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Le plein à la station Esso de Billund

Le plein à la station Esso de Billund

Outre les couleurs du pétrolier Esso, ces modèles ont en commun l’association des matériaux bois et plastique. Il n’est pas évident de repérer au premier coup d’œil que ces modèles sont en partie en bois.

Lego a une longue tradition d’utilisation du bois. Avant l’apparition du plastique, il était surtout utilisé pour les jouets destinés au premier âge. Rehaussés de dessins au pochoir colorés, il faisait la joie des bambins.

Lego camion citerne Esso
Lego camion citerne Esso

Précisons également qu’en France, une firme comme CIJ possédait également un atelier « bois » de production de jouets et d’accessoires de caisses d’emballage pour les jouets en tôle. Selon le même procédé que celui utilisé pour le Chevrolet dépanneuse, ces jouets se composaient d’un châssis et d’une carrosserie interchangeable grâce au fameux bouton pression.

Ainsi après avoir acquis la base constituée par le camion semi-remorque, l’enfant pouvait compléter son jouet en achetant la ridelle, la citerne simple ou la citerne vendue comme accessoire en étui individuel. Sur la version ridelle en plastique le bois est utilisé pour décorer très finement les fûts d’essence. Un détail, le texte indique le nom danois de la société Esso. Nous vous présenterons bientôt une autre rareté mais norvégienne.

Enfin, on peut constater l’omniprésence des constructeurs américains dans les reproductions de cees jouets scandinave aussi bien avant qu’après guerre. Que ce soit Tekno, Vilmer, Stentorp et autres Lego, ce ne sont que des reproductions de véhicule d’outre-atlantique.

La station Shell de Briare et son Saviem

Nous sommes en présence de l’ultime évolution du moule du Saviem, utilisé par C-I-J depuis le milieu des années cinquante. Equipée au départ avec la calandre Somua LRS (Latil Renault Somua), la firme de Briare déclinera de nombreuses variantes de la cabine, collant à l’actualité du constructeur (calandre, passage de roue arrondie puis carré de la cabine).

Citerne Saviem Shell C-I-J
Citerne Saviem Shell C-I-J

Il faudra attendre l’ultime calandre pour que C-I-J équipe sa version Shell de la jolie remorque créée pour la version BP. Celle-ci est équilibrée, bien proportionnée et habille élégamment le tracteur.

Personnellement l’ensemble me paraît plus homogène que la première série de Saviem à 3 barres pour laquelle C-I-J avait réutilisé la remorque citerne du Renault 120 cv . Les versions présentées diffèrent entre elles par leurs décorations. L’une arbore le coquillage sur les 3 faces de la remorque, tandis que sur l’autre ce sont les lettres « Shell » en rouge qui décore la citerne. La seconde version, plus réaliste, est beaucoup plus rare. Je ne l’ai rencontré que deux fois.

Nous sommes à la fin de la C-I-J. La firme se débrouille avec ce qu’il lui reste et fait preuve d’un beau sens de l’improvisation
observez les boîtes ; ce sont des réutilisations de l’étui du Saviem S7 bâché avec remorque, sur lesquelles ont été collé des étiquettes en papier, masquant le dessin du Saviem S7 que l’on aperçoit cependant par transparence. Une simple petite étiquette dactylographiée collée sur la languette permet d’identifier le modèle.

Autre exemple de récupération, les roues de la béquille sont des réutilisations de jantes de 4 cv en lieu et place des petites roues en aluminium des premiers modèles. On peut faire la même remarque pour les décalques : le stock de décalques « coquillage » était plus important que celui du logo en toutes lettres

 Et pourtant, malgré ces bricolages de fin de règne, le charme opère : c’est la magie de C-I-J !

Chinoiserie d’outre-Rhin

Le musée du Louvre est à l’image de cette publicité pour un grand magasin parisien, aujourd’hui disparu « il s’y passe toujours quelque chose ! ». Dernièrement, après de longs travaux, le musée a ouvert ses nouvelles salles consacrées au mobilier du XVIIe et du XVIIIe siècle. Cette période a vu régner quatre souverains, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Les historiens de l’art parlent d’un modèle, d’un style inégalé. On évoquait alors dans les cours européennes « l’art de vivre à la française ».

Lucky station service Shell
Lucky station service Shell

Les décorateurs du Louvre ont conçu une scénographie chronologique. Cette dernière caractéristique rend ce travail unique au monde et exceptionnel. Jusqu’ici, les musées se contentaient de mélanger les différents styles qui ont évolué au gré de ces deux siècles. Chaque souverain a pourtant marqué son règne d’une touche reconnaissable sur le mobilier et la peinture.

Ainsi, le spectateur remonte l’histoire et traverse des salles où des décorateurs ont recréé avec minutie salons, cabinets et bureaux. Tout est harmonie.
Lors de ma visite, à la lecture des indications relatives aux meubles et objets de décoration, un terme m’a intrigué et m’a fait sourire. Pour décrire des décors orientalistes, les spécialistes utilisent le terme « chinoiserie ». Les objets provenant de l’Orient, pas seulement de la Chine, étaient fort appréciés lors de cette période. Leur exotisme et leur rareté fascinaient la noblesse.

La fascination était d’ailleurs à tous les niveaux. Ainsi, la population de Brest fut émerveillée par la délégation d’ambassadeurs du royaume de Siam venue rendre visite au roi Louis XIV. Une des artères principales de la ville, la rue Saint-Pierre, fut ainsi rebaptisée « rue de Siam On imagine aisément le choc occasionné à la population locale par le débarquement des mandarins et interprètes chargés de présents pour le roi de France.

Dans le milieu de la collection de miniatures, les chinoiseries n’ont pas très bonne presse. Ce terme est souvent employé pour qualifier des miniatures fabriquées en Asie à moindre coût et de médiocre qualité. C’est par ce terme peu flatteur que certains amateurs désignent les productions de Hong-Kong des années cinquante à soixante-dix. Pourtant, ces productions sont fort intéressantes à mes yeux, et elles posent beaucoup de questions. On peut par exemple se demander dans quelle mesure les firmes de Hong-Kong pouvaient se permettre de copier les productions occidentales sans être inquiétées. Elles contournèrent le problème grâce au pantographe, outil permettant de reproduire à des échelles différentes le modèle copié. Un des plaisirs du collectionneur est d’essayer de retrouver le fabricant de la miniature originale ayant servi de modèle.

Le marché visé par ces copies était celui des pays anglo-saxons : USA et Grande-Bretagne. Les productions de Hong-Kong destinées au marché germanique furent beaucoup plus rares. Il faut dire que ce marché était saturé par les fabrications locales de bonne tenue. Une de mes acquisitions préférées est cette copie du Magirus Jupiter grande échelle pompier produit par Märklin. L’échelle retenue par CM est proche du 1/45. Le Märklin est lui réduit à une échelle proche du 1/55 environ. Il faut avouer que ce camion a fière allure.

Un autre exemple est ce coffret peu fréquent représentant une station service Shell. La langue allemande choisie pour décrire le contenu indique la destination de ce coffret. Il est composé de modèles de chez Lucky. Le tracteur AEC semi-remorque citerne est bien plus connu dans la livrée Mobil. Lucky l’a composé à partir de deux sources différentes : le tracteur est copié sur celui de Dinky Toys et la citerne sur celle produite par Corgi Toys. La cellule du tracteur a conservé une taille identique à son modèle. Par contre, la citerne a vu son échelle de reproduction passer du 1/50 au 1/43.

Le dernier modèle du jour reprend le tracteur AEC vu dans le coffret précédent. Il est attelé à une remorque au 1/43 dont l’inspiration vient d’un modèle reproduit au 1/75 ! C’est chez Husky qu’OK a trouvé sa source d’inspiration. D’après la personne qui m’a cédé ce bel ensemble, ce modèle était distribué dans cette chaîne de magasins néerlandais.
Fin première partie

Les petits bonheurs

Il y a quelque temps je me suis gentiment moqué de ma région et du peu d’attraits qu’on lui trouvait (L’homme de Picardie). Aujourd’hui, je vais lui rendre hommage car j’ai connu sur ses routes beaucoup de petits bonheurs. Apprenti collectionneur, je passais une partie de mes vacances à arpenter les routes de la région en mobylette. Ce moyen de locomotion limitait forcément mon rayon d’action et je ciblais les magasins de jouets.

Semi-remorque Siku Mobil et Esso
Semi-remorque Siku Mobil et Esso

A la campagne, il existe rarement des commerces spécialisés dans cette activité et j’avais plutôt affaire à des bazars où se côtoyaient les articles de pêche à la ligne, des produits de jardinage et bien sûr des jouets. Je recherchais également les fêtes foraines : entre train fantôme et tir à la carabine se trouvait en général une roulotte proposant des friandises. Il n’était pas rare d’y trouver des « antiquités », mais pas au niveau des guimauves ou du nougat. J’ai ainsi acquis des Minialuxe que le grossiste local ne devait plus savoir écouler. Les Berliet Stradair emplis de bonbons en sucre figurent également à mon tableau de chasse. Je dois quand même avouer que j’ai fait beaucoup de kilomètres pour de piètres résultats. Un de mes plus beaux trophées reste cependant ce beau camion citerne Berliet Gak aux couleurs de BP de chez Bourbon acquis de haute lutte dans une station service. J’étais heureux d’avoir pu me procurer ce promotionnel. Il a pour moi un attrait bien particulier qui n’est pas dû à sa valeur. A l’époque ce type de modèle intéressait très peu de monde. J’étais particulièrement content d’avoir acquis un objet qui n’était pas commercialisé et qui représentait un camion que j’aime bien, le Berliet Gak qui de plus se pare des couleurs BP que j’ai toujours appréciées.

Le souvenir de mes pérégrinations m’est venu lorsque j’ai acquis en Allemagne un autre modèle promotionnel pour le pétrolier BP.

Nous sommes ici en présence d’une miniature produite par Siku. J’aime bien l’univers de ce fabricant allemand et il y a fort longtemps que j’accumule les miniatures de cette marque. La série des camions Henschel tracteur semi-remorque citerne me tient particulièrement à cœur. Une série classique a d’abord été produite pour être diffusée en magasin de jouets. Un modèle a ensuite été réalisé pour le pétrolier PAM et le marché néerlandais. Comme souvent, les pétroliers concurrents commandèrent, pour leur propre réseau, des camions citernes à leurs couleurs. Mobil, Raab Karcher, Aral, Esso, BP, et même le fabricant de citerne Strüver passèrent commande de livrées spéciales. Ils sont particulièrement prisés de l’autre côté du Rhin.

Un Total transalpin

C’est une discussion avec un spécialiste du poids lourd qui est à l’origine de cet article. Je venais de mettre en vente un camion Fiat Moplast, sous la référence 682, reprenant ainsi celle utilisée par Mercury. Michel Fonteny a tout de suite relevé mon erreur.

détail de la fine calandre du Moplast
détail de la fine calandre du Moplast

Il faut dire qu’il a passé son enfance dans le milieu du transport routier et en a acquis une expérience telle qu’il est désormais au camion ancien ce que Scarlatti est au clavecin : un spécialiste ! J’ai suivi avec peine et application la description technique détaillée qu’il m’a livrée. La technique, ce n’est pas mon fort. Chaque fois que j’utilise la clef de contact de mon auto je suis émerveillé qu’elle démarre : émerveillé mais incapable de comprendre la magie qui s’opère. Quant à Monsieur Fonteny, intarissable sur le sujet, il m’a égrené tant de chiffres et de références que si j’avais été un inconditionnel de la Française des Jeux j’aurais pu remplir plusieurs bulletins de Loto. Gentiment, il a proposé de m’aider à la rédaction d’un article sur ces beaux camions italiens. J’ai choisi de laisser dans l’intégralité son travail de recherche. Vous trouverez son étude dans la fiche suivante. Pour ma part, je vais vous présenter les reproductions miniatures des camions Fiat conçus chez Moplast.

Moplast est une firme italienne installée à Tradate (Varese). Son activité est basée sur la fabrication d’objets en plastique de qualité. Cette firme existe toujours.  Cela nous rappelle l’histoire de firmes comme Bourbon et Vapé en France. L’arrivée de Moplast dans le monde du modèle réduit ne relève que d’un concours de circonstances. Il ne semble pas y avoir eu, comme pour Bourbon, une réelle volonté de se développer dans ce secteur. C’est certainement dans le souci de rentabiliser un investissement que Moplast a contacté des clients ayant des flottes de camions-citernes. Paradoxalement, la firme italienne ENI (Agip) ne semble pas avoir commandé de reproductions à ses couleurs, ce qui est un comble pour cette firme leader du secteur de la distribution des produits pétroliers dans la péninsule italienne.

Il faut distinguer deux types de distribution pour ces jouets. Ces modèles ne sont pas des promotionnels au sens où on l’entend généralement. Ils ont été distribués et vendus dans le réseau commercial des firmes dont ils portaient les couleurs, mais ils n’ont pas été distribués gracieusement par ces compagnies pétrolières. La seule exception est la version « officine Calabrese Bari ». Les autres versions ont été vendues dans les stations-service Gulf, Shell et Esso qui étaient toutes très bien implantées en Italie. La version Aral a bien entendu été réservée au marché allemand.

J’ai gardé pour la fin la version qui porte les couleurs de notre pétrolier national, Total. Contrairement à Esso, le pétrolier français, malgré son hégémonie, n’a jamais fait l’effort de séduire les fabricants de jouets.

A cet égard, je suis persuadé que des accords ont existé entre certaines compagnies pétrolières et des firmes célèbres de jouets. Amusez-vous à comptabiliser le nombre de véhicules aux couleurs Esso chez Dinky Toys ! Même la Triumph Spitfire arborera le célèbre slogan « put a tiger in your tank ». Total est une des firmes les moins représentées en miniature : JRD, Sésame et Bourbon, le tour est vite fait. Il semble qu’à l’origine, on doive cette commande à la branche italienne de Total. La boîte qui porte des inscriptions en langue italienne ne fait aucun doute. Une déclinaison Total Termo sera créée, certainement destinée aux distributeurs de fuel domestique locaux qui pouvaient ainsi faire graver leur raison sociale. Enfin, des versions pour le marché français sont apparues qui ont nécessité la création d’un nouvel étui. L’utilisation des couleurs du drapeau tricolore atteste du marché de destination. Le succès semble avoir été au rendez-vous. Il existe de très nombreuses variantes. Je n’ai gardé que cinq variantes d’assemblage de couleur bien que j’en aie répertorié au moins trois autres. Un autre indice prouve le succès commercial de ce véhicule : j’ai dénombré trois moules de citernes totalement différentes, prouvant que la production aux couleurs de Total s’est échelonnée sur un laps de temps assez long.

Tout au long de sa production, Moplast modernisera sa citerne : ainsi, les orifices de remplissage de la cuve connaîtront trois dessins différents. La dernière version, toute carénée, semble rare et je ne l’ai rencontrée qu’aux couleurs de Total. Cette version comporte un détail intéressant relatif au marché de destination du véhicule.

Toutes les versions de ce camion transalpin ont le volant à droite, comme c’était la coutume de l’autre côté des Alpes. Mais sur l’ultime production, Moplast a installé le volant à gauche.