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Les coffrets de l’ambassadeur

« Allo, c’est bizarre, tu as reçu une lettre de l’ambassade de la République Islamiste d’Iran ». En prononçant ces quelques mots au téléphone, mon épouse ne savait pas qu’elle m’annonçait une bonne nouvelle et qu’elle me rendait encore plus impatient de rentrer à la maison. L’arrivée de cette lettre clôturait plusieurs années d’investigations.

Lettre de l'ambassade d'Iran
Lettre de l’ambassade d’Iran

Tout commence en Suisse, lors d’une manifestation à Berne. Mon regard est attiré par trois reproductions en plastique du Volkswagen Kombi : cela ressemble à du Siku, mais les couleurs acidulées des modèles conduisent à écarter cette hypothèse. Chez le fabricant allemand, cette version est répertoriée de couleur rouge et noire et rares sont les variations de teintes dans toute la gamme Siku. Le vendeur m’assure que je suis en présence de Minicar iraniens. Il n’a aucun doute, il les tient d’un ami qui les a ramenés d’un voyage en Iran. L’histoire aurait pu s’arrêter là.

C’est à Londres, deux ans plus tard que l’affaire rebondit. Mon interlocuteur, celui-là même qui m’avait vendu deux ans auparavant les trois Kombi se souvenait bien de mon intérêt pour la marchandise. Il m’annonce que la personne auprès de laquelle il a acquis les miniatures possède encore quelques exemplaires de Minicar. Comme je lui confirme mon intérêt pour ces modèles, il promet de les ramener.

Il faut juste attendre que ce dernier retourne en Suisse pour les récupérer. De longs mois passent encore et puis, lors d’une bourse dans la banlieue de Londres, il m’apporte un dossier avec de nombreuses photos. Un vrai choc : de quelques Minicar nous étions passés à plus de 120 modèles !

Et puis surtout, ces modèles étaient conditionnés dans de somptueux coffrets colorés, aux dimensions pour certains hors du commun. Ainsi le coffret composé des six camions Mercedes LP315 est tout bonnement exceptionnel.

Siku, qui est à l’origine de ces modèles n’a jamais dû envisager la création d’un tel coffret. Mon intermédiaire, car c’est bien de cela qu’il s’agit, me demande de faire une offre qu’il transmettra au propriétaire de l’ensemble, car ce dernier souhaite vendre l’intégralité du lot. Nous nous sommes mis d’accord sur la base d’un prix unitaire satisfaisant pour tout le monde. Six mois se sont encore écoulés avant que mon ami anglais profite d’un de ses voyages semestriels en Suisse pour me ramener les précieux coffrets. Nous verrons la semaine prochaine, la suite de cette aventure.

Une Volkswagen au pays de Shéhérazade

Je n’aurais jamais imaginé, le jour où j’ai acquis cette miniature, qu’elle m’aurait fait autant voyager. Voilà un bon slogan pour la firme de Wolfsburg, jamais à court d’idées pour ses campagnes publicitaires !

Volskwagen Magasin Ferdowsi
Volskwagen Magasin Ferdowsi

L’histoire commence dans une salle des ventes de province, où, au milieu de lots hétéroclites contenus dans des sacs plastiques, j’ai été attiré par un objet me rappelant les miniatures produites par Wiking pour le compte de Volkswagen. Volkswagen était en effet en relation avec Wiking pour la production de modèles à usage promotionnel. La marque a par ailleurs toujours accordé de l’importance à la publicité. Pour mettre en évidence la simplicité de la conception de la vraie voiture, il avait paru judicieux de proposer des miniatures en plastique transparent. Ce principe a inspiré de nombreux petits fabricants de jouets. Nous connaissons notamment une Ford Vedette 1949 de fabrication française « la voiture démontable «  et une étrange berline anglaise produite par « PR » et vendue dans un très beau coffret intitulé « The Glass Car ». La présentation de cette dernière ressemble étrangement aux coffrets produits par Wiking.

Toute la gamme Volkswagen a été déclinée selon le même principe par Wiking. De très nombreux autres petits fabricants reprendront l’idée de la carrosserie transparente et s’inspireront même directement de la reproduction de la Volkswagen de Wiking. Ainsi, Boco au Danemark, proposera des coffrets avec la petite berline de Wolfsburg. Par la suite, ce même Boco inspirera d’autres fabricants anonymes en Scandinavie. Il est très difficile de dresser une liste des productions de cette nature.

Comme je suis très intéressé par la découverte de variantes de ce type de véhicules, j’ai été naturellement attiré par l’objet. La surprise fut de taille.

La reproduction était de belle qualité, mais c’est surtout l’inscription sur le pavillon qui rendait l’objet intéressant. Son côté exotique et mystérieux m’incite à vous la présenter aujourd’hui. J’ai cherché un certain temps un support permettant de la mettre en valeur sur les clichés. Mon choix s’est finalement arrêté sur trois petits porte-clefs aux allures d’Afrique du Nord découverts tout récemment. Il ne restait plus qu’à traduire l’inscription du pavillon. J’ai commencé par saisir de la question la mère d’une amie de ma fille qui pensa y lire le nom d’un prophète du Coran, mais j’ai cherché sans succès des renseignements complémentaires au sujet de ce prophète. Mettant à profit mes trajets de banlieusard, je me suis permis d’interroger lors d’un voyage en RER mon voisin qui lisait consciencieusement un ouvrage en langue arabe. Je lui ai présenté les clichés de la voiture, mais malgré sa bonne volonté, il n’a pas réussi à traduire les signes énigmatiques. Devant mon air dépité, il m’a conseillé d’aller à la grande mosquée. J’ai envoyé un courriel mais il est demeuré sans réponse.

Nullement découragé, j’ai voulu frapper à la porte de l’Institut du Monde Arabe. Mon jour de congé coïncidant avec la fermeture de l’établissement, j’ai d’abord trouvé porte close.

A ma seconde tentative, un autre jour de la semaine, j’ai rencontré un monsieur charmant qui, après un examen attentif des photos a conclu, sans aucune hésitation, que le message du pavillon était écrit en Persan. Il a réussi grâce à ses connaissances personnelles à déchiffrer de manière phonétique la seconde partie du texte. Par contre, la Perse n’étant pas reliée en matière culturelle au monde arabe, aucune autre personne de l’institut ne semblait capable d’effectuer une traduction aboutie.

Il m’a donc invité à m’adresser à l’ambassade de la République Islamique d’Iran. Un premier courriel est demeuré sans réponse. J’ai réitéré ma demande auprès de plusieurs services différents de l’ambassade. C’est finalement le service économique qui m’a répondu, m’indiquant qu’il s’agissait d’un grand magasin de Téhéran du nom de « Magasin Ferdowsi ». Ce nom est également celui d’un célèbre poète iranien.

Je remercie donc l’ambassade de m’avoir accordé un peu de son temps pour me permettre de vous offrir cette explication. L’aventure aura duré en tout six mois. Elle ne fait que renforcer le plaisir de posséder cette miniature malgré son caractère anodin.