Archives de catégorie : Grande Bretagne

Destins contrariés-2

Destins contrariés-2

Suite de l’épisode précédent. voir l’article précédent.

Chad Valley autos de record profilées
Chad Valley autos de record profilées

Chad Valley aussi inscrira à son catalogue une étrange auto que les amateurs ont décrite comme une Sunbeam carénée de record. Je me suis renseigné auprès de collectionneurs anglais compètents comme Robert Newson.

Pour lui, cette auto est une auto générique.Il semble que les amateurs aient été abusés par le fait que Chad Valley a reproduit majoritairement des autos du groupe Rootes. C’est de là qu’est venue l’idée d’attribuer cette auto à Sunbeam.

Or d’après mes recherches, il n’y a pas eu de Sunbeam avec un pavillon caréné. On imagine une auto conçue pour des records d’endurance comme la célèbre Renault Nervasport ou l’Hotchkiss carénée. Il n’en reste pas moins que cette auto est assez peu fréquente.

T and B Austin "Flying canary"
T and B Austin « Flying canary »

Le modèle suivant est des plus étranges. On pourrait croire à une monoplace. C’est sa couleur jaune qui a aidé les amateurs de voitures de record à l’identifier comme une Austin de record.

Cette auto dénommée « Flying Canary » est apparue sur le circuit de Brooklands en mai 1931. Austin souhaitait s’approprier le record détenu par sa rivale MG dans la catégorie moins de 1 litre de cylindrée (750cc). On notera ici que tous les prétextes (cylindrée du moteur) pour battre des records étaient bons.

L’auto arriva à Brooklands pour les Coupes de Pâques où elle ne réussit pas à boucler plus d’un tour. Cependant, sa forme originale et surtout sa couleur avaient frappé les esprits, au point de lui valoir son sobriquet. Après ces débuts désastreux, Austin revit sa copie, lui permettant de battre les records de MG, tant à Brooklands qu’à Montlhéry, et incitant Taylor and Barrett à l’inscrire à son catalogue.
Cela n’empêcha pas Taylor and Barret de l’inscrire à son catalogue. Compte tenu de la rareté de la miniature j’imagine que la production n’a pas été très importante.

Jo Hill Co "Silver Bullet"
Jo Hill Co « Silver Bullet »

La Silver Bullet, autre auto de records de la même génération, a été immortalisée par Jo Hill Co. Là aussi ce ne sont pas ses performances qui ont donné prétexte à Jo Hill Co pour reproduire l’engin mais plutôt ses formes impressionnantes.Imaginez un long cigare que termine deux dérives verticales reliées par un stabilisateur horizontal.

En vitrine, ce jouet attire immédiatement le regard. On imagine la prouesse du fabricant pour réaliser cette miniature : les stabilisateurs étaient soudés à la main à la carrosserie.

Toutes ces autos constituent un formidable témoignage de cette conquête de records. Au vu de leur diversité on mesure l’engouement du public pour ces autos. Aujourd’hui il serait mal venu de glorifier la vitesse sur la route.

 

Destins contrariés

Destins contrariés

Les anglais ont toujours nourri une passion pour la vitesse, sur terre mais aussi sur mer. Etre le plus rapide, détenir le record absolu a toujours constitué l’objectif ultime et nombreux sont ceux qui ont tenté de s’approprier ce fameux trophée : la présence du drapeau britannique, l’Union Jack, sur la carrosserie des bolides atteste de l’ambition et de la fierté nationales.

Nelson Lee Babs et Sunbeam
Nelson Lee Babs et Sunbeam

A l’évocation des records du monde de vitesse, l’amateur d’automobiles  pense immédiatement aux Bluebird et à la famille Campbell.

Ces noms symbolisent à eux seuls la quête de records de vitesse. L’histoire a retenu les vainqueurs et les records battus. Les fabricants de miniatures auraient dû suivre cette logique.

Pourtant en analysant les miniatures dans mes vitrines et surtout en recherchant les performances de ces dernières on s’aperçoit que les fabricants de jouets ont parfois été plus sensibles à la forme extraordinaire des engins qu’à leurs réelles performances.

Nelson Lee Babs
Nelson Lee Babs

Prenons la Babs. Sa seconde  tentative  de record échoua  dans les sables humides de la plage de Pendine en 1927. En s’arrachant la chaîne de transmission a tué sur le coup son pilote concepteur, Parry-Thomas.

J’ai découvert cette auto il y a fort longtemps à travers une reproduction artisanale en white metal de toute beauté de chez Mac. J’ignorais jusqu’à peu qu’elle avait été réalisée aussi sous la forme d’un jouet, de manière quasi contemporaine de sa tentative de record. Le modèle est  reproduit en tôle lithographiée pincée à l’échelle du 1/55 environ. Une étrange inscription figure sur la carrosserie : « given with Nelson Lee » (offerte avec Nelson Lee).

Cette miniature a effectivement été offerte par la maison d’édition qui publiait  des récits d’aventure pour les adolescents anglais. On imagine que la quête des records  de vitesse, les échecs et les drames qui y étaient associés devaient tenir en haleine le lectorat.   Je connais au moins deux autres autos reproduites sous cette forme : une Bluebird de 1928 et la Sunbeam que je vous présente plus loin. J’imagine assez bien qu’elle devait être offerte « à plat » dans la revue, l’enfant étant chargé de la construire.

 

Sunbeam 1000HP promotionnelle
Sunbeam 1000HP promotionnelle

La Sunbeam 1000 HP pourra, elle,  s’enorgueillir d’avoir détenu le record mondial de vitesse sur terre. Elle battit le précédent record en atteignant 203,79 mph (327,97 km/h) en 1927 à Daytona Beach. Cette performance est inscrite sur le flanc de la seconde miniature présentée ce jour. Fabriquée de façon monobloc en aluminium elle fut certainement offerte comme presse-papier par Subeam. Elle est réduite à une échelle proche du 1/50. L’auto a beaucoup de charme, malgré son aspect statique.

 

"The Modern Boy" Sunbeam 1000HP
« The Modern Boy » Sunbeam 1000HP

Cette auto fut aussi immortalisée par la société  qui éditait le magazine d’aventure « the modern boy » concurrent  de la société Nelson Lee. Elle est aussi  en tôle lithographiée mais plate. Livrée dans le magazine, l’enfant avait juste le socle à former.  L’artiste l’a représenté de trois quarts, ce qui lui donne un aspect vivant. Il existe dans cette série d’autres engins  ayant pour point commun la vitesse. (voir la suite de l’article)

 

Trouver sa place

Trouver sa place !

« Je suis là depuis trois jours, je n’ai pas vu un seul film. Je n’arrive pas à m’intégrer. Je ne sais pas où me mettre. Il n’y pas tellement de bistrots à Cannes »

 

niveleuse
niveleuse

Ainsi parlait la romancière Marguerite Duras dans une interview à un journaliste radio en 1975 lors du festival de Cannes. Elle disait combien elle était contrariée par l’absence de cafés ou de restaurants bon marché, d’endroits d’où l’on peut observer les gens en prenant du bon temps. Avec des mots simples, sans superlatif, sans chercher à donner d’elle-même une image flatteuse, elle expliquait son désarroi et son ennui.

Dans le monde artificiel du cinéma, des récompenses et des paillettes, elle ne trouvait pas sa place.

Revenu dans l’univers de la collection de miniatures automobiles, je me suis fait cette réflexion à propos des toutes petites firmes de jouets d’origine anglaise. Trouver sa place sur le marché en Grande-Bretagne fut difficile pour beaucoup d’entre elles. Il faut dire que le marché était dominé par quatre groupes puissants dont chacun possédait une marque proposant des miniatures : Meccano (Dinky Toys), Mettoys (Corgi Toys) Tri-Ang Minic (Spot-On) et Lesney (Matchbox).

Ces quatre-là dominaient sans partage le marché, ne laissant que des miettes aux autres.

Quelques petites firmes avaient réussi à se faire une place dans la miniature grâce à leur activité première, celle des figurines. Profitant de leur implantation dans les magasins de jouets, elles avaient inscrit des miniatures à leurs catalogues. Ce fut le cas de Crescent Toys, de Charbens et de Jo Hill Co. On trouve ensuite un ensemble hétéroclite de petites firmes qui se partageaient le reste du marché. La plus prolifique fut Morestone devenue par la suite Budgie Toys. Enfin une kyrielle de petites firmes produisait de façon plus ou moins éphémère des jouets de qualité aléatoire.

On imagine bien que les jouets issus de ces petites entreprises, quasi artisanales pour certaines, furent distribués à travers un réseau de revendeurs particuliers : celui des magasins à qui les grandes marques étaient refusées : le réseau des bazars. Implantés dans des zones rurales ou ouvrières, ces magasins proposaient des produits bon marché de fabrication asiatique (Empire made) ou anglaise, issus de petites firmes.

Jouets souvent simples, désuets, ils ont pourtant beaucoup de charme. Un thème revient particulièrement : celui des travaux publics. Ainsi, au fil des années j’ai pris un grand plaisir à rassembler ces petits jouets. Il y a 25 ans ils n’intéressaient pas grand monde. Désormais ce n’est plus le cas. Malheureusement.

Voici donc un échantillon d’engins de travaux publics provenant de petites firmes anglaises. La principale difficulté est de trouver ces jouets en excellent état de conservation et en boîte. Ils en étaient d’ailleurs quelquefois dépourvus à l’origine. Il est intéressant de constater que ces petites firmes ne reculaient pas devant la difficulté. En effet la reproduction de ce type d’engins n’est pas des plus aisées techniquement. La reproduction des chenilles est révélatrice de cette difficulté.

Le prophète – 3

Alors, lequel auriez- vous choisi chez le marchand de jouets du coin de la rue ? Pour ma part , la version avec les autos de manège a ma préférence.

Il est certain que la diffusion a dû se faire dans des bazars. Ces jouets ne pouvant rivaliser en qualité avec les firmes reconnues.

N’hésitez pas à me contacter si vous possédez d’autres versions « baroques » de chez River Series.

Depuis la publication de ces fiches, Monsieur Dufresne nous signale l’existence d’une version équipée d’une toupie à béton et d’une version fourragère. De plus la grue et la citerne existeraient en versions militaire. Enfin, notons l’existence d’un rare coffret transformable. (voir les autres articles sur le River Serie Bedford)

Le prophète – 2

A l’opposé, la firme anglaise Jordan & Lewden qui produisait des miniatures en zamac juste après la seconde guerre mondiale s’est illustrée en ne s’interdisant aucun thème dans sa collection « River Series.

River Series Bedford fourgon
River Series

Sur la base de la reproduction approximative d’un camion Bedford, assez hideux, River Series a décliné une série de carrosseries plus torturées les unes que les autres. Un vrai bonheur pour les collectionneurs qui espèrent toujours trouver une carrosserie inconnue.

Il y a moins d’un an, j’ai ainsi mis la main chez mon ami Simon qui tient une boutique à Halifax, entre Leeds et Manchester, sur une fabuleuse version avec sa boîte d’origine : il s’agit d’un transport de voitures de manège !

Il m’a raconté que le véhicule qu’il me vendait provenait d’une ancienne marchande de jouets de bazar. Il s’agissait donc d’invendus. Il faut dire que le modèle équipé d’un mécanisme à clef devait coûter assez cher. River Series est également le seul fabricant à avoir osé proposer à la vente une citerne pour vidanger les fosses septiques, avec son bras articulé. Présentons enfin la version équipée d’un monte-charge. Là aussi, la fabrication du mécanisme a eu un coût. Viendront ensuite une extravagante grue et sa fléche disproportionné, un modèle équipé d’une nacelle, et une version « benne » assez baroque. Ces structures ne pouvaient pas resservir sur une autre base.

Cette série extravagante est unique. Plus tard les moules du camions Bedford seront vendus en Israël. Gamda se contentera de reproduire les versions bâchées. (voir les autres articles sur le River Serie Bedford)