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Opel Rekord 58 au pays des tulipes

  • Opel Rekord 58
  • modèle de conception simple
  • un châssis vissé
  • pas d’aménagement intérieur et pas de suspension
  • une calandre et des pare-chocs rapportés

La curiosité tient au vitrage qui est maintenu au pavillon par l’écrasement d’une couronne de zamac injectée avec la carrosserie  ce système de fixation est identique à celui qui permet de maintenir le châssis à la carrosserie sur les Dinky Toys par exemple

 Tekno Opel Rekord 58 pour les Pays Bas
Tekno Opel Rekord 58 pour les Pays Bas

Tekno utilisa cette technique à cette période également sur ses camions Volvo et autres Scania vabis ; c’est d’ailleurs un excellent point de contrôle pour authentifier un modèle. De très nombreuses variations de couleurs existent.

Cette Opel Rekord 58 se caractérise par son emballage : un écrin en plastique transparent, une innovation sans suite de Tekno. L’idée était bonne, le futur acheteur devant plus facilement se laisser tenter par un modèle qu’il pouvait voir par transparence.

Dans la réalité ce ne fut pas le cas : le couvercle déformait la vision et l’effet recherché ne se produisit pas. Il est amusant d’observer que dans une bourse d’échange, les chineurs en quête de ce modèle ont du mal à le repérer quand il se trouve sur une table dans son emballage.

C’est pourquoi, l’importateur au Pays-Bas fit réaliser un boitage carton. Celui-ci arbore des couleurs vives, les descriptifs techniques sont en flamand. Il est dans le style de ceux des Tekno d’époque mais avec une touche personnelle : la reprise de dessins en coupe de l’auto pourrait faire penser à un étui publicitaire, comme il s’en est fait beaucoup à la demande des constructeurs automobiles, ce qui n’est pas le cas de notre modèle. Outre le boîtage, ces Opel reçoivent des couleurs particulières uniquement destinées au marché néerlandais (bleu dur et ocre connu à ce jour). Il y a eu un réel effort pour relancer le modèle en créant la boîte en carton pour cette voiture très populaire dans les pays nordiques.

Enfin, j’ai pu déduire de mes nombreux voyages au Pays-Bas que le même importateur avait fait réaliser des couleurs spéciales pour les Mercedes 220 SE, un gris-bleu et un surprenant orange vif, sans qu’il ait pour ce modèle réalisé un boîtage particulier.

20 ans d’absence

L’histoire commence en 1979. Nous avions déjà bien entamé notre collection. Au départ, notre intérêt s’était porté sur les autos de course, puis sur les poids lourds et les véhicules publicitaires. Une fois bien entamés ces domaines, c’est tout naturellement que mon père a décidé de commencer à rassembler les autos de chez Dinky Toys. Client chez M. Scherpereel, mon père lui a donc annoncé son souhait d’élargir le périmètre de sa collection et je suppose que devant l’enthousiasme de mon père, M Scherperrel s’est frotté les mains. Il nous conseilla de venir un lundi, journée plus tranquille. A l’époque, il y avait au milieu de son échoppe une petite vitrine dont la vitre se soulevait. Elle reposait sur un socle en bois.

Dinky Toys Opel
Dinky Toys Opel

Ce que peu de clients savaient c’est que ce socle contenait une partie du stock de ce grand marchand parisien. Nous avons sélectionné un certain nombre de modèles dont une curieuse Opel. Nous étions néophytes et avides d’apprendre. Mais nous eûmes beau chercher cette teinte dans le livre de Jean-Michel Roulet qui venait de sortir, nous ne trouvâmes rien. L’Opel était bleue, avec un pavillon gris clair. Le bleu était foncé et n’avait rien à voir avec celui de l’Opel turquoise. Quant au modèle Afrique du Sud, il était unicolore. Cela resta un mystère pendant quelques années.

Les choses évoluèrent lorsque Jean Vital-Remy, que mon père avait invité à voir la collection, fit comprendre qu’il était intéressé par cette auto. L’affaire en resta là, puis Jean Vital-Rémy comprit que sa seule chance de récupérer le modèle était de faire intervenir Jean-Bernard Sarthe. Ce dernier inscrivit ce challenge dans ses priorités absolues. Il proposa alors à mon père les termes d’un échange : 4 Dinky Toys France qui avaient comme point commun d’être des modèles hors commerce, contre 4 modèles également hors du commun qu’il possédait. Je me souviens qu’il y avait dans la balance une Renault 4cv Cinzano neuve, et un Berliet GBO fardier en état neuf en boîte. Ce fut un échange constructif car les deux parties étaient ravies. Et puis cela donna l’occasion à Jean- Bernard de parader devant Jean Vital-Remy qui ne récupéra jamais l’Opel.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Nous avions fait un choix et nous l’assumions sans aucun regret.

Puis survint un événement. J’eus l’occasion d’acheter un lot qui restera à n’en point douter le plus beau qu’il m’ait été donné d’acquérir : plus de 300 Dinky Toys dont 34 essais de couleur ou prototypes. Jean-Bernard et Jean Vital-Rémy firent notre siège et nous ne fermâmes pas la porte aux négociations. Mais ils eurent la maladresse d’entamer les pourparlers par une proposition que mon père qualifia de « ridicule » dans une lettre qu’il leur adressa conjointement. Cette petite provocation nous convainquit de la nécessité de récupérer les 4 modèles que nous avions précédemment échangés. Ce fut chose faite, en dix ans pour 3 d’entre eux. Restait l’Opel que Jean-Bernard avait conservée. Nos bonnes relations l’avaient conduit à promettre de me céder en priorité cette auto le jour où il déciderait de s’en séparer. Je n’hésitais pas à lui rappeler régulièrement son engagement. Mais Jean-Bernard était imprévisible et le jour où je vis que l’auto était programmée en salle des ventes, mon sang ne fit qu’un tour. Il avait besoin de moi, et je lui fis remarquer combien son opération était maladroite. Il dut intervenir au grand dam du propriétaire de la salle pour retirer l’auto. Elle passa quand même, mais ce fut la seule fois de ma vie où assistant à une vente je savais à l’avance que l’auto serait adjugée à son vendeur, en accord avec le propriétaire de la salle des ventes. Nous avions convenu préalablement du prix et je ne sais quelles pénalités il encourut. Mais la chose la plus importante est qu’après 20 ans d’absence, l’Opel réintégrait nos vitrines. Le modèle est vraisemblablement unique. En fait, il s’agit d’une erreur de gravure du moule : la personne qui travaillait à l’élaboration de ce moule s’est trompée dans l’échelle de reproduction du logo de capot, les lettres d’Opel sont disproportionnées. Il y a une quinzaine d’années, un autre exemplaire de couleur bordeaux a fait surface, mais il était en état d’usage. Les deux modèles avaient une finition au pinceau mais étaient dûment rivetés. Je suis persuadé que les premières injections ont été conservées afin de faire des essais de couleurs. Il est donc probable qu’un jour d’autres couleurs réapparaissent.
Je tiens beaucoup à ce modèle qui me lie à Jean-Bernard.
Drôle de personnage tout de même !

L’étoile du pacha

C’est dans les galeries des musées, devant les représentations de la bataille navale de Lépante qui opposa la flotte ottomane à une coalition chrétienne composée de navires vénitiens, espagnols et pontificaux que j’ai réalisé la puissance de l’empire ottoman. Cette bataille faisait suite à la prise par les Turcs de Chypre et de ses comptoirs commerciaux à Venise. Il faut dire que la Méditerranée était soit sous le contrôle des Turcs, soit sous le contrôle de Venise. Tout l’essor de cette dernière reposait sur le commerce en méditerranée alors que les Turcs faisaient régner la terreur sur les mers.

Mercedes Meboto
Mercedes Meboto et ses nombreuses parties ouvrantes

Après la défaite de Lépante, la puissance de l’empire ottoman déclina. Plus tard, sous le règne de Joseph II, en Autriche, la Cour se passionna pour le mode de vie oriental. Le faste et le mystère des harems la faisaient fantasmer. Mozart composa alors « l’enlèvement au sérail » son premier opéra en langue allemande, commandé par Joseph II empereur mélomane. Dans les lettres adressées à son père, il évoque son travail et sa joie de composer des « turqueries ». Il dirigea lui-même la première représentation devant la Cour. A la fin de celle-ci, l’empereur aurait eu cette phrase célèbre (sans doute apocryphe), reprise par Milos Forman dans son film « Amadeus » : « Mozart, c’est trop beau pour nos oreilles. Il y a trop de notes ! ».

Encore un peu plus tard, en 1971, à Istanbul sur les rives du Bosphore, cette même phrase aurait pu être détournée par les grossistes en jouets de la capitale turque pour s’adresser au patron de Meboto : « Vos miniature sont trop belles et trop fragiles pour nos gamins. Il y a trop de parties ouvrantes ! ». Meboto venait en effet de reprendre une partie de l’outillage de la firme italienne Edil Toys. Cette dernière s’était fait remarquer en 1965, lors de sa création en proposant des miniatures très détaillées et très soignées. Elles possédaient tous les ouvrants, même les berlines. Pour l’époque, il s’agissait d’une prouesse, d’autant plus que l’ensemble était ajusté de manière parfaite.

La firme arrêta sa production en 1969. L’Opel Commodore programmée ne sortira jamais. Aujourd’hui encore, des collectionneurs pensent que la Mercedes n’a pas eu le temps de sortir de l’usine milanaise et que Meboto a récupéré l’outillage de cette Mercedes vierge. Plusieurs éléments peuvent expliquer cette méprise. Les versions turques portent encore sur le châssis le logo Edil. Cependant, sur les versions produites à Istanbul la mention « made in Italy » a été surchargée. Les boîtes et les teintes choisies sont quant à elles sans rapport avec les fabrications milanaises.

Toutefois, nous pouvons affirmer qu’Edil Toys, avant sa fermeture a bien eu le temps de produite la Mercedes 250SE. Le châssis de cette dernière est bien estampillé « made in Italy » et les couleurs retenues sont empruntées à la gamme Edil Toys traditionnelle : bleu métallisé et anthracite. La boîte du modèle enlève enfin les derniers doutes. Il y a bien eu une production milanaise. Elle est particulièrement rare.

Carmen et Lion-Car … suite

Pour la petite l’histoire, afin d’étoffer son catalogue, Tekno aussi loua à Lion-Car l’outillage de la DKW et de l’Opel Rekord. On retrouve ces miniatures dans les catalogues Tekno destinés aux professionnels. Elles seront baptisées Lion-Toys « made in Denmark ». Elles furent peintes en quatre couleurs chacune, dans des teintes propres à Tekno.

Lion-Car Renault 4 CV
Lion-Car Renault 4 CV et sa boîte

Pour illustrer nos propos, voici un échantillon de Renault 4cv produites par la firme néerlandaise.

Vous pouvez constater quelques détails qui diffèrent par D’autres modèles Lion-Car : montants de vitres latérales, finition en peinture, argent des détails…

Carmen et Lion-Car

J’ai découvert l’Espagne à travers les films de Pedro Almodovar. Avant de voir ses films, je ne m’étais jamais rendu dans ce pays. Lorsque j’évoque l’Espagne, ce sont toujours les images d’Almodovar qui me viennent à l’esprit. Le cinéaste a été l’un des moteurs de la Movida, mouvement culturel qui a émergé après la disparition de Franco en 1975. L’Espagne d’Almodovar c’est un patchwork, un assemblage de gens très différents. Tout y est exagéré, outrancier.

Lion Toys
Lion Toys

Dernièrement, à l’opéra Bastille, le metteur en scéne français Yves Beaumesne a transposé la Carmen de Georges Bizet dans l’univers de la Movida de Pedro Almodovar. Sa Carmen a troqué ses cheveux jais pour une perruque blonde. A l’acte deux, la soirée qui se déroule dans la taverne de Lillas Pastia se passe dans le milieu underground et fêtard espagnol. La garde est doté de costumes faisant penser aux soldats de Franco. Le metteur en scène nous livre ainsi sa vision de l’œuvre de Bizet.

Nous allons voir comment Jefe, petite firme de jouets espagnole basée à Valence, a elle aussi interprété la production de miniatures qui avaient pour origine les Pays-Bas. C’est un collectionneur espagnol qui m’a raconté, il y a fort longtemps, l’éphémère aventure Jefe. Il la tenait lui même d’une personne qui y avait directement participé. L’histoire est assez intéressante.

Tout commence par une rencontre entre le patron de Jefe et celui de Lion Car. Lion Car est une firme néerlandaise qui, à ses débuts, avait reproduit une Volkswagen 1200 vitre ovale, ce qui n’était pas très original, puis une Renault 4cv et une Opel Rekord, une intéressante DKW 3/6 et enfin une Renault Dauphine. Elle a ensuite consacré sa production de miniatures au constructeur Daf, firme également implantée aux Pays-Bas. La rencontre se situe à ce moment. Les deux hommes trouvèrent un accord pour permettre à la petite firme de Valence d’utiliser l’outillage de Lion Car qui avait été mis au repos à la suite du virage pris par la production. Ils tombèrent d’accord pour une location de courte durée. On en conclut que les moyens de Jefe étaient limités ou que les prétentions néerlandaises étaient trop élevées. Selon mon ami espagnol, la durée n’excéda pas 3 mois. Ce que n’avaient pas prévu les dirigeants de Lion Car, c’est que nos amis espagnols allaient interpréter avec malice cet accord. Pendant la durée de location, ils firent tourner à un rythme effréné les machines. Ils ne se préoccupèrent pas d’assembler les autos et se contentèrent d’entasser les carrosseries brutes, pour ne pas perdre une seconde ! Les moules eurent certainement un peu de mal à se remettre de cette cadence infernale. À la fin du contrat, quand les moules furent restitués, les employés de Jefe se mirent tranquillement à assembler et peindre les carrosseries. Cette anecdote faisait bien rire mon ami espagnol, ce qui ne fut certainement pas le cas du rugueux Batave.

Tout au contraire de la firme néerlandaise, Jefe, va habiller ses miniatures de teintes franches et gaies. Le rose, le vert cru et l’orange vont remplacer le vert tilleul et le gris souris ! Et je ne parle pas des superbes versions bicolores !

Rarement pour l’époque un fabricant osa de telles couleurs pour ses miniatures. Cela dut marquer les esprits au Pays-Bas. Lion Car proposera ensuite des couleurs plus vives pour ses miniatures. Comme Vincent Van Gogh, lui aussi très sombre dans ses premières œuvres, Lion-Car osera ensuite la couleur, pour notre plus grand bonheur.