Dinky Toys Citroën DS présidentielle (2)

Le Général a disparu de la DS Présidentielle

Le 29 mai 1968, le général de Gaulle est introuvable. Même son Premier ministre, Georges Pompidou, ignore où il se trouve. Il a pris l’initiative de reporter le conseil des ministres du mercredi au jeudi en prétextant que le Général avait besoin de se reposer à Colombey-les-Deux-Eglises.

Citroên DS Présidentielle
Citroên DS Présidentielle

Mais Bernard Tricot, le secrétaire général de la Présidence qui a cherché à joindre le Président sait qu’il n’est pas parti à Colombey-Les-Deux-Eglises.

Durant plusieurs heures, personne ne saura où est le Général de Gaulle. Il est en fait parti en hélicoptère à Baden-Baden. Ce que les collectionneurs de miniatures ignorent, c’est que cette situation va se reproduire. Pour cela je vous propose un petit retour dans le passé.

L’histoire débute au milieu des années 80. J’ai déjà eu l’occasion, avec la présentation des Peugeot D3A de vous raconter comment, dans une petite bourse d’échange aux jouets en région parisienne, j’ai eu la chance de rencontrer un ancien salarié de la maison Meccano. Ce dernier m’avait invité à venir chez lui afin de concrétiser quelques achats de Dinky Toys. Cette rencontre restera gravée à tout jamais dans ma mémoire, au regard notamment des pièces inédites exposées dans une petite vitrine murale.

Vous en saurez davantage à l’occasion de la publication du prochain livre de Jean-Michel Roulet. Dans le cadre des recherches entreprises pour cet ouvrage, je l’ai mis en contact avec cet ancien de Meccano au bénéfice des collectionneurs de Dinky Toys. Je me souviens parfaitement de l’emplacement de la Citroën DS 19 du chef de l’Etat dans la petite vitrine. Très rapidement, j’ai fait le lien avec une photo que j’avais vue dans un numéro de « Modélisme », revue destinée aux passionnés de la miniature. Après quelques recherches j’ai retrouvé le numéro concerné : il s’agissait du numéro 51, paru en février 1967.

Le modèle que j’ai eu sous les yeux avait subi les outrages du temps. Mon hôte m’expliqua comment les modèles avaient été stockés lors du déménagement de Bobigny. Pour diverses raisons, le déménagement avait été opéré en urgence et les modèles empilés dans de grands bacs. Ils avaient été stockés rue du Maroc, dans le 19ème arrondissement, dans un local où quelques salariés assemblaient à longueur d’année des constructions Meccano destinées à être présentées dans les grands magasins. C’est aussi là que furent stockés les moules de Bobigny. C’est dans ces conditions que le Général de Gaulle va disparaître une seconde fois. Doit-on y voir l’œuvre d’un admirateur voulant se l’approprier ou d’un détracteur souhaitant effacer jusqu’à son image ? Toujours est-il que la figurine a été désolidarisée de l’habitacle. Seule demeure la trace de colle. Peut-être a-t-il été simplement oublié au fond de la caisse.

Rendez-vous la semaine prochaine pour la fin de l’histoire, avec notre nouveau président !

Vilmer Opel Caravan

Une caravane danoise en Norvège

La vie d’un modèle n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Comme nous l’avons vu précédemment avec l’étude de la Volvo PV444, le fabricant danois Vilmer avait essayé de se lancer dans la reproduction de miniatures automobiles. Le second modèle qu’il produisit se révéla original. Vilmer s’orienta vers un break, ce qui n’est jamais un choix facile pour un fabricant de jouets. Bien souvent, pour amortir l’outillage il faut décliner le modèle en version police, ambulance, pompiers. Rares ont été dans l’histoire du modèle réduit les versions break qui ont rencontré le succès commercial. L’Opel de chez Vilmer n’échappera pas à cette règle.

Opel Caravan Vilmer et Minicar
Opel Caravan Vilmer

Réduite à une échelle peu fréquente, entre le 1/43 et le 1/50, la miniature offre un aspect agréable du fait de sa conception. En effet Vilmer habille ses miniatures d’une finition bicolore qui est réalisée à l’aide d’une décalcomanie appliquée sur le pavillon. C’est un modèle peu fréquent et fragile. Les boîtes chez Vilmer sont particulièrement rares. Je n’ai que très rarement rencontré ces autos en dehors du Danemark et je ne pense pas qu’elles aient été exportées. Du reste, même au Danemark elles sont difficiles à se procurer.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Un jour pourtant, mon regard a été attiré par un modèle qui possédait une finition inhabituelle. Il avait une jolie teinte métallisée et surtout, la découpe bicolore était réalisée au niveau de la ceinture de caisse, au pochoir.

Comme toujours, le collectionneur se doit d’être curieux. Le modèle en main, j’ai découvert sur le châssis une inscription qui m’a stupéfié : « Minicar made in Norway ». L’authenticité ne faisait aucun doute.

Nous étions en présence d’une fabrication norvégienne réalisée à partir d’un moule d’origine danoise. C’est toujours la même démarche qui conduit de petits industriels, notamment des industriels danois, à louer des moules à l’étranger. Nous connaissions les versions norvégienne des marques Tekno et Lego. Il nous faut désormais ajouter les versions Vilmer.

J’ai trouvé, bien plus tard un second modèle mais la surprise a été moins grande.

Vilmer Volvo PV444

Une Volvo PV444 à l’épreuve du temps

Au début des années 80, lors de mes premiers voyages à Göteborg, j’avais été surpris de voir dans les rues de très nombreuses Volvo PV544. Ces modèles semblaient hors du temps dans le flux de la circulation et illustraient la réputation de solidité du constructeur Suédois.

Vilmer Volvo PV444
Vilmer Volvo PV444

Curieusement, elles étaient bien plus nombreuses que le modèle qui avait suivi chez Volvo, le modèle Amazon. C’est la version break, dit duett qui me plaît le plus. Je me souviens avoir également vu des versions pick-up. Au bout d’une dizaine d’années, au milieu des années 90, comme par magie, elles ont disparu du paysage automobile. Il y a fort à parier qu’elles ont été victimes de nouvelles normes techniques. Nous assisterons chez nous au même phénomène, d’abord avec les véhicules industriels, puis avec les véhicules particuliers. Ainsi, si dans mes premiers voyages je croisais des autos des années soixante, il n’y avait déjà plus de camions de cette époque. Les normes techniques qui arriveront plus tard chez nous avaient déjà écarté ces véhicules de la circulation. La sécurité routière a toujours été un cheval de bataille du gouvernement suédois.

Des amis suédois m’ont expliqué qu’il était logique de trouver des autos bien conservées malgré le fait qu’elles circulent depuis plus de 30 ans. En fait, sans vouloir minimiser les mérites du constructeur suédois, le bon état de ces véhicules trouve son origine dans une autre cause.

Pour acquérir une bonne auto « ancienne », il suffisait de partir dans le nord de la Suède, là où les routes sont enneigées une grande partie de l’hiver et où les propriétaires laissent facilement tout l’hiver l’auto au garage, préférant les transports en commun. Ainsi les carrosseries ne subissent pas la corrosion due à la neige et au sel.

Inversement les citadines qui circulent dans les agglomérations dont les voies sont dégagées et salées en hiver affichent des bas de caisses en dentelle. C’est pourquoi les amateurs de voitures anciennes mettent le cap au grand nord pour récupérer des autos en bon état.

Pour illustrer ce souvenir, j’ai choisi de vous présenter une Volvo PV peu fréquente :  Volvo PV444, qui se singularise par son pare-brise en deux parties. Tekno ne produira que des PV544, avec pare-brise panoramique. Ce sont ces dernières que je croisais dans les rues de Göteborg. Vilmer est une firme atypique. Discrète, elle a beaucoup exporté aux USA. Il n’est pas rare de croiser des productions Vilmer, notamment des reproductions de Chevrolet et de Dodge de l’autre côté de l’Atlantique. Devant le petit succès commercial de ses camions, Vilmer voulut sans aucun doute concurrencer son rival danois, Tekno. Vilmer se lança alors dans la reproduction de berlines. Le succès n’a pas été au rendez-vous. L’échelle de reproduction est légèrement inférieure au 1/43. Je ne connais que quatre couleurs. Lors d’un récent voyage en Scandinavie, j’ai pu acquérir une curieuse miniature. J’ai tout de suite vu dans cette reproduction le modèle qui avait inspiré cette reproduction en plastique: le modèle Vilmer. En raison de la nationalité du vendeur, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une copie finlandaise. Comme je l’interrogeais sur le sujet, il m’a indiqué qu’il était d’origine hongroise et que c’est en Hongrie qu’il avait trouvé ces modèles. Il m’a encore expliqué qu’à l’instar de ce qui s’était passé dans l’ex-Allemagne de l’Est, tous les magasins de jouets avaient été dévalisés par les collectionneurs occidentaux, avides de stocker des miniatures disparues de la circulation. La Hongrie a la particularité d’avoir eu des unités de fabrication de Matchbox et de Siku. Les moules de ces fabricants connaissaient une seconde vie de l’autre côté du rideau de fer.

CIJ Renault 1000Kgs Boucherie

Le morceau du boucher

La campagne relative à l’élection présidentielle nous a récemment offert une belle polémique sur les modalités d’abattage du bétail, selon qu’elles obéissent ou non à un rituel, et sur les obligations d’étiquetage en la matière.

Renault 1000 kg en version boucherie
Renault 1000 kg en version boucherie en pleine livraison !

Je me suis souvenu que certains fabricants de miniatures avaient proposé des reproductions de véhicules sur le thème du transport de la viande et je n’ai pu m’empêcher de trouver dans l’actualité un prétexte pour vous les présenter.

S’il existe des reproductions de camions bétaillères qui permettent d’amener sur pied du bétail, les reproductions de véhicules transportant les carcasses et les morceaux de viande après l’abattage sont bien moins nombreuses.

Il faut avouer qu’il est commercialement plus facile de présenter une ou deux vaches bien portantes dans une bétaillère que des carcasses dans un camion frigo !

Ainsi, peu de fabricants de miniatures étrangers se sont penchés sur le thème du transport de viandes : à part le fils du boucher, quel enfant pourrait avoir envie d’acquérir un véhicule de ce type ? Corgi Toys reproduira pourtant des morceaux de viande dans un coffret « the lions of Longleat ». Il faut dire que ces derniers étaient destinés au repas des fauves ! Le coffret est d’un réalisme troublant.

Sur la base de son Bentam Karrier, Corgi Toys, toujours lui, produira un véhicule de vente de viande ambulante. France Jouets, fabricant atypique de Marseille, ne va pas hésiter à proposer à sa jeune clientèle un tel véhicule. Cette entreprise dont les fabrications sont pleines de charme n’a jamais hésité à sortir des sentiers battus. C’est ainsi qu’elle équipera un camion GMC d’une caisse avec des volets roulants. Ce fabricant avait pour politique commerciale de décliner sur un châssis commun de nombreux équipements. Grâce à cette politique économique, il réussira à se faire un nom auprès d’une clientèle fidèle. En effet, après le GMC, suivront un Berliet GAK puis un Berliet Stradair équipés de la même manière. Bien que l’échelle de reproduction des trois cabines soit différente, l’aspect de ces véhicules équipés de cette caisse est agréable à mes yeux. La finition « luxe »du GMC équipé de pneus blancs crantés est du plus bel effet.

C-I-J, autre fabricant français plein de charme, déclinera son superbe Renault 1000 kg fourgon en version boucherie. La rareté certaine de ce modèle permet de penser qu’il n’aura rencontré qu’un succès limité. Sa finition est superbe. Cette version est apparue vers la fin de l’utilisation de ce moule. C’est le type même de produit qui servait à amortir l’outillage. Le Renault 1000 kg est pour moi la plus jolie miniature produite de tous les temps. Il est amusant de constater que même les fabrications actuelles n’ont jamais pu offrir à la clientèle un modèle aussi fidèle que celui de la C-I-J. Techniquement, les portes arrière en tôle et le marchepied repliable sont de petits chefs- d’œuvre.

C’est le moment de prendre le temps d’aller chercher un Renault 1000 kg dans vos vitrines et de l’admirer !

Dinky Toys série 28

De 13 à 15

Mon père et moi avons fini par disposer de cette série de 13 véhicules. Pourtant, en 1975, c’est un objectif qui nous paraissait bien difficile à atteindre. Nous avions d’ailleurs mis cette série de côté, optant pour d’autres priorités plus à notre portée car il n’y avait quasiment pas de séries 28 sur le marché.

Gravures Hornby ou Dinky Toys
Gravures Hornby ou Dinky Toys

C’est en Suède que j’ai eu l’opportunité d’acquérir la première, la version « Crawford’s biscuit » au milieu des années 80. Elle était en excellent état et j’ai sauté sur l’occasion. La série était lancée. Dans la mesure du possible, nous avons essayé d’acquérir des pièces en bon état. Nous avons agi sans précipitation mais avec opportunisme, qualité essentielle du collectionneur. Nous avons fini par rassembler toute la série jusqu’à buter, en toute logique, sur la « Firestone ».

Durant les années 90, j’avais rencontré un collectionneur anglais qui avait placé la barre très haut et qui cherchait toutes les variantes possibles concernant la série 28 : les variantes de gravure sous le pavillon, « Hornby series » ou « Dinky Toys », mais aussi toutes les couleurs de roues.

En effet, toutes les versions sont sorties avec des roues en plomb moulées et peintes de couleur acidulée (bleu, rose, vert, violet). La collection des variantes multipliait ainsi le nombre de modèles à acquérir, alors que nous avions déjà du mal à nous procurer un exemplaire de chaque publicité ! Nous n’avons donc jamais cherché les couleurs de roues différentes sur cette série et l’on pourrait considérer que la série a été finie le jour où nous avons enfin déniché celle arborant la marque « Firestone ». Pourtant, et nous venons d’en avoir confirmation, cette série n’est pas finie. Une récente découverte a fait apparaître l’existence d’un modèle promotionnel sur la base de cette camionnette moulée en plomb et qui arbore les couleurs «W.E. Boyce » (verte et rouge).

C’est alors que nous avons eu connaissance de l’existence d’une quinzième version révélée lors de la vente exceptionnelle de la collection de M. Poulet chez Christie’s. L’existence de ce modèle avait été envisagée dans le livre de Mike Richardson sur les Dinky Toys anglais. Il évoquait la possibilité, logique, que le premier modèle publicitaire soit en fait établi sur la base de la série 22, la camionnette de livraison, cette dernière conservant les couleurs d’origine de la série, c’est à dire l’orange et le bleu. Pour faire simple, Meccano aurait appliqué sa première publicité, bien sûr à ses couleurs, Meccano, en utilisant simplement des modèles de la série 22. C’est donc une série 28 avant l’heure. Le jour de la vente, un journaliste du journal « the Times » avait écrit un article sur cette vente d’exception.

A la question, si vous deviez conserver un seul modèle lequel choisiriez vous ? M. Poulet avait répondu sans hésitation que son choix irait à cette camionnette 22 arborant la publicité Meccano. Il était d’ailleurs photographié avec l’objet dans les mains. Ce jour là, j’ai eu l’opportunité de l’acquérir. Je n’en ai jamais revu.

Cela m’amène à une conclusion réjouissante. Ces quelques exemples permettent de dire, qu’une collection n’est jamais finie, tout simplement parce que tout est loin d’être répertorié. Les 13 camionnettes que nous cherchions au départ, se sont transformées en 15 modèles…et nous n’en avons, heureusement que 14…Il faudra bien du temps pour trouver la quinzième. Et nul doute que d’autres existent … !