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Une nuit dans le Berlin des années 20

Berlin années 20. La guerre est finie. Berlin s’apprête à vivre des moments pénibles. L’instabilité politique et économique plombe le pays. Pourtant, il faut bien se distraire, essayer d’oublier la chape de plomb qui pèse sur la population.

Cabaret Wintergarten Berlin
Cabaret Wintergarten Berlin

C’est dans ce contexte que se développent les cabarets. À Paris ce sera le quartier de la coupole qui verra défiler artistes lyriques mais aussi peintres, poètes et écrivains. Berlin va connaître un phénomène similaire. Ainsi, l’auto que nous vous présentons aujourd’hui fait la promotion du cabaret Wintergarten à Berlin. Pour la petite histoire, en 2010, le Wintergarten existe toujours.

Nul doute que l’auto a sillonné les artères de Berlin pour promouvoir ce cabaret spectacle. Le carrossier à l’origine d’un tel véhicule avait dû garder son âme d’enfant : la voiture ne devait pas passer inaperçue dans les rues de Berlin et si Erzgebirge a choisi de la reproduire, c’est bien parce qu’elle faisait partie du paysage de la ville.

D’après la personne qui nous l’a cédé, cet objet n’était disponible qu’à Berlin, ce qui semble assez logique. Peut-être même n’était-il disponible que dans ce cabaret. Il est bien sûr réalisé en bois peint. Sa décoration est appliquée à l’aide d’un tampon. L’échelle de reproduction se situe autour du 1/60. Ces véhicules publicitaires constituent un thème de collection à part entière. Leurs concepteurs ont souvent usé de beaucoup de malice et d’imagination. D’ailleurs en poussant plus loin l’analyse, ce modèle marque la fin d’une période de modèles que je qualifierais de « poétiques ». Les modèles Erzgebirge et Plank dégagent beaucoup de charme.

Bientôt, avec l’évolution de la société et l’ambiance du Berlin des années 30, la poésie qui se dégage de ces jouets s’effacera au profit de modèles d’un réalisme froid à l’image des Märklin des années 30. Ce sont des reproductions très fidèles de véhicules que les enfants peuvent croiser tous les jours dans les rues et facilement identifier.

Ainsi une Horch ressemble à une Horch et la Mercedes de Caracciola est bien la même que celle qu’ils peuvent admirer en photo dans les magazines de propagande. Il est d’ailleurs significatif qu’Erzgebirge, avant de péricliter, s’essaiera à la reproduction fidèle de véhicules tels qu’une Hanomag ou une Opel. À l’image du monde qu’il reproduit, le jouet des années 30 oublie la poésie.

Ernst Plank : 100 ans déjà – 2

Au premier coup d’œil, ces miniatures sont le pendant des belles autos produites par Carette, Märklin et autres Bing dans la région de Nüremberg, berceau des grandes firmes de jouets Allemandes.

Ernst Plank fut surtout célèbre à ses débuts pour ses machines à vapeur vive, très en vogue à la fin du 19ème siècle, ce qui paraît inconcevable aujourd’hui au regard des normes de sécurité.

Camion militaire Ernst Plank
Camion militaire Ernst Plank

Comme dans la réalité, le fabricant avait d’abord produit des machines fixes puis était passé naturellement en appliquant le même principe, la production d’énergie par la combustion de charbon, à des trains à vapeur. Ce furent les deux grands domaines d’activité de ce fabricant. Il diversifia ensuite sa production par l’intermédiaire de miniatures. Ernst Plank proposa dès les années 1905, une gamme d’autos et de camions réduite à l’échelle environ du 1/60ème. Ces jouets s’adressaient aussi bien aux petits garçons qu’aux petites filles. On note d’ailleurs la présence de nombreux personnages féminins à l’intérieur des autos.

Ces jouets sont à mettre en parallèle avec les Erzgebirge. Ils sont d’ailleurs reproduits à la même échelle, seul le matériau diffère, les Erzgebirge étant en bois. Il y aura des interconnections entre les deux marques : une gamme économique de Plank verra le jour avec des éléments en bois, le capot moteur, et des camions dotés fourgons également réalisés également en bois.

Tous les modèles Plank ont un châssis en tôle épaisse et des capots moteurs moulés en plomb. C’est là que réside le trait de génie de ce fabricant : offrir une gamme conséquente de modèles d’apparence fort différente, sur une base commune.

Les modèles se distinguent notamment par les ailes, quelquefois par leur absence. Ainsi, dans la gamme de véhicules militaires présentée ci-dessous, la carrosserie empruntée à la berline permettra la déclinaison d’une auto d’état major et de deux ambulances. Il a suffi au fabricant d’étudier un système d’ouverture du hayon arrière et de modifier subtilement la carrosserie. Ici, la découpe de la carrosserie, juste avant le poste de conduite, permet d’offrir une allure totalement différente de celle de la berline. On notera que le système d’ouverture du hayon évoluera avec le temps. Nous avons la trace d’un catalogue datant de 1905, où figurent déjà ces véhicules militaires.

Nous reviendrons, et sur plusieurs fiches sur les productions Plank, notamment les autos militaires, qui ont connu chez ce fabricant d’étonnantes déclinaisons…

C’était il y a cent ans… Ernst Plank

C’était il y a cent ans… Ernst Plank

Voici le troisième épisode de l’histoire des jouets Ernst Plank, après les épisodes 66 et 67. Celui ci concerne les utilitaires avec carrosserie spéciale.

Vous reconnaitrez

  • un camion de déménagement
  • un camion fourgon
  • un camion balayeuse
  • un camion postal.

La suite au prochain numéro…

Ernst Plank et le jouet devint vivant – 1

Il y a une quinzaine d’années alors que nous étions chez Monsieur Scherpereel, pionnier et grand marchand parisien, nous sommes tombés en arrêt devant deux objets : un petit hangar en tôle et la limousine qu’il abritait. Nous avons tout de suite été séduits par la qualité d’exécution de ces jouets et leur poésie, et nous avons souhaité avoir davantage d’informations sur ces jouets Ernst Plank de provenance germanique.

Le monde poétique des Ernst Plank
le monde poétique des Ernst Plank

Nous avons interrogé différents marchands allemands. A l’évocation du nom du fabricant, venait immanquablement la même réponse : nos interlocuteurs citaient le même collectionneur, Rolf Naskret, qui acquérait tous modèles de la marque, sans même leur donner une chance d’être proposés sur le marché. Il avait à cette fin tissé un réseau de marchands et de collectionneurs.

De mémoire, nous n’avions jamais vu un collectionneur tenir un secteur du marché de la miniature comme le faisait Rolf Naskret.

Pour plus d’efficacité, il passait des encarts publicitaires dans différentes revues spécialisée sur le jouet ancien. Rolf Naskret était tombé littéralement amoureux de cette firme : il ne se contentait pas d’acquérir des modèles, mais faisait des recherches avec des catalogues d’époque afin d’établir ou de tenter d’établir une liste de la production. Nous sommes donc entrés en contact avec lui. Il avait accumulé un nombre important de doublons qu’il présentait dans les bourses d’échange à seule fin de faire découvrir ces modèles aux collectionneurs et de faire partager sa passion. Il ne les vendait pas, bien entendu. Il arrive cependant un moment où l’acquisition du quatrième exemplaire d’un modèle similaire doit logiquement conduire à une forme d’interrogation. Il est du principe même de la collection de s’enrichir régulièrement de nouveaux spécimens. Il est parfois important de savoir élargir son domaine de prédilection, afin de ne pas sombrer dans la monotonie. Bien sûr, chaque collectionneur trouve son équilibre personnel entre la contemplation des modèles déjà acquis et l’excitation des acquisitions projetées. C’est une alchimie mystérieuse.

Bref, notre ami d’outre Rhin commençait à tourner en rond. Il s’était décidé à nous céder, au compte goutte, quelques doubles. Survint alors un élément imprévisible. A l’aube, lors d’un déballage à Bruchsal en Allemagne, nous trouvâmes un très beau tracteur agricole. Comme nous avions bien retenu les leçons de M. Naskret, nous avons reconnu sans peine la patte du fabricant Allemand : il s’est trouvé que ce fameux petit tracteur était en fait un des derniers modèles que M. Naskret cherchait encore. Il en connaissait l’existence pour l’avoir vu sur un catalogue, mais ne l’avait jamais rencontré en vrai. Il nous proposa un échange assez avantageux.

Notre logique de collectionneur nous incita cependant à le conserver et il accepta de bonne grâce notre choix malgré une ultime surenchère. Quelques mois plus tard, il nous contacta pour nous céder l’intégralité de sa collection. Sans doute le fait de savoir que nous la conserverions intégralement dû peser dans son choix.

Nous récupérâmes également la documentation, les personnages, les trains et autres aéronefs et dirigeables. Nous y reviendrons plus tard.