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L’oiseau éphémère, la Chaparral 2F

Il y a des véhicules qui sont hors du commun. On peut justifier ce qualificatif lorsque les fabricants de miniatures en ont proposé de nombreuses reproductions. Encore faut-il relativiser ce phénomène. Ainsi on ne peut s’étonner de voir un grand nombre de reproductions d’autos dont les durées de vie sur les chaines de production ont été longues. Le meilleur exemple est bien sûr la Volkswagen Coccinelle qui est née à la fin des années trente dont l’existence s’est étirée sur plus de cinquante ans et qui a été distribuée sur plusieurs continents. Il n’est pas étonnant de voir des milliers de reproductions, plus ou moins heureuses de cette auto. Il est plus intéressant de se pencher sur des autos éphémères mais qui ont donné lieu à un très grand nombre de reproductions en miniature.

Solido Chaparral 2 F
Solido Chaparral 2 F

En 1967, deux autos exceptionnelles vont connaître le succès auprès des décideurs des fabricants de miniature. Un tel engouement ne peut laisser indifférent les amateurs de l’histoire de la miniature automobile car il fallait vraiment qu’elles soient hors du commun pour que les fabricants investissent dans des moules onéreux. On imagine également la frénésie dans les bureaux d’étude afin être les premiers à proposer ces modèles.
Si vous ne l’avez pas deviné, je veux parler de la Lamborghini Miura et de la Chaparral 2F.

Pour la belle italienne, la ligne intemporelle créée par Bertone lui a valu la une de tous les magazines. Elle a fait fantasmer bien des conducteurs malgré des qualités routières qui n’étaient pas au même niveau. Près de cinquante ans après, elle n’a rien perdu de ses charmes, bien au contraire. On comprend alors le choix des fabricants de jouets qui l’ont inscrite à leur catalogue.

Pour la Chaparral c’est un accessoire qui lui vaut les honneurs. La ligne de l’auto tout en coins tranche avec celle des autos de course de l’époque. La Ferrari 330P4 tout en rondeurs est diamétralement opposée à cette conception. Mais l’élément déterminant est bien son grand aileron mobile. Cette Chaparral 2F a également fait la une des magazines et a intrigué la presse. Il ne faut pas oublier que nous sommes en pleine période de conquête spatiale et que l ’Europe est admirative de la puissance américaine.

La liste des fabricants ayant proposé une Chaparral 2F au 1/43ème ou assimilé est longue : Mebetoys, Mercury et Politoys en Italie, Märklin, Gama, Schuco en Allemagne, Joal en Espagne, Marx et Ideal à Hong Kong, Jouef en France. Parmi les très nombreuses reproductions, une se détache du lot. Il s’agit de la reproduction faite par Solido, en France. C’est cette dernière qui va retenir notre attention. Solido vient à peine de proposer une magnifique Chaparral 2D à sa clientèle, lorsqu’elle se lance dans l’élaboration du moule de la 2F. Si dans la réalité la 2D est convertie en 2F, il n’en est pas de même s’agissant des miniatures. C’est bien un moule nouveau qui est conçu. Il faut dire que les deux autos ont une esthétique très différente, et cela n’est pas dû uniquement à la présence du grand aileron. La forme en coin de la 2F tranche avec celle plus conventionnelle, plus galbée de la 2D. Elles ont en commun les portes papillons et bien sûr le moteur Chevrolet. Solido, toujours en avance va être le seul fabricant à proposer un aileron mobile, comme sur la vraie voiture. La seule infidélité sera l’adjonction d’un troisième mât actionnant le cabrage de l’aileron. Dans la réalité le système actionnant l’aileron passait à l’intérieur des deux mâts, ces derniers étant même profilés. Je me souviens encore du plaisir que j’avais à appuyer sur l’essieu arrière pour actionner l’aileron. Dans la réalité, la transmission semi-automatique avait permis de substituer à la pédale d’embrayage celle servant à braquer l’aileron: elle était en permanence enfoncée et, en la délestant, le pilote actionnait l’aileron. Pour la petite histoire, au Mans, ce dernier se bloquera sur l’auto numéro 7 en position « freinage ».

Afin d’illustrer mes propos, j’ai choisi quelques versions moins fréquentes. Elle ont pour point commun d’être toutes des productions étrangères de chez Solido : Dalia en Espagne, Buby en Argentine et Brosol au Brésil. Seule la Brosol bénéficie d’un marquage spécifique au niveau du châssis. Ses feux arrière, en strass de couleur rouge sont une caractéristique de l’ensemble des productions brésiliennes. La Dalia est reconnaissable à ses numéros de course en papier et la Buby à ses jantes très particulières.

La pièce du boucher

Les motifs qui conduisent à visiter une exposition sont divers. Il arrive qu’on connaisse et apprécie un artiste, qu’on ait envie de découvrir un univers, qu’on soit curieux ou qu’on ait entendu une critique élogieuse. C’est une autre raison qui m’a poussé à franchir les portes de l’exposition consacrée à Paul Durand-Ruel, marchand d’art bien connu du début du siècle dernier. Outre la possibilité d’admirer des œuvres impressionnistes au musée du Luxembourg, c’est la vie de ce marchand d’art qui m’a intrigué. Centrer une exposition sur la vie d’un marchand d’art est une idée assez récente.

Coffret Solido modèles de course
Coffret Solido modèles de course

L’année précédente j’étais tombé sous le charme, au musée du quai Branly, de l’exposition: « Charles Ratton, l’inventeur des d’arts primitifs ». L’exposition retraçait la carrière de cet homme qui voua sa vie aux arts primitifs. Il avait d’abord fait découvrir ces fabuleux objets, à un cercle restreint composé de gens du spectacle, de la littérature, des familiers de la vie mondaine. Il les avait ensuite fait connaître à un plus large public de collectionneurs. Il fit rentrer ces objets dans les salles des musées et sut leur donner la reconnaissance qu’ils méritaient. « Collectionneur marchand » ou « marchand collectionneur » , difficile à dire. L’exposition était passionnante et s’ouvrait par une reconstitution du bureau de Charles Raton, décoré de ses objets fétiches. Pas de doute, ce dernier était donc un « collectionneur ». Plus loin, les photos de sa galerie d’art attestaient qu’il avait bien fait la différence entre « ses » objets et son commerce.

C’est avec les mêmes interrogations que je me suis rendu au musée du Luxembourg afin de voir, de comprendre, et éventuellement de comparer la vision de Paul Durand-Ruel, en tant que marchand d’art. Dès le départ, j’ai compris que la logique de l’exposition était différente, très ancrée dans la réalité des chiffres. Les commissaires avaient choisi de parler sans détour et avant tout de la relation marchande. Ainsi on pouvait suivre la vie des tableaux : vendu, revendu, racheté la même année…une vie trépidante ! Si les prix de vente de l’époque sont mentionnés, avec parfois des culbutes impressionnantes, la transparence a ses limites puisqu’à aucun moment n’est indiqué le prix auquel le marchand rachetait l’œuvre. On entrevoit déjà le rôle des banques dans le marché de l’art. Le plus intéressant n’apparaît qu’à la fin de l’exposition. C’est là que j’ai eu la réponse à ma question : Paul Durand-Ruel qui eut entre les mains des centaines d’œuvres d’art ne gardait-il rien pour lui-même ? Ne tombait-il jamais sous le charme d’une œuvre ?

Sur le dernier mur de l’exposition figuraient des pièces majeures. Deux d’entre-elles avaient décoré son appartement. Il avait fait le choix de les conserver pour lui. On peut imaginer aisément qu’il les jugeait au dessus du lot. Elles sont désormais au musée d’Orsay.

Cela m’a ramené à ma propre situation. Les clients me disent souvent qu’il doit être difficile de concilier une collection et un commerce se rapportant à cette collection. Il n’en est rien. Il faut juste savoir apprécier ce luxe, à mes yeux, qui est de pouvoir décider, choisir quelles pièces doivent être mises en vente et quelles pièces doivent être gardées. Les critères qui font que l’on range une pièce dans telle ou telle catégorie évoluent au fil du temps. L’important est de ne jamais regretter un choix, mais de se servir de l’analyse de ce choix pour continuer à avancer et ne pas réitérer une erreur.

J’ai le plaisir de vous présenter quelques coffrets Solido sortant du commun. Ils sont rares, j’aime particulièrement les productions de Solido et c’est sans hésitation que j’ai placé ces coffrets dans mes vitrines.

Comment expliquer la rareté de ces coffrets ? On peut imaginer que Solido les a exécutés au moment des fêtes de fin d’année car ils permettaient d’écouler des modèles en déclin. En conséquence, ils pouvaient être proposés à des tarifs intéressants auprès de la clientèle de Noël. Par rapport aux coffrets Dinky Toys, les modèles sont retenus au socle par une petite ficelle caractéristique des productions d’Oulins. Ces coffrets n’ont d’intérêt que si la ficelle est restée intacte. Le coffret contenant un assortiment des productions d’Oulins est extraordinaire en ce qu’il réunit des chars, des camions, des autos et des bolides. On peut émettre l’hypothèse selon laquelle il s’agit d’un coffret de représentant : il pouvait ainsi montrer un échantillon des différentes gammes de chez Solido. Rien n’est sûr sauf une chose : je ne m’en séparerai pour rien au monde !

Passion Solido

Le dernier contact que j’ai eu avec Bertrand Azema remonte à 2007. Février 2007 pour être précis car je le rencontrais au moins une fois par an au salon Rétromobile. Il m’avait alors parlé de son projet de refaire un ouvrage sur la série 100. Il faut effectivement constater que les collectionneurs ont évolué depuis la parution du premier livre sur le sujet. Par ailleurs, la série 100 est si vaste que de nombreuses variantes de couleurs ont émergé depuis le premier opus sur le sujet. C’est d’ailleurs lors de la préparation de son premier livre que nous avions fait réellement connaissance, lorsqu’il était venu chez mon père afin de compléter ses listes et de faire des photos.

Moule Solido pour le modèle Bertone d'Alfa Romeo
Moule Solido pour le modèle Bertone d’Alfa Romeo

Il était également venu pour la réalisation de son second ouvrage consacré aux Solido des séries Major, Junior, Baby et aux Solido d’exportation.

Bien conscient de l’évolution du marché, Bertrand Azema avait repris son bâton de pèlerin et, plein d’enthousiasme, projetait d’écrire un nouvel opus. Il avait commencé par établir une liste remise à jour de toutes les variantes de boîtes de la série 100. Il m’avait parlé de ses dernières découvertes sur ce sujet et m’avait téléphoné quelque temps plus tard afin de convenir d’un rendez-vous. Ce fut mon dernier contact avec lui. La maladie aura raison de son enthousiasme. Il s’est éteint le 4 juin 2013 à l’âge de 70 ans.

Au mois de novembre 2014 son épouse Isabelle Azéma mettra aux enchères à la Galerie de Chartres une partie de sa très belle collection, au profit de la recherche sur la maladie d’Alzheimer.
Mme Azema m’a fait un grand honneur. Sachant qu’avec mon père nous avions rassemblé un certain nombre de prototypes et connaissant notre intérêt pour ces produits, elle m’a cédé quelques pièces, en marge de la collection de miniatures. J’ai été ému et touché de ce geste. Au-delà de l’intérêt historique des objets, je suis sensible à leur provenance, c’est un peu de Bertrand Azema qui rentre chez moi.

Voici donc l’ébauche en bois, ainsi que son empreinte en élastomère de l’Alfa Romeo Carabo de chez Bertone. L’auto a été présentée au salon de Paris en 1968. On la doit à Giorgetto Giugiaro qui travaillait alors au studio Bertone. Le nom « Carabo » rappelle que la voiture ressemble à un scarabée (carabidae) : les portes, en forme d’élytres, et la couleur, vert métallisé rappellent le monde des insectes. Cette auto fut un tournant dans le monde du design automobile. On mesure l’impact que cette auto eut auprès du public au nombre de reproductions en modèles réduits qui ont vu le jour.

L’échelle retenue est trois fois supérieure à celle qui avait été initialement envisagée. M. Jean-Paul Juge m’en avait dans le passé expliqué la raison. Une fois l’ébauche en bois réalisée, une empreinte est réalisée permettant ensuite un moulage en résine. A l’aide de ce moulage réalisé à une échelle supérieure, les éventuels défauts, ainsi que la ligne générale sont mis en évidence. Lorsque la ligne générale est approuvée et les éventuels défauts corrigés, une réduction au tiers est effectuée. Le travail est encore long avant la mise en production de la miniature. Enfin, c’est à partir de la réduction que sera gravée la matrice en acier.

Solido a tenu à se différencier de ses concurrents, en offrant une reproduction équipée de portes ouvrantes. Ces portes sont « la » singularité de cette auto à l’échelle 1. Solido fut le seul au 1/43 à proposer cet élément mobile. On imagine la prouesse technologique de la part du personnel du bureau d’étude. Pour les amateurs de variantes signalons deux nuances distinctes de vert métallisé et la version de couleur rouge, plus rare.

Le projet utopique

Les fabricants de modèles réduits se sont adaptés aux modes et aux désirs de leur clientèle. Si le début des années 60 a vu émerger une forte demande pour les bolides de course, la fin de la décennie a vu apparaître un phénomène nouveau, celui des voitures de « style ». On parlerait aujourd’hui de design automobile.

Solido Toujours les meilleurs modèles pour les vrais Collectionneurs
Solido Toujours les meilleurs modèles pour les vrais Collectionneurs

Ces autos étaient sensées montrer au public ce que serait l’auto de demain. C’était une époque où les automobiles devaient faire rêver. Cette vision de l’automobile vient des États -Unis où dès les années 40 les constructeurs ont su mettre en appétit une clientèle toujours friande de nouveautés. Ainsi, à partir du milieu des années soixante, chaque salon de l’auto, particulièrement celui de Paris, mais également celui de Genève, était le prétexte à une débauche d’exercices de style. Tous les bureaux de style italiens étaient sur le pied de guerre. L’on vit ainsi, jusqu’à la première crise du pétrole, une multitude de carrosseries extraordinaires. La devise semblait être « toujours plus ».

Les fabricants de jouets ne pouvaient pas rester insensibles à ce phénomène. Ils se devaient d’offrir à leur jeune clientèle ces exercices de style. On devine cependant la difficulté rencontrée par les industriels : comment amortir un outillage alors que l’on ne pourra pas proposer d’autres versions à partir du moule créé ?

Solido va, encore une fois être en avance sur les autres fabricants. Le catalogue 1970 annonce la couleur. Sur la couverture, un joli dessin de Paul Bracq, célèbre styliste automobile, montre une auto sportive, à quatre places, dessinée de profil. Elle ressemble à une Lamborghini Marzal qui aurait été équipée de portes classiques. Au dos de la couverture, une photo présente des dessins tout droits sortis d’un bureau d’étude et des maquettes signées Paul Bracq. La signature apparaît clairement sur le document. En légende de la photo, le catalogue annonce qu’en « nouveautés mondiales » Solido va proposer deux coffrets pour apprenti styliste. Le coffret « style 80 » comporte selon la légende : table de travail, portique de traçage, châssis mannequin, outils spéciaux, jeu de gabarits, notice détaillée, plan complet, cire spéciale. Le tout est rangé dans une boîte mesurant 38,6 cm sur 48,6 cm. Il est intéressant de voir que ces dimensions correspondent à celles des coffrets PL4, Major III ou artillerie B. Il y avait une logique de standardisation. Au vu de la liste annoncée, faire entrer tous ces objets dans ce coffret semble un tour de force ! On remarque que le second article de la série, intitulé « accessoires n°1 » ne comporte pas de dimensions.
On peut imaginer que M. de Vazeilles a été attentif à l’intérêt croissant du public pour ce type d’automobiles et y a vu l’occasion d’être encore le premier à proposer un nouveau produit. En demandant à Paul Bracq, styliste français reconnu, de collaborer à cette aventure, il avait fait le bon choix. Ce dernier est l’auteur du dessin de l’intemporelle Mercedes 230SL pagode et aussi des premières BMW 320,520, 630 et de la BMW Turbo.
Le projet était séduisant mais somme toute irréaliste. On ne transforme pas n’importe quel gamin en apprenti styliste. Par ailleurs un enfant bricoleur, débrouillard et imaginatif pouvait avec de l’Araldite et du Sintofer s’affranchir de ce coffret. Cette fois, M. de Vazeilles avait vu trop loin.
Bertrand Azema a réussi à sauver deux autos sur les trois qui figurent sur le catalogue. Celle de couleur bleue, sur le portique est en fait la même que celle de couleur turquoise, mais tronçonnée en deux. Ces autos sont sculptées dans du bois et peintes. Celle de couleur rouge manque à l’appel. Si vous observez bien la photo, on peut reconnaître les formes et la couleur de la fameuse future BMW Turbo de 1972 de Paul Bracq.

Gitanes au volant, victoire au Mans !

Notre existence est rythmée par l’expérience « des premières fois ». Plus on avance dans la vie et moins ces dernières sont fréquentes. C’est peut-être ainsi que l’on se rend compte que l’on vieillit. Pourtant, au dernier salon « des belles champenoises » à Reims, j’ai réalisé une première.

Matra Le Mans Gitanes
Matra Le Mans Gitanes Championnat du Monde

J’ai acheté mon premier paquet de cigarettes. J’aurai attendu 49 ans pour le faire ! J’ai en effet acquis, au prix semble-t-il d’une cartouche complète, un paquet de cigarettes Gitanes aux couleurs de l’écurie Matra Simca. Ces paquets de cigarettes ont été distribués comme objet publicitaire par la Seita, sponsor de l’écurie Matra, lors de leur dernière campagne au championnat du monde des marques en 1974. J’ai décidé de publier les photos, malgré la loi qui interdit toute publicité pour le tabac.

Toujours lors de ce convivial salon champenois, j’ai acquis une superbe pochette comprenant les deux coqs, symboles de l’écurie Matra (raccourci de la carrosserie Lecoq). On imagine bien l’effet que l’achat de ces stickers devait procurer au conducteur de Simca 1000 ou de Renault 6. Bien en évidence sur les flancs du véhicule, ces deux stickers transformaient de banales routières en bêtes de course. L’étape suivante était sans doute l’acquisition de gants et d’un volant en cuir !

À travers ces objets, on constate que la firme Matra est toujours très populaire chez les amateurs de sport automobile. Nombreux sont les collectionneurs qui ont choisi de reconstituer la glorieuse épopée des voitures bleues. Les miniatures reproduites par Solido sont incontournables. Il semble cependant que les victoires répétées des Matra au Mans aient perturbé le bureau d’étude de Solido ! C’est avec un décalage logique qu’apparaissent en 1973 les vainqueurs de 1972. Cependant, alors que ces modèles étaient à peine disponibles, Matra a doublé la mise ! Sentant les choses bouger, Solido décide alors de mettre en vente un guide et une planche de décalcomanies afin de reproduire les vainqueurs de juin 1973. Un second guide sera consacré à la Porsche 917/10. Ces guides seront un fiasco retentissant. Pour ma part, j’ai souvent rêvé devant le dessin de M. Blanche qui ornait la pochette du guide. Ceux qui ont déjà fait des transformations sur des modèles en zamac savent que ce matériau, contrairement au white métal, est excessivement difficile à travailler. Le capot avant, version 1973 est fort différent de celui de 1972. La transformation passait donc par l’utilisation du Sintofer, utilisation qui requiert les qualités d’un maquettiste professionnel. À mon grand regret, je n’ai pas pu réaliser cette transformation. À cette période Yves Evrat, sur une base Solido, dont il conservera le châssis, effectuera des moulages en résine, permettant la réalisation de petites séries sous le nom Modélisme. Il prit soin d’appliquer les décorations Solido. Pour les versions 1974, Yves Evrat créera un moule de toutes pièces, y compris le châssis. La filiation avec les modèles 1973 est évidente. C’est le début des petites séries industrielles. On ne peut que constater que les deux premières autos de course de la gamme Eligor, sont des dérivées des guides Solido : Matra 670C et Matra 680 ainsi que les Porsche 917/30 Can- Am. Je me souviens combien l’attente fut longue, entre les dessins de ces bolides dans le premier catalogue Eligor, et leur apparition dans les vitrines des magasins. Le prix de vente, nettement plus élevé que celui d’une Solido, ciblait la clientèle des collectionneurs. Ce n’était plus un jouet mais une petite maquette exclusive. De nombreux collectionneurs reprocheront à ces miniatures leur roulement chaotique, oubliant qu’elles n’avaient pas vocation à rouler dans les cours d’école !
Afin d’illustrer cet article, j’ai choisi les deux modèles distribués par Eligor, représentant les autos de 1974. Pour le plaisir j’ai rajouté une version que le talentueux maquettiste Italien Ugo Fadini réalisa sur la base d’un modèle Solido. Superbe travail pour l’époque. Sur la photo centrale les deux versions du Mans, la 670 et la 680 (n° 6 et 7) sont encadrées par les rares versions courtes qu’Yves Evrat produira en toute petite série. (n° 6 et 2)