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Les petits bonheurs

Il y a quelque temps je me suis gentiment moqué de ma région et du peu d’attraits qu’on lui trouvait (L’homme de Picardie). Aujourd’hui, je vais lui rendre hommage car j’ai connu sur ses routes beaucoup de petits bonheurs. Apprenti collectionneur, je passais une partie de mes vacances à arpenter les routes de la région en mobylette. Ce moyen de locomotion limitait forcément mon rayon d’action et je ciblais les magasins de jouets.

Semi-remorque Siku Mobil et Esso
Semi-remorque Siku Mobil et Esso

A la campagne, il existe rarement des commerces spécialisés dans cette activité et j’avais plutôt affaire à des bazars où se côtoyaient les articles de pêche à la ligne, des produits de jardinage et bien sûr des jouets. Je recherchais également les fêtes foraines : entre train fantôme et tir à la carabine se trouvait en général une roulotte proposant des friandises. Il n’était pas rare d’y trouver des « antiquités », mais pas au niveau des guimauves ou du nougat. J’ai ainsi acquis des Minialuxe que le grossiste local ne devait plus savoir écouler. Les Berliet Stradair emplis de bonbons en sucre figurent également à mon tableau de chasse. Je dois quand même avouer que j’ai fait beaucoup de kilomètres pour de piètres résultats. Un de mes plus beaux trophées reste cependant ce beau camion citerne Berliet Gak aux couleurs de BP de chez Bourbon acquis de haute lutte dans une station service. J’étais heureux d’avoir pu me procurer ce promotionnel. Il a pour moi un attrait bien particulier qui n’est pas dû à sa valeur. A l’époque ce type de modèle intéressait très peu de monde. J’étais particulièrement content d’avoir acquis un objet qui n’était pas commercialisé et qui représentait un camion que j’aime bien, le Berliet Gak qui de plus se pare des couleurs BP que j’ai toujours appréciées.

Le souvenir de mes pérégrinations m’est venu lorsque j’ai acquis en Allemagne un autre modèle promotionnel pour le pétrolier BP.

Nous sommes ici en présence d’une miniature produite par Siku. J’aime bien l’univers de ce fabricant allemand et il y a fort longtemps que j’accumule les miniatures de cette marque. La série des camions Henschel tracteur semi-remorque citerne me tient particulièrement à cœur. Une série classique a d’abord été produite pour être diffusée en magasin de jouets. Un modèle a ensuite été réalisé pour le pétrolier PAM et le marché néerlandais. Comme souvent, les pétroliers concurrents commandèrent, pour leur propre réseau, des camions citernes à leurs couleurs. Mobil, Raab Karcher, Aral, Esso, BP, et même le fabricant de citerne Strüver passèrent commande de livrées spéciales. Ils sont particulièrement prisés de l’autre côté du Rhin.

Cooper et samba

En ce samedi matin de printemps, les exposants patientent tranquillement en attendant 8 heures et l’ouverture des portes. La scène est traditionnelle de la bourse d’Houten. En attendant l’heure, nous échangeons des nouvelles entre marchands et collectionneurs venus des Pays-Bas, de Belgique, d’Allemagne ou du Danemark.

Cooper 2,5 en plastique (Muovo et Crio)
Cooper 2,5 en plastique (Muovo et Crio)

Justement, mon ami Dirk arrive et me demande si je suis intéressé par une monoplace Brosol « jaune avec un capot en plastique ». J’avoue ne pas avoir tout de suite identifié la miniature. Solido Brosol a produit des monoplaces dans des livrées très différentes. Je lui confirme mon intérêt et lui propose de me la montrer dès que nous serons entrés dans le bâtiment. Une demi-heure plus tard, il me tend l’objet bien emballé dans un petit tissu : il s’agit bien d’une Brosol, mais pas celle à laquelle je m’attendais.

En effet, alors que je pensais découvrir une monoplace Solido Brosol, j’ai sous les yeux, un modèle qui m’est totalement inconnu. Il s’agit d’une copie de la Cooper 2,5 l Dinky Toys signée « Brosol Solex ».

Nous savions déjà que les modèles Solido étaient injectés au même endroit que les carburateurs Solex, mais j’ignorais totalement qu’il y avait eu un « avant » Solido Brosol. Beaucoup de questions m’ont traversé l’esprit : « quels sont les autres modèles de la série ? Les trois autres monoplaces produites par Dinky Toys à la même époque ont-elles aussi connu une production brésilienne ? Liverpool connaissait-il ces modèles ? Y a t’il un lien avec les Dinky Toys chiliennes ? » Je suis toujours incapable de vous répondre. Afin d’accompagner cette miniature, je suis allé chercher dans mes vitrines les reproductions de cette glorieuse auto issues d’autres fabricants.

Nous avons déjà eu l’occasion de voir les reproductions de la Cooper T45, équipée du moteur 1,5 l qui a précédé le modèle du jour, la T51. Solido en a livré une très belle reproduction. Il est bon de revenir sur l’histoire de la vraie voiture qui a été deux fois couronnée championne du monde. Une rapide analyse de la saison 1958 avait fini par convaincre Coventry Climax de modifier son bloc moteur et de passer d’un bloc de 1,5 l à un bloc de 2,5 l. Le surcroît de puissance a permis à cette auto légère et maniable de devenir championne du monde. Pourtant, sur le papier, Stirling Moss paraissait le mieux armé pour vaincre. Il pilotait une Cooper T51 engagée par Rob Walker et il était alors considéré comme le meilleur des pilotes en activité. Face à lui, deux autres Cooper T51 étaient engagées directement par Cooper. Elles seules ont eu le droit de bénéficier de la nouvelle boîte de vitesses dessinée chez Cooper et usinée chez Knight, conçue afin de pouvoir encaisser le surcroît de puissance du nouveau bloc. En effet, Esso qui soutenait la firme de Surbiton avait exigé que cet accessoire ne soit pas délivré à la Cooper de Moss qui, elle, était soutenue par le pétrolier BP. L’écurie de Rob Walker se tourna donc vers Colotti, en Italie, afin que ce dernier lui fournisse une boîte de vitesse de sa conception. Cette dernière sera à quatre reprises la cause de son abandon en course. L’année 1960 verra l’apparition de la T53.

C’est la sortie en tout début d’année de la nouvelle Lotus 18 qui a fait réagir l’écurie Cooper. Celle-ci apporte donc des améliorations à son auto, notamment aux suspensions.

Un Total transalpin

C’est une discussion avec un spécialiste du poids lourd qui est à l’origine de cet article. Je venais de mettre en vente un camion Fiat Moplast, sous la référence 682, reprenant ainsi celle utilisée par Mercury. Michel Fonteny a tout de suite relevé mon erreur.

détail de la fine calandre du Moplast
détail de la fine calandre du Moplast

Il faut dire qu’il a passé son enfance dans le milieu du transport routier et en a acquis une expérience telle qu’il est désormais au camion ancien ce que Scarlatti est au clavecin : un spécialiste ! J’ai suivi avec peine et application la description technique détaillée qu’il m’a livrée. La technique, ce n’est pas mon fort. Chaque fois que j’utilise la clef de contact de mon auto je suis émerveillé qu’elle démarre : émerveillé mais incapable de comprendre la magie qui s’opère. Quant à Monsieur Fonteny, intarissable sur le sujet, il m’a égrené tant de chiffres et de références que si j’avais été un inconditionnel de la Française des Jeux j’aurais pu remplir plusieurs bulletins de Loto. Gentiment, il a proposé de m’aider à la rédaction d’un article sur ces beaux camions italiens. J’ai choisi de laisser dans l’intégralité son travail de recherche. Vous trouverez son étude dans la fiche suivante. Pour ma part, je vais vous présenter les reproductions miniatures des camions Fiat conçus chez Moplast.

Moplast est une firme italienne installée à Tradate (Varese). Son activité est basée sur la fabrication d’objets en plastique de qualité. Cette firme existe toujours.  Cela nous rappelle l’histoire de firmes comme Bourbon et Vapé en France. L’arrivée de Moplast dans le monde du modèle réduit ne relève que d’un concours de circonstances. Il ne semble pas y avoir eu, comme pour Bourbon, une réelle volonté de se développer dans ce secteur. C’est certainement dans le souci de rentabiliser un investissement que Moplast a contacté des clients ayant des flottes de camions-citernes. Paradoxalement, la firme italienne ENI (Agip) ne semble pas avoir commandé de reproductions à ses couleurs, ce qui est un comble pour cette firme leader du secteur de la distribution des produits pétroliers dans la péninsule italienne.

Il faut distinguer deux types de distribution pour ces jouets. Ces modèles ne sont pas des promotionnels au sens où on l’entend généralement. Ils ont été distribués et vendus dans le réseau commercial des firmes dont ils portaient les couleurs, mais ils n’ont pas été distribués gracieusement par ces compagnies pétrolières. La seule exception est la version « officine Calabrese Bari ». Les autres versions ont été vendues dans les stations-service Gulf, Shell et Esso qui étaient toutes très bien implantées en Italie. La version Aral a bien entendu été réservée au marché allemand.

J’ai gardé pour la fin la version qui porte les couleurs de notre pétrolier national, Total. Contrairement à Esso, le pétrolier français, malgré son hégémonie, n’a jamais fait l’effort de séduire les fabricants de jouets.

A cet égard, je suis persuadé que des accords ont existé entre certaines compagnies pétrolières et des firmes célèbres de jouets. Amusez-vous à comptabiliser le nombre de véhicules aux couleurs Esso chez Dinky Toys ! Même la Triumph Spitfire arborera le célèbre slogan « put a tiger in your tank ». Total est une des firmes les moins représentées en miniature : JRD, Sésame et Bourbon, le tour est vite fait. Il semble qu’à l’origine, on doive cette commande à la branche italienne de Total. La boîte qui porte des inscriptions en langue italienne ne fait aucun doute. Une déclinaison Total Termo sera créée, certainement destinée aux distributeurs de fuel domestique locaux qui pouvaient ainsi faire graver leur raison sociale. Enfin, des versions pour le marché français sont apparues qui ont nécessité la création d’un nouvel étui. L’utilisation des couleurs du drapeau tricolore atteste du marché de destination. Le succès semble avoir été au rendez-vous. Il existe de très nombreuses variantes. Je n’ai gardé que cinq variantes d’assemblage de couleur bien que j’en aie répertorié au moins trois autres. Un autre indice prouve le succès commercial de ce véhicule : j’ai dénombré trois moules de citernes totalement différentes, prouvant que la production aux couleurs de Total s’est échelonnée sur un laps de temps assez long.

Tout au long de sa production, Moplast modernisera sa citerne : ainsi, les orifices de remplissage de la cuve connaîtront trois dessins différents. La dernière version, toute carénée, semble rare et je ne l’ai rencontrée qu’aux couleurs de Total. Cette version comporte un détail intéressant relatif au marché de destination du véhicule.

Toutes les versions de ce camion transalpin ont le volant à droite, comme c’était la coutume de l’autre côté des Alpes. Mais sur l’ultime production, Moplast a installé le volant à gauche.

Peugeot D3A Cibié : A votre service !

Comme le ferait tout néophyte, nous avons cherché à améliorer nos connaissances en nous imprégnant des ouvrages disponibles. La parution du livre de Jean-Michel Roulet aux éditions Adepte fut pour nous une révélation.

Peugeot D3A hors commerce
Peugeot D3A hors commerce

C’est à partir de la parution de cet ouvrage que nous nous sommes fixés le but un peu utopique de trouver un jour ce Peugeot D3A Cibié.

La quête fut longue. Le jour où nous l’avons enfin trouvé, nous avons eu le sentiment d’être arrivés au bout de quelque chose. Personnellement, je me suis revu trente ans en arrière et toute ma vie de collectionneur a défilé : les week-ends sur les routes, les milliers de kilomètres parcourus, les salles d’embarquements des aéroports, les petits matins glacés à attendre l’ouverture des portes de hangars, l’excitation qui monte lorsqu’on parcourt la première allée….

Une partie de mon existence consacrée à cette passion. Tout était concentré dans l’acharnement que j’avais mis à trouver ce Peugeot D3A Cibié. Ce fut à la fois une délivrance et un grand vide.

Nous avions pourtant si souvent répété qu’une collection n’est jamais finie…nous avions si fréquemment prôné que la qualité majeure du collectionneur est de savoir faire évoluer sa collection et nous avions ressenti tant d’incompréhension face aux collectionneurs qui se désintéressaient brusquement de leur passion… Il faut de toute évidence trouver son équilibre entre passion et raison. Après une courte période de spleen quelques opportunités se sont présentées qui nous ont prouvé qu’une collection n’est jamais aboutie. Il y a encore, et nous en sommes persuadés beaucoup de chose à découvrir au sein même de la production de Bobigny.

Avec l’expérience acquise au fil des ans, je constate désormais que les ouvrages de M. Roulet comportent de nombreuses imprécisions et quelques inexactitudes. Qui tentera de parfaire le travail engagé ? Qui saura être suffisamment pédagogue et exhaustif ?

Nous vous présentons aujourd’hui ces 2 Peugeot D3A « Peugeot service ». Leur authenticité est indiscutable. Il est intéressant de constater que l’encre utilisée pour le tampon est bien la même que celle utilisée pour la version « Postes ». De même, il est important de connaître les liens étroits de Peugeot et de Dinky Toys. La version Esso est d’une autre provenance. Elle est sertie et la finition au pochoir authentifie l’objet. A mes yeux, son intérêt est moindre que celui des « Peugeot Service ». Il est fort probable que ce soit un essai sans suite.

Enfin, avant de quitter cette rubrique sur le Peugeot D3 A, je me dois de signaler l’existence d’une autre version. Nous avons eu en mains, il y a de nombreuses années, chez un ancien employé de Meccano une version ambulance avec vitres latérales, caractéristique de ce type de carrosserie du milieu des années 50. Le modèle était en bois. Je devrais dire les modèles puisque cette personne en possédait deux, l’un à l’échelle retenue par Dinky Toys l’autre réduit au 1/43ème, donc plus imposant. De bonnes idées pour Atlas….

L’existence des ces modèles permet en tout cas d’envisager la découverte d’autres versions ; C’est grâce à ces trouvailles inopinées que nous pouvons confirmer qu’un une collection n’est jamais finie !

Les parapluies de Cherbourg – 2

Les parapluies de Cherbourg – 2

Voici la suite de l’article sur  Les Parapluies de Cherbourg,  avec cette fois des objets Made in France, un garage Depreux.

Divers objets distribués dans les stations Esso… dont celle de  l’escale Cherbourgeoise du film…(voir  l’autre article https://autojauneblog.fr/2010/05/04/parapluies-de-cherbourg-1/ )