Première leçon de conduite à Stockholm

Alors que nous ne pouvons que constater la détérioration des rapports entre automobilistes, et entre automobilistes et autres usagers de la route, il nous a semblé judicieux de vous présenter cette mallette Tekno destinée à l’éducation routière des petits écoliers suédois.

Mallette éducation routière Tekno
Mallette éducation routière Tekno

Rien ne remplacera jamais le rôle de l’éducation dans l’édification d’une société où il fait bon vivre ensemble, et ce dans tous les domaines. Après avoir négligé ce principe universel, nos gouvernants ont cru pouvoir compenser leur manque de clairvoyance par des accès de répression. Et c’est ainsi qu’on vit les radars pousser et se multiplier au bord des routes comme des champignons. Et c’est ainsi qu’on vit le quota de points attribué à chaque conducteur diminuer au fil des infractions, et fondre de manière automatique et sans discernement, aussi rapidement que neige au soleil.

Dans les écoles, le temps de l’éducation routière s’est dissout dans l’éducation civique. Pourtant, quel souvenir merveilleux que ces séances durant les heures de classe ! Elles constituaient la petite pause indispensable entre la dictée et les problèmes de baignoires à remplir ou de trains qui n’arriveraient pas à l’heure (déjà) ! Ces heures avaient la saveur du temps volé sur les matières rébarbatives et théoriques qu’étaient le calcul et la grammaire… certes, bien après, j’ai compris l’utilité ces enseignements pour calculer une ristourne ou écrire de manière compréhensible ce blog.

Mais ces heures d’éducation routière, c’étaient bien celles où le cancre pouvait relever la tête, faire preuve de son bon sens et se racheter aux yeux de la maîtresse….

Alors, imaginons la chance des petits écoliers suédois. En France, nous en étions encore aux posters cartonnés accrochés au tableau noir.

Le petit Suédois, lui, avait à sa disposition de belles Tekno rutilantes. Et je ne suis pas loin de penser que cela explique le comportement des scandinaves au volant. Dès le départ, ils ont été habitués à manipuler des objets de qualité !…

Arrêtons-nous, un moment sur cette mallette éducative Tekno.

Lors de nos nombreux voyages en Scandinavie, nous avons eu l’occasion de voir plusieurs valises de ce type. D’après les informations que nous avons glanées, elles étaient distribuées dans les écoles. Il est également possible qu’elles aient été vendues. Elles étaient toujours équipées des mêmes modèles. En fait, il s’agit d’une firme suédoise qui commandait des modèles à Tekno. Cette firme agissait comme un assembleur.

La Volkswagen est bien sûr aux couleurs de la police suédoise. Il est intéressant de remarquer que, suite aux desiderata du commanditaire, quatre décorations ont été créées spécifiquement pour cette mallette (voir la photo 97a). La version ambulance du Kombi Volkswagen croix rouge n’a jamais été reprise en étui individuel…il aurait été impossible d’y glisser le véhicule à cause de son gyrophare. Un problème identique se posera à Tekno avec le Ford taunus ambulance. Tekno trouvera la solution en glissant le gyrophare à l’intérieur du fourgon, grâce à la porte ouvrante. Le Volkswagen n’offrait pas cette possibilité. Autre curiosité, la couleur rouge du gyrophare. Jamais cette couleur ne sera reprise par Tekno. Les deux Mercedes 220, de couleur noire, arborent aussi une décoration spécifique. « Skoljuts » est la traduction d’« auto-école ». La version Taxi (et non taxa comme au Danemark) est appliquée à plat, ceci afin de faciliter l’identification du modèle. En effet, ces autos étant placées à même une table, les enfants à qui on demandait de déplacer tel ou tel objet devaient pouvoir les identifier facilement.

Dernier élément créé pour ce coffret, l’autocar arborant la décoration « Scania vabis ». Il est assez étrange, pour le commanditaire d’avoir fait réaliser ce décalque et de l’avoir appliqué sur un Volvo, autre fabricant Suédois. En allant plus loin, il est aussi étrange, pour des modèles réalisés pour la Suède d’avoir choisi des Volkswagen et des Mercedes et non des Volvo Amazon. Pourtant la nationalité suédoise est à l’honneur dans cette mallette. Ainsi, le camion citerne arbore les couleurs du grand pétrolier suédois Koppartrans. On note également la présence d’un autre Scania 110, sans bâche. Signalons également la présence de panneaux et feux rouges d’origine Tekno. Les personnages sont par contre d’origine anglaise, de chez Corgi Toys.

Remarquez le curieux traineau… nous sommes bien en Scandinavie ! Enfin une case était destinée à contenir des craies.

Peut-être être pourrions nous réintroduire ces objets ludiques dans les écoles, avec de belles Solido actuelles par exemple, afin d’éduquer nos enfants et petits enfants à bien se comporter plus tard sur la route… mais assurément, c’est maintenant et sans attendre qu’il faut former les conducteurs de demain !

Taxi au pays des kangourous

L’histoire de Holden commence en 1920 avec la Holden Motors Body Builders (HMBB). Cette société est spécialisée dans l’assemblage, en Australie, d’autos des firmes Dodge, Buick, Ford, Chevrolet, Studebaker ainsi que de quelques marques européennes dans le but de contourner les taxes élevées touchant les produits finis importés.

Micro Models Holden
Micro Models Holden

En effet, afin de favoriser l’utilisation de la main d’œuvre locale, le gouvernement australien ne soumet pas au même taux les produits résultant d’un assemblage sur place de leurs différents composants.

Dès 1923, HMBB ne travaille plus que pour General Motors (GM) qui s’installe en Australie en 1924. En 1925, l’entreprise HMBB recentre son activité sur l’automobile en et ne se limite plus à son activité de sellerie automobile. Son activité est florissante jusqu’en 1929. Mais à la faveur de la crise qui se fait durement sentir GM rachète Holden en 1931.

Le projet relatif à la réalisation d’une auto entièrement australienne est suspendu le temps de la seconde guerre mondiale mais l’idée fait son chemin et les pourparlers avec Detroit reprennent après la guerre.

Grâce à sa ténacité, le patron réussit à récupérer un projet du bureau d’étude de Chevrolet qui était demeuré sans suite car les dirigeants trouvaient le modèle trop petit pour le marché américain. Les premiers prototypes circulent en 1946 et le premier modèle de pré série sort des chaînes de Fishermens Bend le 1er octobre 1948. Le lancement aura lieu le 29 novembre.

La Holden 48-215 sera la première automobile australienne. On peut avancer une comparaison avec Micro Models. Micro Models fut le premier et le plus renommé des fabricants de miniatures en Océanie.

Il faut effectivement parler du continent car la production se situa à la fois en Australie et en Nouvelle-Zélande, certains modèles étant produits dans les deux pays et d’autres dans un seul des deux. Les numéros figurant sous les châssis sont toujours d’origine australienne. Les renumérotations provenant de Nouvelle Zélande n’apparaissent que sur les étuis. Les suffixes apparaissant sur ceux-ci (GB) sont les initiales des deux firmes associées qui fondèrent Micro Models. « G » pour Goodwood productions Pty (Australie) et « B » pour J.A.Brent and Co. La présence des deux initiales sur les références confirme la propriété commune des moules. La production s’est étalée de 1952 à 1961.

En 1956, une firme de Nouvelle Zélande (Lincoln Industries) a fabriqué sous licence des modèles distribués par la « Alex Tolmer and associates Pty.Ltd ». Les moules seront réutilisés plus tard : de manière éphémère en 1974 par Matai, et par Torro en 1976 ; à nos yeux ce ne sont plus de vrais Micro Models.

La majorité des modèles arbore des couleurs de base : rouge, bleu, vert, gris et crème.

Seules les versions taxi sont bicolores et associent pour notre grand plaisir des couleurs particulièrement chatoyantes. Ces versions taxi sont difficiles à se procurer.

La passion inoxydable

Quelque soit son domaine de prédilection, l’amateur ne peut enrichir ses connaissances et assouvir sa soif de découverte qu’en consultant les écrits laissés par les gens désireux de faire partager leur passion.

Ainsi, il est temps de rendre hommage à celui qui le premier comprit l’importance du phénomène de la collection des miniatures automobilesIl s’agit bien sûr de Jacques Greilsamer, qui avec sa revue Modélisme, puis avec l’ouvrage du même nom publié en 1967, offrit des sources documentaires à tous les collectionneurs.

Micro Models
Micro Models

Encore maintenant, il nous arrive de rencontrer des pionniers de la collection, Anglais et Suédois notamment, évoquer ces publications, qui, malgré la barrière du langage, permirent la diffusion de listes et de photos. A l’heure d’internet, il est difficile d’imaginer combien ces écrits furent précieux, notamment parce que les collectionneurs les plus chevronnés se faisaient un plaisir de faire partager leurs découvertes.

C’est ainsi que dans le numéro 71, paru à l’automne 1970 un jeune collectionneur nancéien, Hubert Haas, présenta ses trésors à d’autres passionnés.

Hubert Haas avait un frère dans la marine marchande. Ses fréquents voyages au long cours lui firent sillonner toutes les mers du globe. Il profita de ses escales pour ramener à son frère ces productions du bout du monde que sont les Micro Models. Comme les collectionneurs de l’époque, Hubert Haas avait découvert cette firme lors de la première exposition consacrée aux miniatures automobiles en 1960 par le C.I.A.M.

Nombreux furent les amateurs de miniatures automobiles qui se mirent à rêver devant ces modèles de qualité venant de contrées lointaines. Mais il y a 50 ans, il fallait une réelle obstination pour en acquérir.

Hubert Haas précise dans son article que, déjà, en 1960, ces miniatures, étaient aussi difficiles à se procurer là-bas que des Solido Junior en France ! Il poursuit en valorisant la qualité de reproduction de ces miniatures et en fustigeant au passage des marques telles que Metosul ou Joal qui ne supportent pas la comparaison : les collectionneurs étaient plus critiques que nous ne le sommes maintenant et il est vrai qu’avec le temps les firmes comme Metosul ont trouvé des amateurs. Enfin, toujours animé par le plaisir de faire découvrir les modèles, il dresse la liste de la production Micro Models assortie de commentaires amusants. Il trouve ainsi la Vanguard break un peu généreuse au regard des critères du 1/43, se réjouit de constater que la Humber super Snipe s’ajoutera à celle produite par Chad Valley, que la Vauxhall Cresta de Micro models est le modèle qui précède celle de Spot On…

Ce sont les commentaires d’un passionné, souvent pertinents, touchants avec le recul. Quarante ans plus tard, Hubert Hass est toujours aussi passionné et prêt à s’enflammer à la découverte d’un nouveau Tekno ou d’un véhicule publicitaire qui pourrait venir enrichir sa collection.

Ainsi sont les pionniers de la collection, comme le sont également M. Dufour et M. Sée unis par une passion qui ne les a jamais quittés. La collection de miniatures automobiles a sans doute des vertus en terme de longévité.

1936, un souffle de modernité à Sochaux

Dans son ouvrage consacré à la firme sochalienne, René Bellu est catégorique : c’est la plus jolie et la plus originale de toutes les Peugeot jamais produites. Il faut avouer que la ligne « fuseau Sochaux » tranche radicalement avec ce qui a déjà été fait.

Peugeot 402 JRD: l'élégance française
Peugeot 402 JRD: l’élégance française

Moderne, aérodynamique, ces carrosseries s’inscrivent dans un courant apparu au milieu des années 30.

Elle sera produite en plusieurs versions : coach, cabriolet décapotable, cabriolet transformable (avec système de décapotage électrique !), roadster, commerciale et bien sûr en conduite intérieure.

Pour cette dernière version, il faut même parler de deux variantes, l’une normale et l’autre longue. Celle-ci servira de base au modèle taxi. De profil, la différence entre les deux est visible au niveau de l’extrémité du pavillon. Sur la version longue, la carrosserie se prolonge après la troisième baie vitrée. Ceci offrant bien évidemment plus d’espace aux passagers arrière. L’empattement est bien sûr plus important. C’est cette version longue que JRD a choisi de reproduire. Pour l’histoire, on peut donc considérer que la version offerte par Dinky Toys dont le pavillon plonge immédiatement après la dernière vitre est peu réaliste.

Nous devons cette reproduction de la Peugeot 402 aux déboires de Citroën ! En effet, c’est bien de l’éclatement des jouets Citroën qu’est né JRD. Messieurs Rabier et Douat vont diversifier leur production et nous offrir cette fantastique série de modèles réalisés en plastiline à une échelle voisine du 1/43. Le coach et la commerciale qui ont réellement existé sont les deux seules versions qui n’ont pas été reproduites. JRD produira par contre des versions utilitaires, notamment un plateau brasseur. Les modèles présentés ce jour sont différents.

Les premiers modèles de Peugeot 402 produits par JRD, bien difficiles à se procurer, sont ornés d’une calandre en tôle fixée à l’aide d’une patte dans un orifice prévu à cet effet dans la carrosserie ; l’axe arrière est maintenu à la carrosserie à l’aide de pattes en tôle. Enfin, observez les ailes arrière. Elles sont découpées. Le dessin et les courbes des ailes avant sont également différents par rapport à ceux du second modèle possédant la calandre moulée. Nous n’avons jamais rencontré d’autres versions proposées par JRD qui auraient été équipées de la calandre en tôle. Nous pensons donc que seule la berline a été affublée de cet accessoire trop fragile. Le cabriolet et le roadster ont été également moulés avec des ailes arrière découpées, ce qui tendrait à prouver que la fabrication des moules pour produire des objets dans cette matière qu’est la plastiline devait être bien moins contraignante que la fabrication des moules servant à injecter du zamac.

De cette période novatrice restent ces beaux jouets qui sont le témoin des dernières années d’insouciance avant le conflit mondial qui se profile.

Et l’automobile bascula dans la modernité

C’est le 18 avril 1934, dans son grand hall d’exposition place de l’Europe, qu’André Citroën choisit de dévoiler la traction avant.

En vérité, les concessionnaires avaient été conviés dès le 23 mars à une présentation privée. A la mi-avril, la production commence au rythme de cent voitures par jour. La production passe très vite à deux cents exemplaires par jour. Il s’agit de la « 7 ».

Traction Citroën JRD
Traction Citroën JRD

Dès le début du mois de mai 1934, les heureux privilégiés commencent à prendre possession de leur véhicule. Ce sera le commencement de la fin pour le créateur de la marque. Même si les qualités qui feront plus tard le succès de l’auto sont déjà là, les premières voitures ne sont pas au point, elles manquent de fiabilité. En fait, André Citroën, cerné par les créanciers tente un dernier coup de poker. Cela ne suffit pas, il doit céder son entreprise à son principal créancier, la firme de pneumatiques Michelin. C’est ainsi que Pierre Boulanger arrive à la tête de Citroën. Au prix d’une gestion rigoureuse la firme se redresse.

Mais André Citroën devra quitter son entreprise qui était sa raison de vivre. Il décédera un an plus tard, en 1935, sans avoir vraiment assisté au succès de cette auto. Cette période troublée pour la firme du quai de Javel aura des répercussions sur nos petites reproductions miniatures

Le budget consacré à la reproduction en miniatures des automobiles Citroën n’est pas épargné par la rigueur et le contrat liant Citroën à la firme de Briare ne sera pas reconduit. C’est notamment pour cette raison que la C-I-J se tourne vers Renault.

Monsieur Rabier issu des jouets Citroën, en profite pour créer la JRD. Celle-ci continuera à s’intéresser aux reproductions Citroën, mais pour ne pas revivre les mêmes déboires, JRD refuse de s’enfermer à nouveau dans une logique de monopole

Ainsi verra-t-on une magnifique série de Peugeot, mais également des autos de course (tank Bugatti, Bluebird et autres Delahaye du million). C-I-J au contraire, souhaitera avoir le monopole des reproductions de Boulogne-Billancourt. Renault avait toujours jalousé Citroën. L’opportunité d’avoir, comme André Citroën un label « Jouets Renault » a dû fortement peser dans la balance. Ce monopole ne cessera qu’avec la Dauphine !

Cette reproduction de la traction peut être interprétée à nos yeux comme une reproduction « post Jouets Citroën ». Le jouet n’emporte pas le succès escompté. Les modèles de la série des tractions sont difficiles à se procurer. En dehors de la berline, il existe un cabriolet, et des versions militaires (mitrailleuse et projecteur). Au final, on peut légitimement s’interroger : s’agit-il d’une 7 ou d’une 11 ? bien que de bonne facture, la reproduction n’autorise pas à trancher.

Nous laisserons donc aux spécialistes de la marque aux chevrons le dernier mot. Observez pour finir le nom figurant sur les pneumatiques ce sont des Michelin, bien évidemment !