Noir c’est noir !

J’ai décidé de vous montrer quelques exemples d’ambulances dont le trait commun est la couleur, noire ! Reconnaissons que ce n’est pas la couleur la plus fréquente pour ce type de véhicule utilitaire. Chez nous, elle est plutôt réservée aux véhicules funéraires. La phrase de Michel Piccoli dans le film « les choses de la vie » semble prendre tout son sens: (voir le blog sur les ambulance Tekno)

« Je dirai à Hélène qu’il ne faut pas avoir peur des ambulances ! »

 

On comprendrait bien la crainte de sa compagne à la vue d’une ambulance de couleur noire. J’ai mené ma petite enquête au Danemark pour avoir des informations. J’ai d’abord contacté l’association des anciens de la compagnie Falck. Sans succès dans un premier temps. C’est mon ami danois Bent Danielsen, qui m’a donné l’explication. Il faut dire que lui aussi dans le passé s’était posé cette question. C’est une de ses connaissances, Steen Taber Rasmussen qui lui avait alors fourni la réponse.

Side-car
Side-car

Les premiers corps de secours organisés datent des années 1880. Les attelages hippomobiles carrossés en ambulance étaient alors de couleur noire. Le passage aux véhicules motorisés qui se fera dans les années vingt ne changera pas la couleur des ambulances. Falck (compagnie privée) et les pompiers de Copenhague (Kobenhavns Brandvaesen) conservent donc cette livrée. Mais à Copenhague, capitale danoise, le besoin de distinguer dans la circulation les ambulances va conduire le service des pompiers de Copenhague à ajouter la couleur rouge à ses véhicules. Falck conservera la couleur noire pour son activité nationale. C’est la création de la société Zonen au début des années trente, qui va bouleverser l’ordre établi. Cette dernière va se développer au niveau national et va adopter les teintes en vigueur dans la capitale, le rouge et le noir. En 1963, les deux sociétés Falck et Zonen vont fusionner et adopter la couleur noire avec pavillon blanc. Puis, en 1973, elles adopteront la couleur blanche avec pavillon rouge. Désormais elles sont de couleur jaune. Bent m’a également fourni une explication sur l’ambulance Triangel produite par Tekno, dans sa série de véhicules en tôle et de couleur bleue. Cette couleur était réservée aux services des hôpitaux psychiatriques. Elle porte au Danemark le nom de « bla vogn » littéralement « la voiture bleue ». Enfin les versions toutes blanches ou toutes rouges sont peu crédibles au regard de la réalité du Danemark. Elles ne se comprennent que dans le cadre du marché international et des nécessités de l’exportation. La couleur rouge était la couleur à l’époque la plus répandue au niveau des centres de secours et la blanche faisait référence aux véhicules arborant la croix rouge.

Afin d’illustrer cette seconde partie, voici donc quelques ambulances danoises dont le trait commun est la couleur noire. Injectée en plomb et réduite à l’échelle du 1/43, la Ford ambulance est ma préférée. C’est un modèle rare injecté d’une pièce. La gravure est assez fine et la finition bicolore très réussie. Pilot, plus connu pour ses reproductions au 1/87, tentera une percée sur le marché du 1/43. Il proposera une autre Ford, en limousine, déclinée en version taxa. La série demeurera sans suite en raison probablement de la guerre.

Lego déclinera sa camionnette Chevrolet en version ambulance et en deux couleurs : une noire et une rouge. Il faut dire que la conception du jouet empêche la réalisation d’une version bicolore (carrosserie d’une pièce). La réalisation est réussie. L’ajout de feux supplémentaires sur le pavillon finit d’habiller le modèle.
Comme Lego, Tekno proposera sa Buick en plusieurs couleurs. Une version blanche sera même créée, destinée au marché d’exportation. Il faut ici apporter une petite précision. Dernièrement, d’importantes découvertes ont été réalisées sur l’histoire de la firme Tekno. Ces premières Buick (qui seront plus tard estampillées Dodge) sont en fait des modèles Hans Legetoj. Les premiers exemplaires portent d’ailleurs ce marquage sur le châssis. C’est un accord commercial entre les deux firmes (Hans Legetoj et Tekno) qui va permettre d’incorporer cette gamme dans le catalogue Tekno. En fait, le nom Hans Legetoj disparaitra au profit de celui de Tekno sur les jouets. Mais l’unité de fabrication restera, et du fait de exiguïté des locaux de Tekno à Copenhague, une très grande partie des Tekno seront injectées chez Hans Legetoj jusqu’à la fin des années soixante.
Outre l’ambulance, Tekno proposera aussi son Harley-Davidson side-car en couleur noire. Ces modèles ont fière allure.

Les choses de la vie n°2

Devenu collectionneur, c’est la série des Mercedes 220 break ambulance produite par Tekno qui ma séduit. C’est surement la diversité et les harmonies heureuses des coloris qui m’ont orienté vers cette série. Il faut avouer qu’elle est unique. Aucun fabricant de miniatures n’a jamais proposé une telle diversité de combinaisons de couleurs. La plus commune est celle, rouge avec pavillon noir, des pompiers de Copenhague.

Svensk Räddingjänstt
Svensk Räddingjänstt

Je donnerai prochainement des explications sur les combinaisons des couleurs des ambulances danoises mais il faut juste savoir que les deux plus rares sont des versions réservées au marché suédois. Il s’agit de la version de couleur bleue avec pavillon argent aux couleurs de la Svensk Räddingjänstt et de la version noire avec pavillon et capot rouge aux couleurs de R94. Au Danemark comme en Suède, les secours sont organisés par l’intermédiaire de ces sociétés privées. D’après mes amis suédois, ces modèles réduits étaient disponibles auprès de ces sociétés privées et n’étaient pas proposés à la vente dans le réseau des magasins de jouets, ce qui explique leur rareté.

Les versions classiques, comme celle des pompiers de Copenhague, recevront d’abord un petit fanion, moulé en zamac et peint de couleur jaune. Puis, au milieu des années soixante un gyrophare en plastique de couleur bleue. Dans les deux cas cet accessoire ajouté posera à Tekno un souci au niveau du boîtage.

Les choses de la vie n°1

Je dirai à Hélène qu’il ne faut pas avoir peur des ambulances !

Cette phrase, c’est Michel Piccoli qui la prononce, dans le film de Claude Sautet, « Les choses de la vie ». Transporté à l’hôpital dans un break ID ambulance, il reprend peu à peu connaissance après avoir été éjecté de son Alfa Romeo Giulietta Sprint. Son auto a quitté la route et fait des tonneaux après qu’il a tenté d’éviter un superbe Bernard tracteur semi fourgon des transports Borca. Les secours ont mis longtemps à arriver sur le lieu de l’accident, et l’ambulance présente un certain confort par rapport au pré dans lequel il est resté allongé, sans connaissance pendant de très longues minutes.

Ambulances Tekno
Ambulances Tekno

Je me suis longtemps interrogé sur la portée de cette phrase. L’ambulance est un véhicule qui annonce rarement des choses agréables. Enfant, je n’appréciais pas particulièrement ces véhicules lorsque je les croisais sur la voie publique, jusqu’au un jour où ma tante m’a offert une Mercedes de chez Matchbox. J’ai beaucoup aimé cette auto…en fait, c’est surtout la possibilité de sortir le brancard qui me plaisait et plus que tout, la couverture en plastique amovible qu’on soulevait pour découvrir le blessé.

Le plaisir est le même avec les Ford Taunus Tekno: c’est la civière et le blessé qui font tout le charme du modèle ! En fait, sans y voir rien de morbide, les enfants que nous étions appréciaient tous ces accessoires amovibles. C’est dans ce registre qu’une firme comme Corgi Toys s’est construit sa réputation.
à suivre …

Happy Wrecker ! Le camion Commer – 2

Seconde partie avec la suite des variantes de couleur : vous trouverez dans cet article en photographies les couleurs de base du Commer dépanneuse.

Commer camion dépanneuse Dinky Toys
Commer camion dépanneuse Dinky Toys

Les premiers exemplaires possèdent un marquage de couleur blanche. Ces derniers sont moins fréquents. Ils possèdent automatiquement un boîtage en carton de couleur orange.

Au fur et à mesure de la production, les teintes , foncées au départ se sont éclaircies. C’est visible facilement sur les version combinant le brun et le vert. Moins évident à repérer, c’est aussi vrai pour celles mariant le gris et le bleu.

Comme souvent chez Dinky Toys, la firme tentera de donner un coup de jeune à son modèle, en le dotant de vitrage et de nouvelles combinaisons de couleurs, ce dans les années soixante. Ces modèles arborant un vitrage sont peu fréquents.

Le modèle avait déjà eu du mal à emporter l’adhésion des acheteurs au début des années cinquante, on se doute bien que la situation ne c’est pas amélioré dix ans plus tard , malgré cet ajout et ces nouvelles teintes.

Perfide Albion

C’est lors de la bourse d’échange de Donington que j’ai acquis auprès de mon ami Tom un jeu de cartes des sept familles « typically English ». Je l’avais vu quelques heures auparavant, mais son intérêt ne m’était pas tout de suite apparu. Ce jeu de cartes présente les hauts lieux touristiques du Royaume-Uni : Londres bien sûr, mais aussi Manchester, Leeds, Coventry et ses usines … ! Alors que je négociais avec Tom, mon regard se porta une seconde fois sur l’objet. Et là, j’ai eu un véritable déclic. A moins d’être né doté de l’humour anglais, il faut un peu de recul pour apprécier le produit et les choix de l’illustrateur. L’auteur de ces dessins dont la notoriété n’a pas dépassé la société pour laquelle il travaillait n’a certes pas le talent de ses compatriotes Lucian Freud ou Francis Bacon. Cependant il se dégage des vignettes une atmosphère que l’on ne trouve que de l’autre côté du Channel.

A partir de ces cartes à jouer, nous allons donc faire un petit tour du Royaume-Uni. J’ai choisi à cette fin quelques productions anglaises caractéristiques. En effet, si la production britannique a été dominée par Dinky Toys, Corgi Toys, Matchbox et Spot-On, il ne faut pas oublier toutes les petites firmes qui ont parfois mis sur le marché des modèles inattendus. A les voir, on s’interroge sur les modalités de leur distribution. On peut penser que la diffusion d’objets d’une si médiocre qualité a été confiée à un réseau de petits magasins de jouets ou de bazars.

Land Rover aux couleurs du RAC et sa caravane de chez Lone Star
Land Rover aux couleurs du RAC et sa caravane de chez Lone Star

Ici à gauche un bel ensemble constitué par une Land Rover châssis court aux couleurs du RAC et sa caravane de chez Lone Star. Cette dernière, installée sur les parkings d’autoroutes, servait à collecter les nouvelles adhésions au célèbre automobile club. C’est un ensemble harmonieux que cet attelage. La Land Rover dans cette livrée est peu fréquente, et bien plus rare que la caravane. Je l’ai installée à Windsor, clin d’œil à la célèbre bourse d’échange internationale.

Le Royaume-Uni sans Rolls-Royce ne serait plus le Royaume-Uni. Pour l’occasion, j’ai choisi une reproduction de chez Robin Hood et pour l’accompagner, la carte à jouer de Crewe, lieu de fabrication de cette firme. A sa gauche, un rare véhicule, assez énigmatique, que je n’ai jamais revu. Sa décoration est inspirée de jouets que j’ai croisés aux USA. Le décalque à l’arrière est somptueux. Rien de moins que Robin des Bois ! Je ne pouvais choisir que la carte à jouer représentant Nottingham. Le dessinateur de ces cartes ayant lui aussi choisi ce célèbre héros pour symboliser cette ville.

Puis j’ai choisi deux véhicules qui symbolisent les petites firmes britanniques. Il s’agit de deux rares promotionnels. Si le fourgon, sans marque distinctive réelle, aux couleurs du cirage Meltonian possède un charme indéniable,

Perfide Albion
Perfide Albion

il n’est pas possible d’en dire autant du camion AEC équipé d’une capucine aux couleurs des chips Smiths. Offrir en prime ce genre de véhicule à sa clientèle, il fallait avoir bénéficié de la part de Timpo, le fabricant, d’une sérieuse ristourne ! On imagine que le nombre d’exemplaires fabriqués a été très faible, car l’on croise rarement ces deux véhicules.

Le Royaume-Uni, c’est aussi les chantiers navals et la construction. Seul un esprit anglais pouvait se permettre de concevoir des engins aussi originaux et compliqués. Mais de là à les reproduire en miniature ! Condom a franchi le pas. Ces deux Muir Hill font partie de tout un ensemble que j’affectionne et qui a pour point commun la construction. J’ai choisi la carte de Newcastle et ses chantiers navals.

Deux jouets de bazar, un Timpo et un Elmont. J’avoue que ce modèle, sous ses apparences banales m’a toujours laissé perplexe. Comment un fabricant de jouets a-t-il pu proposer à de jeunes enfants un transport de caisse indiqué « Atom load » !

A l’heure où l’énergie nucléaire est montrée du doigt par beaucoup, avoir osé dans les années 50 proposer un transport de combustible nucléaire, il fallait oser. C’est comme cela que l’on convertit les jeunes enfants aux joies du nucléaire, peut être ! Pour l’illustrer, la carte de la bouillonnante cité de Sheffield.

Perfide Albion
Sundaw

Pour terminer Londres et deux jouets peu fréquents du fabricant Sundaw. J’imagine bien ces tracteurs d’entrepôts le long des quais de la Tamise, à l’époque où l’on déchargeait des bateaux une multitude de marchandises qui étaient convoyées vers les entrepôts voisins à l’aide de ces véhicules, conçus pour être maniables. La fabrication est rustique.

Voilà notre petit tour d’horizon terminé. Il est intéressant de s’interroger sur la place occupée par ces petites firmes anglaises au destin souvent éphémère, sur le marché du jouet, par rapport aux grandes firmes que furent Corgi Toys, Dinky Toys ou Spot-On. Il me semble que la Grande-Bretagne a eu cette particularité de voir coexister des fabricants de miniatures très inégaux. Ces derniers ont proposé de l’excellent ou du médiocre.

Désormais, nous regardons ces productions britanniques avec du recul et nous pouvons nous laisser charmer par la conception rustique des jouets Sundaw ou Timpo. C’est le regard du collectionneur, ce n’est plus celui de l’enfant.