Tekno Ford Taunus FK 1000

Copenhague Cologne en Taunus FK 1000

La proximité de l’Allemagne qui représente un marché non négligeable, fait que Tekno, firme danoise, a inscrit à son catalogue de nombreuses reproductions de voitures germaniques.

Tekno Ford Taunus pick up; A droite version moins fréquente
Tekno Ford Taunus pick up; A droite version moins fréquente

Cependant Tekno n’a jamais travaillé directement pour Volkswagen, la place étant déjà occupée par Wiking. Elle a par contre réalisé de très nombreuses versions publicitaires pour l’importateur Danois de Volkswagen. Tekno a également travaillé pour Mercedes. Des boîtages particuliers destinés à être distribués en concessions ont ainsi été créés. Tekno a enfin produit pour Lloyd des coffrets avec des autos déclinées en différentes couleurs afin d’aider les éventuels acheteurs dans le choix de la teinte de leur véhicule. Mais Ford Cologne est certainement le partenaire allemand avec lequel Tekno a le plus travaillé. Leur collaboration la plus importante aura lieu pour le lancement du Ford Taunus FK1000 (FK pour Ford Köln). C’est lors d’un voyage outre-Rhin, en récupérant des modèles aux teintes particulières, que j’ai eu l’intuition d’une collaboration active entre les deux firmes. En effet, ces couleurs particulières, je ne les ai rencontrées qu’en Allemagne, à une époque où l’internet n’était pas encore développé. Ce détail est très important pour les gens qui cherchent comme moi à comprendre la petite histoire de nos miniatures. Désormais, grâce à cet outil, les miniatures voyagent aux quatre coins de la planète à la vitesse d’un clic, et il va être de plus en plus difficile d’établir avec certitude la provenance de certains modèles.

Je vous présente donc un échantillon de modèles de  Taunus FK 1000 certainement conçus pour Ford. Il est vraisemblable, comme pour tout produit industriel, qu’un reliquat de ces teintes ait fini dans le commerce. La version du fourgon dont l’inscription en langue allemande mentionne « Ford Kundendienst » Service après-vente Ford est sans équivoque quant au marché ciblé. Les nombreuses versions « luxe » finies dans des teintes métallisées (brun, bleu, vert) ont également été conçues pour le marché allemand. On peut même imaginer que ces trois couleurs ont été réalisées aussi bien en pickup, minibus et fourgons. La version minibus de couleur saumon est très intéressante. La couleur est empruntée à la Taunus 17 M. C’est typiquement une couleur Ford de l’époque.

Mais le plus intéressant, c’est le décalque sur le pavillon de couleur ivoire qui donne une finition bicolore. Un décalque spécifique, reprenant la forme du pavillon a donc été créé qui ne sera jamais utilisé sur un modèle du commerce. Il est possible que l’on découvre un jour d’autres couleurs avec cette finition !

Notons enfin que Tekno créa un modèle pour Ford et le marché anglo-saxon. Je l’ai acquis auprès d’un ancien vendeur de Ford dans la banlieue londonienne. Lors des manifestations, ce personnage hors du commun était toujours habillé de rouge de la tête aux pieds. Les anglais l’avait surnommé « the man in red ». C’était là une bonne approche commerciale. Peut être avait-il appris tout cela lors de son stage de vendeur pour Ford ? La version pickup avec le logo Ford vient aussi de là. Le bleu est très différent de celui de la version que l’on trouve dans le commerce.

Pour les amateurs de Tekno, le Ford Taunus est moins prestigieux que le Volkswagen Kombi. C’est très injuste, car avec mon père nous le trouvons particulièrement réussi et nous avons mis la même énergie à rassembler les uns et les autres. La seconde version avec le châssis rallongé et la porte ouvrante perdra une partie du charme des premiers modèles.

Winross White 7000

White is white – 2

A l’honneur en photo le White 7000. Camion très représentatif du paysage routier américain. De grandes compagnies ont opté pour cet ensemble.

White 7000 avec boîte promotionnelle
White 7000 avec boîte promotionnelle

Parfois, le commanditaire n’hésitait pas à faire imprimer un étui spécial, comme ce « Finco » harmonieusement décoré.

La collection de ce type de produit a l’avantage de se décliner par thèmes : par exemple les produits laitiers, les boissons, les pétroliers. Ainsi, les camions de la firme « Hess » sur la photo au troisième rang peuvent constituer un thème à eux seuls. La marque, bien connue des amateurs de miniatures aux États-Unis proposait à ses clients chaque année depuis 1963, au moment de Noël, un nouvel objet portant ses couleurs. Cela va de la citerne au camion de pompiers de la raffinerie en passant par le supertanker.

Winross White 7000 aux couleurs Hess
Winross White 7000 aux couleurs Hess

Hess a donc commandé un ensemble de miniatures. Ces dernières ont dû être pour usage interne afin de promouvoir la firme et ses produits chimiques et leurs dérivés.

La version qui tracte la semi-remorque plateau et ses trois cuves est particulièrement intéressante.

Dinky Toys Simca 1500

La Simca de M. Hulot

Il y a toujours eu des gens en avance sur leur époque. Cela est particulièrement vrai dans le domaine artistique : beaucoup de peintres incompris de leurs contemporains n’ont eu aucun succès de leur vivant. La reconnaissance sera posthume. Il me semble que le film de Jacques Tati, « Playtime », réalisé en 1976 fait partie de ces œuvres trop en avance sur leur époque.

Play Time de Jacques Tati
Play Time de Jacques Tati

Jacques Tati, pour qui j’ai une grande admiration, était allé aux États-Unis au début des années soixante. Son film est librement inspiré des impressions laissées par ce voyage. Le titre du film est un clin d’œil. Il avait d’abord opté pour un titre en français, mais il a finalement souhaité, à travers un anglicisme, se moquer d’une mode qui commençait à poindre et qui consistait par snobisme à glisser dans les phrases des termes anglais. Il a su dès le départ que son film n’était pas fait pour le marché européen. Il espérait le vendre aux Américains. Malheureusement, en l’absence de toute vedette de premier plan au générique, ils refusèrent de l’acheter. Cela plongea Jacques Tati dans d’insolubles problèmes financiers. Avec son architecture futuriste, ses rues sans âme, ses angles et ses lignes droites, « Playtime » semble bien être une caricature de ce qu’il avait découvert outre-Atlantique. La petite marchande de fleurs photographiée à tout bout de champ est incongrue dans cette modernité.

La modernité, Jacques Tati n’est pas contre. Il déclarera cependant à la sortie du film « Que signifient la réussite, le confort, le progrès si personne ne connaît plus personne ? ». On voit poindre l’individualisme et la solitude modernes.

Si vous avez la chance de visionner le film, observez le traitement que Jacques Tati réserve aux autos. Il n’y a au volant des voitures que des conducteurs solitaires. L’auto n’est plus partagée. Seul le bus semble être un lieu de sociabilité ; cependant il est bondé et les usagers comme des robots se pressent au rythme saccadé de l’ouverture et de la fermeture des portes.

Le détail qui m’a donné prétexte à ces quelques lignes, c’est l’omniprésence d’une auto, plus particulièrement d’une marque, Simca. Dans les embouteillages, sur les parkings, ce ne sont que des Simca 1300, 1500 break ! Les alignements sont impressionnants. Les couleurs sont monotones, comme pour fustiger un certain conformisme de la part des consommateurs. Les autos se déplacent lentement, comme insérées dans un flux continu. Tout cela est terriblement contemporain et l’on comprend que ce film visionnaire ne déclencha pas l’enthousiasme des spectateurs à sa sortie.

La suite la semaine prochaine.

M. Hulot et la Simca break

Pour illustrer ce merveilleux film « Playtime », j’aurais pu vous proposer des Simca 1300 et 1500 sorties de chez Norev. Il faut convenir que le fabricant de Villeurbanne n’a pas été très inspiré par ces miniatures Simca. La version break et la 1501 viendront heureusement relever le niveau. Je vais donc me tourner vers Bobigny.

le modèle retrouvé au bureau d'étude
le modèle retrouvé au bureau d’étude

Dinky Toys a reproduit fidèlement la Simca 1500 berline. En choisissant de limiter le choix à un modèle avec la malle ouvrante, le fabricant a épargné aux amateurs les défauts rencontrés sur les modèles de cette époque avec les portières ouvrantes (Ford Taunus 12 M par exemple). L’auto est donc de bonne facture. Les feux et les phares en strass donnent une finition luxueuse. Il faut signaler l’existence de deux bleus très différents, le plus foncé étant le moins fréquent. Le modèle sera produit chez Poch en Espagne. Pour l’occasion il recevra une plaque d’immatriculation arrière de couleur argent et non noire, comme sur le modèle produit en France. Les pneus reçoivent un marquage « Pirelli ». Signalons enfin que j’ai découvert sur l’étal d’un marchand, une version avec un aménagement intérieur de couleur noire. L’ensemble était d’origine, la couleur étant injectée en plastique.

Le Simca break 1500  de Dinky Toys est également de bonne facture. Le hayon arrière bascule, laissant apparaître le coffre que Simca avait astucieusement équipé d’une table de camping servant également de fond à ce dernier.

Il faut ici parler de trois modèles particuliers. Le premier est un essai de couleur, fini en bleu marine. L’intérieur est injecté en plastique de couleur beige. Le modèle est riveté. Il possède une finition au pochoir similaire à celle des modèles de série. Par contre, il est équipé de jantes en plastique chromé qui ne furent jamais utilisées dans le commerce, Meccano se réservant ces jantes pour ses essais. Elles ont un aspect plus flatteur que celles de série, souvent ternes. Le deuxième modèle est une version enjolivée équipée de phares supplémentaires dans la calandre. Il pourrait s’agir d‘une proposition de variante « 1501 break » du bureau d’étude. Contrairement à la version berline, la version 1501 break ne subira pas de profondes modifications de face avant et arrière. La présence des phares additionnels est une piste. L’auto reçoit une jolie peinture « prune ». Elle doit être l’œuvre de Claude Thibivilliers, habile maquettiste de Bobigny. Sa finition maquette est bien sa signature. Elle reçoit un intérieur en plastique injecté de couleur ivoire qui ne sera jamais réalisé en série. Elle possède aussi, logiquement les jantes en plastique chromé.

Le dernier modèle présenté ce jour possède une histoire singulière. Claude Thibivilliers, cité précédemment, était un familier de la boutique Modélisme, boulevard Sébastopol à Paris. Amateur éclairé de miniatures, il fréquentait cet endroit incontournable pour les amateurs de modélisme et que son propriétaire, Monsieur Greilsamer, tenait d’une main de maître. Ce dernier proposa de diffuser, de manière confidentielle, hors listings, une série de modèles sur base Dinky Toys France.

Cette diffusion a notamment concerné une Renault 4L « PTT », une Peugeot 404 « pompiers de Paris », une Ford Galaxie « police » et bien sûr cette Simca 1500 « police ». Pour les collectionneurs, qui sont arrivés sur le marché 10 ans après l’événement se pose la question de la pertinence de ces modèles. Dinky Toys ou non ? Depuis l’été dernier, j’avoue que mon avis a évolué. En reprenant contact après de très longues années de silence avec un ancien collaborateur de Meccano, j’ai eu la surprise en allant lui rendre visite de voir ce modèle de Simca 1500 « police ». Ce monsieur avait eu l’intelligence de sauver de la destruction, nombre de modèles et de prototypes lors du démantèlement de la rue du Maroc dans le 19eme arrondissement. C’est la preuve incontestable que ce modèle a bien été étudié par Meccano. Comme la Renault 4L « PTT » qui sera elle, reprise en série, la 1500 « police » fut bien étudiée. Il doit en être de même pour les autres modèles distribués chez Modelisme. On peut alors conclure que Claude Thibivilliers aurait simplement écoulé de petites séries de projets avortés.

L’exemplaire présenté ne possède pas et n’a jamais possédé de gyrophare malgré la perforation du pavillon. Le vitrage n’a pas été perforé !

Winross White 9000

White is white

Au fil des années de recherches et d’achats de collections j’ai finalement amassé une grande quantité de documents, revues et catalogues. J’ai toujours essayé de les trier et de les classer. Lorsque j’ai décidé de vous parler de Winross, j’ai repensé à un document que j’avais soigneusement rangé. Il s’agit d’un magazine anglais daté de 1972, dont la couverture est superbe et présente un bel ensemble de camions Winross.

Winross Toys White 9000 devant un "diner
Winross Toys White 9000 devant un « diner »

Tout content de ma trouvaille, j’ai entrepris, laborieusement, de traduire les quelques pages. Arrivé à la fin de l’article, je comprends que l’auteur nous donne rendez-vous au numéro suivant pour une suite de l’article. Il y a parfois des petits miracles qui ensoleillent la journée : j’ai replongé dans le porte documents où j’avais classé les revues anglaises de l’année 1972 et j’ai eu la bonne surprise de constater que la personne auprès de qui j’avais acquis l’ensemble de ces documents m’avait également cédé le numéro suivant !

La revue « Model Cars » traite de tous les aspects du modélisme : maquette, circuit routier, modèles thermiques et occasionnellement le die cast.

L’article est signé « C.B.C Lee », éminent collectionneur américain, en particulier de la marque Tootsietoys. M. Lee indique s’être rendu dans l’état de New York sur le site où sont fabriqués les Winross, mais il ne prononce jamais le lieu de fabrication qui demeurera secret. Il faut dire que tout au long des deux articles, plane l’ombre d’un étrange personnage, Roger Austin, le fondateur de la firme Winross. L’auteur raconte que son idée de faire un article sur cette firme de Rochester dans l’état de New York, remonte à 1967. Malheureusement, tous les courriers qu’il envoie à cette fin à compter de 1967 restent sans réponse de la part de Monsieur Austin. A force de persévérance, il obtient son sésame en 1971 : Roger Austin accepte de le recevoir, de mauvaise grâce, entre deux rendez- vous. Celui-ci hésite à se confier à M. Lee et exige que les articles lui soient soumis avant publication. Il craint la concurrence et l’espionnage de ses concurrents.

En 1972, après validation, les articles sont enfin publiés. Le nom « Winross » est une création. Il a pour origine la ville écossaise de Kinross près d’Edimbourg. Monsieur Austin indique qu’il n’a pas voulu pour des raisons juridiques reprendre exactement le nom de la ville, mais il n’avance aucune explication quant à la raison qui l’a conduit à choisir la lettre W en substitution du K.(j’avance l’idée du « W » de White, la firme des camions reproduits par Winross).

La suite est plus intéressante. M. Lee nous apprend que depuis 1929 Roger Austin collectionne les jouets. Son métier, architecte urbaniste le conduit à réaliser régulièrement des dioramas de simulation. Il se spécialise progressivement dans la réalisation d’aires de repos, de stations-service et d’embranchements autoroutiers. Il réalise alors qu’il a de plus en plus de mal à trouver des miniatures adaptées pour ses maquettes professionnelles.

Au milieu des années soixante il réalise un premier moule afin de reproduire un camion pour son usage professionnel. Il choisit l’échelle du 1/64 cohérente avec celle de ses maquettes. Notons au passage qu’en Europe, ce genre de maquette utilise l’échelle HO, 1/87.

Et c’est ainsi que démarre l’aventure mais nous reviendrons prochainement sur cette histoire captivante !

Afin d’illustrer cet article sur Winross, j’ai sélectionné des White 9000. La photo au troisième rang est intéressante. La version « Friderici » mérite un commentaire. Vous connaissez peut être ce transporteur si vous allez en Suisse. Ce transporteur toujours en activité utilise encore des camions d’origine américaine, j’en ai croisé un il y a peu de temps. C’est certainement un des rares transporteurs étrangers à avoir commandé un véhicule chez Winross. La version de la remorque est très peu fréquente. Il ne s’agit pas de la version classique, plus longue. Celle-ci est moulée de manière monobloc.

La citerne « Swann Oil » mérite également votre attention. Elle aussi est moulée d’une pièce. Elle représente une citerne de conception plus ancienne que celles photographiées en haut d’article.

Enfin, je n’ai pu résister au plaisir de photographier deux semi-remorques marquant une pause devant un « diner ». Peut-être livrent-ils leurs marchandises au restaurant ? Du soda et des pâtes par exemple, de quoi se rassasier après quatre heures de highways ! C’est un clin d’œil à l’origine de ces véhicules, destinés initialement à décorer des dioramas.