Le vrai début des Dinky Toys

Les modèles présentés ce jour ont une place particulière dans l’histoire de Dinky Toys. Nous avons déjà évoqué l’histoire de cette série, qui, au départ n’était qu’une branche de Hornby train, elle-même appartenant au célèbre fabricant de jouets Meccano. Afin de donner plus de vie à ses réseaux ferroviaires, Hornby train proposa à sa clientèle des bâtiments, des figurines et des miniatures automobiles. Ainsi vit-on apparaître la série 22. Au démarrage ces produits étaient estampillés Hornby : la marque apparaissait à l’intérieur des carrosseries ainsi que sur les boîtes de personnages. Pour ses miniatures automobiles, Meccano comprit tout l’intérêt de développer une marque à part entière : Dinky Toys. On peut imaginer que la fameuse firme Britains aurait rencontré un sérieux concurrent si la même démarche avait été adoptée pour la série des personnages en plomb. Cette branche aurait ainsi pu développer des personnages de ferme, d’histoire, du Far-West.

MG Record Dinky Toys
variantes de moule sur la MG Dinky Toys

Les dirigeants de Meccano vont choisir un parcours de développement pour la branche de Dinky Toys, en sortant du cadre du simple objet de décor des réseaux de trains. Ainsi, le modèle présenté ce jour peut être considéré comme une des premières Dinky Toys à part entière. En effet, placer une « auto de course » sur un réseau de chemin de fer demande une certaine imagination ! Le petit bolide fut commercialisé en 1934 sous la référence 23. Il est moulé en plomb et existe en six combinaisons de couleurs. Il est assez aisé de reconnaître ce premier modèle. Il n’a pas de pilote et la face avant est large. Il reproduit la MG EX127. Un nouveau moule verra rapidement le jour, adapté à une injection en zamac des miniatures. Il connaitra une très longue carrière de 1936 à 1956. C’est la plus longue pour un modèle Dinky Toys. L’auto reproduite est la MG EX135. La gravure des moules conçus pour les modèles en zamac est beaucoup plus fine que celle du premier moule. La principale variante de moule réside dans l’adjonction du caractéristique pot d’échappement. Outre le fait d’avoir véritablement lancé la marque Dinky Toys, ce modèle a une autre caractéristique : il reproduit une auto ayant existé dans la réalité. Dans le coffret de la série 22, les deux autos et les deux camionnettes sont d’inspiration libre. Notre modèle de ce jour est inspiré de la MG K3 EX 127 de record dite « Magic Midget ».

Il faut avouer qu’à cette époque les compétitions automobiles étaient dominées par les constructeurs allemands et dans une moindre mesure italiens. Pour la firme britannique, il était primordial que Dinky Toys mette en avant une auto anglaise.

Dans la galerie d’images  :

  • Deux premiers moules, mais injection en zamac et l’autre en plomb.
  • Puis des modèles en plomb.
  • A gauche modèle en plomb, et à droite, modèle intermédiaire, en zamac mais provenant du premier moule (face avant plus large, pas de pilote, ni de pot d’échappement). Notez un intéressant détail: elle arbore un numéro au pochoir, ce qui est très rare pour un modèle issu du premier moule.

Vu de dessus, les différences sont bien perceptibles entre les deux moules. Notez les mariages de peinture qui seront conservés jusqu’à la guerre. A chaque assemblage de couleur correspond un numéro de course.

Suite, la semaine prochaine : le bonbon le plus rapide du monde !

Quand le Modélisme fit son apparition – 1

Pour ce premier épisode consacré à Modélisme, voici une série de Porsche 908/02. Elles sont toutes moulées en résine et décorées à la main. Il est possible que d’autres versions aient été réalisées. N’hésitez pas à compléter la liste

Modélisme Porsche
Modélisme Porsche 908/02 Sonauto BP

La Porsche de Steve Mac Queen, de Solar Productions, (numéro 48) qui arbore une décoration des plus simples est certainement la plus courante.

Elle faillit remporter les 12 heures de Sebring en 1970 et se classa seconde. Il est évident que la version BP demandait beaucoup plus de travail ! (Ecurie Sonauto numéro 3 victorieuse des 3 heures du Mans 1971). La numéro 18 est celle de l’écurie AAW à la Targa Florio 1970. La numéro 1 est une auto d’usine qui s’illustrera dans cette décoration en fin de saison 1969 (remportant entre autres les 1000 km du Nürburgring). La numéro 266 gagnera la Targa Florio , toujours en 1969 (voiture d’usine). Enfin, malgré mes nombreuses recherches je n’ai pas d’information sur la numéro 52. La présence du sticker Martini sur le capot peut laisser envisager qu’il s’agit d’une auto de l’écurie pour les 12 heures de Sebring. Monsieur Evrat a peut-être tout simplement trouvé l’inspiration lors d’une course en France,  par exemple à Monthléry.

Ferrari 512S
Ferrari 512S longue Le Mans 1970

La Ferrari 512 S longue est très rare. C’est une carrosserie en résine adaptée à un chassis de Solido. L’Alfa Romeo 33/3 est celle victorieuse des 1000 km de Brands Hatch en 1971. Enfin les Ford GT 40 reproduisent les autos de l’écurie Gulf et celle de l’Allemand Joest au Mans 1969. Les couleurs des bandes sont erronées. Il n’y avait pas à l’époque la documentation dont l’on dispose actuellement.

Le matin du 15 février 1935 Auto Union

Le sujet du jour m’a été inspiré par un récent échange de courriers avec Jean-Michel Roulet au sujet de la préparation de son prochain livre sur les Dinky Toys France. Sans dévoiler les anecdotes que vous découvrirez lors de la parution, il m’a raconté comment cette Auto Union avait fasciné la plupart des enfants de sa génération ainsi que les salariés de chez Meccano.

Auto Union Dinky Toys avec ou sans personnage
Auto Union Dinky Toys avec ou sans personnage

Il est vrai qu’au magasin, l’Auto Union suscite les mêmes émotions. La parution d’un superbe ouvrage sur l’histoire du duel entre Auto Union et Mercedes, « Silver arrows in camera » d’Anthony Pritchard a fini par me convaincre d’aller chercher dans mes vitrines les différentes reproductions de cette auto fascinante.

Selon moi, l’intérêt porté à cette miniature résulte de deux particularités.

  • La première, c’est sa capacité à battre des records de vitesse. Pour cela, les ingénieurs ont adapté sur un châssis de monoplace de Grand Prix, la type « B », une carrosserie profilée et enveloppante afin de réduire la traînée aérodynamiques.
  • La seconde c’est son échelle de reproduction : Meccano a traité cette auto au 1/43ème. A l’époque, les autos destinées à battre des records sont des plus imposantes et contraignent les fabricants à les reproduire à des échelles très réduites.

Ainsi, à la même période, Dinky Toys proposera une Thunderbolt réduite au 1/87 et une « speed of the Wind » au 1/70. Ces petites échelles atténuent l’aspect extraordinaire des autos. Western Models proposera une Thunderbolt au 1/43 dans les années 80. A cette échelle, son rendu visuel est tout autre. L’histoire de cette Auto Union de record commence en 1934.

C’est sous l’égide d’un nouveau règlement, introduit cette année là, qu’Auto Union et Mercedes vont faire leur apparition. Ce règlement limite le poids des autos à 750 kg. Il a pour but de limiter les débordements constatés depuis le début des années 30. Les gens établissant les règlements ont toujours eu le souci de contenir la course à la performance.

En introduisant cette nouvelle règle, les institutions sportives pensaient canaliser le savoir-faire des ingénieurs. Le résultat sera contraire à l’effet souhaité. Grâce à des investissements importants, Auto Union et Mercedes vont se livrer une lutte sans merci sur les circuits.

Il est intéressant de savoir que Mercedes s’était intéressée dès 1932 à la compétition mais qu’elle n’avait pas eu les moyens financiers de concrétiser cet intérêt. Les deux constructeurs bénéficieront en fait de l’argent du pouvoir nazi. Ce dernier se servira des succès des flèches d’argent comme vecteur de propagande et les Mercedes arboreront souvent le drapeau frappé de la swastika. L’auteur du livre s’interroge sur le fait que les Auto Union l’arboreront beaucoup plus rarement. Il semblerait que le pouvoir nazi était plus proche de la firme à l’étoile. Dès la création de la monoplace « type A », des tentatives de record sont effectuées victorieusement dans la classe C (3000cc à 5000cc). L’opportunité de tester l’auto sur le circuit de l’Avus permet à la firme aux anneaux d’engranger ses premiers succès. Les records de vitesse sont à cette époque très populaires auprès de l’opinion publique. Plus tard, lorsque la rivalité entre les deux constructeurs allemands sera à son apogée, le pouvoir nazi n’hésitera pas à programmer, durant l’intersaison une semaine de lutte entre les deux écuries afin de se glorifier des nouveaux records qu’elles battront. Elle prendra le nom de : « Rekord Woche ». C’est durant l’une de ces furieuses batailles que le pilote Allemand Bernd Rosemeyer perdra la vie.

Revenons à notre tentative de record. Nous sommes en Italie, sur l’autoroute entre Pise et Florence, à Lucques exactement, le matin du 15 Février 1935. On peut facilement imaginer que le pouvoir nazi avait interféré dans le choix de cette localisation. Il devait montrer sa force, y compris à son alliée, l’Italie fasciste.

Après de nombreuses recherches sur le sujet, je vous propose ma version des faits. L’auto apparaît pour sa première tentative avec les ailes arrière carénées, des sabots derrière les roues avant et des jantes flasquées. C’est cette version que choisit de reproduire Dinky Toys Liverpool. Les premiers modèles sont équipés d’un pilote. Par rapport au modèle produit en France, uniquement après guerre, la version anglaise possède un axe arrière pincé à chaque extrémité, ce qui a obligé les concepteurs à transpercer les ailes. Les versions d’avant-guerre aux couleurs flatteuses seront ou non équipées de numéros. Ces derniers étant compris dans une séquence de 1 à 6. Malheureusement ces versions souffrent souvent de la fatigue du métal. A ma connaissance, Liverpool ne proposera ses voitures allemandes dans leur livrée argent qu’après guerre.

Un mot sur le très beau coffret que Binns road proposera. Un petit texte imprimé sur un papier collé au dos du couvercle explique le choix de Liverpool. Force est de constater la domination des machines allemandes à l’époque. Dans ce beau coffret de trois véhicules, deux places sont donc réservées aux autos germaniques. La troisième place est prise par une « Speed of the Wind » de record de vitesse : les monoplaces anglaises à l’époque ne brillaient guère ! Le moule de l’Auto Union est utilisé en France après guerre. La version équipée de jantes en zamac peintes de couleur verte est très peu fréquente. Il existe plusieurs variantes au niveau de ce que l’on peut considérer comme le bouchon de radiateur. Il est fort possible que le moule se détériorant, Meccano France l’ait retravaillé au fur et à mesure de la production. Il semble que les premiers essais de l’auto ainsi carrossée n’aient pas été un succès. Il y a souvent une différence entre la théorie et la pratique. Ce qui semblait efficace sur une table à dessin du bureau d ‘étude se révélera beaucoup moins convaincant durant les premières tentatives. Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de cette histoire.

Le bonbon le plus rapide du monde – 2

Quelques autres clichés des différentes déclinaisons de cette MG EX 135 de record reproduite par Dinky Toys. Il y a trois découpes de peinture :

  • A rayures, type « Humbug », numérotée de 7 à 12
  • Type fuseau qui s’évase au niveau du cockpit, numérotée de 1 à 6
  • Avec un triangle numérotée de 7 à 12
  • Chaque numéro possède ses propres couleurs.
MG EX 135 Dinky Toys
MG EX 135 Dinky Toys

Les autos n’ont jamais eu d’étuis individuels. Elles étaient bien sûr vendues en boîte de six. Voici deux types de boîtages (avant et après guerre). Le second possède même la double référence. Il fallait un peu d’ingéniosité pour pouvoir mettre les six dans la boîte, qui avait été calculée au plus juste !

Une Fairlady à la conquête des Amériques

Régulièrement, les habitants de la paisible bourgade d’Esher en Grande-Bretagne, assistent à un étrange ballet : dès 6 heures du matin, affluent vers le champ de courses local, Sandown Park, des autos, des breaks et camionnettes chargés d’étranges denrées, des milliers de jouets. La queue s’étend au-delà du portail de l’entrée du site, obligeant les organisateurs de l’événement à se faire épauler par un service d’ordre bon enfant.

rare boîte de Fairlady
rare boîte de Fairlady

Les gens qui n’exposent pas, comme moi, sont parqués sur une autre aire. Lorsque je franchis l’entrée, j’ai toujours les yeux rivés vers le haut du parking. Je cherche du regard un ami collectionneur belge. Il arrive toujours dans la nuit et attend patiemment l’ouverture des portes. Le rituel de cette rencontre est rassurant. Toujours garés à la même place, nous nous saluons et échangeons quelques mots.

Lors de mon dernier voyage, il m’annonce que, connaissant mon intérêt pour les jouets en plastique, il a décidé de céder quelques pièces lui appartenant. Il a dans la malle de son auto un carton avec plusieurs jouets. Je suis navré de constater que je les possède déjà, lorsqu’au fond du carton, j’aperçois une dernière petite boîte. Celle-ci n’évoque rien pour moi.

Lui-même ne connaît pas ce modèle. Il me dit que ce doit être une MG ou autre petite anglaise. A l’ouverture de l’étui, j’ai moins de doutes sur son identification. Je crois reconnaître une Nissan. Le jouet est superbe, il ne ressemble à rien de connu.

Je fais tout de suite le lien avec les productions de jouets japonais du début des années 60. Les informations écrites sur la boîte sont en anglais, ce qui me fait penser à un produit destiné au marché américain. Le nom du fabricant, Grand Toys m’est inconnu. Une fois l’auto acquise, j’en parle à quelques autres amis collectionneurs présents sur place. Ils me confirment que c’est bien une Nissan mais aucun n’a entendu parler de ce jouet.

Mon ami Clive Chick, grand spécialiste des autos japonaises ouvre des yeux éberlués. Il se rend très régulièrement au pays du soleil levant, mais jamais il n’a croisé ce jouet. Un détail nous fait rire. Comme souvent chez les fabricants de Hong-Kong, la numérotation est totalement fantaisiste. Ainsi, ce petit fabricant n’a pas hésité, afin de donner un peu de crédibilité à sa série à numéroter ce modèle 671. Par expérience, on peut imaginer qu’il y a au moins une 670. En effet, une série de deux est bien le minimum. C’est souvent par paires que les petits fabricants opèrent. De plus, la logique voudrait que la numérotation commence avec une décimale.

Curieux, j’ai cherché des renseignements sur l’auto. D’après mes recherches, ce petit modèle en plastique, au 1/43, serait une S211 de 1959 dont il aurait été produit 20 exemplaires.

Elle débute la célèbre lignée des « Fairlady ». Ce nom aurait été donné en rapport avec la comédie musicale très en vogue à l’époque sur Broadway « My Fair Lady ».

C’est en effet pour le marché américain que Nissan avait programmé cette auto. D’après les amateurs de la marque japonaise, c’est bien d’une MG que se serait inspiré Nissan. Cela renvoie finalement à ce que mon ami belge avait cru identifier en me présentant sa miniature. Nissan a commencé à s’implanter aux USA à la fin des années 50. Le chemin qui mène à la reconnaissance sera long. Les débuts sont très modestes, il n’y a que 10 revendeurs dans le pays dont un, selon les dires d’un spécialiste de la marque, tenait également une entreprise de pompes-funèbres. Peut être faut il y voir une complémentarité avec le comportement sportif de l’auto !

Mais vaille que vaille Nissan, comme les autres fabricants Japonais, saura se montrer patient. La marque tissera sa toile sur tout le continent américain pour devenir un des leaders mondiaux. J’ai profité de l’occasion pour sortir de mes vitrines d’autres modèles de « Fairlady ». La première est produite par Cherryca Phenix. Elle se singularise par un troisième siège placé transversalement à l’arrière. Ce détail m’a toujours intrigué. Les modèles produits par Diapet sont des millésimes 1966-1967. Ils ressemblent furieusement à la MG « B ». Diapet reprendra quelques moules de Cherryca Phenix, les derniers, souvent en les améliorant (parties ouvrantes par exemple). Mais pour ce qui est de la Fairlady, c’est bien d’un moule nouveau qu’il s’agit.

N’hésitez pas à me contacter si vous avez d’autres informations sur la petite marque Grand Toys.