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Monsieur Alain et les Gasquy

Une des autres grandes passions de « Monsieur Alain » est bien évidemment la firme Gasquy. C’est à travers mes recherches sur cette dernière que je l’ai rencontré. Ces modèles « made in Belgium » n’avaient rien à envier aux autres productions étrangères.

Gasquy Studebaker Champion, palette de couleur
Gasquy Studebaker Champion, palette de couleur

Ce pays est encore aujourd’hui un carrefour économique. L’industrie du jouet n ‘a pas fait exception. Pendant très longtemps, ce pays ouvert sur le monde a vu défiler les importations de jouets américains, puis japonais sans oublier bien sûr toutes les productions européennes. Beaucoup de collectionneurs français ont découvert l’existence de productions de Dinky Toys anglaises lors d’un séjour dans le plat pays. Mercury, firme établie à Turin, a été très largement importée en Belgique, ce qui peut s’expliquer par la présence d’une forte colonie italienne.

De ce fait les productions belges de jouets furent assez restreintes. Ce phénomène d’importations non contingentées s’observe également dans le domaine automobile. Les automobiles Cadillac, Packard et Chrysler Packard faisaient partie du paysage bruxellois. Plus tard, Nissan et Toyota prirent le relai alors qu’en France les importations de ces marques étaient restreintes.

Gasquy Studebaker Champion
Gasquy Studebaker Champion, superbe couleur

La firme de jouets belge dont l’aura dépassera largement les frontières du Quiévrain sera bien sûr Gasquy. Au milieu des années soixante, un noyau de collectionneurs s’acharnera à dénicher à tout prix ces reproductions datant du début des années cinquante.

Elles étaient aussi prisées que les Märklin, ou que les Dinky Toys d’avant- guerre. Cinquante ans après, elles sont toujours aussi rares ! La production, établie à Herstal, prés de Liège fut de courte durée. La qualité était au rendez-vous, mais un prix de vente élevé freina la diffusion par rapport aux Dinky Toys d’importation. A part la Renault 4cv qui a été reproduite à une échelle supérieure, les modèles n’ont pas été dotés d’étuis individuels. Un détail que j’apprécie sur cette série est la mention « Englebert » sur les pneumatiques. Englebert était à l’époque un fabricant de pneumatiques de qualité, localisé en Belgique.

J’ai choisi en l’honneur de « Monsieur Alain » le modèle le plus mythique à mes yeux, la Studebaker Champion. Gasquy a eu le bon goût de reproduire le modèle de 1949, millésime le plus représentatif de ce chef-d’œuvre esthétique, dû au bureau d’étude de Raymond Loewy. Solido sera le seul à proposer une reproduction dans sa gamme Junior. Avec son pare-chocs rapporté et ses lignes bien rendues la Studebaker Champion, apparaît comme bien supérieure aux reproductions de Binns Road ou de Bobigny.

De Bobigny à l’Elysée en taxi

Voici, cette semaine, la présentation d’une mystérieuse miniature, une Simca Aronde taxi en provenance de Bobigny. En règle générale, lorsqu’un fabricant transforme en version taxi une miniature présente à son catalogue c’est le signe d’un modèle qui a connu un succès limité.

Simca Taxi Aronde 24 UT et cendrier
Simca Taxi Aronde 24 UT et cendrier

On peut citer à titre d’exemple la Ford Vedette 1954 de Dinky Toys France. Mais ce n’est pas toujours le cas. La Simca Aronde, un des premiers modèles de Bobigny à recevoir un étui individuel, semble avoir rencontré le succès auprès des jeunes clients. C’est certainement le nombre important d’exemplaires circulant dans la capitale qui a conduit la direction à s’intéresser à sa reproduction.

Dans l’album « l’affaire Tournesol » sorti en 1956, Hergé lui même introduira une Simca Aronde dans les rues de Genève, qui finira d’ailleurs dans les eaux du lac à la suite d’une queue de poisson du terrible Stephan  ! Cette Simca Aronde immatriculée dans le canton de Genève arbore une calandre de second type.

Pour la création de sa version taxi, Meccano est curieusement revenu en arrière, proposant cette miniature en conditionnement par six, alors qu’elle venait d’introduire les emballages individuels. La logique industrielle est parfois mystérieuse.Le modèle que nous vous proposons de découvrir est équipé de la première calandre, ainsi que du châssis en tôle épaisse. L’histoire est assez trouble. On peut juste penser que lorsque la direction a entrepris la réalisation d’une version taxi, la seconde calandre de l’Aronde (la version Elysée) était en cours de réalisation. Les essais ont dû être effectués sur des carrosseries équipées de la première calandre.

J’ai eu la chance d’en posséder deux. Les deux exemplaires étaient similaires et avaient, en tout point, les caractéristiques d’un premier modèle, avec, bien sûr, le pavillon quadrillé et les jantes moulées en zamac et peintes de couleur rouge. Le modèle que nous avons conservé provient d’un grand collectionneur, Monsieur Dufour. Ce dernier l’avait lui même acquis d’une manière assez simple. Un collectionneur de la région de Tours ayant décidé de se séparer de sa collection, il avait établi une liste, sur des feuilles de papier, comme cela se faisait il y a 30 ans, quand il n’y avait pas Internet et qu’il fallait attendre le facteur ! Sur cette liste, Monsieur Dufour a été attiré par la présence de deux modèles référencés 24UT. La description mentionnait deux calandres différentes et les modèles présentaient un écart de 10 Francs ! Il a eu l’intelligence de se laisser tenter, et il a eu raison. Il a ainsi été le premier à répertorier de manière définitive cette rare variante… Il s’en est ensuite séparé en échange d’une très belle pièce qu’il convoitait depuis longtemps et qui lui a procuré, amateur éclairé qu’il est, plus de plaisir qu’une variante de calandre sur un modèle Dinky Toys.

Plus de 20 ans se sont écoulés et nous avons récupéré cet exemplaire. Lorsqu’on a opéré un échange de modèles, il est toujours intéressant de s interroger quelques années plus tard sur l’intérêt de l’opération.

Non pour en concevoir des regrets mais pour analyser son choix et savoir prendre à l’avenir les bonnes décisions. Nous avons une fois opéré un échange sur plusieurs pièces. Les pièces dont nous nous sommes séparés avaient un point commun. L’opération avait une logique, la logique propre à chaque collectionneur. Nous avons pu, par le fruit du hasard, récupérer ces pièces, 25 ans après. Ou plutôt deux d’entre-elles car, à nos yeux, la troisième ne présentait plus d’intérêt. C’est bien la preuve, qu’une collection n’est pas figée, mais vivante. Le regard sur certaines pièces évolue. L’expérience aide à se forger une opinion.

De grands collectionneurs comme M. Dufour ne me démentiront pas si j’affirme que les goûts du collectionneur évoluent. L’important est bien le présent : au moment de l’échange, il doit y avoir deux heureux.