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Il était une fois la Belgique avec Corgi Toys

Il était une fois la Belgique avec Corgi Toys

Bernard Arnault a récemment défrayé la chronique et suscité des débats enflammés en demandant la nationalité belge. La Belgique est un pays où, moi aussi j’aime me rendre. D’Antwerpen à Liège en passant par Bruges ou Bruxelles, les paysages sont superbes, les architectures éblouissantes et variées, le dépaysement bien réel pour tout français qui pourrait être un peu blasé par son pays.

Reisler coffret vendu lors de l'expo de 1958
Reisler coffret vendu lors de l’expo de 1958

Loin de notre morosité nationale, les Belges sont reconnus pour savoir faire la fête. Leur table est excellente, et c’est le paradis des buveurs de bière. Leur bonne humeur légendaire permet d’oublier la météo parfois capricieuse, qui finalement n’est pas tellement différente de celle de la région parisienne ! Voilà bien des raisons d’aller faire un tour outre-Quiévrain ! Ce sont sans aucun doute ces bonnes raisons qui ont poussé un capitaine d’industrie à demander la nationalité belge. Je vais vous présenter aujourd’hui des modèles issus de fabricants étrangers qui désireux de s’implanter en Belgique, ont adapté des modèles de leurs gammes pour le marché belge.

Corgi Toys qui est certainement le fabricant le plus agressif du marché de la miniature s’est naturellement intéressé à la Belgique, vraisemblablement par le biais de son importateur. Corgi Toys est le seul fabricant que je retrouve présent aux quatre coins du monde. Grace à un catalogue intelligemment conçu, les produits pouvaient s’exporter partout, ce qui n’était pas le cas de Dinky Toys trop typé britannique.

Les magasins de jouets belges distribueront donc quelques modèles Corgi Toys exclusifs. Le plus savoureux, pour nous français, est celui réalisé sur la base de la camionnette Bentam Karrier. En lieu et place du sticker « Joe’s Diner », qui, lui, fut distribué un peu partout, nos amis belges pouvaient se procurer une version « patates frites » bien plus adaptée aux spécificités locales.

Sur le dessin du décalque trône un magnifique cornet de frites, il ne manque plus que la mayonnaise ! Remarquons le texte en français, pour ce modèle diffusé dans un pays qui connaît deux langues différentes. En touriste averti, je peux me localiser selon que les panneaux publicitaires ou indicateurs du bord de la route affichent leur message en wallon ou en flamand. Il y a certes la particularité de la région de Bruxelles ou le wallon peut côtoyer le flamand. C’est peut être pour éviter toute polémique que l’organisme qui gère l’assistance routière en Belgique, le Touring Secours a choisi un nom avec une consonance anglo-saxonne ! Corgi Toys transformera ses versions RAC, autre grande société d’assistance routière établie en Grande-Bretagne, pour les adapter au marché belge. Sur la base de la version 109LWB, Corgi Toys se contentera de peindre ses Land Rover en jaune, et d’appliquer des stickers TS. Le succès dut être au rendez-vous. En effet, lorsque Corgi Toys créera un second moule, plus moderne, équipant sa miniature d’une bâche en plastique et non plus en tôle et de suspensions, elle réalisera également une série en livrée TS. Ces deux miniatures sont peu fréquentes.

Sans être un inconditionnel de la firme Corgi Toys, j’ai beaucoup de plaisir à rassembler les modèles que cette compagnie a créé pour des marchés spécifiques. Ces trois modèles en sont un parfait exemple.

Enfin, le petit présentoir avec les figurines fut produit par Reisler, firme danoise, pour l’importateur Belge Bois Manu, à l’occasion de l’exposition universelle de 1958, afin d’accompagner le car Mercedes également produit par une autre firme Danoise, Tekno dont l’importateur pour la Belgique était aussi Bois Manu !

Livraison au Cap en Bantam Karrier

Parmi tous les continents, l’Afrique est celui qui a engendré le moins de fabricants de jouets. Pour être plus précis, il faudrait dire le moins de fabricants de miniatures automobiles. Ce constat va de pair avec celui que l’on peut faire en ce qui concerne l’industrie automobile.

Bantam Karrier PMI
Bantam Karrier PMI

La situation de dépendance dans laquelle se trouvait nombre de pays africains a conduit à ce que le secteur de l’automobile reproduise ce qui existait dans les pays colonisateurs. Très rares sont les firmes africaines qui créeront leurs propres modèles. Pour cela, il aurait fallu des conditions économiques plus favorables que celles qui existaient de manière générale sur ce continent puisque la fabrication de miniatures automobiles dépend fortement de la culture automobile de la population.

L’Afrique du Sud cependant est un pays qui avait réuni toutes ces conditions. Sans nous étendre sur la méthode qui a consisté à écarter une très grande partie de la population du bénéfice de cet essor, il faut bien constater que l’Afrique du Sud sera le pays le plus actif pour la production de jouets en Afrique.

L’adoption d’un mode de vie fortement occidentalisé en est la raison. Il est certain que des firmes comme Corgi toys ou Matchbox étaient bien implantées en Afrique du Sud, comme elles l’étaient d’ailleurs au Liban et dans les pays du Maghreb. Ces firmes cependant ne fabriquèrent jamais sur place.

Seuls Dinky toys contournera l’embargo par l’intermédiaire de son importateur en Afrique du Sud, E. Harris, et assemblera des modèles sur place. Nous avouons que la conquête de ces modèles nous a donné bien du fil à retordre.

Si les Dinky toys Afrique du Sud sont bien connues des collectionneurs, qui connaît la firme PMI de Johanesbourg ? C’est en feuilletant le catalogue d’une salle des ventes anglaise, que nous avons été attirés par des photos de modèles de la firme PMI.

Il semblait qu’un collectionneur sud africain avait donné à vendre deux modèles, avec quelques Dinky toys assemblées là bas. Le premier était la reproduction au 1/43 environ (le tout mesure 17cm) d’un Karrier Bantam tracteur et de sa remorque plateau. L’ensemble est moulé assez finement, en zamac. Malheureusement, la qualité de celui-ci est assez médiocre et nous notons la présence de quelques traces de métal fatigue. La calandre rapportée, moulée également en zamac chromé constitue un détail intéressant. Les jantes en plastique de couleur noire portent les inscriptions « pmi ». Elles sont équipées de pneus en nylon de couleur grise. Un châssis en tôle noire maintient l’axe du tracteur. Le système de sellette est bien reproduit. L’ensemble est très réaliste ce qui donne à penser que ce petit tracteur semi remorque devait être fréquent en Afrique du Sud, dans les zones portuaires. La boîte le représente avec un chargement de caisses. l’inscription « S.A.R.H» (south african railways and harbour) et « S.A.S en H » (en afrikaans) figure sur la boîte mais pas sur le modèle réduit.

D’après M. Dufresne, grand spécialiste des langues, cette compagnie serait l’équivalent de la sernam de chez nous.il semble que Paolo Rampini n’ait pas eu connaissance de cette firme…