Ingap Ferguson P99 formule 1

Quelle barbe la Formule 1 !

Les vieux collectionneurs sont souvent désabusés. On les entend se plaindre qu’ils ne trouvent plus rien à mettre dans leurs vitrines. Pourtant les objets insolites ne manquent pas. Il faut juste savoir ouvrir les yeux.  La preuve avec cette Ingap Ferguson P99, dans une variante un peu spéciale…

Pour preuve, voici le récit d’une rencontre que j’ai faite lors d’une bourse milanaise. J’ai découvert sur une table un incroyable coffret. C’est l’association des éléments qui le composaient qui était des plus étranges.

La marque Kaloderma envisageait de conquérir de nouveaux clients pour sa mousse à raser et son après-rasage en intégrant dans un petit coffret une formule 1 de la marque Ingap. Le raccourci est facile.

Si j’ai trouvé un intérêt à suivre les compétitions de formule 1 jusque dans les années soixante-dix, elles n’ont aujourd’hui pour moi plus aucune saveur. Les plateaux sont maigrelets et les règlements incompréhensibles pour le grand public. Les courses ne sont plus qu’une longue procession. Bref, le monde actuel de la formule 1 nous gratifie d’un spectacle rasant. Ce coffret de crème à raser pourrait être actualisé avec des monoplaces 2015, en provenance de chez Spark et Minichamps.

Durant les années soixante, les courses étaient disputées. Les résultats le prouvent. Rares étaient les pilotes qui sur une saison de Grand Prix remportaient plus de quatre ou cinq courses.

trois déclinaisons à partir du moule Ingap
trois déclinaisons à partir du moule Ingap

 

L’auto du jour est un cas à part, et c’est sa singularité qui m’a incité à acquérir l’ensemble. Il s’agit de la Ferguson P99. Mon ami Marco Benisi qui vendait ce coffret m’a indiqué que tous les coffrets avaient été dotés d’une des six autos de la gamme Ingap. Le mien contient donc cette Ferguson. Il s’agit bien du Ferguson du monde agricole. Ce n’est pas un cas isolé. Lamborghini et David Brown sont aussi des marques de tracteurs. Cette monoplace avait été construite pour faire valoir la technologie des quatre roues motrices, empruntée bien sûr au monde rural. Elle souffrira du changement de réglementation lorsque la cylindrée autorisée passera de 2,5 litres à 1,5 litre. Le handicap résultant du surpoids engendré par ce mode de traction intégrale devenait insurmontable. Pourtant elle gagnera un Grand Prix, hors championnat, mais qui réunissait tout le gratin de l’époque. Cela c’est déroulé lors de l’International Gold Cup à Oulton Park. Stirling Moss profitera des conditions climatiques et de la pluie pour s’imposer sur Jack Brabham. Déjà, au Grand Prix de Grande-Bretagne 1961, dans les mêmes conditions de course, elle avait dévoilé un potentiel certain. Elle remportera ensuite le championnat de courses de côtes britanniques en 1964.

Je suis devenu un inconditionnel de cette auto, qui a été la dernière monoplace à moteur avant à s’imposer dans une compétition.

 

La reproduction la plus connue de cette Ferguson est celle d’Ingap. Le modèle connaitra une diffusion sous plusieurs formes : en étui neutre individuel, en coffret avec les autres modèles de la gamme et au milieu des tubes de crème à raser de la marque Kaloderma crema per barba. Je connais au moins deux formes distinctes de coffret : en carton de forme allongée, avec les modèles alignés côte à côte ou sur un carton avec les modèles présentés côte à côte et maintenus par une bulle en plastique thermoformée. Je n’exclus pas la possibilité de découvrir une autre forme de présentation.

Les modèles Ingap seront repris par la firme française Clé qui y vit l’occasion d’introduire à peu de frais des autos de course dans sa gamme bon marché. Les jantes sont typiques de cette firme.

Moins connue, peut-être produite sans autorisation, une troisième déclinaison verra le jour à Hong Kong. C’est le jeune collectionneur Arnaud Guesnay qui m’a fourni cette variante. Il semble bien que les six modèles aient connu une variante en Asie. Les deux Ferrari et la Porsche ont été répertoriées. Elles se caractérisent par des couleurs chamarrées et l’adjonction d’un numéro de course en papier.

Toujours en Asie, mais pour le marché anglo-saxon, la firme Marx décida de reproduire des monoplaces des années soixante. Marx a choisi aussi de reproduire une Ferguson. L’échelle choisie est le 1/41 environ. Cette gamme de monoplaces existe au moins en deux échelles de reproduction. Ainsi j’ai eu le loisir de voir une Ferguson de chez Marx au 1/25. Même couleur, même type de boîte, tout est identique sauf l’échelle. La reproduction n’est pas exceptionnelle. Le jouet est équipé d’une friction. Ce qui est frappant ce sont les pneumatiques qui équipent le jouet et qui semblent davantage conçus pour un tracteur que pour une monoplace.

La dernière reproduction nous vient d’Allemagne. C’est la firme AK qui proposera, elle aussi une gamme de monoplaces dont une Ferguson. Pour ce modèle également, la fidélité de reproduction n’est pas au rendez-vous. Ce fabricant germanique se démarquait des autres par l’utilisation de teintes métallisées qui constituent sa marque de fabrique. On appréciera le coffret de détaillant dont le couvercle est décoré de stand dignes du Nürburgring avec beaucoup de publicité pour la marque d’essence germanique « Aral ».

Le trait commun de toutes ces reproductions est le fait que ces fabricants ont voulu inscrire à leurs catalogues une série de monoplaces. Bien évidemment après les incontournables vedettes qu’étaient les Cooper, Ferrari, Porsche et Lotus à l’époque il fallait bien remplir les coffrets. C’est comme cela que cette Ferguson s’est retrouvée à compléter des séries, ce qui est une belle performance pour une auto aussi éphémère. Elle n’a pas brillé sur les pistes, mais elle est fort bien représentée dans nos vitrines.

RW Hanomag Henschel

Un Hanomag  RW aux multiples facettes

Depuis que l’industrie du jouet existe, l’Allemagne a une aura particulière dans ce secteur d’activité. La région de Nuremberg a vu naître une industrie du jouet florissante, dont la firme du jour, RW qui a reproduit ce camion, le RW Hanomag Henschel.

Ce n’est pas un hasard si de nos jours encore c’est dans cette ville que se déroule la plus grande foire spécialisée dans ce domaine.

Pourtant, je dois mettre un léger bémol à cette entrée en matière. Si Märklin a été la référence dans le domaine du chemin de fer, Steiff dans celui des peluches, Schuco dans les jouets animés et Wiking dans les miniatures HO, aucun fabricant allemand n’a réussi à s’imposer sur le marché de l’auto miniature au 1/43.

Märklin fera trois tentatives sur le marché de la miniature automobile qui seront autant d’échecs (avant guerre, années 50 puis années 70). La firme de Göppingen ne trouvera jamais son public malgré des réalisations soignées.

On peut admirer la finesse de gravure sur l’ensemble de cette production. On sent bien la présence de maquettistes venant du bureau d’étude des miniatures ferroviaires HO.

Malgré cela je trouve que ces modèles manquent d’âme, de poésie. Les miniatures sont souvent très fidèles, mais il manque quelque chose et c’est peut être ce qui explique l’absence de succès. Les prix de vente ont également dû être un frein, mais cet argument est à relativiser car les Dinky Toys étaient également onéreuses.

Une firme comme Gama aura une histoire commerciale plus glorieuse que Märklin dans le domaine de la miniature automobile. Cependant, on ne peut pas dire qu’elle ait marqué les esprits ni laissé des autos inoubliables. Avec ses Micro Racer Schuco a choisi une voie à part. Afin de loger ses géniaux mécanismes les échelles retenues sont proches du 1/40. Par ailleurs, les boutons poussoirs défigurent un peu les lignes des autos et peu de collectionneurs les ont incorporées dans leurs vitrines.

Reste une kyrielle de petites firmes qui ont produit, souvent de manière désordonnée, des objets de qualité. Ces créations ont   souvent été conçues à des fins promotionnelles.

C’est le cas du fabricant du jour, RW Modell qui prendra plus tard le nom de Ziss. Son fondateur, M. Wittek, parallèlement à la reproduction d’une série d’ancêtres manquant singulièrement de charme et de finesse (pour les premiers modèles tout au moins), produira un joli camion Hanomag et un Ford Transit fourgon.

Avec équipement pour injecter du béton
Rare version avec équipement Hünnebeck

Cette semaine nous nous attacherons à lister les différentes versions de ce camion Hanomag apparu en 1968. Deux versions sortent de l’ordinaire. Le tracteur semi-remorque citerne Aral et la pompe à béton, créée pour un usage sans doute promotionnel. Le catalogue présente une version citerne Esso. Mais je ne l’ai jamais rencontrée et personne autour de moi ne semble en avoir vu un exemplaire. J’ai choisi aussi d’incorporer dans cette galerie une autre reproduction de ce camion assez familier en France. Il s’agit d’une miniature de chez Cursor. La boîte semble indiquer un usage promotionnel mais il est possible qu’une partie de la production ait été distribuée aussi dans le commerce. Cette miniature est assez peu fréquente.

Tri Ang Minic New Zealand Alfa Romeo 158

Des Alfa au bout du monde

Les petits fabricants de jouets de pays lointains proposèrent à leur catalogue des reproductions de monoplaces. Selon la même logique  que  les firmes bien établies en Europe, ils les conservèrent très longtemps. Compte tenu du prix de l’outillage, ces firmes opéraient un choix et ne reproduisaient qu’une monoplace. 

Notre Talbot nationale sera immortalisée en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il faut dire qu’un champion local cumulait les victoires à son volant et c’est donc en toute logique que le fabricant Micro Models l’inscrira à son catalogue. Ce sera « la » voiture de course du catalogue Micro Models. Continuer la lecture de Tri Ang Minic New Zealand Alfa Romeo 158

Alfa Romeo 158 de chez Dinky Toys

Comme une image

Désormais tout va vite. A peine un constructeur automobile a-t-il présenté un nouveau modèle que son restylage est déjà prêt au bureau d’étude !

Ce sont les constructeurs automobiles américains qui sont responsables de cette frénésie.

Afin de doper les ventes, dès les années trente, ils vont proposer des évolutions annuelles de leurs modèles. Durant cette période de croissance, il fallait sans cesse tenter le consommateur et lui donner envie d’avoir le modèle dernier cri.

L'ensemble des monoplaces dans le coffret cadeau
L’ensemble des monoplaces dans le coffret cadeau

Les fabricants de jouets essaieront de coller au plus près de l’actualité. Ainsi, pour l‘Aronde et la Studebaker, Dinky Toys a dû proposer des versions empruntant les éléments de deux millésimes. Heureusement, il demeurait un domaine où les choses évoluaient bien plus lentement, celui des autos de course qui n’était pas soumis aux mêmes lois de marché. Au contraire, même. Une auto pouvait ainsi traverser les années et passer de propriétaire en propriétaire. Parfois transformée, modifiée, repeinte, elle gardait bien souvent une identité propre qui permettait aux spectateurs de la reconnaître du premier coup d’œil, même sous une autre couleur. L’exercice se révélerait bien périlleux en 2015.

Si la Ferrari de Vettel perdait sa robe rouge et recevait une publicité pour une boisson énergisante, la reconnaitriez-vous facilement ? J’en doute.

Mais à l’époque on ne pouvait pas confondre une Ferrari 500F2 et une Alfa Romeo 158. Les fabricants de jouets vont en profiter pour conserver ces modèles très longtemps dans leurs catalogues. Dinky Toys qui gardera  sa série réalisée en 1952 jusqu’en 1964 n’a-t-’il pas été trop loin ?

La révolution opérée par les constructeurs britanniques qui ont fait passer le moteur à l’arrière donnera à ces autos un coup de vieux. Déjà, en 1958-1959 la presse automobile spécialisée qualifiait les Ferrari à moteur avant de « dinosaures ». Qu’en pensaient les enfants lorsqu’ils regardaient les vitrines des magasins de jouets ? Il est vrai qu’ils n’avaient pas les moyens actuels de suivre leurs héros préférés, et le plus important était de rêver devant des bolides, qu’ils soient dépassés ou non. C’est la silhouette de l’Alfa Romeo 158, la présence d’un personnage casqué, de roues dépourvues d’ailes et d’un pot d’échappement latéral qui transportaient les gamins et les faisaient se transformer en petit Fangio ou en Stirling Moss des bacs à sable.

Pour un fabricant de jouets comme Dinky Toys, il était aussi important d’avoir dans son catalogue des autos de course que d’avoir un camion de pompiers ou un char. Voilà comment il faut interpréter la présence de ces autos qui s’éternisaient aux catalogues, sans oublier toutefois le sens de l’économie qui caractérisait Liverpool.

Nous allons nous arrêter sur l’auto qui, après la guerre, ouvrira le palmarès du tout nouveau championnat du monde des conducteurs : L’Alfa Romeo 158 dite Alfetta. Sa conception remonte déjà à 1937. Après la fin de la guerre, c’est en toute logique qu’elle s’imposera dans la course au titre pour les trois premières places du tout nouveau championnat du monde de formule 1. Liverpool en livrera une très belle reproduction. Distribuée dans un premier temps par boîte de six, elle recevra ensuite un étui individuel en carton et connaitra même, vu sa carrière prolongée au catalogue, l’expérimentation des emballages dits « blister » : l’auto reposant sur un socle coloré est coincée dans une bulle en plastique thermoformée. Au cours de sa longue carrière ce sont les jantes qui connaitront le plus de variantes. Le modèle sera d’abord équipé de jantes moulées et peintes de couleur rouge, et ce pendant la plus grande partie de sa production. Puis ces dernières seront remplacées par des jantes en acier chromé concaves avant de connaître, oh sacrilège, le plastique ! Ce sont ces versions que l’on retrouve dans le dernier emballage précité.

L'ensemble des monoplaces sur le diorama
L’ensemble des monoplaces sur le diorama

Au début des années soixante, dans un sursaut désespéré, Meccano essaiera de relancer ces autos en créant un superbe diorama représentant l’ensemble des monoplaces disponibles au catalogue. Les autos sont disposées dans un arc de  cercle coloré figurant la courbe rapide d’un circuit virtuel. Il est vrai que l’ajout des jantes en plastique coloré donne à ces autos un aspect anachronique. Continuer la lecture de Alfa Romeo 158 de chez Dinky Toys