Hudson : un long fleuve pas si tranquille

Hudson : un long fleuve pas si tranquille

Cette Hudson a bien évidemment pour cible le marché américain. D’abord numérotée 139B elle accompagnait la Ford Fordor, numérotée 139A. Ces deux modèles semblent prendre la suite de la série 39 entamée avant guerre.

Dinky Toys Hudson
Dinky Toys Hudson

A l’origine, il avait sûrement été prévu de continuer la numérotation de la série en déclinant la suite de l’alphabet puis Dinky Toys a changé d’avis. L’Hudson fut d’abord logiquement distribuée en boîte de 6. Il est intéressant de noter que Meccano avait même prévu des cales s’insérant dans les pare-brise ! Quel luxe ! Un étui individuel fut créé par la suite. Celui présentant la première découpe de peinture a été éphémère. Il est par conséquent très peu fréquent.

La miniature a connu trois découpes de peinture bicolore différentes. Sur la première, la délimitation de peinture se situe à la base du pavillon. Cette version vendue d’abord en boîte de six recevra un étui individuel juste avant que n’apparaisse la seconde version de découpe de peinture. Sur cette dernière le capot, le pavillon et la malle reçoivent une teinte différente de celle appliquée sur les flancs. La troisième découpe reprendra les teintes que l’on trouve sur la seconde version, mais sur cette dernière, la délimitation se fait au milieu de la caisse. C’est la découpe de peinture la moins fréquente.

Si l’auto vous plaît, vous pouvez pousser les recherches en cherchant à acquérir les différentes versions de couleurs. Les couleurs peu fréquentes se situent au moment du passage de la première découpe à la seconde.

Dinky Toys Hudson nuances de bleu
Dinky Toys Hudson

C’est à cette époque que l’on peut situer la version bleu clair avec pavillon caramel, très différente de la version bleue foncée avec pavillon caramel. Cette dernière connaitra aussi une nuance très marquée, le bleu foncé passant au bleu violine.

La plus rare demeure cette fameuse couleur chocolat et bleu pâle qui annonce la nouvelle découpe de peinture.

Vous pouvez encore affiner vos recherches en fonction des couleurs de jantes. Ainsi, la version classique, première découpe, bordeaux et crème recevra des jantes de couleur bordeaux puis de couleur rouge. Une autre version très peu fréquente est à signaler. Il s’agit de la version grise et bleue qui a reçu des jantes de couleur crème en place des jantes de couleur bleue. Et si votre passion pour cette auto va encore plus loin, vous pourrez vous lancer dans les variantes de châssis qui ont reçu une petite ou une grande écriture. Vous pouvez adapter votre collection selon votre attirance pour cette auto imposante qui, dans la réalité, n’a existé que dans des teintes monochromes !

Je vous conseille enfin de commencer sans tarder car cela nous a pris près de trente ans et de nombreux voyages pour réunir cette série !

(voir l’autre article consacré à l’Hudson Commodore de chez Dinky Toys)

Cooper et samba n° 2

Dinky Toys a proposé une reproduction de cette glorieuse auto. Le traitement de l’auto est assez médiocre, elle est bien trop plate. Les deux bandes blanches permettent de l’identifier. Le choix de la couleur est surprenant.

Cooper 2,5 Dinky Toys et catalogue Cooper
Cooper 2,5 Dinky Toys et catalogue Cooper

Si les deux bandes blanches sont bien empruntées aux autos de l’usine Cooper, dans la réalité, ces autos étaient vert foncé. Remarquons d’ailleurs que mon ami Dirk n’avait pas identifié l’auto dépouillée de ses bandes et de sa couleur bleue.

Cette auto au palmarès brillant va inspirer bon nombre de fabricants en Europe. Isat, en Italie a choisi la version de Stirling Moss, reconnaissable à sa couleur bleu-foncé et à la bande blanche qui ceinture le capot avant. Toujours en Italie, Ingap propose une série de 6 monoplaces qui comprend une Cooper. Au milieu des années 60, Ingap cède son outillage à Clé en France, ce qui conduira les petits garçons des années soixante-dix à recomposer des grilles de départ de Grands Prix des années soixante !

Ils pourront même étoffer la liste des partants avec les versions glanées dans les paquets de lessive : en effet, Clé fournira des monoplaces estampillées Bonux.

Crio, autre fabricant de lessive proposera également des répliques de Cooper. Il s’agit de reproductions simples en plastique soufflé. Il ne faut pas mépriser ces jouets qui sont le témoin d’une époque et dont le prix raisonnable constitue un atout incontestable.

Nous restons dans le domaine des primes en citant la version de Muovo, en Finlande, distribuée avec les chocolats Panda. L’auto est très correctement restituée. La reproduction offerte par Wrenn, est également très correcte : ce fabricant de circuit électrique a réussi à loger un moteur électrique et l’environnement nécessaire à une miniature de circuit électrique sans déformer les lignes de l’auto. Finissons par la version proposée par Marx qui, elle, est approximative, alors que le dessin de la boîte avait restitué la ligne de la monoplace.

Cooper et samba

En ce samedi matin de printemps, les exposants patientent tranquillement en attendant 8 heures et l’ouverture des portes. La scène est traditionnelle de la bourse d’Houten. En attendant l’heure, nous échangeons des nouvelles entre marchands et collectionneurs venus des Pays-Bas, de Belgique, d’Allemagne ou du Danemark.

Cooper 2,5 en plastique (Muovo et Crio)
Cooper 2,5 en plastique (Muovo et Crio)

Justement, mon ami Dirk arrive et me demande si je suis intéressé par une monoplace Brosol « jaune avec un capot en plastique ». J’avoue ne pas avoir tout de suite identifié la miniature. Solido Brosol a produit des monoplaces dans des livrées très différentes. Je lui confirme mon intérêt et lui propose de me la montrer dès que nous serons entrés dans le bâtiment. Une demi-heure plus tard, il me tend l’objet bien emballé dans un petit tissu : il s’agit bien d’une Brosol, mais pas celle à laquelle je m’attendais.

En effet, alors que je pensais découvrir une monoplace Solido Brosol, j’ai sous les yeux, un modèle qui m’est totalement inconnu. Il s’agit d’une copie de la Cooper 2,5 l Dinky Toys signée « Brosol Solex ».

Nous savions déjà que les modèles Solido étaient injectés au même endroit que les carburateurs Solex, mais j’ignorais totalement qu’il y avait eu un « avant » Solido Brosol. Beaucoup de questions m’ont traversé l’esprit : « quels sont les autres modèles de la série ? Les trois autres monoplaces produites par Dinky Toys à la même époque ont-elles aussi connu une production brésilienne ? Liverpool connaissait-il ces modèles ? Y a t’il un lien avec les Dinky Toys chiliennes ? » Je suis toujours incapable de vous répondre. Afin d’accompagner cette miniature, je suis allé chercher dans mes vitrines les reproductions de cette glorieuse auto issues d’autres fabricants.

Nous avons déjà eu l’occasion de voir les reproductions de la Cooper T45, équipée du moteur 1,5 l qui a précédé le modèle du jour, la T51. Solido en a livré une très belle reproduction. Il est bon de revenir sur l’histoire de la vraie voiture qui a été deux fois couronnée championne du monde. Une rapide analyse de la saison 1958 avait fini par convaincre Coventry Climax de modifier son bloc moteur et de passer d’un bloc de 1,5 l à un bloc de 2,5 l. Le surcroît de puissance a permis à cette auto légère et maniable de devenir championne du monde. Pourtant, sur le papier, Stirling Moss paraissait le mieux armé pour vaincre. Il pilotait une Cooper T51 engagée par Rob Walker et il était alors considéré comme le meilleur des pilotes en activité. Face à lui, deux autres Cooper T51 étaient engagées directement par Cooper. Elles seules ont eu le droit de bénéficier de la nouvelle boîte de vitesses dessinée chez Cooper et usinée chez Knight, conçue afin de pouvoir encaisser le surcroît de puissance du nouveau bloc. En effet, Esso qui soutenait la firme de Surbiton avait exigé que cet accessoire ne soit pas délivré à la Cooper de Moss qui, elle, était soutenue par le pétrolier BP. L’écurie de Rob Walker se tourna donc vers Colotti, en Italie, afin que ce dernier lui fournisse une boîte de vitesse de sa conception. Cette dernière sera à quatre reprises la cause de son abandon en course. L’année 1960 verra l’apparition de la T53.

C’est la sortie en tout début d’année de la nouvelle Lotus 18 qui a fait réagir l’écurie Cooper. Celle-ci apporte donc des améliorations à son auto, notamment aux suspensions.

Peugeot 203 de luxe

Au contact des collectionneurs anglais je suis devenu sensible à un détail : l’existence de l’étiquette du magasin sur les boîtages des jouets. J’ai appris à apprécier ces étiquettes. Ce sont souvent des souvenirs personnels qui leur donnent de l’importance.

Franz Carl Weber et Märklin
Franz Carl Weber et Märklin

Pour ma part, je suis particulièrement sensible à celles qui viennent de magasins de jouets que j’ai connus. En règle générale, les souvenirs d’enfance liés aux magasins de jouets sont de bons souvenirs. Il n’en va pas de même des souvenirs liés à l’infirmerie ou à la cantine, enfin celles que j’ai fréquentées. Les magasins suisses Franz Carl Weber ou le magasin F.A.O. Schwarz de New York sont pour moi des références.

Mais une belle étiquette sur un étui de Dinky Toys révélant une provenance du BHV, des Galeries Lafayette, du Printemps ou de Monoprix sur une Minialuxe ne me laisse pas indifférent.

Louis Vuitton et 203 Dinky Toys
Louis Vuitton et 203 Dinky Toys

Afin de promouvoir leur établissement, certains magasins sont allés plus loin qu’une étiquette de prix sur un boîtage. Tout le monde connaît le malletier Louis Vuitton. Toujours implanté dans les quartiers chics, ce fabricant a élargi son activité aux vêtements, sacs à main, chaussures et autres accessoires. Messieurs, demandez à vos épouses ou vos filles, et vous constaterez que l’évocation de ce nom a le don de faire rêver. Je me souviens parfaitement qu’enfant, je contemplais la petite vitrine murale de la boutique Vuitton à Nice où étaient exposées à la vente des miniatures Solido. Nous étions au milieu des années soixante-dix. Cette Peugeot 203 référence 24R de chez Dinky Toys le confirme, les boutiques Vuitton ont également vendu des Dinky Toys. Je me souviens en particulier avoir vu une De Soto Diplomat avec le précieux décalcomanie au nom du malletier. Ces modèles étaient-ils vendus plus cher ? Je ne saurais le dire. Je m’interroge également sur un point : la décalcomanie a t-elle été apposée chez Dinky Toys ou par le soin d’une petite entreprise indépendante ? Elle est caractéristique des décalcomanies produites à cette époque, avec un calque fort chargé en vernis qui a jauni avec le temps. Vraisemblablement, la solution choisie par le malletier a dû être onéreuse. Au delà du coût même du décalcomanie réalisé à son nom, son application sur chaque véhicule devait revenir bien plus cher que ne l’aurait été une simple étiquette portant le nom du magasin et le prix du jouet sur l’emballage. Cette dernière solution qui n’était déjà pas courante marquait la qualité d’un magasin.

Il y a sans doute là un thème de collection. Cela devrait nous inciter par précaution à garder les emballages de la poste frappés du sigle Atlas. Dans 60 ans les gens qui écriront l’histoire des miniatures des années 2000 attacheront peut être de l’importance à cet emballage témoin de l’origine du modèle.

Pour illustrer cette chronique, je vous présente quelques exemples de belles étiquettes.

Rode Korse – Tekno et la Croix Rouge

L’acquisition de cet ensemble de modèles a réveillé des souvenirs vieux de trente ans. A cette époque je commençais mes voyages en Scandinavie.

Tekno Rode Korse
Volvo Amazon « rode korse » (Croix Rouge)

A peine débarqué de l’avion, je mettais le cap sur le centre ville de Copenhague. Je garais mon auto derrière l’Hôtel de Ville. A deux pas, parallèle à la grande rue commerçante et piétonne, commençait la rue des petits brocanteurs. Une centaine de mètres seulement séparait les deux artères aux ambiances si différentes. Loin de la fureur de Vestergade, Frederikberggade offrait un paisible réconfort. Il y régnait le calme et la sérénité qui émanent parfois des objets du passé. Les boutiques agencées à l’ancienne étaient toutes en sous-sol, en marchant sur le trottoir on surplombait les vitrines. Nous ne connaissons pas, en France ce type d’agencement très commun en Scandinavie. Désormais, tout cela a disparu. La hausse vertigineuse des loyers a fait fuir ces petites échoppes de caractère. Désormais, je ne vais plus au centre ville de Copenhague, tout comme je ne vais plus au centre ville de Londres. C’est une autre époque.

Tekno Rode Korse
Tekno Volvo car Rode Korse

Je me souviens avoir été attiré par un car Volvo de la Croix Rouge. Je connaissais son existence pour l’avoir vu dans le premier livre Tekno. Le véhicule portait quelques traces d’usure attestant qu’il avait un véritable passé de jouet. Jeune collectionneur, j’avais la vie devant moi et je décidai de faire l’impasse sur le modèle en me disant que je le trouverais plus tard. Trente ans se sont écoulés. C’est l’expérience qui permet d’apprécier la rareté des objets. Si j’en avais été doté je n’aurais pas laissé passer cette première chance. Ceci fait aussi partie du charme de la collection.

J’ai eu la chance de retrouver ce Volvo Rode Korse en excellent état. Il était de plus accompagné de trois autres modèles Croix Rouge, tous contemporains chez Tekno.

Il y avait en plus un camion Volvo N88 Titan bâché, une camionnette Ford Taunus 1000 et une Volvo Amazon.

Cette série de 4 modèles provient de la collection d’un monsieur domicilié dans le Jutland. Chauffeur de car, il transportait quotidiennement les ouvriers vers la nouvelle usine Tekno. Il avait su tisser des liens avec certains membres du personnel, et, lors de la fermeture de l’usine, il avait eu le privilège d’être aux premières loges.

Tekno avait aménagé une salle pour exposer une partie de sa production, prototypes modèles commercialisés. Il avait ainsi pu compléter sa collection directement ! Ces quatre modèles ont reçu une finition identique aux autres modèles produits à la chaine. J’avance une hypothèse. La Croix Rouge recourait fréquemment à la vente de miniatures à ses couleurs pour financer son activité. On connaît de très nombreux exemples. Je pense que ces modèles ont été produits à cette fin. J’ai rencontré dans différentes collections danoises le car Volvo et le Ford Taunus. Il ne faut pas confondre le modèle du jour, réalisé sur la base du minibus avec le modèle très fréquent que Tekno fabriquera en série sur la base de son deuxième moule. Mais jamais nous n’avions entendu parler du camion bâché ou de la Volvo Amazon !

Il est intéressant de constater que des décalques spécifiques ont été créés. Au passage on remarquera la taille importante de ceux figurant sur les pavillons.