Mac Laren M8B : la chevauchée fantastique

Cette Mac Laren M8B se situe dans le dernier quart de la série 100.

C’est la période où chaque nouveauté Solido force l’admiration des petits et des grands.

Mac Laren M8B Solido
Mac Laren M8B Solido

La firme D’Oulins s’appuie sur deux concepts pour asseoir sa position dominante sur le marché de la miniature : une exactitude des formes et une richesse de détails qui fit passer ces simples jouets au statut de maquette.

Les formes d’abord. Les concepteurs du modèle ont bien capté les formes en coin de l’auto. Tout semble bien proportionné et la comparaison avec des photos de ces autos confirme le réalisme du modèle Solido. Le traitement du capot arrière constitue un détail significatif du soin apporté par Solido à ses maquettes : le fabricant a fait l’effort d’ajourer cette partie comme sur le modèle réel. Cela n’attire pas l’œil au premier abord mais ce détail a exigé de la part de ses concepteurs d’avoir un moule parfait ainsi qu’une excellente injection afin d’éviter un ébarbage fastidieux. A titre de comparaison, observez la manière dont Dinky Toys Liverpool a reproduit le capot arrière de sa Mac Laren M7A. La différence est éloquente.

Les détails maintenant. La bulle en plastique teintée de couleur bleu est excellemment traitée. Notons que, curieusement, sur les versions brésiliennes, sans que l’on sache pourquoi, elle est toujours teintée de couleur vert. Les accessoires en plastique chromé finissent d’habiller la carrosserie : rétroviseurs, arceaux de sécurité et dessus du block (chevy) si caractéristique des autos de cette série.

Enfin, dernier élément mais non des moindres, les jantes. Elles sont en zamac brut et reprennent le dessin à quatre branches de l’original. Solido fut le premier à comprendre l’importance de la reproduction de cet accessoire. Chaque auto de course à partir du milieu des années soixante était reproduit avec ses jantes caractéristiques.

Un détail cocasse à ce sujet : les miniatures de fabrication délocalisée comme les Dalia en Espagne ou les Brosol au Brésil ne respectent que rarement la rigueur du constructeur d’Oulins. Ainsi, la Mac Laren produite en Espagne reçue des jantes rayon en zamac brut totalement irréalistes. La version brésilienne reçut elle les jantes de la Lola T70…Alors que la T70 brésilienne reçut celle de la Ford MK IV. C’est à ces détails que l’on peut souvent identifier ces productions étrangères.

Enfin, la décoration du modèle est fidèle à celle de l’originale. Depuis l’apparition des sponsors, Solido a compris tout l’intérêt de fournir une planche de décalques permettant de compléter soi-même son modèle.

Dans ce domaine, il fut également un pionnier. Disons enfin un mot sur la couleur ou plutôt sur les couleurs. Le jaune aurait été la première couleur. Très vite abandonnée, elle sera remplacée par la couleur orange conformément à la vraie voiture. Bertrand Azema affirme dans son livre qu’il n’y eu qu’un orange : les variantes signalée ne seraient que des modèles décolorés. Certes, ce phénomène existe on ne peut le nier. Mais nous pouvons tout de même affirmer qu’il y a bien eu à l’origine deux teintes d’orange très distinctes qui ont évolué parallèlement aux oranges utilisés pour la production de la Mercedes C111. La version Dalia ne nous est connue qu’en orange mais il existe sûrement d’autres teintes. Enfin, la Brosol reçoit pour l’occasion un décalque plastifié sous le châssis indiquant sa provenance. Nous la nous possédons en orange, en noir et en vert. Ces trois modèles étaient présentées dans un écrin particulier vissées sur un socle en plastique.

Solido produisit là une superbe miniature et surpassa tous ses concurrents du moment.

1959 : le déclin commença à Bobigny

Il arrive que certains détails passent inaperçus et qu’on ne comprenne que bien plus tard leur importance. Le catalogue Dinky Toys de 1959 offre une belle illustration de cette généralité.

Dinky Toys chassis Studebaker
Dinky Toys chassis Studebaker

Observez bien cette page ; dans un premier réflexe, le collectionneur ne peut que se mettre à rêver : un taxi ariane aux couleurs inversées, une Buick saumon avec pavillon bleu, une Plymouth belvédère deux tons de brun, et enfin une Studebaker deux tons de bleu. Bien sûr ce ne sont que les dessins d’un catalogue. Je suis pourtant convaincu que ces modèles ont existé, au moins en tant qu’essais pour permettre au dessinateur d’utiliser ces autos peintes pour préparer les illustrations. On peut d’ailleurs constater qu’à part quelques rares exceptions, les couleurs utilisées existaient déjà dans la palette Meccano.

Les modèles seront effectivement produits avec des évolutions : la Buick deviendra saumon avec pavillon noir. La Belvédère havane et brun métallisé et la Studebaker dans la couleur inversée à celle que nous vous présentons. La poursuite de l’analyse conduit à penser que cette page est révélatrice du début du déclin de Dinky Toys.

L’année 1957 commence bien pour Meccano : la régie Renault suspend le contrat d’exclusivité pour la reproduction des miniatures Renault qui la liait à la CIJ.

Tout irait donc pour le mieux sans l’émergence de Solido qui propose sur le marché des innovations techniques majeures : suspension indépendante, vitre, aménagement intérieur, pilote amovible, et un peu plus tard portes ouvrantes !

En Grande-Bretagne, Corgi Toys bouscule aussi la hiérarchie des fabricants avec une politique très agressive à l’exportation. Corgi toys sera d’ailleurs une des rares firmes implantée dans le monde entier, comme Matchbox.

Deuxième ombre au tableau, Norev conquiert l’hexagone avec des prix bas très attractifs. Face à cette concurrence inventive, Dinky Toys n’aura jamais plus la réactivité qui lui aurait permis de reprendre l’avantage.

Ainsi, lorsque Dinky toys se décidera à équiper ses modèles de vitres, la concurrence aura déjà pensé à peaufiner l’aménagement intérieur de ses modèles. Quand Dinky Toys équipera ses modèles d’aménagement intérieur, Solido proposera des miniatures avec portes ouvrantes.

Notons enfin, que Dinky Toys maitrise mal ces innovations, notamment les parties ouvrantes. Revenons à ces étranges couleurs. L’interprétation que l’on peut en avoir est que la direction de Meccano souhaitait dynamiser son catalogue et ses ventes à moindre coût et qu’elle avait demandé au bureau de proposer de nouvelles et pimpantes couleurs. Le résultat est là, les couleurs sont réussies. Mais évidemment, cette simple réussite esthétique ne permit pas à Dinky Toys de garder sa suprématie face aux innovations techniques de ses concurrents, d’autant que les miniatures de Bobigny, certes de belle qualité, étaient comparativement plus chères.

Voilà pourquoi, à nos yeux ce catalogue est un peu le chant du cygne.

Travaux des champs à Johannesburg

Le second modèle connu de la firme PMI est un beau tracteur Massey Harris 745. Il est reproduit au 1/43 environ (9,5cm). L’inscription «pmi » est gravée à l’intérieur des ailes arrière. Le volant moulé d’une seule pièce actionne la direction. La gravure est très fine : les inscriptions Massey Harris et « 745 » sont gravées en creux ce qui est peu fréquent pour des miniatures.

Tracteur Massey Harris produit en Afrique du Sud
Tracteur Massey Harris produit en Afrique du Sud

La boîte, joliment illustrée est en quadrichromie, au contraire du Bantam, qui est dans le style sépia. Nous n’avons pas d’autres d’informations sur cette firme mais il serait étonnant qu’il n’y ait pas eu d’autres modèles, notamment des voitures.

Revenons aux Dinky Toys assemblées chez Harris : il est troublant de constater qu’il n’y a pas de camions ou tout au moins que nous ne les connaissons pas. Dans son livre sur les Dinky Toys, Jean-Michel Roulet évoque un Mercedes autocar de 18 places de couleur ivoire et bleu .Il est possible que cette couleur soit une production sud africaine. Mais nous ne l’avons jamais vu. Nous profitons de la présentation du tracteur de PMI, pour signaler que nous avons trouvé une version sud africaine du Massey Harris issu de l’outillage de Liverpool. Pour l’occasion celui ci est renommé « diesel Harris ». Ce marquage figurait très certainement sur les modèles à l’échelle 1 dans ce pays. Nous possédons également le boîtage ce qui garantit l’authenticité du modèle.

Il y a donc peut être eu d’autres utilitaires provenant de l’outillage de chez Dinky toys… et pourquoi pas des autos de chez PMI… profitez donc de la coupe du monde pour rechercher ces trésors entre deux matches de football, … surtout si vous avez un peu plus de temps libre que vous ne l’auriez souhaité.

Des Studebaker de toutes les couleurs

Les trois autos présentées proviennent de la famille Chaudey. Dans la fiche 74, nous nous sommes expliqués sur l’origine des couleurs des modèles des années 1958-1959. Ces trois Studebaker bicolores devaient faire partie de la palette qui avait été proposée à la direction.

Studebaker  et café Masda
Studebaker et café Masda

La version de notre rubrique présente d’ailleurs les couleurs inversées de celle du catalogue. La studebaker commander bleue arbore les couleurs inversées de celle du catalogue : le bleu pâle était à la mode au bureau d’étude. Durant cette période, on retrouve ce bleu pâle sur le projet du camion Unic boilot porte auto, sur une autre Studebaker qui a le pavillon crème et sur une étrange Ford Vedette qui reprend les deux bleus de notre studebaker, et une découpe de couleur identique à celle de la version taxi ; cette Ford Vedette, provient également de la famille Chaudey. La Studebaker beige et noir reprend exactement les couleurs de la Ford vedette taxi.

Le mystère demeure cependant pour la version prune. C’est l’exception qui confirme la règle selon laquelle Meccano utilisait des teintes provenant de ses produits déjà en fabrication : aucun autre véhicule de cette couleur n’est connu à ce jour.

Pour illustrer cette volonté Meccano de se renouveler en jouant sur les couleurs et leur disposition, nous vous présentons une autre version intéressante : seuls les flancs sont parés d’une couleur différente qui se distingue de la couleur de base. A l’arrivée, le modèle commercialisé aura un ton de base plus mastic que crème et son pavillon reprendra également la couleur contrastée retenue pour les flancs avec une nuance de ton. Ces modèles sont tous finis au pochoir et rivetés comme des modèles de série. C’est pourquoi ils ne sont certainement pas uniques.

Un mot sur la Studebaker orange unicolore. Elle provient d’un employé du bureau d’étude de Meccano, M. Malherbe. La finition est au pinceau et non au pochoir, ce qui lui confère une allure spécifique au niveau de la calandre. Elle n’a pas un intérêt particulier à l’exception de son châssis dont on ne connaît pas d’équivalent. Nous ne savons pas dans quel but ce modèle a été conçu. On peut se demander s’il ne s’agit pas d’un essai pour connaitre les délimitations du cache à créer ? La nature du châssis fait en effet penser à un modèle de pré série.Enfin, pour conclure sur la studebaker commander, nous ne pouvons passer sous silence la promotion du café Masda de Sao Paolo. Le buvard est connu, mais le sachet en papier beaucoup moins. Il est fort peu probable que des couleurs spéciales aient été distribuées en échange de bons de café. On peut facilement imaginer que si cela avait été le cas, Masda les aurait faites figurer sur ses publicités.

Il assez intéressant de constater que n’apparaît nulle part la mention Dinky Toys.

1953 : 1ère ébauche de la Studebaker 24 Y

Dinky Toys a toujours eu beaucoup d’affinités avec la firme Studebaker. Cela commence à Liverpool avec la 39F Studebaker Commander de 1939 et se poursuit avec la Land Cruiser et enfin la Golden Hawk.

Prototype Studebaker 24 Y Dinky Toys
Prototype Studebaker 24 Y Dinky Toys

La collaboration ne se limite pas aux voitures mais s’étend aux utilitaires notamment une belle série de camions citerne, arborant des publicités différentes. Le marché américain était certainement la cible des décideurs.

En héritant de l’outillage de la 39F anglaise, Bobigny fera à peu de frais de la Commander une de ses nouveautés d’après guerre. Puis, pour accompagner le petit camion Ford Poissy, la direction choisira une camionnette Studebaker.

Ce véhicule est peu connu sur les routes de France mais il est le symbole des véhicules américains circulant sur les routes des années 50. Bref, Studebaker est souvent à l’honneur chez Meccano.

Dans la logique qui veut qu’un modèle dont la production est arrêtée soit remplacé par un modèle équivalent mais plus récent, la firme de Bobigny songe dès 1952-1953 à remplacer sa 24 0 dont la reproduction figure un modèle de 1939. Après guerre, grâce à son designer Raymond Loewy, la firme Studebaker bénéficie d’une aura. Meccano entreprend donc l’étude d’un modèle du millésime 1953.

C’est ce modèle que nous vous présentons. Il est réalisé en bois, peint de couleur vert foncé. Dinky Toys se heurte cependant à un problème : chaque année, à Detroit, à l’occasion du salon de l’auto, les fabricants automobiles américains modifient leurs modèles. Certes, ce sont des détails mais l’aspect visuel peu facilement s’en trouver bouleversé. Pour les constructeurs américains, il est primordial de susciter l’envie des clients par des effets de mode. L’Europe sera gagnée par ce phénomène, mais un peu plus tard et dans une moindre proportion. Ainsi, le temps de réaliser un prototype et les plans du modèle de 1953, celui-ci se trouve déjà périmé par l’apparition au salon du millésime 1954. Les stylistes de Studebaker sont visiblement plus rapides que les agents du bureau d’étude de Meccano ! Dinky Toys décide donc de remettre au goût du jour son modèle, et retouche la face avant tout en conservant les ailes arrière. Il procèdera de la même manière avec les retouches opérées sur l’Aronde Elysée au niveau également des ailes arrière.

Au final, c’est donc un modèle de Studebaker peu réaliste que Dinky Toys met sur le marché. Nous avions déjà évoqué la difficulté pour les producteurs de miniatures à suivre les évolutions des constructeurs avec les monoplaces Cooper de chez Solido.

A l’arrivée ce sera pourtant une belle auto qui remplacera avantageusement l’obsolète 24 O.