Archives par mot-clé : Buick Caballero

Licence n° 27.III.E.238556

C’est dans un parc de stationnement souterrain du 19ème arrondissement que j’ai rendez-vous avec mon contact. En homme prévoyant, pressentant que l’endroit serait mal éclairé je me suis équipé d’une torche électrique. Mon rendez-vous me conduit dans un box où est entreposée la documentation que nous devons consulter. Il a branché une baladeuse afin de m’aider à mieux y voir.

Le bon de commande original Buby signé Jacques Greilsamer
Le bon de commande original Buby signé Jacques Greilsamer

Le meuble en acier contenant la documentation a été remisé dans l’angle droit au fond du box afin de prendre moins de place. Au fil du temps, d’autres objets sont venus s’empiler devant et l’accès au meuble est devenu difficile. Il faut s’accroupir et se contorsionner pour visiter l’intérieur des tiroirs. Les documents que je découvre au fil des dossiers me font oublier l’inconfort de la position.

Je suis en train de prendre connaissance d’une partie des archives personnelles de Jacques Greilsamer. Une vraie mine. Un des dossiers les plus intéressants concerne la firme Buby.

Il fut une époque où les gens gardaient la trace de tout. Quand Jean-Paul Juge a repris en main la gestion de Modélisme, il a eu soin de conserver tous les documents de son prédécesseur. Quand il a quitté l’entreprise, il a carrément emmené le meuble qui contenait les dossiers pour l’installer au fond de son box. Depuis, il a gardé tous ses secrets. Pour commencer, voici donc la correspondance entre M. Haroldo Mahler, le créateur de Buby et Jacques Greilsamer qui cherchait à importer ces miniatures pour sa boutique Modélisme dans le milieu des années soixante.

Buick Caballero ambulance
Buick Caballero ambulance

Connaisseur comme il l’était, nul doute sur le fait qu’il avait rapidement eu connaissance de la marque Buby. Mais passer du stade des échanges entre collectionneurs à celui d’importateur en nombre de ces miniatures, il y a un pas énorme. L’importateur qui se chargeait de toutes les démarches administratives avait alors l’exclusivité de la diffusion du produit pour une durée déterminée. Je me souviens très bien qu’au milieu des années soixante-dix, il était impossible de trouver en France des miniatures japonaises (Tomica, Eidai, Diapet…) alors qu’elles étaient abondantes chez nos voisins suisses ou belges. A l’époque, on m’avait expliqué qu’un accord global d’importation de produits manufacturés avait été signé avec le Japon dans le cadre d’une enveloppe globale. Evidement, les automobiles, les appareils photos et les téléviseurs se taillaient la part du lion dans cette enveloppe, tant et si bien que celle laissée aux jouets était ridicule voire inexistante. Je pense que nos amis japonais faisaient de même de leur côté bien évidemment. Ce petit exemple montre combien il était difficile de faire du commerce dans ces années-là.

Les lettres que j’ai retrouvées montrent combien Jacques Greilsamer avait mis un point d’honneur à importer ces miniatures. Cette firme argentine lui tenait visiblement à cœur et il lui fallut beaucoup d’obstination pour obtenir une licence d’importation. Un dernier détail m’a réjoui. Lors de la finalisation des commandes, dans un courrier daté du 23 mars 1971, Jacques Greilsamer, se félicite auprès de M. Mahler de l’opération et lui demande de lui faire parvenir par avion, quelques exemplaires, afin qu’il puisse en faire l’annonce dans son journal et préparer ainsi sa clientèle à l’arrivée de ces modèles exotiques. Les cinq cartons d’un poids total de 157Kgs arriveront au port du Havre le 26 octobre. Après le dédouanement, ils seront acheminés par camion pour être mis en vente en décembre 71. Après tant d’années d’effort, on se doute que leur arrivée boulevard Sébastopol fut un événement.

Pour illustrer cet épisode, voici la très belle série de Ford Fairlane et la Buick Caballero ambulance. La Ford figure encore sur les premières listes reçues par M. Greilsamer, du moins en version policia. Ce dernier ne la retient pas. Il faut dire qu’elle reproduit une version de la fin des années cinquante et que ce dernier est résolument tourné vers la reproduction d’autos modernes. Les premières séries sont dépourvues de vitrage transparent. Ce sont des carrosseries monobloc où le vitrage est figuré à l’aide de peinture de couleur argent. Par la suite, elles recevront des vitrages mais jamais d’aménagement intérieur.

On appréciera l’échelle à laquelle est reproduit ce modèle : il s’agit d’un vrai 1/43, contrairement à la plupart des fabrications européennes, ce qui a pour effet de proposer des autos généreuses. Ce sont des pièces rares.