Mercury : la Fiat 600 Multipla

Un exercice de style

Il n’ya pas que dans le domaine des harmonies de couleurs que nos amis transalpins excellent. Le beau, on le retrouve aussi dans les fontaines qui jalonnent les rues de Rome, ou dans les statues du Bernin. La liste des autos exceptionnelles produites par les bureaux de style italiens serait trop longue à établir. Retenons un seul exemple. Au MOMA, à New York, dans le célèbre musée d’art moderne, une seule auto figure parmi toutes les œuvres d’art. Il s’agit d’un coupé Cisitalia dû au crayon de Pininfarina.

Cela étant, je laisse à chacun d’entre vous le soin d’avoir son opinion sur le fait qu’une auto soit ou non une œuvre d’art.

Fiat Multipla
Mercury ensemble de Fiat porte autos et de Fiat 600 multipla

La Fiat 600 Multipla fut conçue sur la base de la Fiat 600. Grâce à une ingénieuse étude, cette auto est considérée comme la première carrosserie monospace au monde. Il est bien évident qu’elle était très en avance sur son temps. Son dessin est étonnant, et plus de quarante ans après, elle n’a pas pris une ride. On peut la considérer comme une réussite dans l’histoire de la création automobile.

Depuis fort longtemps, j’ai des clients travaillant dans le milieu de l’automobile. J’ai entre autres plusieurs clients japonais travaillant dans les bureaux de design automobile de chez Honda et de chez Nissan. Par déformation professionnelle, ces clients ont pour point commun d’être attirés par des autos ayant marqué l’histoire du design automobile. Ainsi, j’ai pu constater des similitudes dans les modèles qu’ils recherchent. L’Alfa Romeo Zagato de chez Solido est très prisée de ces clients, tout comme la Renault 14 ! La Fiat 600 Multipla fait également partie de leurs modèles favoris.

Mercury (Italie) Fiat 600 Multipla 20 combinaisons de couleurs différentes…depuis les photos deux autres sont venues trouver leurs places sur les porte-autos ! FIP (Italie) Fiat 600 Multipla de couleur bleue au 1/55 et grise au 1/43

Pocher (Italie) Fiat 600 Multipla de couleur bleue et grise au 1/75 environ ; C-L-B (Italie) Fiat 600 Multipla de couleur bleue et jaune au 1/43 environ (modèle réalisé en tôle lithographiée).

Un Bluebird sous les drapeaux

Vincent légendez et enlever le texte en fin d’article et cette phrase !

Les enfants savent souvent poser les bonnes questions et en toute candeur, s’interroger sur les choses essentielles. France Inter en a fait une émission, « Les p’tits bateaux » présentée par Noëlle Breham. Le dimanche en fin de journée, ils questionnent l’animatrice sur des sujets divers.

Bluebird fabriqués aux USA, de profil
Bluebird fabriqués aux USA, de profil

Les plus grands spécialistes, chacun dans leur domaine, apportent des réponses très instructives. Pour ma part, je me suis souvent interrogé en voyant les différentes autos de record, principalement celles d’avant-guerre. Pourquoi arborent-elles le drapeau des Etats- Unis conjointement à l’Union Jack de l’empire britannique ? Je n’ai plus l’âge de participer « aux p’tis bateaux », alors, il m’a fallu mener l’enquête tout seul.

Tous les Bluebird ont bien été conçus en Grande-Bretagne. C’est dans son garage de Bromley dans le Kent, banlieue située au sud-est de Londres à proximité du circuit de Brooklands, que Sir Malcolm Campbell préparait ses autos.

C’est en effet sur le circuit de Brooklands que ce passionné de compétitions commença à courir. Brooklands et Indianapolis sont considérés comme les deux premiers circuits du monde. Brooklands fut en fait la réponse des amateurs de vitesse au nouveau code de la route anglais de 1903. Ce dernier stipulait entre autres que la vitesse sur route ouverte était limitée à 20 mph (32 km/h). La création du circuit permit aux amateurs de sensations fortes de céder à leur passion sans être hors la loi.

En 1935, Sir Malcolm Campbell a déjà battu le record, mais il a été détrôné. Il faut dire que depuis le milieu des années 20, la lutte est intense pour se l’approprier, et bien souvent, le nouveau détenteur ne profite que peu de temps de la gloire due à son exploit. C’est donc le lundi de Pâques 1935 que le nouveau Bluebird est présenté au public sur l’autodrome de Brooklands. Il effectuera quelques tours devant un public acquis à sa cause. Sur un film d’époque un détail m’a surpris. Sur l’exemplaire sorti du garage, avant qu’il ne se rende sur le circuit, Sir Malcolm Campbell dévoile à la caméra un étrange système dont je ne sais s’il sera conservé par la suite. Un mécanisme permet de modifier l’ouverture de la face avant. Après son exhibition londonienne, l’auto partira aux Etats-Unis. En effet,la plage de Pendine, au Pays de Galles, est devenue trop exiguë et c’est sur la plage de Daytona que sera effectuée la tentative victorieuse. C’est la que se trouve la clef du mystère. Une longue tradition fait que les concurrents arboraient sur les carrosseries de leur bolide deux drapeaux : celui de la nationalité de leur auto et celui du lieu où la tentative est effectuée. Ainsi, certains Bluebird arboreront deux drapeaux britanniques, la tentative ayant lieu à Pendine Sands. La Sunbeam Silver Bullet de Kaye Don combinera, à Daytona, Union Jack et Star Spangled Banner. Quant au Bluebird Proteus, il arborera le drapeau britannique et celui de l’Australie pour sa tentative océanienne.

PS : 1935 sera la dernière tentative sur la plage de Daytona. Ensuite c’est à Bonneville sur son lac salé, toujours au Etats-Unis, que seront effectuées les tentative de record.

Pour illustrer cette page, place aux fabrications américaines.
Photo premier rang à gauche : ensemble des Bluebird fabriqués aux USA de profil
Photo second rang à gauche: Lincoln (plomb) deux tailles différentes
Photo second rang à droite : inconnu (plastique)
Photo grande taille au troisième rang : ensemble de modèles de fabrication américaine
Photo quatrième rang à droite: inconnu (plomb) ce modèle est peu fréquent
Photo quatrième rang à gauche: Tip Top toys (plomb) peu fréquent modèle. Observez les rivets représentés sur les passages de roues
Photo grande taille au cinquième rang: ensemble de modèles de fabrication américaine

Des Bluebird made in England

Bluebird Kellog's céréales plastique 1/100 environ
Bluebird Kellog’s céréales plastique 1/100 environ

Pour rester dans la logique de la chronique de la semaine dernière, nous allons faire le tour des reproductions de cet impressionnant engin, la Bluebird, à travers les fabrications anglaises. C’est un des véhicules de record les plus reproduits. En France, AR et JRD produisirent chacun une reproduction. Même Märklin rendra hommage à cette auto, c’est dire l’aura dont il bénéficie. Il est bien possible cependant que les formes relativement simples du modèle aient favorisé les reproductions.

Plusieurs fabricants anglais ont inscrit ce joli modèle à leurs catalogues. La reproduction la plus fidèle est sans aucun doute celle de Britains. Seul ce dernier a su reproduire le poste de pilotage décalé sur la droite, avec, dans son sillage, la dérive verticale située elle aussi à droite. Pour l’occasion le fabricant anglais réalisera un jouet remarquablet. Il est composé de deux parties : un superbe châssis détaillé, injecté en plomb et une carrosserie amovible

En soulevant cette dernière, l’heureux enfant pouvait admirer l’impressionnant bloc moteur. La réalisation de Britains est splendide. Pourtant, Britains diffusera une version simplifiée, moulée en seule partie et dépourvue du châssis détaillé.

Nous appellerons cela une version économique. Comme cela est souvent observé, cette version économique ne rencontrera aucun succès. Cette dernière est très rare. Jamais deux sans trois, une autre version produite par Britains a vu le jour, également très rare. Si les deux exemplaires décrits précédemment étaient reproduits à une échelle proche du 1/50, cette version promotionnelle produite par Britains pour Cadbury est monobloc et réduite à l’échelle du 1/65ème environ. Charbens proposera aussi sa déclinaison, au 1/65ème environ. Injectée en plomb, elle est peu fréquente, même en Grande-Bretagne. Richtoys mettra sur le marché une version en rubber, peinte dans une finition bicolore. La finition est assez approximative et la qualité de reproduction médiocre. Enfin, signalons une reproduction au 1/100ème environ qui aurait été distribuée dans les céréales Kellog’s. Elle est moulée en plastique.

Dinky Toys Porsche 917

Le coiffeur et la Porsche 917

L’histoire se passe en région parisienne, il y a près de trente ans. Je participais en tant qu’exposant à un salon à Cergy-Pontoise afin de faire connaître la boutique que je venais d’ouvrir. De manière exceptionnelle, j’étais venu accompagné de ma famille. C’est à ma mère qu’il revint de distribuer les cartes du magasin.

cela aurait été une réussite que cette Porsche 917 Dinky Toys
cela aurait été une réussite que cette Porsche 917 Dinky Toys

Elle engagea rapidement la conversation avec un visiteur. Ils en vinrent tout naturellement à discuter du quartier dans lequel la boutique était implantée et plus précisément de la station de métro indiquée sur nos cartes. Ma mère, commerçante de talent, dirigeait encore d’une main de maître les ventes du magasin de chaussures familial. Elle faisait partie d’une génération de vendeuses capables de vendre tout ce dont vous n’aviez pas besoin ! De fil en aiguille, notre homme lui indiqua être familier de cette station de métro où il descendait chaque jour. Il avait d’ailleurs ses habitudes chez le coiffeur situé en face de la bouche de métro. Comme je me joignais à la conversation, il nous apprit qu’il se rendait chaque jour au « Belvédère », immeuble de l’avenue Jean-Jaurès qui, dans les années 80, accueillait les bureaux d’études de Meccano dont il était salarié ! Un quart d’heure plus tard, sur le parking de l’exposition, notre interlocuteur nous vendait un lot important de Renault Dauphine dites Bobigny. Il nous laissa son adresse.

Quelques jours s’écoulèrent avant que je ne lui rende visite. C’est un des plus beaux souvenirs de ma vie de collectionneur : dans une petite vitrine murale trônait un ensemble de modèles inédits en provenance du bureau d’étude. Des projets abandonnés, des pré-séries et des essais de couleur. Un vrai choc.

Dinky Toys France devait la sortir...
Dinky Toys France devait la sortir…

Si j’avais pu acquérir un seul de ces modèles de Meccano, mon choix se serait porté sur la Porsche 917. Nous avions en effet commencé notre approche de la collection de miniatures par l’acquisition des reproductions des autos de course de la firme de Stuttgart. Cette miniature avait une saveur très particulière pour nous. Mais notre amateur éclairé d’automobiles me confia qu’il ne souhaitait pas se séparer de ses trésors, pour l’instant du moins.

Prés de 25 ans s’étaient écoulés lorsque Jean-Michel Roulet me contacta en vu de l’édition de son dernier ouvrage. Je lui parlai de ces modèles inédits, et devant son intérêt je décidais de demander à « GJN » dans quelle mesure il accepterait de laisser photographier ses modèles dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage. J’avoue avoir composé sans grandes illusions le numéro de téléphone que j’avais précieusement conservé. Tant de temps s’était écoulé…Par bonheur, j’ai immédiatement identifié la voix qui m’a répondu. Il était enchanté à l’idée de faire partager aux autres ses trésors. De plus, constatant que son fils n’était pas passionné par les miniatures automobiles, il accepta, plus de 25 ans après ma première visite de me céder ses modèles. Le jour de la transaction, j’eus une dernière surprise. Nous avions une passion commune, le sport automobile, et plus précisément les compétitions des années soixante-dix. Au cours d’une discussion passionnée il m’indiqua qu’à cette époque il se rendait fréquemment sur les circuits automobiles. Avec son frère, son plaisir consistait à approcher au plus près des autos. Il m’expliqua les ruses qu’il déployait pour se faufiler dans les stands. Il faut dire qu’à cette époque, le contrôle au niveau du paddock était plutôt bon enfant. Et pour preuve de ses exploits, il ouvrit un petit classeur soigneusement organisé contenant des photos de magazines sur lesquelles il apparaissait en arrière-plan des champions. Il fit ainsi la couverture du magazine Moteurs, relatant la victoire de Jacky Ickx au Mans en 1969 où il apparaît dans le coin droit derrière le vainqueur. Je restai sans voix. Il me montra alors un dernier document qui provenait des archives de Meccano. Alors qu’il était chargé avec un collègue de trier les archives photos, il trouva un dossier de presse sur la Porsche 917. Sur un cliché, il s’identifia avec son frère, aux côtés de l’auto dans les stands lors des essais préliminaires des 24 heures du Mans 1969 ! Il porte un blouson rouge et son frère figure à l’extrême gauche du cliché. L’homme en blouson jaune est Robert Buchet, célèbre Porschiste français. C’est la photo que je vous présente. Voilà la raison pour laquelle « GJN » tenait à cette miniature.

PS : Nous collectionnons toujours les Porsche miniatures de compétition. J’ai souhaité faire figurer sur les photos du blog la reproduction par Spark du modèle qu’avait envisagé Meccano quarante ans auparavant. La comparaison est assez intéressante. Il est dommage qu’elle n’ait pas été reproduite par Meccano car le prototype était très prometteur. Corgi Toys et Norev offriront des reproductions quelconques de cette belle auto. Pour l’histoire, les versions présentées reproduisent la toute première 917, portant le châssis 001. Elle n’a jamais couru et n’a été utilisée qu’à des fins d’exposition dans les salons automobile. La version de Meccano est celle du salon de Genève, reconnaissable à ses ailerons stabilisateurs à l’avant de l’auto. La version de Spark est celle qui figure en tête de la célèbre photo prise lors de l’homologation, après Genève, dans la cour de l’usine Porsche, sans les stabilisateurs. Je recommande l’excellent ouvrage sur le sujet de Reynald Hézard « 917 Porsche Esquisses d’un succès », véritable travail de bénédictin où l’auteur détaille tous les châssis et toutes les livrées des Porsche 917 !

Il était une fois la Belgique avec Corgi Toys

Il était une fois la Belgique avec Corgi Toys

Bernard Arnault a récemment défrayé la chronique et suscité des débats enflammés en demandant la nationalité belge. La Belgique est un pays où, moi aussi j’aime me rendre. D’Antwerpen à Liège en passant par Bruges ou Bruxelles, les paysages sont superbes, les architectures éblouissantes et variées, le dépaysement bien réel pour tout français qui pourrait être un peu blasé par son pays.

Reisler coffret vendu lors de l'expo de 1958
Reisler coffret vendu lors de l’expo de 1958

Loin de notre morosité nationale, les Belges sont reconnus pour savoir faire la fête. Leur table est excellente, et c’est le paradis des buveurs de bière. Leur bonne humeur légendaire permet d’oublier la météo parfois capricieuse, qui finalement n’est pas tellement différente de celle de la région parisienne ! Voilà bien des raisons d’aller faire un tour outre-Quiévrain ! Ce sont sans aucun doute ces bonnes raisons qui ont poussé un capitaine d’industrie à demander la nationalité belge. Je vais vous présenter aujourd’hui des modèles issus de fabricants étrangers qui désireux de s’implanter en Belgique, ont adapté des modèles de leurs gammes pour le marché belge.

Corgi Toys qui est certainement le fabricant le plus agressif du marché de la miniature s’est naturellement intéressé à la Belgique, vraisemblablement par le biais de son importateur. Corgi Toys est le seul fabricant que je retrouve présent aux quatre coins du monde. Grace à un catalogue intelligemment conçu, les produits pouvaient s’exporter partout, ce qui n’était pas le cas de Dinky Toys trop typé britannique.

Les magasins de jouets belges distribueront donc quelques modèles Corgi Toys exclusifs. Le plus savoureux, pour nous français, est celui réalisé sur la base de la camionnette Bentam Karrier. En lieu et place du sticker « Joe’s Diner », qui, lui, fut distribué un peu partout, nos amis belges pouvaient se procurer une version « patates frites » bien plus adaptée aux spécificités locales.

Sur le dessin du décalque trône un magnifique cornet de frites, il ne manque plus que la mayonnaise ! Remarquons le texte en français, pour ce modèle diffusé dans un pays qui connaît deux langues différentes. En touriste averti, je peux me localiser selon que les panneaux publicitaires ou indicateurs du bord de la route affichent leur message en wallon ou en flamand. Il y a certes la particularité de la région de Bruxelles ou le wallon peut côtoyer le flamand. C’est peut être pour éviter toute polémique que l’organisme qui gère l’assistance routière en Belgique, le Touring Secours a choisi un nom avec une consonance anglo-saxonne ! Corgi Toys transformera ses versions RAC, autre grande société d’assistance routière établie en Grande-Bretagne, pour les adapter au marché belge. Sur la base de la version 109LWB, Corgi Toys se contentera de peindre ses Land Rover en jaune, et d’appliquer des stickers TS. Le succès dut être au rendez-vous. En effet, lorsque Corgi Toys créera un second moule, plus moderne, équipant sa miniature d’une bâche en plastique et non plus en tôle et de suspensions, elle réalisera également une série en livrée TS. Ces deux miniatures sont peu fréquentes.

Sans être un inconditionnel de la firme Corgi Toys, j’ai beaucoup de plaisir à rassembler les modèles que cette compagnie a créé pour des marchés spécifiques. Ces trois modèles en sont un parfait exemple.

Enfin, le petit présentoir avec les figurines fut produit par Reisler, firme danoise, pour l’importateur Belge Bois Manu, à l’occasion de l’exposition universelle de 1958, afin d’accompagner le car Mercedes également produit par une autre firme Danoise, Tekno dont l’importateur pour la Belgique était aussi Bois Manu !