Swinging London – 2

Afin d’avoir, et sans rancune, une pensée pour le collectionneur dont je parle dans l’article précédent, je vous propose de découvrir la gamme des couleurs de l’Austin Devon proposée par Binns Road qu’il aurait tant aimé se procurer.

Austin Devon Dinky Toys pour la Suisse
Austin Devon Dinky Toys pour la Suisse

Les versions de couleur rouge et de couleur caramel sont peu fréquentes. Il en est de même de la version bleu-France. Enfin celle arborant une décalcomanie « PKZ » a pour origine la Suisse. La chaîne de magasin « PKZ », qui existe toujours, distribuait à ses clients des Dinky Toys, principalement d’origine anglaise. Ce sont des codes 2.

J’apprécie cette série publicitaire et je ne manque jamais quand l’occasion se présente d’en acquérir des exemples.

L’idée d’inconnu et par conséquent de découvertes potentielles me plaît beaucoup. En effet, s’il y en a eu assurément un grand nombre, personne ne sait exactement sur combien de véhicules ont été apposées ces décalcomanies.

Nous verrons prochainement avec l’étude d’autres miniatures de la série 40, que les surprises ne vont pas manquer !

Swinging London – 1

Swinging London : ça balance à Londres !

Ou les belles couleurs de l’Austin Devon Dinky Toys

A l’occasion d’un récent séjour dans la capitale anglaise, j’ai pu constater combien les clichés sur le mauvais goût vestimentaire des anglais étaient dépassés. Si la population de la « City », cœur économique du pays, arbore de stricts costumes aux couleurs conventionnelles, le reste de la population s’affiche dans des harmonies auxquelles nous ne sommes pas habitués.

Austin Devon
Austin Devon

Une différence majeure entre nos deux civilisations semble être le fait que les Anglaises sont totalement décomplexées. Si chez nous l’harmonie du bon goût s’étend du noir au taupe en passant par le gris, de l’autre côté du Channel, on laisse parler ses envies de couleurs. C’est parfois étrange, déroutant, mais c’est toujours innovant et souvent très joyeux ! C’est peut être cette capacité à s’habiller sans se soucier du regard des autres, à arborer des couleurs vives, des textures étranges et des accessoires surannés qui permet à nos amis anglais de garder le moral malgré les soucis qui ne manquent pas outre-Manche.

Peut être suffirait-il de prescrire en France le port des collants orange et de la chemise à pois vert pomme pour voir remonter le moral de la nation.

En voyant le spectacle coloré de la rue et rehaussé par l’éclat du soleil, je n’ai pu m’empêcher de faire un lien avec les fameuses autos bicolores de la série 40, produites par Dinky Toys Liverpool. Dans l’histoire de la production de jouets, il me semble qu’aucun fabricant n’est allé aussi loin dans l’audace des harmonies proposées. Je m’interroge encore : « Comment les gens du bureau d’étude de Binns Road ont-ils pu convaincre la direction d’adopter ce choix de couleurs ? Les Austin Devon fuchsia et vert « Harrod’s » ou orange et bleu France sont une petite provocation : nul n’a pu rester insensible devant ces modèles ; on aime ou on n’aime pas, mais en tout cas on réagit, ou on agit.

J’ai sur ce point une anecdote savoureuse en réserve. Il y a une vingtaine d’années, un monsieur originaire de Versailles me contacte afin de se séparer de la collection qu’il avait constituée alors qu’il était encore adolescent. Grâce à la profession de son père, il avait eu la chance de se rendre assez régulièrement en Grande-Bretagne. Il avait ainsi pu acquérir de nombreuses miniatures originaires de Liverpool. Dans les années 50-60, beaucoup de ses petits camarades ignoraient jusqu’à l’existence de cette production d’outre-Manche : il n’y avait pas d’importation pour ne pas nuire à l’unité de fabrication de Bobigny.

Ainsi, tout jeune homme, il avait déjà accumulé une belle série d’anglaises, qui faisaient à juste titre la fierté de sa collection. Il n’avait bien sûr pas manqué de m’en faire part avant mon déplacement.

Sur place, je pus constater les faits : de belles miniatures, précieusement conservées. Ainsi, outre les inévitables petits fourgons Trojan tellement représentatifs de la Grande-Bretagne, je trouvais des camions Guy et de superbes autos appartenant à la classique série 40, toutes conditionnées en étuis individuels et datant donc de la fin des années 50. En effet, Binns Road avait maintenu un peu plus longtemps que Bobigny, ses anciens modèles en conditionnement par 6, probablement pour des raisons de coût ou par commodité pour l’expédition. Les étuis individuels et la renumérotation indiquent de ce fait, une fin de carrière pour ce type de modèles.

Notre homme, soucieux d’harmonie et de bon goût avait opté pour les couleurs classiques. Ainsi la 40G Morris Oxford était vert anglais, l’Austin Sommerset d’un bleu clair tout simple.

Lorsque je vis le boîtage de l’Austin Devon, arborant les fameuses robes bicolores décrites un peu plus haut, mon cœur s’est mis à palpiter. En effet, ces finitions bicolores sont prisées par les collectionneurs, et pour le marchand que je suis, il est toujours plaisant d’en avoir une à proposer à la vente. Lorsque j’ouvris la boîte, ma déception fut immense. Notre homme m’expliqua qu’à l’époque il avait été dans l’impossibilité de trouver une finition acceptable. Il avait donc acheté la version décadente fuchsia et vert « Harrods », et pour remettre cette miniature dans le droit chemin, l’avait repeinte… en noir !

Certes le travail était de qualité, mais en fait de miniature aux couleurs pimpantes à proposer à mes clients il ne me restait qu’une boîte arborant la pastille bicolore.

Sur l’ovale d’Indianapolis

Pour illustrer cette course, j’ai choisi des autos de fabrication américaine, toutes reproduites à une échelle proche du 1/43. Comme souvent avec les fabricants de jouets d’outre-Atlantique, les gammes sont déclinées dans plusieurs échelles. Ceci est particulièrement vrai pour les jouets réalisés en cast iron, mais les modèles en caoutchouc (rubber) et en plomb (slush) n’échappent pas à cette logique. Il existe ainsi une série de bolides similaires reproduits à l’échelle du 1/60.

Craft Toys Miller
Craft Toys Miller

La période de production de ces jouets s’étale de 1930 à 1950 environ. Les deux reproductions avec capot moteur amovible sont particulièrement intéressantes : le capot moteur est réalisé en tôle et coulisse verticalement pour laisser entrevoir une reproduction sommaire du moteur. Ils ont été réalisés par Craftoy.

Les modèles équipés de jantes en bois, peintes de couleur rouge, sont des Barclay. Le bolide bleu est particulièrement impressionnant par son aspect agressif.

Le modèle de couleur verte, avec le pilote installé très en retrait est une Kansas. Le modèle sera repris par d’autres fabricants.

Les monoplaces, rouge et turquoise, équipées de roues en caoutchouc de couleur blanche sont des Lincoln.

Enfin, celle de couleur argent dans la vignette en haut à gauche de l’article 144 est également une Lincoln, celle de droite étant une CAW portant la référence CWV08.

Il y a cent ans sur l’ovale d’Indianapolis

Le 29 mai 2011, sur l’ovale d’Indianapolis, les bolides se sont élancés pour la course du centenaire. La course a lieu tous les ans depuis 1911. Les années de guerre, avec l’engagement des troupes américaines ont constitué les seules exceptions, en 1917 et 1918 puis de 1942 à 1945.

Indianapolis "slush américain" Miller
Indianapolis « slush américain » Miller

Les Américains se sont toujours distingués par leur sens du spectacle. On parle d’ailleurs d’un show à l’Américaine, qu’il s’agisse d’une campagne électorale, du tour de chant d’une vedette du show-biz ou d’un événement sportif. Le domaine qui nous est cher, celui du sport automobile, ne fait pas exception.

Aux USA, les courses automobiles répondent à un véritable rituel, une occasion sans pareil de communier avec le public.

En Europe, je ne vois comme équivalent que les 24 heures du Mans. Parade des pilotes, ouverture des stands au public, séances de dédicaces : nous sommes à l’opposé des préoccupations des gens qui gèrent actuellement la Formule 1. C’est cet esprit de sport-spectacle qui est à l’origine de la création de la course mythique.

Petit retour en arrière, sur la base des informations issues d’un article très instructif de Jean Paul Delsaux paru dans la revue Auto-Hebdo. La première compétition automobile, Paris-Rouen en 1894, consiste à relier deux villes. Pendant de nombreuses années, ce sera le seul format de course automobile.

Il n’est pas transposable outre-Atlantique où les réseaux routiers sont réduits et les grandes villes reliées par le chemin de fer. Les organisateurs se replient donc sur les grandes étendues de sable offertes par les plages à marée basse.

Pour les villes intérieures, ce sont les « fairgrounds » (champ de foire) qui servent de support à des exhibitions de vitesse. Comme la dimension des terrains varie en fonction de l’importance de la cité, les organisateurs vont homologuer des châssis compatibles avec la taille de ces « fairgrouds ». C’est le début d’une certaine idée de standardisation, idée toujours en vigueur en 2011.

La première course sur un ovale aura lieu sur le Rhode Island State fair en 1896. Les courses sur « dirt track ovals » vont ensuite se multiplier. Cet engouement favorise l’émergence des clubs automobiles. Le premier d’entre eux, l’AAA American Automobile Association, représente les constructeurs automobiles américains. L’autre, l’ACA Automobile Club d’Amérique est dirigé par des industriels de la côte Est, passionnés par les progrès techniques et les belles automobiles européennes. Avec notamment l’organisation de la coupe Vanderbilt, ces derniers importeront la conception européenne de la compétition automobile, c’est-à-dire une épreuve disputée sur route.

Une scission se dessine : alors que l’AAA développe des compétitions ouvertes à des autos issues de la série, bon marché, l’ACA se tourne vers l’innovation technique, réservée à une minorité. Cela ne vous rappelle rien ? En 2011, ces deux conceptions du sport automobile s’affrontent toujours. A partir de là, un dénommé Carl Fisher, encore jeune et déjà à la tête d’une importante fortune, comprend tout l’intérêt de la construction d’un grand stade consacré à la compétition automobile.

En 1909, est inauguré aux Etats-Unis le plus grand ovale jamais réalisé dans ce pays : Indianapolis Motor Speedway.

La première course, le 22 août 1909, sur une distance de 300 miles, sera une véritable hécatombe : elle devra être interrompue en raison du nombre important d’accidents mortels : c’est le revêtement qui est en cause. La décision est prise de le remplacer par une piste en brique, de là son surnom le «brickyard ». Deux ans plus tard, en 1911 les premiers 500 miles auront lieu. Une bande pavée est toujours en place sur l’actuel circuit, en souvenir de cette glorieuse époque. (voir  un autre article sur Indianapolis)https://autojauneblog.fr/2011/06/22/sur-l-ovale-d-indianapolis/

Mon van au Canada

La firme canadienne Real Types a conçu une gamme équilibrée de miniatures représentative du paysage routier nord-américain. Une camionnette de livraison y a naturellement sa place. Le choix s’est porté sur un véhicule de la marque Chevrolet. Le modèle P20/P30 :  remerciements à Steven Goodstein pour cette précision.

Real Types chassis "Made in Canada"
Real Types chassis « Made in Canada »

Il ressemble au modèle produit par la firme International qui, lui a a été conçu par Raymond Loewy, celui-là même à qui l’on doit les célèbres Studebaker des années d’après guerre. Raymond Loewy marqua de son empreinte le design des automobiles mais également des objets usuels. C’est lui qui créa, entre autre, la fameuse bouteille d’un soda venu d’outre-Atlantique. Le modèle aura une carrière très longue et connaîtra des évolutions, mais sa physionomie générale n’en sera pas modifiée. L’image qui vient à tous les amateurs est celle de la flotte de fourgons aux couleurs du célèbre service de livraison « UPS ». Il en existe de nombreuses reproductions mais, curieusement, aucun fabricant de jouets renommé ne mettra ce modèle à son catalogue.

C’est pourtant un véhicule très représentatif du paysage américain qu’on retrouve nécessairement dans les films et les séries télévisées.

Les versions proposées par Real Types sont superbes. Les décorations bicolores sont harmonieuse et flatteuses à l’œil : le fabricant canadien ne s’est pas contenté de livrées unicolores Rcomme le fera plus tard Hubley. Si les modèles produits à Lancaster pour Hubley possédaient parfois une planche de décorations à apposer soi-même, les versions Real Type étaient vendues toutes décorées.

J’ai découvert cette version TCA, une compagnie de fret canadien, portant la référence RT240, en visite chez Steve Butler. Elle m’était totalement inconnue.

J’ai pu m’en procurer un exemplaire quelque temps plus tard. Steve Butler par contre ne connaissait pas la version « Eaton’s of Canada » que nous possédions depuis longtemps. « Eaton’s of Canada » était une chaîne de grands magasins implantée au Canada. Cette enseigne a disparu il y a quelque temps bien qu’elle ait occupé très longtemps une place prépondérante dans le pays. Tootsietoys a également produit pour cette enseigne un « panel van » aux couleurs rouge et bleu caractérisant la chaîne de magasins. Il faut d’ailleurs signaler la présence de deux versions. La société avait certainement dû commander une nouvelle série, mais la firme « Real types » n’existant plus, il est probable qu’elle ait été dirigée vers Hubley. La deuxième mouture, à la nuance plus claire, possède en effet un châssis gravé « Made in USA ». L’existence d’autres versions est fort probable. Ainsi, sur un listing figurant au dos d’un emballage canadien un mystérieux « bread van » apparaît.

Je suis bien sûr preneur de toute information complémentaire : n’hésitez pas à me faire part de vos trésors !