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De Bobigny à Moscou

Cette miniature de Moskvitch est au standard de qualité de la fin de production de Dinky Toys.

Fine gravure (la face avant est très réussie), ingénieux mais fragile système d’ouverture du capot. L’idée de reproduire une auto soviétique était intéressante et même courageuse.

Moskvitch
Moskvitch

Ce fut pourtant un fiasco total dû peut être à l’impact de guerre froide dans l’opinion de nombreux occidentaux et à l’image négative que donnaient certain médias des Etats situés de l’autre côté du rideau de fer.

Il est fort possible qu’elle aurait eu davantage de succès si elle avait été produite 10 ans plus tôt, les collectionneurs de la génération précédente étant plus ouverts, peut être, à la diversité. Nous sommes en pleine période post 68, c’est la tendance peace and love, et notre Moskvitch n’est sûrement pas le véhicule dont rêve la jeunesse. Dans le même temps, Solido propose une superbe Carabo bertonne et une Ferrari 365GTB… c’est quand même un autre monde.

Boudée par le public, notre auto n’est absolument pas rare, et reste très abordable. C’est en somme une miniature de prolétaire. La version Novoexport de la Moskvitch, fabriquée en URSS, est, elle, beaucoup plus rare.

Elle peut être considérée comme une interprétation très fidèle de la Dinky Toys qu’il s’agisse de la taille, du capot ouvrant ou des jantes en aluminium. Le châssis, également en plastique, présente un détail intéressant : on note la présence de la même découpe rectangulaire servant sur la Dinky Toys à atteler la caravane !

Pas de doute la Dinky Toys a servi de modèle même si Novoexport l’a mis au goût du jour. Les optiques de phares sont devenues rectangulaires et les feux arrières verticaux. Beaucoup plus intéressant, le dessin du bloc moteur et les accessoires satellites ont été modifiés.

Ce modèle servira de base et sera décliné en de nombreuses variantes, suivant de près les évolutions des Moskvitch. Paradoxalement, on peut penser que ces miniatures ont été peu diffusées dans leur pays mais servaient essentiellement de vitrine du savoir faire soviétique auprès des occidentaux. Des témoignages de collectionneurs évoquent d’ailleurs le fait que l’on trouvait ces autos dans les boutiques de souvenirs. Mais il n’y avait ni suivi, ni logique commerciale et les arrivages étaient irréguliers.

Il demeure une ombre au tableau de ce modèle très intéressant : le zamac utilisé en URSS sur cette série est de qualité médiocre. Ainsi, cette auto rare et difficile à trouver se conserve mal dans le temps.

Mercury Lada

Mercury Lada

De Turin à Moscou

Une petite perle que ce modèle. Les Lada ne sont finalement que des Fiat assemblées en URSS. La firme Turinoise Mercury avait à son catalogue bon nombre de reproductions de Fiat.

Mercury Lada
Mercury Lada

Historiquement, Mercury travaillait essentiellement le zamac et proposait une large gamme de jouets qui ne se limitait pas aux petites autos. Elle produisait également en sous-traitance des accessoires en zamac, notamment des carburateurs, pour Fiat, entreprise voisine. On espère à ce propos que le zamac utilisé à cette fin était de meilleure qualité que celui des premières productions !

Parallèlement, Novoexport, distributeur et fabricant de jouets russes s’est adressé à Mercury et lui a demandé d’adapter le moule de sa Fiat 124 pour pouvoir produire des reproductions de Lada. La différence est que la reproduction de la Lada s’est faite en Italie, et n’a pas été délocalisée comme pour la vraie auto.

Cette Lada est l’Arlésienne du collectionneur Italien. Il faut dire qu’il n’a vraisemblablement été distribué que dans les concessions de la marque.

La calandre a été adaptée, avec au centre l’écusson Lada. Sous le châssis figure le monogramme Lada. Enfin, pour le dessin de la boîte, l’illustrateur qui souhaitait montrer la Fiat sous son meilleur jour, n’a pas hésité à placer la modeste berline au milieu d’un parcours de golf. Pour la version Lada, il retouchera juste le dessin de la calandre et ajoutera le nom et l’adresse de Novoexport à Moscou en caractère cyrilliques ; il laissera la voiture prolétaire au milieu du green…peut être un signe d’ouverture sur l’occident avant l’heure !…

20 ans avant la chute du mur !

Dialogue impossible

Il est toujours intéressant de faire cohabiter des objets ayant un point commun. Les responsables de la scénographie des musées l’ont bien compris. Lors d’une visite au Louvre-Lens, j’ai été charmé par le choix des juxtapositions qui incitaient le visiteur à réfléchir. C’est ainsi qu’une toile de Boucher, « Le Nid », cohabitait avec un groupe en porcelaine de Meissen intitulé « le Baisemain » datant de la même époque. En cherchant les points communs entre ces deux œuvres si différentes, le visiteur comprend mieux ce qu’est une « scène »galante.

Gaz Pobieda M20
Gaz Pobieda M20

On peut aussi réunir des objets qui s’opposent. Ainsi, pour notre petite chronique hebdomadaire, j’ai souhaité rassembler des berlines des années cinquante issues des deux blocs idéologiques : celui de l’est et celui de l’ouest.
J’ai fait un saut dans le passé, à l’époque de la guerre froide, époque où justement le dialogue semblait bien difficile entre les deux superpuissances.

Dans un premier temps, voici deux productions venant tout droit de l’ex-URSS. Le matériau retenu est le plastique. Il faut avouer que les reproductions de ces deux autos sont succinctes et assez grossières. Il s’en dégage pourtant un charme évident. Cela est certainement dû au fait que ces deux jouets sont assez rares et notre regard surpris par ces formes. Le modèle de grande taille est une Gaz Pobieda M20. Pobieda signifie « victoire » et sa date de mise en circulation, 1945, n’est sûrement pas étrangère à son appellation !

Voulue par Staline et sortie en grandes pompes, elle essuya nombre de déboires techniques à tel point qu’il fallut interrompre sa production en 1948. Afin de tester sa robustesse, des exemplaires de cette voiture furent placés dans le désert kazakh, lors de la première explosion atomique russe le 29 août 1949 ! (source Bernard Vermeylen voitures des pays de l’Est ETAI). Elle est reproduite à une échelle proche du 1/41 environ. Je ne connais malheureusement pas le nom du fabricant. La conception de l’auto autorise à penser qu’elle faisait partie d’une série.

La seconde est une Gaz Volga M22. Cette auto est la remplaçante de la Pobieda. Son allure est fortement inspirée des autos américaines de l’époque. Sa production débutera en 1956. Le jouet présenté est d’ailleurs estampillé 1956 sur la plaque d’immatriculation arrière. Elle est réduite à une échelle proche du 1/43. Bien que je possède la boîte, il m’est également impossible de vous donner le nom du fabricant. La boîte fait penser à un modèle promotionnel. On admirera son graphisme. J’ai acquis cette auto il y a fort longtemps auprès d’un pionnier de la collection. Pour cet homme qui avait débuté sa collection à l’aube des années cinquante, on imagine combien elle avait de l’intérêt. Les miniatures du bloc de l’est ne circulaient quasiment pas sur le marché. De plus, leur aspect très rustique rebutait beaucoup d’amateurs. Plus tard, mais bien plus tard, les Novoexport, bien finies, attireront les amateurs occidentaux.
La semaine prochaine, je vous emmènerai de l’autre côté du mur à l’ouest, et même dans le grand-ouest.