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le jeu des sept erreurs

Le jeu des sept erreurs.

Lorsque j’étais enfant j’appréciais les pages des magazines consacrées aux jeux et destinées au jeune public. J’aimais particulièrement ceux qui mettaient l’observation en avant, où l’on devait repérer les différences entre deux dessins qui semblaient pourtant identiques. Ils étaient souvent dénommés « jeux des sept erreurs ».

J’ai grandi, et mon sens de l’observation s’est développé. C’est un sens primordial dans la collection des miniatures automobiles. Il permet par exemple d’aider à mémoriser une nuance de couleur ou à authentifier l’application d’un pochoir de pare-chocs sur une Dinky Toys.

Je vais donc vous proposer un petit jeu qui vous permettra de tester votre sens de l’observation.

JRD avait l’art d’étoffer fort intelligemment un catalogue avec des moyens limités.

Le modèle présenté ce jour est en tout point exceptionnel. Il résulte d’un assemblage ingénieux de sept éléments puisés dans la banque de pièces détachées de la firme de Montreuil. Cela a été réalisé avec talent. Le modèle a son identité propre et ne ressemble à aucun autre modèle de la marque malgré l’emprunt de toutes les parties qui le constituent. Un tour de force.

Ce camion c’est un Unic Izoard dénommé transport de liquide. Je vous laisse observer la photo. A vous de trouver les sept éléments empruntés aux autres modèles de la gamme.

Commençons par le premier, le plus facile. La cabine. C’est bien sûr celle de l’Unic Izoard. Elle a été créée pour l’ensemble porte-wagons. Elle est fidèlement réalisée et bénéficie d’une belle gravure.

Le deuxième élément n’est pas le plus simple à identifier. C’est le plateau qui a été conçu pour recevoir la caisse fourgon. On a vu dans le blog précédent (jouet français) comment JRD avait astucieusement conçu cette pièce qui avait deux fonctions : servir de point de fixation pour la cabine et recevoir la caisse. Dans cette version transport de liquide, JRD l’utilise comme un plateau simple.

Le troisième élément c’est l’essieu double avec roues jumelées qui a été conçu au départ pour l’élément décrit ci-dessus. Rappelons que la première mouture de l’Izoard bénéficiait d’un châssis court et d’un essieu simple. La réalisation du fourgon, donc d’un châssis long, avait entrainé celle de cet essieu.

Le quatrième est facile à identifier. C’est l’utilisation de trois cuves que JRD a créées initialement pour sa version laitier de l’Unic ZU120.

Dans la version 60 hectos, les cuves sont placées de manière longitudinale et non plus de manière transversale comme pour le laitier. Cela a pour effet de donner une physionomie très différente à ce véhicule, certes peu crédible par rapport à la réalité mais plein de charme.

Le cinquième élément n’est pas évident à repérer. C’est l’échelle en tôle fixée sur chaque cuve, provenant du wagon Kronenbourg !

C’est un détail, mais ces échelles habillent les cuves et donnent au jouet  une finition précieuse. Les enfants ont dû apprécier ce triple petit détail.

Je dois ici signaler l’existence d’une variante. L’ échelle fixée sur la cuve grâce à une agrafe se situe devant ou derrière l’orifice de remplissage de la cuve . Ce n’est pas une erreur de montage des cuves. Elles ont toujours le robinet de vidange situé à l’arrière de la cuve. C’est une vraie variante et l’une de ces variantes est vraiment plus rare que l’autre. Je vous laisse deviner laquelle.

Le sixième élément emprunté a la même fonction que celui décrit précédemment. Il contribue à habiller le jouet. Ce sont les deux tuyaux en caoutchouc noir avec leurs embouts en zamac brut créés pour le Berliet gak feux de forêt et placés sur chaque côté du plateau. Ils comblent l’espace entre les cuves et le bord du plateau.

 

Le septième élément est difficile à repérer Mais si vous êtes amateur de JRD vous l’aurez peut être trouvé.

C’est l’association de couleurs, argent et rouge, identique au Berliet Gak benne à ordures. Cela n’a l’air de rien, mais ce sont des économies d’échelle.

Limiter le nombre de peintures utilisées a de nombreux avantages (prix de revient, entretien de la cabine de peinture…)  JRD sera coutumier de ce type de pratique.

Nous retrouverons à un moment le Berliet Tak semi-remorque panier Antargaz  également dans cette finition de couleurs. Plus tard, pour varier un peu son offre, JRD utilisera du bleu métallisé. Ce camion Antargaz en profitera tout comme la benne à ordure décrite plus haut .Voilà comment naissent les couleurs rares !

En dehors de l’étui individuel, la seule chose que JRD a créé c’est une planche de décorations comportant une décalcomanie sur laquelle figure la tare du camion et six autres de forme ronde cerclées de jaune avec mention 60 hectos au centre. L’investissement était modeste. A un certain moment, ces décalcomanies seront appliquées sur un autre modèle de la gamme, l’Unic ZU120 laitier. J’ai eu l’occasion d’en croiser plusieurs, confirmant que ce n’est pas un accident de production.

JRD ne sera pas récompensé de sa bonne gestion et de sa volonté de réduire les coûts. Ironie de l’histoire, bien que nous ne soyons que dans les années soixante, la firme s’arrêtera victime des premiers effets de la mondialisation. Le groupe américain Johnson racheta le groupe français Jex (les tampons). Hasard malheureux, JRD appartenait à ce groupe français. Lors de cette acquisition les américains n’ont souhaité garder que les branches ayant un rapport avec les produits d’entretien. Il n’ont sans doute pas réalisé que l’entreprise JRD, au delà de sa gestion remarquable véhiculait une image de jouets de bonne qualité. L’entreprise fut contrainte de cesser toute activité.

P.S Mes enfants m’ont fait la surprise de publier pour mes soixante ans, grâce à l’aide de monsieur Dufresne  l’intégralité des blogs en version papier.  6 ouvrages, plus de 2000 pages ! Les cinquante exemplaires numérotés ont été vendu en deux heures. Devant le nombre de gens n’ayant pu l’obtenir, ils ont décidé de relancer une série de cinquante exemplaires, non numérotés cette fois. Vous pouvez les contacter aux adresses suivantes:   penelope.autojaune@gmail.com  ou  adrien@autojauneparis.com

voir la video de présentation: https://www.youtube.com/embed/CYy2iFwaJEM

Le Livre ! ...six livres ! plus de 2000 pages de partage de connaissance
Le Livre ! …six livres ! plus de 2000 pages de partage de connaissance

 

 

 

 

« jouet français »

« Jouet Français »

Dans l’histoire de la peinture, pour désigner un courant marquant on parle volontiers de « peinture italienne » ou de « peinture flamande ». On associe donc un pays, une région, à un mouvement pictural.

Ces courants furent si importants, leur durée fut si longue que l’on doit ajouter un marqueur temporel. On parle en siècles : « la peinture espagnole du 17 ème siècle ». Si la période s’avère particulièrement riche comme ce fut le cas ici, on divisera géographiquement, par villes, les différentes écoles : Séville (Velasquez,Zurbaran, Murillo…) ou Madrid .

Dans le domaine du jouet, on peut également opérer un classement en fonction du style, de la qualité, de l’ingéniosité dans la conception, en fonction du lieu de création de l’objet.

Des caractéristiques bien particulières se relèvent en fonction des lieux de production. C’est ainsi que dans les premiers ouvrages de Géo Véran, puis de Jacques Greilsamer, les classements sont organisés par pays de fabrication.

Dans le magazine Pipelette (numéro 8), j’avais souligné comment, dans les années soixante-dix, l’Anglais Cecil Gibson, un autre pionnier de la collection, avait lui aussi dans son livre « Model commercial vehicules » classé les productions par pays, prouvant bien que les jouets ont une identité propre en fonction de leur lieu de création.

Ce dernier avait même intitulé un des chapitres « Fourgons français », et ce dans la langue de Molière.

Les photos sont évocatrices. Outre les publicités de firmes françaises, il se dégage un style de fabrication, de finition, propre à notre pays. Il faut juste ouvrir les yeux. Il est vrai que jusqu’aux années soixante-dix, tous les véhicules, camions et autos avaient souvent déjà une identité liée à leur pays de conception.

Prenons l’exemple du Renault 1000Kg que Lion Car aux Pays-Bas et C-I-J en France ont reproduit. Il est clair que chacun possède une identité liée à son pays d’origine. Le Lion Car, juste de ligne, est réalisé sans génie. Simple, solide, économique, rustique.

Le C-I-J est fin, fragile, ingénieux. Grâce à une technique (gravure du moule) et un savoir-faire inégalé au niveau du façonnage des parties en tôle (portes arrière, marchepied repliable), la firme de Briare a réalisé un modèle quasiment parfait. Si l’on ajoute la qualité de fabrication, d’assemblage et de peinture, on obtient un objet qu’on ne se lasse pas de regarder dans sa vitrine, et ce même dans une livrée classique.

JRD est également digne de posséder le label « jouet français».

Logique, me direz- vous vu le lien existant entre C-I-J et JRD. Rappelons que cette dernière est née de l’arrêt de la fabrication des jouets Citroën avant guerre par C-I-J, qui se tourna vers Renault.

L’histoire du Berliet TLR tracteur semi-remorque Fruehauf à un essieu aux couleurs de la brasserie Kronenbourg, reproduit par JRD est évocatrice de cet esprit de conception. La brasserie alsacienne possédait dans sa flotte plusieurs exemplaires de ce véhicule ainsi carrossé.

La remorque est de conception simple, à l’image de celle qu’elle reproduit : deux portes, une caisse de type parallélépipède rectangle et un châssis en tôle serti à cette dernière.

Elle est finement injectée en zamac. Les flancs des premiers exemplaires sont intégralement striés. Le résultat est parfait. Cependant, l’application et la conservation des décalcomanies posa problème. Ces dernières réclament une surface plane pour une application optimale. JRD modifiera son moule en créant deux grands rectangles plats, du format des décalcomanies.

Ce camion aura une longue histoire, et de multiples variantes de décoration au niveau du décalcomanies apposé sur le fronton de la remorque. On compte pas moins de trois décorations différentes.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. C’est ici que l’ingéniosité et l’art d’utiliser les pièces existantes pour multiplier les variantes interviennent. En gastronomie on parlerait de « l’art d’accommoder les restes avec talent ».

Au même moment JRD avait mis à son catalogue un autre ensemble, original : un camion Unic Izoard tracteur avec une remorque surbaissée et un wagon…aux couleurs Kronenbourg ! (lire le blog consacré à ce modèle)

JRD va créer un cadre sur lequel la caisse de la remorque décrite plus haut va s’adapter parfaitement. L’ensemble est fixé à la cabine de l’Unic Izoard grâce à deux points de sertissage. Voilà comment cet Unic Izoard conçu au départ en tracteur, avec un châssis court se retrouve en porteur châssis long.

Malgré ce bricolage, l’ensemble dégage une certaine crédibilité. De nombreux petits garçons auraient aimé se retrouver au volant d’un tel ensemble. Enfant, j’ai moi-même hérité d’un exemplaire offert par un cousin germain. Quel beau souvenir.

Grace à ce montage, JRD va astucieusement et à peu de frais garnir son catalogue d’un somptueux modèle aux couleurs du pétrolier Hafa. Une des plus belles harmonies de couleur à mes yeux dans l’histoire des modèles réduits de poids-lourds : saumon et bleu roi.

Mieux, elle va aller jusqu’au bout de la logique. En créant un train articulé, JRD va s’offrir aussi une remorque qu’elle pourra accrocher derrière son Unic Lautaret s’offrant un ensemble unique dans l’histoire du jouet.

Elle créera des décalcomanies au format des panneaux rectangulaires : Transports Internationaux. La longue liste des villes desservies par cet ensemble fait rêver. C’est l’Europe avant l’heure.

En fonction des périodes de fabrication, ces ensembles sont équipés de pneus blancs puis noirs. Ces derniers ont un dessin tellement particulier qu’ils participent à la beauté de l’ensemble.

Signalons que la version Transports internationaux fut déclinée en trois combinaisons de couleurs. L’une d’elle, la verte et saumon, pouvait recevoir au gré des fabrications des décalcomanies de couleur orange ou blanc. A l’arrivée, nous avons donc quatre variantes.

Enfin, la remorque fut aussi vendue en étui individuel, mais seulement dans la version orange et blanche.

L’histoire ne va pas s’arrêter là. Nous verrons dans un mois la suite de cette saga.

Pour 19€ tu peux avoir le livre…

Pour 19€ tu peux avoir le livre…

« L’éminent marchand d’art, grand collectionneur et richissime David Nahmad, dont la fortune est estimée à 1,8 milliard de dollars selon le magazine Forbes, a constitué avec son frère Ezra l’une des plus importantes et prestigieuses collections d’art privées du monde. La collection de la famille Nahmad est riche de plusieurs milliers d’oeuvres et chefs-d’oeuvre, signés des grands noms de l’art moderne, depuis les maîtres du pré-impressionnisme et de l’impressionnisme » . Voilà comment le site de vente en ligne, Amazon, présente le livre « Matisse collection Nahmad » édité chez Lienart à l’occasion de l’exposition temporaire au Musée Matisse de Nice 2021/2022.

Musée Matisse à Nice
Musée Matisse à Nice

Ce type de présentation a le don de m’indisposer. Désormais, pour vendre un livre, ou tout autre produit, on ne sait parler d’autre chose que d’argent. Avait-on besoin de parler de la fortune de cette famille pour vendre un livre à 19 euros ? cette présentation rend-elle plus beaux les tableaux et surtout quel lien a-t-elle avec l’exposition ?

le livre à 19€ " Matisse collection Nahmad"
le livre à 19€  » Matisse collection Nahmad »

Après avoir acheté l’ouvrage, dans une « vraie » librairie et lu l’interview croisée entre Claudine Grammont, la directrice du musée Matisse à Nice, et les deux frères David et Helly Nahmad , le sourire m’est revenu.

Loin des propos de la présentation de l’ouvrage par le site de vente en ligne que je qualifierais de vulgaire, David Nahmad se confie sur son métier de marchand d’art et sa passion de la peinture, prouvant bien que les deux ne sont pas contradictoires. Je cite David Nahmad :

« L’art doit être accessible, un tableau se destine au public. Personnellement, je ne vois pas l’intérêt d’acheter une oeuvre si c’est pour la garder chez soi. La possession, c’est la pire des choses. Le tableau en lui-même n’a pas de valeur, c’est avant tout un document. »

Que dire de plus ? Il faut beaucoup d’expérience et d’humilité à un marchand/collectionneur pour tenir ce type de propos.

Les deux frères n’éludent pas la question de l’argent. Après tout, ils sont marchands. C’est leur métier d’acheter et de revendre. Comme tout commerçant d’ailleurs.

Leur passion pour la peinture de Matisse est palpable dans toutes les réponses faites aux question de la directrice du musée Matisse de Nice. Et si leur savoir est grand, il n’est jamais écrasant pour le lecteur néophyte.

Ils parlent de leurs tableaux avec passion, soulignant les points forts, les détails qui les ont touchés, que ce soit l’exécution du carrelage du tableau « Sur la chaise longue » ou l’importance de la couleur de la ceinture verte de la « Femme au fauteuil ». Ces détails révélés sont comme des confidences que l’artiste nous aurait glissées à l’oreille.

Ces quelques lignes aident le visiteur de l’exposition à mieux appréhender les toiles de Matisse.

Dans la formulation d’une de ses questions la directrice du musée rappelle que les deux frères ont une conception ancienne du métier basée sur la connaissance des oeuvres, historique et esthétique.

Et lorsqu’il faut parler d’argent c’est au travers d’une anecdote ou de l’ histoire d’un tableau et de l’évolution de son cours.

Une crise politique, énergétique, un putsch militaire et le marché s’effondre au grand dam de ceux qui vendent à ce moment-là. David Nahmad rappelle l’effet catastrophique qu’à eu sur le marché de l’art en 1979 la prise d’otage à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran

Il raconte l’histoire d’un tableau de Matisse « Les coucous, tapis bleu et rose,1909 » demeuré invendu en cette année 1979. Après la vente, il le rachète avec un Renoir pour £240 000 pour le revendre à Pierre Bergé et Yves Saint Laurent en 1981. Le tableau sera remis sur le marché lors de la vente de cette prestigieuse collection en 2009, et sera cédé à 35 millions d’euros.

Il est tentant de faire le rapprochement avec le marché du jouet ancien et ses fluctuations. J’ai par exemple suivi l’évolution dans le temps de la cote d’un jouet de fabrication française.

Mon point de départ est l’acquisition par mon père. Depuis 1975, date du début de la collection nous avons toujours consigné nos achats manuellement sur des fiches bristol…

Mon choix s’est arrêté sur un jouet produit par JRD, l’Unic Izoard tracteur semi-remorque-porte wagon Kronenbourg. C’est un modèle tout en contraste. Si la version de base est très fréquente, il existe trois variantes rares.

Le jouet reproduit un véhicule qui a réellement existé. Le wagon et la remorque ne sont pas à la même échelle que le tracteur Unic qui est lui au 1/50. Il faut donc regarder ce jouet avec des yeux d’enfant et non de maquettiste. L’ensemble est cependant fort original.

Décrivons le modèle de base. Sur la première version du porte-wagon, la cabine est finie en deux tons, ivoire et rouge. La remorque peut être de couleur rouge ou argent. Il manque souvent la petite barre qui servait à bloquer le wagon sur sa remorque plateau. Elle se fixe entre le hayon et le crochet d’attelage du wagon. JRD a pris le soin d’imprimer une notice. Les pneus de la remorque souffrent souvent de déformations. Il faut, je pense l’accepter et les laisser plutôt que les changer.

Ce modèle nous l’avions payé 200 Francs le 4 septembre 1980. A titre de comparaison, deux semaines plus tard, le 24 septembre nous avions enrichi notre collection de JRD avec le peu fréquent Berliet Gak feux de forêt, payé 850 Francs et la Peugeot 404 de couleur bleu pâle, acquise elle pour 100 Francs.  Cela vous donne une échelle des valeurs de l’époque.

A ce stade de l’étude, il faut souligner un point qui va sans doute étonner de nombreux collectionneurs actuels. La différence entre un modèle en boîte ou un modèle sans boîte était minime. Le phénomène de la plus value de la boîte va apparaître en France bien plus tard.

En 1984, le 6 juin, mon père a acheté à un marchand parisien, M. Neut, la très rare version promotionnelle réalisée en 1964 pour le tricentenaire de la brasserie. L’harmonie des couleurs est superbe. Le modèle reprend les couleurs Kronenbourg, le rouge et le bleu pour le tracteur et le wagon.

Le décalcomanie utilisée est celle qui était apposée sur les flancs du tracteur semi-remorque Berliet. L’ensemble est superbe. Nous en avions entendu parler, mais ne l’avions jamais vu. Le modèle était neuf en boîte et mon père a cassé la tirelire : 13 000 Francs.  Nous sommes bien loin des 200 Francs de la version de base.

On se rend compte de l’engouement suscité par certains modèles. Un autre élément doit ici être souligné. La génération des collectionneurs précédents s’intéressait surtout aux automobiles. Il suffit de feuilleter les magasines Modélisme pour comprendre.

Encore une fois, les ouvrages de Mr Nakajima ont ouvert les yeux des collectionneurs des années 70-80 et la cote des utilitaires va grimper en flèche.

le 1er décembre 1995 nous avons acquis une autre version, rare, qui n’était pas référencée. Elle emprunte la finition de peinture argent et rouge de la cabine réservée à la version transport de liquide « 60 hectos ».

JRD a sans doute trouvé là le moyen de liquider les cabines prépeintes et non utilisées d’un modèle qui venait d’être abandonné. Je n’ai revu qu’un autre exemplaire ainsi assemblé.

Nous l’avions payé 1 600,00 Francs. Dix mois avant nous avions payé 4 250,00 Francs une Citroën 2cv camionnette Comap neuve en boîte. Nul doute qu’aujourd’hui ce type de variante rare a pris de la valeur.

Plus tard, le 22 février 1984, c’est la version produite par C-I-J qui est entrée dans notre collection. A la fermeture de l’usine, le stock de pièces, les décalcomanies et les boîtes ont été cédés à la C-I-J.

Visiblement le stock de jantes en zamac était peu important et la firme de Briare a dû utiliser ses propres jantes en plastique sur les modèles JRD qu’elle distribuait. Elles peuvent être de couleur rouge ou rose, comme sur le Berliet Gak benne à ordures Genève provenant aussi de chez JRD.

Sur certains exemplaires elles sont même panachées ! La teinte de la cabine est plus claire. C-I-J utilisera les étuis JRD qu’elle surchargera d’une petite étiquette collée sur les côtés. Cela sent la fin. Ce modèle est très peu fréquent. Nous l’avons payé 800,00 Francs le 27 février 1984.

Le 6 juin de la même année, nous avons acquis deux autres C-I-J qui comme ce porte-wagon étaient d’origine JRD. Le Citroën 1200 kg police (version petite décalcomanie) avec sa rare boîte spécifique pour 1 700 Francs et le Berliet Gak benne à ordures cité plus haut, variante à jantes de couleur rose pour 350 Francs.

Il m’a semblé intéressant de m’inspirer du discours des deux frères sur l’évolution dans le temps de la cote d’un tableau et de le transposer dans le monde de la collection de miniatures.

Il faut être un marchand ou un collectionneur averti, avec de l’expérience, pour analyser et comprendre les évolutions du marché. On saisit aussi toute la difficulté de prévoir à moyen terme. Les deux frères n’auraient-ils pas dû garder le tableau de Matisse « Les coucous, tapis bleu et rose de 1909 » qui avait été invendu en 1979 ?

La comparaison avec le monde du jouet s’arrête vite. Nous ne sommes pas dans le domaine de l’art. Même très rares, nos jouets ne sont pas uniques. Comme les deux frères Nahmad, les salles des ventes et les marchands, devraient davantage communiquer sur l’intérêt des objets qu’ils vendent, expliquer leur rareté et leurs intérêt, plutôt que de communiquer sur les prix de vente. Mais il faut pour cela, comme les frères Nahmad, être amoureux des objets qu’on présente.

 

 

 

Le rêve bleu

Le rêve bleu

Vous souvenez vous du nom du magasin de jouets de votre enfance ? Celui devant lequel vous restiez, le nez collé à la vitrine, pour essayer d’apercevoir pour de vrai la dernière nouveauté annoncée par l’affichette collée sur la porte du magasin.

A Compiègne où j’ai grandi deux enseignes se partageaient les principales marques de miniatures : « Au Petit Quinquin » rue Saint-Corneille, la rue même où se trouvait la boutique de mes parents et « Le Nain d’Or » avenue Solférino, situé également à quelques encablures de ce dernier. Rien de très original dans le choix de ces enseignes.

Mon épouse se rappelle très bien qu’à Calais, où elle a grandi, c’était la « Tour du jouet »…du fait de l’emplacement de la boutique située près de la fameuse Tour du Guet à proximité de l’entrée du port. Choix bien plus original.

Un facétieux marchand de jouets.

J’aime regarder les noms des magasins imprimés sur les catalogues de jouets. Il m’arrive de remplacer dans ma collection un catalogue par un autre parce que le nom du magasin imprimé sur la couverture me plaît davantage. Il y’a quelques années j’avais été séduit par celui ci : « Au rêve bleu ».

En fait pour être plus précis c’est le tampon tout en longueur qui m’avait plu. J’avais aimé ce petit détail : l’adresse du magasin était à Lyon, au 155 avenue de la Croix Rousse. Tout le monde sait qu’il y a un tunnel à cet endroit. Le facétieux marchand de jouet avait placé son tampon à la sortie du tunnel qui figurait sur la couverture du catalogue.

Devinette

La boutique s’appelait « Au rêve bleu ». Quelle curieuse coïncidence. Regardons de plus près le dessin de la couverture du catalogue : que voyons-nous ? un beau camion bleu qui pointe son capot à la sortie du tunnel. Observez le bien.

C’est fait. Maintenant , allez à la dernière page du catalogue. C’est bien le même camion, celui de la couverture du catalogue qui sortait du tunnel. Il porte la référence 39 A.

Il est annoncé pour la fin de l’année 1957. La couleur du modèle dessiné rappelle bien sûr le Bedford « O » tracteur semi-remorque porte-autos de Liverpool, en version unicolore (tracteur et remorque).

Vous avez sûrement cet Unic semi-remorque porte-autos dans votre collection. . Vous savez donc qu’il n’est pas sorti en série dans cette couleur. Je ne vous apprends rien si je vous dit qu’il est fini en couleur argent avec les ailes du tracteur peintes de couleur orange. L’affichette annonçant la sortie du jouet le montre également avec cette finition.

Si vous êtes observateurs, en dehors de la couleur bleue, facilement identifiable, vous pouvez trouver quatre autres détails qui diffèrent par rapport au modèle de série. Je vous laisse quelques instants.

Réponse

1/ Commençons par le tracteur.

Il a un étonnant pare-brise panoramique, sans montant central.

C’est une interprétation de la réalité par le bureau d’étude. Cette nouvelle cabine Unic apparue en 1954 a donné un coup  de vieux aux poids lourds existants. Le pare-brise de type « panoramique » est large et seul un très léger montant central le divise. Il se peut que la direction de Meccano pour des raisons techniques (injection et répartition de la matière lors de l’injection) ait opté pour un montant central, certes assez discret.

2/ L’ensemble est équipé de jantes en acier chromé.

Sur les modèles de série, Dinky Toys reviendra aux traditionnelles jantes en zamac peintes. On peut penser que ces jantes chromées devaient avoir pour effet d’accentuer le côté luxueux d’un modèle dont la taille était exceptionnelle. La création de cette remorque fut tout de même une petite prouesse technique pour Dinky Toys qui dut en être assez fier, même si l’échelle de reproduction de la remorque (1/43) est différente de celle du tracteur (1/50).

3/ Les deux plateaux de la remorque sont lisses, à l’image du Bedford « O » anglais.

Ce détail est des plus intéressants. On y trouve la trace du lien encore très fort entre Liverpool et Bobigny. La couleur du véhicule, le traitement des plateaux en sont de petits indicateurs. Que pensez  vous enfin du quatrième point ?

4/ Plus surprenant, la manivelle de levage est située sur le côté gauche et non sur le côté droit comme elle le sera pour le modèle de série.

Pour un camion prévu pour le marché français c’est une erreur grossière. En jouant, les enfants reproduisent le sens de la circulation auquel ils sont confrontés tous les jours dans les rues. Or, avec cette manivelle, on imagine les tracas que les gamins allaient rencontrer pour faire se croiser un Unic Boilot et un Willeme fardier !

« LA » remorque bleue

L’exemplaire qui a servi aux dessins du catalogue subsiste heureusement. Cette « fameuse » remorque en laiton, je la connais depuis près de 35 ans. Je l’ai récupérée il y a quelques années seulement avec bien d’autres trésors.

Elle correspond trait pour trait au dessin du catalogue. C’est un produit de toute beauté, le fruit d’un travail artisanal qu’il était impérieux de préserver. La rampe fonctionne.

Par contre, le tracteur manquait jusqu’à ce qu’il refasse surface tout récemment.

J’ai peut être réussi à reconstituer son parcours. Une personne qui travaillait comme dessinateur chez Meccano a récupéré dans les années quatre-vingt un nombre important de pièces. Au départ, il n’avait aucune idée de l’intérêt de ces dernières. Il a ainsi laissé partir une dizaine d’exemplaires dans la nature. Et c’est devant l’insistance de la personne a qui il avait cédé ces quelques premières pièces qu’il a pris conscience de l’intérêt de tout ce qu’il avait récupéré. C’est à ce moment que j’ai fait sa connaissance. Il s’est écoulé près de trente ans avant qu’il me cède l’intégralité de son trésor, moins les quelques pièces éparpillées dans la nature. C’est bien ces dernières qui sont réapparues en salle des ventes en 2018.

L’Unic bleu ainsi que l’Acmat lance-missiles dont il m’avait parlé m’ont permis d’identifier avec certitude le lot de 9 pièces arrivé chez Collectoys. Le résultat de ces enchères fut pour moi des plus surprenants. Ce camion Unic, certes endommagé au niveau du châssis était « LA » pièce. Ayant la remorque, comment passer à travers une occasion totalement inespérée de reconstituer l’ensemble ? Ce fut le modèle qui réalisa le plus petit score.

Je terminerai par un avis de recherche

Gilles Scherpereel m’avait cédé un exemplaire de la remorque finie en bleu soutenu, très différent du bleu pâle. Il s’agit du moule définitif. Dans la même logique que celle décrite plus haut, Bobigny s’était aligné sur la nouvelle couleur choisie par Liverpool pour redécorer son Bedford « O ». Comme une malédiction qui se répète, le tracteur a été égaré. Alors je lance donc un appel à celle ou celui qui possèderait le tracteur  bleu soutenu.

Le Voyage de Junior en province

Le Voyage de Junior en province.

Il y a quelques jours, alors que j’étais à la bourse d’échange de Mulhouse, un collectionneur amateur de Dinky Toys m’a vertement reproché de favoriser les collectionneurs parisiens qui venaient à la boutique, et même de mépriser les collectionneurs de province au motif que je ne leur proposais pas les pièces vendues à la boutique lors du déballage du mardi.

Il est vrai que certains collectionneurs aiment passer le mardi à la boutique, surtout lorsque que je rentre de voyage, de province ou de l’étranger.

C’est le charme du déballage en boutique. Certaines pièces sont à peine sorties des cartons qu’elles rejoignent une collection sans avoir le temps de séjourner dans les vitrines de l’Auto Jaune.

Je m’astreins cependant à garder de belles pièces à présenter sur le site durant la semaine afin de contenter tout le monde. Mais trouver l’équilibre entre le site et la vente sur place est un exercice difficile.

Le collectionneur est ainsi fait. C’est toujours le modèle qu’il a manqué qui est le plus intéressant, rarement celui qu’il vient d’acquérir. Il l’a déjà oublié.

Je n’ai pas aimé cette réflexion. Je viens de la province, je n’ai pas le sentiment d’être « parisien » ni de discriminer mes clients qui ne le sont pas.
Afin de prouver mon attachement à la grande province, je vais profiter de mon déplacement à la bourse de Toulouse le dimanche 3 avril 2016 pour présenter quelques prototypes Dinky Toys, Solido et Tekno.

Après le Louvre Lens après le centre Beaubourg à Metz il y aura l’espace d’un week-end l’Auto Jaune Junior à Toulouse ! Vive la décentralisation !

A cette occasion, fait exceptionnel, mon épouse et moi avons pris une table pour diffuser des produits provenant du site de l’Auto Jaune Junior.

J’ai acquis spécialement pour cette manifestation une petite vitrine dans laquelle je vais exposer quelques prototypes en bois, en acier et en zamac que peu de gens ont eu l’occasion de voir.

Ces pièces n’ont jamais été exposées à la boutique à Paris. Les amateurs toulousains pourront ainsi découvrir le prototype Tekno de la Chevrolet Corvette au 1/20 ainsi qu’une coque en zamac de cette même Corvette mais au 1/43. On peut encore voir la carotte d’injection qui atteste que le moule a bien été conçu.
Jusqu’à présent, personne n’avait entendu parler de modèles Tekno à l’échelle du 1/25. Nul doute qu’inspiré par le fabricant italien Polistil, Tekno avait envisagé de produire une gamme au 1/25 environ. Deux modèles au moins ont été programmés à cette échelle puisque j’ai également récupéré le capot d’une Camaro SS.

Je vous  présente en photo d’autres prototypes, dont quelques Dinky Toys en bois, qui seront visibles à la bourse Tounefeuille.
Tous à Toulouse !