Porsche 550 : graine de champion

Il faut avec la reproduction de cette Porsche 550, rendre, une fois encore, hommage à Jean de Vazeilles, pour sa clairvoyance et sa connaissance du milieu de la course automobile.

Cette miniature porte le numéro 101, elle est la seconde de la série 100 après la Jaguar type D. Eu égard au palmarès impressionnant de la Jaguar, le choix de cette auto n’a rien de surprenant, c’est le choix d’un connaisseur avisé.

Porsche 550 Solido Tekno
Porsche 550 Solido Tekno

A compter de la fin de la guerre, M. Porsche commence à Gmund en Autriche la fabrication de sa 356. Inutile de rappeler les liens qui unirent ce brillant ingénieur au destin de la Volkswagen. Il avait participé avant la guerre, à la conception des surpuissantes Auto union, avec moteur en position centrale. Après guerre, il transposa cette conception sur la Cisitalia monoplace. C’est sur la pointe des pieds, après la guerre, que les constructeurs Allemands réapparurent en compétition.

La première participation d’une Porsche aux 24 heures du Mans en 1951 fut confiée au tout jeune importateur de la marque en France A. Veuillet. Celui ci remporta sa catégorie (750cc à 1100cc). L’année suivante, la brillante 356 remporta de nouveau sa classe (1100cc) devant une Panhard tout en finissant à une belle 11 ème place au classement général. L’année 1952, marque le retour aux affaires de l’autre firme de Stuttgart, Mercedes, qui remporta le classement général. Les Jaguar, favorites, ont dû abandonner. 1953 est une grande année pour Porsche avec l’apparition de la 550.

La voiture est de conception moderne avec un moteur en position centrale devant l’essieu arrière, une boîte de vitesse en porte à faux et un moteur à 4 arbres à cames en tête. Habillées au Mans d’une carrosserie fermée, les Porsche 550 réalisent le doublé dans leur catégorie (1500cc), avec sur l’une d’elle le grand journaliste pilote, Paul Frère. 1954, voit le retour d’une carrosserie ouverte. Cette année là, les autos Allemandes sont nettement dominées par les Osca dans leur catégorie. A la faveur d’une lutte intestine entre celles- ci jusqu’à 2 heures de l’arrivée, c’est pourtant le constructeur de Stuttgart, qui n’en demandait pas tant qui remporte la victoire. 1955, fut pour Porsche un véritable bond en avant.

Pas besoin de revenir sur la tragédie du Mans, mais à l’arrivée notre vaillante 550 monte à la quatrième place du classement général, assorti d’une victoire à l’indice de performance et bien sûr la victoire dans la catégorie 1500cc. L’écurie réalise même un tir groupé avec les 5 ème et 6 ème places au classement général et également la victoire en 1100cc avec Auguste Veuillet. C’est la version de 1955 que Solido choisit de reproduire.

Après 1955, arrive la 550A, de physionomie similaire, mais qui se distingue par un capot arrière différent, avec des ouïes d’aération latérales et un appuie tête derrière le poste de pilotage. (lire la suite)

Porsche 550 Solido : aux 4 coins du monde

Porsche 550 Solido : aux 4 coins du monde

La programmation par Solido de la reproduction de cette Porsche 550 fut un excellent choix. Dans le contexte des années d’après guerre, le fabricant d’Oulins eut un certain courage de reproduire une auto germanique.

Cette auto de course a été le deuxième modèle produit pas Solido dans le cadre de sa série 100. Il faudra attendre le quatorzième modèle (référence 113) pour voir enfin apparaître une auto de course arborant une robe « bleu France » (DB Panhard).

A la décharge du fabricant d’Oulins, la marque Gordini était la seule marque française à concourir dans le but de remporter une victoire au classement général. Les autres petits constructeurs français se faisaient une spécialité des victoires à l’indice de performance, et dans les catégories inférieures qui n’attiraient pas beaucoup les concurrents étrangers ! Certain journalistes étrangers ne manquaient pas d’ailleurs d’insinuer que l’Automobile Club de l’Ouest favorisait par ses règlements les petits artisans français.

Enfin, tous ces petits constructeurs à l’imagination fertile proposaient d’une saison à l’autre des autos assez différentes ce qui constitue un inconvénient majeur pour les fabricants de miniatures : ces modèles étaient rapidement démodés alors qu’il faut un délai d’environ deux ans entre le choix du modèle et sa réalisation.

A l’inverse, la petite Porsche 550 apparue en 1953 ne change pas de physionomie durant plusieurs saisons. Solido choisit la version de 1955, année qui marque pour Porsche une nette progression.

Porsche 550 Dalia
Porsche 550 Dalia

La miniature voit le jour en 1957 avec la référence 101. Elle fait suite à la Jaguar type D, reine de l’endurance. Comme celle-ci, elle est équipée de suspensions. Cette innovation va révolutionner les jeudis après midi des petits écoliers !

Son châssis est moulé en zamac. Initialement couleur argent, il reçoit rapidement une teinte gris clair. La première version décrite ne doit pas être confondue avec la version danoise (Solido /Tekno) qui reçut une peinture irisée, typique des productions danoises de l’époque.

La carrosserie est monobloc, mais dans le souci d’apporter un petit plus au niveau des détails, un saute vent est réalisé en plastique transparent. Cela n’a l’air de rien, mais il s’agit d’une innovation car à cette époque les fabricants moulaient cet élément avec la carrosserie. (voir par exemple celui de la Jaguar type D de Dinky Toys). Comme toutes les autos de course du début de la série 100, le pilote en plastique connaîtra une transformation durant la production de la miniature. Le second possède bras et jambes, ce qui est un plus pour un pilote de course ! Cette évolution coïncide avec le passage d’un volant de deux branches à trois branches.

Peu de variantes apparaîtront durant l’histoire du spider chez Solido, mais il faut tout de même signaler celle de la couleur du tendelet. La couleur verte (avec des nuances) est très fréquente. Par contre la couleur rouge est très rare. Il semblerait que cette couleur corresponde aux tous premiers modèles. Cette variante n’a pas été listée sur le premier exemplaire du livre de Bertrand Azema.

Nous avons eu la chance de trouver en 35 ans deux exemplaires avec tendelet rouge qui tous deux correspondent avec des autos dont la peinture est recouverte d’un vernis épais, ce que l’on peut constater également sur certaines Mercedes 190sl.

Les jantes en acier chromés n’évolueront guère. Si cette auto aura en France une histoire paisible, le moule connaîtra, lui, une longue carrière à l’exportation due à l’aura grandissante du constructeur de Züffenhausen.

L’aventure commence au Danemark. Soucieux d’élargir sa gamme, Tekno loue à Solido 6 moules, quatre cabriolets et deux autos de course. Il semble bien que le moule de la Mercedes 190sl n’ait jamais fait partie de ce transfert et qu’en conséquence le modèle ne soit jamais sorti au Danemark, bien qu’il soit décrit dans le livre de Monsieur Azema. Les autos de course ont été réalisées dans au moins trois couleurs : le vert, le rouge et l’argent. Dans ces versions le tendelet est de la même couleur que la carrosserie. Le traitement de la peinture des phares diffère sur la version argent : ceux ci sont peints de couleur ocre. Le châssis a reçu une peinture argent irisée, typique des productions scandinaves, bien que la mention « Made in France » soit restée gravée. Compte tenu de la rareté des modèles, on peut penser que la location fût de courte durée. Tekno n’imprimera d’ailleurs pas d’étui particulier et importera de France des étuis « made in France » sur lesquels il se contentera d’apposer, sur un seul côté, une étiquette où figurent ses références. Enfin, le nombre d’étiquettes imprimées ayant été inférieur à celui des boîtes importées il n’est pas rare, au Danemark de trouver des boîtes sans étiquette.

Pour conclure, la présence de ces Solido /Tekno dans un des catalogues Tekno destinés aux détaillants, avec leurs références Tekno, ne peut que conduire à les classer dans les Tekno. L’aventure du moule se poursuit en Espagne, chez Dalia, qui accueillera d’ailleurs un très grand nombre de moules Solido. Détail amusant, Dalia fabriquera aussi des Tekno sous licence ! On voit bien que de nombreux liens reliaient déjà ces firmes européennes…! La petite Porsche issue du moule Solido porte chez Dalia la référence 5 ; elle recevra pour l’occasion un châssis gravé Dalia made in Spain, sans la mention Solido. Elle sera produite dans de nombreuses teintes : des verts plus ou moins foncé, du blanc, du jaune, de l’argent, du rouge, du crème et certainement d’autres couleurs.

Contrairement aux Tekno, celles-ci comme les Solido ont le tendelet peint d’une couleur contrastée. Les boîtes connaîtront des variantes ce qui permet d’établir une durée de vie assez longue. Enfin, le moule demeuré inutilisé pendant plusieurs années sortira d’une retraite bien méritée, pour partir en Amérique du sud, au Brésil en vertu d’un accord portant sur plusieurs anciens moules entre la société Brosol (filiale des carburateurs Solex de Sao Paulo) et Solido. Solido créera en outre pour l’occasion trois moules inédits dont nous reparlerons. Brosol opérera un choix dans la sélection des moules, axé sur la compétition. Nous sommes à l’aube des années 70 mais cela n’empêchera pas ses dirigeants de choisir les moules de la Ferrari 500TRC ou bien de la Porsche 550 qui date du milieu des années 50. Brosol l’affublera des jantes de la Ford MK IV! La finition est de très bonne qualité, supérieure à celle des Dalia. Les châssis peints de couleur noire, portent l’inscription Solido industria Brasileira gravée. Plusieurs couleurs de carrosserie existent : jaune, rouge, bleu, vert et probablement d’autres !

Cette auto a conservé tout son charme. Je ne peux m’empêcher de penser à mon père en écrivant ces lignes. Nous avons en effet commencé notre collection en 1974 par la recherche de miniatures Porsche de compétition. L’appétit venant en mangeant, notre intérêt s’est étendu à l’ensemble des miniatures 1/43ème et nous a finalement conduit à faire le tour du monde pour compléter notre collection!

Je peux dire que ces petites miniatures Porsche de course nous procurent, 35 ans après leur acquisition, toujours autant de plaisir. (lire la suite)https://autojauneblog.fr/2016/04/28/porsche-550-graine-de-champion/