi, si dans mes premiers voyages je croisais des autos des années soixante, il n’y avait déjà plus de camions de cette époque. Les normes techniques qui arriveront plus tard chez nous avaient déjà écarté ces véhicules de la circulation. La sécurité routière a toujours été un cheval de bataille du gouvernement suédois.

Des amis suédois m’ont expliqué qu’il était logique de trouver des autos bien conservées malgré le fait qu’elles circulent depuis plus de 30 ans. En fait, sans vouloir minimiser les mérites du constructeur suédois, le bon état de ces véhicules trouve son origine dans une autre cause.

Pour acquérir une bonne auto « ancienne », il suffisait de partir dans le nord de la Suède, là où les routes sont enneigées une grande partie de l’hiver et où les propriétaires laissent facilement tout l’hiver l’auto au garage, préférant les transports en commun. Ainsi les carrosseries ne subissent pas la corrosion due à la neige et au sel.

Inversement les citadines qui circulent dans les agglomérations dont les voies sont dégagées et salées en hiver affichent des bas de caisses en dentelle. C’est pourquoi les amateurs de voitures anciennes mettent le cap au grand nord pour récupérer des autos en bon état.

Pour illustrer ce souvenir, j’ai choisi de vous présenter une Volvo PV peu fréquente :  Volvo PV444, qui se singularise par son pare-brise en deux parties. Tekno ne produira que des PV544, avec pare-brise panoramique. Ce sont ces dernières que je croisais dans les rues de Göteborg. Vilmer est une firme atypique. Discrète, elle a beaucoup exporté aux USA. Il n’est pas rare de croiser des productions Vilmer, notamment des reproductions de Chevrolet et de Dodge de l’autre côté de l’Atlantique. Devant le petit succès commercial de ses camions, Vilmer voulut sans aucun doute concurrencer son rival danois, Tekno. Vilmer se lança alors dans la reproduction de berlines. Le succès n’a pas été au rendez-vous. L’échelle de reproduction est légèrement inférieure au 1/43. Je ne connais que quatre couleurs. Lors d’un récent voyage en Scandinavie, j’ai pu acquérir une curieuse miniature. J’ai tout de suite vu dans cette reproduction le modèle qui avait inspiré cette reproduction en plastique: le modèle Vilmer. En raison de la nationalité du vendeur, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une copie finlandaise. Comme je l’interrogeais sur le sujet, il m’a indiqué qu’il était d’origine hongroise et que c’est en Hongrie qu’il avait trouvé ces modèles. Il m’a encore expliqué qu’à l’instar de ce qui s’était passé dans l’ex-Allemagne de l’Est, tous les magasins de jouets avaient été dévalisés par les collectionneurs occidentaux, avides de stocker des miniatures disparues de la circulation. La Hongrie a la particularité d’avoir eu des unités de fabrication de Matchbox et de Siku. Les moules de ces fabricants connaissaient une seconde vie de l’autre côté du rideau de fer.

Tekno : le viking conquérant

Tekno : le viking conquérant

Cette semaine je vous emmène en Scandinavie. Enfant, familier de l’autoroute du Nord, j’étais déjà fasciné par les imposants camions nordiques : leur lointaine destination fièrement arborée sur les flancs des remorques me faisait rêver. C’était une invitation aux voyages. J’enviais les chauffeurs routiers qui bravaient tous les temps le long des rubans d’autoroutes. J’imaginais des périples semés d’embûches.

Tekno Scania
Tekno Scania

Aujourd’hui encore, lorsque je suis sur le point d’entreprendre une longue route, je ressens le même plaisir que le marin avant la traversée. Aussi, lorsque la passion de la collection m’a pris, les modèles Tekno ont toujours eu une place à part.

Fort logiquement, Tekno a inscrit les deux grandes firmes suédoises de poids lourds que sont Scania et Volvo à son catalogue.

La firme de Copenhague a conçu de nombreuses déclinaisons de carrosseries (bâchées, ridelles, citernes, fardiers, bennes de chantier) qu’elle a attelées indifféremment aux deux types de cabines.

Il me semble cependant que certaines combinaisons de carrosseries sont plus appropriées à un type de cabine qu’à l’autre. La cabine du camion Scania est au carré. Le capot moteur et les angles de la cabine semblent coupés à la serpe.

Le Volvo est lui tout en rondeurs. L’extrémité du capot moteur forme une courbe harmonieuse. Le haut des portes de la cabine est également galbé, imprimant au pavillon un doux arrondie.

Sous des aspects similaires, ces deux camions aux capots longs ont chacun une personnalité bien distincte.

La benne de chantier, avec sa casquette à angle droit habille mieux le Scania. De même, Le chargement de la remorque du fardier, tout en parallélépipèdes, convient parfaitement aux angles droits de la cabine de ce dernier. A l’inverse, avec son arrondi, la semi-remorque tôlée présentée ce jour semble plus harmonieuse avec le Volvo. Cette dernière est en tôle pliée.

C’est une technique que Tekno maîtrisait parfaitement pour avoir débuté son activité avec ce type de matériau. La forme de cette semi-remorque n’est pas familière chez nous. Il semble qu’il s’agisse d’une remorque frigorifique. Tekno a en fait réutilisé une remorque qui était destinée à être attelée au début des années cinquante à un tracteur d’entrepôt. Les deux éléments, le tracteur et la remorque, étaient vendus séparément. Un petit escabeau en tôle était fourni avec la remorque : il va sans dire qu’il est très souvent manquant.

Deux décorations avaient été choisies par Tekno, dont une avec un magnifique poisson. C’est l’indice qui me permet de penser qu’il s’agit d’une remorque frigorifique. Il faut également constater le grand décalage entre la modernité des cabines de ces camions du milieu des années cinquante et cette semi-remorque d’une dizaine d’années antérieure. Sous le charme des décorations on pardonne ce petit anachronisme.

Le premier Tekno que nous avons acquis fut le Cold O Matic. Je m’en souviens comme si cela était hier et j’avoue avoir ressenti de l’émotion en le sortant de la vitrine pour le photographier.

L’harmonie des teintes est très subtile. Avec l’autre version, « NC Kloster » se sont les deux piliers de la série. Tekno exportait beaucoup de sa production. Assez vite, il a compris qu’il y avait peu d’intérêt à livrer des « Cold O Matic » à des Américains ou des Italiens qui ne connaissaient ni cette société, ni les villes indiquées sur le camion. Des versions génériques ont ainsi vue le jour sur lesquelles on appliquait simplement le nom du fabricant de camions. Ainsi naquirent les versions « Scania » ou « Scania Vabis ». Une partie des modèles fut également utilisée à des fins publicitaires dans le réseau de concessionnaires. Il existe des combinaisons de couleurs bien plus rares que d’autres.

Nous verrons la semaine prochaine le cas de deux versions hors du commun. Les premiers modèles portent le logo « 75 » sur le plat du capot, remplacé plus tard par un « 76 », sans que l’on dénote de variation majeure. Cela correspond à l’évolution de la gamme du constructeur. Ils sont invariablement équipés de jantes à 10 écrous. Ces dernières sont toujours peintes (orange ou argent). Plus tard, sur la série estampillée « 76 » les jantes ne comporteront plus que 8 écrous. Elles sont invariablement en zamac brut.

(voir le blog consacré au  aux autres versions du Scania Vabis  semi remorque fourgon)

Le bus et la petite sirène

Le dernier volet de l’étude des bus concerne les bus Volvo produits par Tekno aux couleurs des transports en commun de la ville de Copenhague : HTS.

Il était bien dans la logique des choses que Tekno, implanté dans la capitale danoise propose une version aux couleurs de la HTS.

blason de la ville de Copenhague
blason de la ville de Copenhague

Pour l’occasion, Tekno a équipé sa miniature de la calandre à barres. Il la différencie ainsi nettement d’une des autres reproductions de bus danois, celui de la ville d’Aarhus (voir l’article précédent). La version de Copenhague aura une carrière très longue et ne s’arrêtera qu’à la fermeture de l’usine. A la fin de sa carrière, le bus sera équipé de jantes moulées en zamac avec les écrous apparents : il y aura d’abord des jantes peintes avec 12 écrous, puis des jantes en zamac brut avec 10 écrous. La couleur du pavillon passera du gris perle au gris argent.

Nous nous contenterons de présenter les premières versions avec les jantes flasquées du plus bel effet. Ces versions se distinguent principalement des versions autocar par la présence de publicités qui confèrent aux modèles une allure citadine. A ce titre, sur la fiche du modèle Mecline, j’ai photographié un document intéressant. Il s’agit de planches de décalques d’origine, de chez Tekno, servant à habiller ces bus. C’est mon ami Elgaard qui m’a fourni il y a fort longtemps ces précieuses planches. Elles prouvent une chose : les décalques n’étaient pas posés au hasard. Bien que certains annonceurs soient les mêmes, ces trois planches sont différentes, le format des placards publicitaires variant d’une planche à l’autre.

Pour les versions avec le pavillon peint de couleur argent, Tekno ne conservera que deux placards publicitaires sur les flancs. Le modèle perdra beaucoup de charme ainsi.

Outre l’écusson de la ville de Copenhague sur les flancs, il est possible d’identifier ce bus comme appartenant au réseau des transports en commun de Copenhague grâce à l’inscription « Kgs Nytorv ». Il s’agit de la contraction de Kongens Nytorv, c’est à dire « nouvelle place royale ». C’est un des endroits les plus touristiques de la ville. Sur cette grande place se situe le théâtre Royal, et à l’un desNyhaangles, l’ambassade de France, qui donne sur le « Nyhavn », le petit port de Copenhague avec ses maisons aux allures nordiques qui rappellent tellement Amsterdam. L’été, les gens aiment s’attabler aux terrasses et se rafraichir des nombreuses bières locales. Cette place était pour nous, chineurs invétérés, le point final de la chasse aux trésors. En effet, la ballade des brocanteurs commençait derrière Rådhuspladsen qui est l’autre grande place, celle où se trouve la mairie. En parallèle avec l’artère commerçante, Ostergade, une petite rue portant le nom de Laederstraede abritait bon nombre d’échoppes sympathiques.

On pénétrait à l’intérieur de celles-ci en descendant 3 ou 4 marches. Je me souviens de l’émotion et de l’espoir au moment de pousser la porte de ces petites boutiques.

Bien sûr, il fallait fouiller, observer, questionner. Le succès n’a pas toujours été au rendez-vous, mais il y a quand même eu la satisfaction de petites trouvailles et toujours l’étrange espoir que le prochain voyage serait celui de « la découverte ». Tout ceci a disparu : la crise immobilière a aussi frappé le Danemark. Les loyers se sont envolés, et avec eux toutes ces petites échoppes.

Copenhague, n’a plus le charme d’antan. Il ne reste que le marché aux puces sur Israël Plads tous les samedis où le niveau des marchandises est de basse qualité. Il me reste le souvenir de belles rencontres avec quelques brocanteurs locaux.

Le bus pour Aarhus

Dans la continuité de notre Volvo Mecline, intéressons-nous maintenant aux autres versions, notamment aux bus Volvo. Il faut bien avouer que Tekno a choisi la facilité en adaptant son car B615 en autobus.

Un simple détail résume à lui seul la légèreté dont a fait preuve la marque : Tekno n’a équipé son bus que d’une seule porte !
Cet élément est totalement inconcevable pour un véhicule qui doit faciliter l’accès et la sortie rapide des voyageurs.

Bus Volvo pour Aarhus
Bus Volvo pour Aarhus

Pour travailler à moindre frais, Tekno se contentera de modifier la face avant en supprimant la calandre à barres, et en ne gardant que le pare-chocs. Si l’on rapproche le modèle des photos des bus qui ont réellement circulé, la transformation est assez réussie à mes yeux, bien qu’éloignée de ce qu’on pourrait appeler une reproduction fidèle. Tekno n’utilisera cette astuce que pour la reproduction de bus. Ce sera un des éléments distinguant le modèle « bus » par rapport aux versions autocars, ainsi également que la présence de publicités.

En fait, les versions du car Volvo transformées en bus sont peu nombreuses. Elles correspondent aux versions de la première génération, facilement identifiables à leurs belles jantes en acier chromé. Il est fort probable que les versions réalisées pour certaines villes du Danemark n’ont pas rencontré le succès espéré. Tekno préférera orienter son marché sur la reproduction de cars, qu’ils soient de lignes, postaux, militaires ou sanitaires.

Sur les quelques clichés que nous publions vous reconnaîtrez la reproduction d’un bus de la ville d’Aarhus (gris et jaune), d’Odense (gris et bordeaux) et d’Aalborg (beige et rouge). Enfin, la seule reproduction d’un bus étranger sera commandée par l’importateur suisse de Tekno. Celui ci commandera une reproduction des bus de Zürich, argent et bleu (dont la photo figurait déjà dans l’article précédent sur le modèle d’Oslo »).

L’importateur était probablement localisé à proximité de Zurich car il commandera également une version Volkswagen 1200 vitre ovale de la « polizei » blanche et noire (police du canton de Zürich).

Ce modèle est rare !

En route pour Oslo

Afin de contourner les barrières d’importation qui protégeaient la Norvège, Tekno a implanté sur place de petites unités de fabrication avec la collaboration des firmes norvégiennes Mecline et Nikrom. Mecline, la plus connue, produira ainsi quelques autos dont la série des Volkswagen fourgonnettes. Ces modèles arborent bien sûr, sur leurs flancs, des publicités de firmes norvégiennes.

Bus  Volvo en pleine action
Bus Volvo en pleine action

Un jour de 1994, à la bourse de Göteborg, j’ai fait la rencontre d’un Norvégien plein d’initiative, Erik Knutsen. Pour faire partager au plus grand nombre sa passion des miniatures, il faisait publier, en norvégien bien sûr, une petite revue du nom de « Modell Leker ». Cette modeste revue servait de trait d’union à toute la petite communauté norvégienne des collectionneurs. Grâce aux adresses indiquées j’ai pu contacter bon nombre de ces personnes et glaner quelques pièces après de longues négociations.

C’est sur la couverture du numéro deux de la revue que j’ai découvert ce bus Volvo. Le cartouche de direction indiquant la ville d’Oslo, j’ai très vite compris qu’il s’agissait d’une version fabriquée pour ce marché. C’est dans la langue de Shakespeare que je me suis renseigné auprès d’Erik Knutsen au sujet de cet intriguant autobus. Il m’expliqua que son bus Volvo était d’origine Mecline.

En effet, toutes les inscriptions Tekno avaient été effacées par Mecline. Le châssis, moulé en zamac, est totalement lisse. La conception astucieuse développée par Tekno a bien sûr été conservée.

Comme les camions Tekno, le car est moulé en trois parties que deux grandes vis maintiennent en place. Il est vrai que ce choix de fabrication a empêché Tekno d’équiper son véhicule d’un aménagement intérieur : les deux vis transpercent l’habitacle et deux caches rapportés permettent de masquer les têtes de celles-ci sur le pavillon.

Comme je l’ai déjà expliqué dans la chronique relative au Volvo express, cette conception permet de réaliser facilement des finitions bicolores, voire tricolores. La ligne intemporelle de ce modèle lui ouvrira une carrière particulièrement longue. Il ne s’éteindra qu’avec la fermeture de Tekno, en 1972 : les derniers modèles sont vendus en boîte vitrine.

Avec cette miniature, Tekno semble avoir voulu reproduire le modèle B615. La reproduction demeure d’une approximation à laquelle, Tekno, fabricant rigoureux, ne nous avait pas habitués.

Il n’est pas exclu que la reproduction de notre Volvo soit une version recarrossée par un artisan local. Nous n’avons trouvé aucune trace de cette imposante calandre dans la documentation sur les cars Volvo. Il se peut également que Tekno, désireux d’exporter son modèle aux quatre coins de la planète, ait cherché, à partir d’une base simple à reproduire un modèle passe-partout. Si tel était son objectif, il sera atteint et de belle manière puisqu’une version arborera le logo « Scania Vabis », concurrent de Volvo !

Enfin, dernier détail, amusant Tekno a bien reproduit un accès par une simple porte, derrière le passage de roue, côté droit. C’est assez fidèle aux photos disponibles. Mais Volvo, constructeur Suédois, avait équipé son véhicule destiné au marché local d’une porte côté gauche puisqu’en Suède, la circulation s’est faite comme en Angleterre côté gauche jusqu’en 1967. Là aussi, les catalogues du constructeur Volvo le montrent bien, mais Tekno, dans son souci d’exportation, oubliera ce détail. La version Mecline est en tout point identique au modèle danois, sauf l’inscription sur le châssis qui a disparu, bien entendu. Elle reproduit un bus de la compagnie des transports en commun de la ville d’Oslo : Sporveien. La publicité Esso n’ajoute rien de particulier quant à l’identification du pays d’origine du bus. Il n’en est pas de même du décalque situé de l’autre côté du pavillon. Celui ci est aux couleurs d’ « Aftenposten », grand quotidien norvégien, qui existe encore aujourd’hui.

Nous verrons la semaine prochaine, à travers l’étude des différentes versions de bus (et non de cars) comment Tekno a su adapter son modèle.