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À l’ouest du nouveau !

Si Nuremberg était considérée à juste titre comme la capitale de l’industrie du jouet allemand, aux États-Unis, c’est à Chicago que revient ce titre. C’est en effet à Chicago que l’on trouvait les entreprises Tootsietoys, Strombecker, Banthrico et National Products. C’est de cette dernière firme dont je vais vous parler aujourd’hui.

National Products Mobil
National Products Mobil

Je connais cette marque depuis longtemps, mais très rares sont les modèles qui ont franchi l’Atlantique. Il m’est arrivé d’en croiser en Allemagne. C’est vraisemblablement la présence des troupes américaines sur le sol allemand qui a favorisé cette intrusion : les soldats américains venus avec leur famille en Europe avaient des jouets dans leurs bagages.

J’ai véritablement découvert et apprécié les jouets de cette firme au cours de mes voyages aux Etats-Unis. Je me suis limité aux premières productions qui commencent au milieu des années trente. Comme je l’ai déjà indiqué dans un précédent blog, l’échelle de reproduction va évoluer au fil des ans. Au départ, ce sont des modèles au 1/40 environ ; après la guerre, l’échelle s’établit au 1/32 puis quand la fabrication est reprise par Banthrico elle se rapproche du 1/25 environ.

Contrairement aux deux autos russes, les modèles de National Products n’ont jamais été commercialisés par le biais du réseau des magasins de jouets. Ils n‘étaient distribués que dans le réseau commercial des garages automobiles. Aux Etats-Unis, Les amateurs qualifient ce type de collection « promos ». Les modèles ne sont pas vraiment faits pour jouer. Ce sont des reproductions qui se veulent les plus fidèles possible car elles font partie de la campagne de publicité du constructeur. A ce titre elles sont peintes dans les couleurs que le constructeur propose à ses clients. On imagine bien le père de famille qui vient de commander sa Dodge bleu marine et qui ramène fièrement à la maison la miniature de l’exacte couleur de celle que le garage doit lui livrer.

Le matériau retenu est le zamac. Il est évident que pour des raisons de coût la qualité de ce dernier laisse à désirer, surtout sur les premiers modèles. En Europe, à cette époque Dinky Toys ou Märklin n’offraient pas non plus à leurs clients un zamac de bonne qualité. Ce sont donc des modèles fragiles. Peu d’entre eux ont survécu.

Il est intéressant de placer ces miniatures face à une Pobieda par exemple. On reconnaît la source d’inspiration du bureau d’étude russe. Mais on pourrait faire de même avec beaucoup d’autos françaises d’après-guerre qui s’inspiraient généreusement des modèles américains.

Désormais, ce ne sont plus les constructeurs américains qui inspirent les constructeurs automobiles mondiaux. La roue a tourné. Il semble que les autos n’ont plus d’âme. Elles se copient, sans génie, dans la banalité générale. Par contre, elles possèdent désormais de nombreux gadgets, parfois très pratiques. Si l’industrie automobile américaine est mal en point, ce n’est pas non plus l’industrie automobile russe qui sert de modèle !

Dialogue impossible

Il est toujours intéressant de faire cohabiter des objets ayant un point commun. Les responsables de la scénographie des musées l’ont bien compris. Lors d’une visite au Louvre-Lens, j’ai été charmé par le choix des juxtapositions qui incitaient le visiteur à réfléchir. C’est ainsi qu’une toile de Boucher, « Le Nid », cohabitait avec un groupe en porcelaine de Meissen intitulé « le Baisemain » datant de la même époque. En cherchant les points communs entre ces deux œuvres si différentes, le visiteur comprend mieux ce qu’est une « scène »galante.

Gaz Pobieda M20
Gaz Pobieda M20

On peut aussi réunir des objets qui s’opposent. Ainsi, pour notre petite chronique hebdomadaire, j’ai souhaité rassembler des berlines des années cinquante issues des deux blocs idéologiques : celui de l’est et celui de l’ouest.
J’ai fait un saut dans le passé, à l’époque de la guerre froide, époque où justement le dialogue semblait bien difficile entre les deux superpuissances.

Dans un premier temps, voici deux productions venant tout droit de l’ex-URSS. Le matériau retenu est le plastique. Il faut avouer que les reproductions de ces deux autos sont succinctes et assez grossières. Il s’en dégage pourtant un charme évident. Cela est certainement dû au fait que ces deux jouets sont assez rares et notre regard surpris par ces formes. Le modèle de grande taille est une Gaz Pobieda M20. Pobieda signifie « victoire » et sa date de mise en circulation, 1945, n’est sûrement pas étrangère à son appellation !

Voulue par Staline et sortie en grandes pompes, elle essuya nombre de déboires techniques à tel point qu’il fallut interrompre sa production en 1948. Afin de tester sa robustesse, des exemplaires de cette voiture furent placés dans le désert kazakh, lors de la première explosion atomique russe le 29 août 1949 ! (source Bernard Vermeylen voitures des pays de l’Est ETAI). Elle est reproduite à une échelle proche du 1/41 environ. Je ne connais malheureusement pas le nom du fabricant. La conception de l’auto autorise à penser qu’elle faisait partie d’une série.

La seconde est une Gaz Volga M22. Cette auto est la remplaçante de la Pobieda. Son allure est fortement inspirée des autos américaines de l’époque. Sa production débutera en 1956. Le jouet présenté est d’ailleurs estampillé 1956 sur la plaque d’immatriculation arrière. Elle est réduite à une échelle proche du 1/43. Bien que je possède la boîte, il m’est également impossible de vous donner le nom du fabricant. La boîte fait penser à un modèle promotionnel. On admirera son graphisme. J’ai acquis cette auto il y a fort longtemps auprès d’un pionnier de la collection. Pour cet homme qui avait débuté sa collection à l’aube des années cinquante, on imagine combien elle avait de l’intérêt. Les miniatures du bloc de l’est ne circulaient quasiment pas sur le marché. De plus, leur aspect très rustique rebutait beaucoup d’amateurs. Plus tard, mais bien plus tard, les Novoexport, bien finies, attireront les amateurs occidentaux.
La semaine prochaine, je vous emmènerai de l’autre côté du mur à l’ouest, et même dans le grand-ouest.