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Mon van au Canada

La firme canadienne Real Types a conçu une gamme équilibrée de miniatures représentative du paysage routier nord-américain. Une camionnette de livraison y a naturellement sa place. Le choix s’est porté sur un véhicule de la marque Chevrolet. Le modèle P20/P30 :  remerciements à Steven Goodstein pour cette précision.

Real Types chassis "Made in Canada"
Real Types chassis « Made in Canada »

Il ressemble au modèle produit par la firme International qui, lui a a été conçu par Raymond Loewy, celui-là même à qui l’on doit les célèbres Studebaker des années d’après guerre. Raymond Loewy marqua de son empreinte le design des automobiles mais également des objets usuels. C’est lui qui créa, entre autre, la fameuse bouteille d’un soda venu d’outre-Atlantique. Le modèle aura une carrière très longue et connaîtra des évolutions, mais sa physionomie générale n’en sera pas modifiée. L’image qui vient à tous les amateurs est celle de la flotte de fourgons aux couleurs du célèbre service de livraison « UPS ». Il en existe de nombreuses reproductions mais, curieusement, aucun fabricant de jouets renommé ne mettra ce modèle à son catalogue.

C’est pourtant un véhicule très représentatif du paysage américain qu’on retrouve nécessairement dans les films et les séries télévisées.

Les versions proposées par Real Types sont superbes. Les décorations bicolores sont harmonieuse et flatteuses à l’œil : le fabricant canadien ne s’est pas contenté de livrées unicolores Rcomme le fera plus tard Hubley. Si les modèles produits à Lancaster pour Hubley possédaient parfois une planche de décorations à apposer soi-même, les versions Real Type étaient vendues toutes décorées.

J’ai découvert cette version TCA, une compagnie de fret canadien, portant la référence RT240, en visite chez Steve Butler. Elle m’était totalement inconnue.

J’ai pu m’en procurer un exemplaire quelque temps plus tard. Steve Butler par contre ne connaissait pas la version « Eaton’s of Canada » que nous possédions depuis longtemps. « Eaton’s of Canada » était une chaîne de grands magasins implantée au Canada. Cette enseigne a disparu il y a quelque temps bien qu’elle ait occupé très longtemps une place prépondérante dans le pays. Tootsietoys a également produit pour cette enseigne un « panel van » aux couleurs rouge et bleu caractérisant la chaîne de magasins. Il faut d’ailleurs signaler la présence de deux versions. La société avait certainement dû commander une nouvelle série, mais la firme « Real types » n’existant plus, il est probable qu’elle ait été dirigée vers Hubley. La deuxième mouture, à la nuance plus claire, possède en effet un châssis gravé « Made in USA ». L’existence d’autres versions est fort probable. Ainsi, sur un listing figurant au dos d’un emballage canadien un mystérieux « bread van » apparaît.

Je suis bien sûr preneur de toute information complémentaire : n’hésitez pas à me faire part de vos trésors !

De l’Ontario à la Pennsylvanie …

…  la route est longue !

Les réponses fournies par les courageux participants au concours de décembre dernier, au sujet de l’identification de ce modèle m’ont fait plaisir. Une grande majorité des participants a su éviter le piège. Si l’identification du fabricant du modèle était facile, Real Toys, son pays d’origine l’était beaucoup moins.

Real Types : très peu fréquentes versions canadiennes
Real Types : très peu fréquentes versions canadiennes

Je vous propose de revenir en arrière, et de tenter de comprendre l’origine de cette série de miniatures. La gamme à laquelle appartiennent notre camionnette International Metro et les autos présentées ce jour est dénommée par Hubley : « Real Toys ».

Dans son ouvrage consacré à la firme « Hubley Toy Vehicles : 1946- 1965 », Steve Butler n’hésite pas à comparer cette gamme avec les « Corgi et autres Dinky ». Il a raison.

Si des firmes américaines comme Tootsietoys, avant guerre, avaient pu rivaliser en qualité avec leurs concurrents européens, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce n’est plus le cas. Leur objectif est désormais la production de masse à moindre coût. Pour y parvenir, les détails sont négligés et les accessoires rapportés inexistants. Au fil des ans, l’écart ne fera que s’accentuer par rapport aux modèles européens qui bénéficient de nombreuses innovations.

A l’aube des années 60, l’apparition des Real Toys dont la gamme est équipée de vitres, de jantes chromées et de calandres rapportées, fera l’effet d’une petite bombe.

De nombreux collectionneurs européens se lanceront dans la recherche de ces miniatures en utilisant leurs correspondants d’outre-Atlantique dès leur sortie.

En fait les véhicules de la gamme « Real Toys » viennent du Canada. Ils ont été créés et produits par Burslem Industries Limited, société située 1339 Martin Grove Road, Rexdale, Ontario, Canada. Il n’y a aucun catalogue concernant cette gamme. Il semble qu’Hubley implantée à Lancaster (Pennsylvanie) se soit contentée d’assembler et de peindre des carrosseries injectées au Canada, probablement pour des raisons douanières. Cette circonstance explique la présence de châssis « Real Types » made in Canada, puis made in USA avant l’apparition de la mention « Real Toys ». Il suffit d’agir par déduction. Les premiers modèles portant le logo « Real type » n’ont pas de vitrage et possèdent des roues monobloc en zamac. Ils sont rares et bien antérieurs à ceux équipés de vitrage et de jantes chromées. Il se pourrait que Hubley séduit par ce concurrent Canadien, ait signé un contrat de sous-traitance afin de moderniser sa gamme. Cette hypothèse se trouve confortée par le fait qu’à la même époque Hubley lance une autre gamme de véhicules de qualité, à une échelle assez proche de celle des Real Toys baptisée « Tinytoys ». Celle-ci était composée d’utilitaires, plus particulièrement d’engins de travaux publics. La gamme en provenance du Canada était complémentaire.

Les modèles présentés ce jour ont un grand intérêt. Ils appartiennent à la première génération et sont bien plus difficiles à se procurer que leurs homologues américains. Il faut distinguer les modèles du début, sans vitres et équipés de jantes moulées en zamac et ceux venant ensuite, avec vitrage et jantes chromées. La première référence RT10, est celle de la Dodge Royal. C’est un modèle très rare. Il en est de même de la référence suivante, RT20 qui est celle de la Ford Fairlane. Ces deux modèles ne seront pas repris aux USA. La Ford Fairlane sera produite ensuite dans une version voiture de police (RT150) et dans une version Taxi (RT180). Ces deux versions, par contre, seront reprises à Lancaster, et à cette occasion, la version Taxi troquera sa belle robe rouge et noire pour le traditionnel jaune des cabs new-yorkais. Une dernière version verra le jour sur la base de la Ford Fairlane, toujours au Canada, sous la référence RT150 : il s’agit d’une « accident squad car », de couleur jaune qui possède un projecteur sur le pavillon emprunté à la version ambulance de la Chevrolet.

Les autres modèles photographiés sont tous des versions canadiennes, reconnaissables outre leurs caractéristiques techniques décrites précédemment par des couleurs de carrosserie différentes. A ma connaissance, seule la GMC Firebird III possède la même couleur dans les deux gammes. Enfin, le rare coffret de panneaux (RT70) portant l’appellation « canadian traffic signs » est très intéressant. Il confirme la provenance et le marché auquel est destiné ce modèle. Ce coffret, bien sûr ne sera pas repris aux USA.

Cette gamme est passionnante. Nous continuerons dans les semaines à venir à vous la faire découvrir, et nous vous promettons d’autres surprises !…

Ralstoy Autocar semi remorque citerne

Ralstoy Autocar semi remorque citerne

Pour les amateurs, voici une liste complémentaire de firmes ayant commandé à Ralstoy des modèles Autocar publicitaires sur la basse de semi-remorques citernes. Ce sont des modèles que nous venons d’acquérir, mais que nous n’avons pas eu le temps de photographier.. la liste est loin d’être exhaustive.

A vous de chercher !

  • Fleet Gasoline (blanc/rouge)
  • Inland Petroleum Transportation Co (gris)
  • O’ boyle tank lines (ivoire)
  • Orr-Shaw Oil Corp./ Atlantic (blanc)
  • P.I.E (Pacific Intermountain Express) (3 couleurs argent; jaune; ou blanc)
  • Sunnyside/Atlantic (blanc)

Plein d’essence chez Phillips 66

Les miniatures Ralstoy symbolisent assez bien l’univers que j’ai décrit dans la rubrique « au bout de la nuit » (numéro 109, classé à Ralstoy). D’après Steve Butler ces véhicules représentent des camions de la firme Autocar.

parking de la route 66
parking de la route 66

Dans un courrier qu’il m’a adressé il y a une dizaine d’années il avait hésité entre une reproduction de Mack ou d’Autocar. Steve Butler a publié de nombreux ouvrages sur les miniatures promotionnelles aux USA, mais également sur Tootsietoys et Hubley. II publie depuis de très nombreuses années dans la revue mensuelle « Antique Toy World » une chronique où il évoque ses souvenirs et raconte ses trouvailles de collectionneur. C’est toujours intéressant. C’est souvent passionnant.

C’est d’autant plus remarquable que les revues spécialisées ont, pour la plupart d’entre-elles beaucoup de difficultés à sortir d’un schéma classique. Elles se contentent souvent d’empiler des informations indigestes et sans vie et de présenter des listes que peu de collectionneurs parcourent tellement elles sont rébarbatives.

Le style de Steve Butler c’est tout l’inverse ! C’est un homme qui élargit l’horizon du collectionneur. Le sujet des articles importe peu, c’est la forme et la passion qui dominent.

A l’instar de Cam Cast, Ralstoy est une petite firme américaine créée par A. Massey en 1950 à Ralston qui a proposé des véhicules à usage promotionnel. Ralstoy a diffusé dans le commerce des coffrets de tailles différentes contenant des tracteurs Ford et Autocar et un assortiment de remorques : tôlé, citerne, plateau, porte-engin, fardier, ridelles hautes.

Dans ces coffrets, les remorques portent généralement un sticker “Fruehauf”. Il arrive que certains coffrets contiennent une remorque avec un label publicitaire. Il est facile d’imaginer que la firme a employé des commerciaux afin de démarcher les éventuels clients. Pour les modèles présentés, il s’agit de distributeurs d’essence. Ces modèles entraient en concurrence direct avec Tootsietoys. La firme de Chicago a produit de nombreux promotionnels sur la base du Mack semi-remorque fourgon, mais elle n’a fabriqué que deux versions promotionnelles sur la base de la semi-remorque citerne : une pour “Union Carbide” et une autre pour les produits laitiers Bordens. On pourrait donc penser que Ralstoy occupait ce terrain commercial. Les quantités produites n’ont pas dû être très importantes. Même aux USA, on ne les rencontre que rarement. En fait, une rapide analyse me pousse à penser que Ralstoy proposait plus facilement le tracteur Ford que l’Autocar pour accompagner ces citernes. Cela peut peut-être s’expliquer par le coût de fabrication…la quantité de zamac n’est pas la même pour injecter une cabine avancée comme le Ford qu’une cabine à capot comme l’Autocar

Il faut cependant reconnaître que les cabines à capot ont beaucoup de charme, notamment pour nous Européens. Elles symbolisent à merveille les grandes distances et les grands espaces traversés d’Interstates. Par manque d’information la plupart des collectionneurs américains se désintéressent de ces modèles. J’y ai toujours vu un attrait supplémentaire.

Le fait d’en voir très peu est un signe de rareté évidente. Cela ne doit pas décourager l’amateur : il faut toujours garder l’espoir d’en découvrir !

Au bout de la nuit

Chaque arrivée sur le sol américain me ramène aux souvenirs de mon premier voyage aux USA.

Dès les années 80, mon père et moi avions été attirés par l’éventualité d’un tel voyage. Nos vitrines accueillaient alors très peu de miniatures d’outre-Atlantique mais nous avions des contacts avec des collectionneurs américains de Tekno et de Dinky Toys.

Semi-remorques Ralstoy
Semi-remorques Ralstoy

C’est au milieu des années 80 que je suis parti pour la première fois aux Etats-Unis, davantage en tant que professionnel qu’en tant que collectionneur.

Mon choix s’est porté sur la bourse de Chicago qui avait la réputation d’être la plus importante du monde !! Elle commence le mercredi dans deux hôtels et se prolonge durant trois jours.

Les gens installent de véritables petits magasins dans leurs chambres transformées en échoppes. Les plus organisés amènent des étagères et des vitrines mais tout est bon pour présenter ces milliers de jouets : ainsi, les lits, les guéridons, les tables de nuit et même les tables à repasser sont réquisitionnées ! J’ai souvent pensé aux femmes de ménage qui devaient composer avec ces étalages !

Une chose m’a marqué : dans toutes les chambres, les télévisions fonctionnent 24 heures sur 24… ainsi peut-on on suivre en allant de chambre en chambre, là un film, là une série. Cela permet à chaque visiteur de donner son avis sur l’émission regardée ! L’autre détail qui m’a frappé, c’est la climatisation réglée au plus froid dans toutes les chambres. Mais quel souvenir ! La journée consiste à arpenter les étages et à visiter une succession de chambres, les organisateurs fournissant des plans avec les numéros et l’identité des locataires.

Certains marchands ne déballent qu’à certaines heures et l’indiquent sur leur porte. Durant cette semaine, les deux hôtels sont réservés aux amateurs de jouets. Les voyageurs non collectionneurs sont invités à trouver un hébergement plus paisible ! Ces établissements sont situés à environ 70 kms à l’ouest de Chicago. Encore fallut-il y arriver… À peine descendu de l’avion, après plus de 10 heures de vol et le passage au service de l’immigration qui est toujours un peu impressionnant la première fois, il m’a fallu attraper la navette qui amène les clients vers les différents loueurs d’autos.

L’aéroport est tellement étendu que les loueurs sont installés à plusieurs kilomètres des terminaux. C’était au mois d’octobre et il faisait déjà nuit en cette fin d’après midi. Après avoir rempli le contrat, le préposé m’a expliqué que je n’avais plus qu’à choisir mon auto sur le parking, les clefs étant déjà sur le tableau de bord. Pour être tout à fait exact, je n’ai choisi que la couleur car les modèles correspondant à ma catégorie étaient tous identiques. Je n’avais jamais conduit de véhicule avec une boîte automatique et je ne savais pas qu’il y avait une sécurité enfants à débloquer. Passé le moment d’euphorie dû au choix de la couleur, il a fallu me rendre à l’évidence : impossible de faire démarrer la voiture. J’ai dû aller chercher un membre du personnel qui n’a pas tout de suite compris mon problème (sans que je sache si son incompréhension était due à mon accent ou au fait qu’il était inimaginable que quelqu’un ne sache pas faire démarrer une telle auto aux USA). Lorsque l’auto s’est ébranlée, j’ai bien vu dans son regard, mi-inquiet, mi- désapprobateur, qu’il avait de gros doutes sur les chances de revoir son véhicule en bon état.

Le plus dur commençait. La nuit était là, et je devais rejoindre l’hôtel. J’avais étudié le trajet sur carte une bonne dizaine de fois, cette carte que j’avais eu tant de mal à obtenir.

Un peu plus tôt j’avais en effet demandé un plan au comptoir de l’agence. Mon interlocuteur m’a demandé ma destination puis m’a simplement invité à consulter l’ordinateur qui se trouvait à l’entrée de l’agence … Ce qui est aujourd’hui très banal, m’avait, il y a 20 ans, stupéfait. Un respectable papi qui aurait pu poser pour une publicité vantant des produits vitaminés destinés au troisième âge occupait déjà la console…et moi qui m’étais toujours contenté de cartes traditionnelles je ne savais pas me servir de cette machine. J’ai mesuré l’avance que les anglo-saxons avaient sur nous au niveau de l’informatique. Depuis j’ai rattrapé un peu de mon retard  [ Et comment ! note du webmestre 🙂 ] . A peine sorti du parking, je me suis embarqué sur des bretelles qui se croisaient et se recroisaient et des ponts qui enjambaient des rubans d’autoroutes : un entrelacs de bitume !

Sans trop de soucis finalement j’ai fini par trouvé mon « interstate ». Rassuré ! Accroché au volant de ma petite auto, je me tenais bien à droite et je respectais scrupuleusement la limitation de vitesse. Bon c’est vrai, tout le monde me dépassait. Au bout de quelques minutes a surgi derrière moi un énorme camion qui se rapprochait très vite.

Un coup de klaxon et le camion m’avala d’un seul trait. J’ai eu le loisir d’admirer ces superbes semi-remorques que Ralstoy a su si bien reproduire.

Une minute et quelques coups de klaxon plus tard, un second poids lourd me laissa sur place. J’ai vite compris que ma petite auto de location ne survivrait pas à ce train de sénateur et qu’il fallait adapter ma vitesse à celle des autres conducteurs.

Lorsque je me renseignai le lendemain sur les usages de la route, on m’a expliqué que les limitations de vitesse n’étaient véritablement appliquées qu’en zone de rase campagne. J’ai par la suite croisé plusieurs autos de police qui n’ont pas infirmé cette tolérance. Je trouve la conduite là-bas assez dangereuse. Les gens doublent à droite, à gauche, il y a peu de règles. Personne ne trouvera à redire si, grâce à une accélération brutale, un conducteur coupe la route aux autres véhicules pour rejoindre la bretelle de sortie de l’autoroute. Après toutes ces émotions, au bout de cinquante minutes, j’ai fini par apercevoir l’enseigne de l’hôtel au bord de l’intersate. Elle brillait, telle ma bonne étoile. Ce fut un grand soulagement. J’avais réussi mon premier examen.

Jamais je n’oublierai le bien-être que j’ai ressenti en refermant la porte de ma chambre d’hôtel… Moi qui croyais jusque-là faire un métier facile …