Moko caterpillar

Trouver sa place

Trouver sa place !

« Je suis là depuis trois jours, je n’ai pas vu un seul film. Je n’arrive pas à m’intégrer. Je ne sais pas où me mettre. Il n’y pas tellement de bistrots à Cannes »

 

niveleuse
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Ainsi parlait la romancière Marguerite Duras dans une interview à un journaliste radio en 1975 lors du festival de Cannes. Elle disait combien elle était contrariée par l’absence de cafés ou de restaurants bon marché, d’endroits d’où l’on peut observer les gens en prenant du bon temps. Avec des mots simples, sans superlatif, sans chercher à donner d’elle-même une image flatteuse, elle expliquait son désarroi et son ennui.

Dans le monde artificiel du cinéma, des récompenses et des paillettes, elle ne trouvait pas sa place.

Revenu dans l’univers de la collection de miniatures automobiles, je me suis fait cette réflexion à propos des toutes petites firmes de jouets d’origine anglaise. Trouver sa place sur le marché en Grande-Bretagne fut difficile pour beaucoup d’entre elles. Il faut dire que le marché était dominé par quatre groupes puissants dont chacun possédait une marque proposant des miniatures : Meccano (Dinky Toys), Mettoys (Corgi Toys) Tri-Ang Minic (Spot-On) et Lesney (Matchbox).

Ces quatre-là dominaient sans partage le marché, ne laissant que des miettes aux autres.

Quelques petites firmes avaient réussi à se faire une place dans la miniature grâce à leur activité première, celle des figurines. Profitant de leur implantation dans les magasins de jouets, elles avaient inscrit des miniatures à leurs catalogues. Ce fut le cas de Crescent Toys, de Charbens et de Jo Hill Co. On trouve ensuite un ensemble hétéroclite de petites firmes qui se partageaient le reste du marché. La plus prolifique fut Morestone devenue par la suite Budgie Toys. Enfin une kyrielle de petites firmes produisait de façon plus ou moins éphémère des jouets de qualité aléatoire.

On imagine bien que les jouets issus de ces petites entreprises, quasi artisanales pour certaines, furent distribués à travers un réseau de revendeurs particuliers : celui des magasins à qui les grandes marques étaient refusées : le réseau des bazars. Implantés dans des zones rurales ou ouvrières, ces magasins proposaient des produits bon marché de fabrication asiatique (Empire made) ou anglaise, issus de petites firmes.

Jouets souvent simples, désuets, ils ont pourtant beaucoup de charme. Un thème revient particulièrement : celui des travaux publics. Ainsi, au fil des années j’ai pris un grand plaisir à rassembler ces petits jouets. Il y a 25 ans ils n’intéressaient pas grand monde. Désormais ce n’est plus le cas. Malheureusement.

Voici donc un échantillon d’engins de travaux publics provenant de petites firmes anglaises. La principale difficulté est de trouver ces jouets en excellent état de conservation et en boîte. Ils en étaient d’ailleurs quelquefois dépourvus à l’origine. Il est intéressant de constater que ces petites firmes ne reculaient pas devant la difficulté. En effet la reproduction de ce type d’engins n’est pas des plus aisées techniquement. La reproduction des chenilles est révélatrice de cette difficulté.