Ernst Plank : 100 ans déjà – 2

Au premier coup d’œil, ces miniatures sont le pendant des belles autos produites par Carette, Märklin et autres Bing dans la région de Nüremberg, berceau des grandes firmes de jouets Allemandes.

Ernst Plank fut surtout célèbre à ses débuts pour ses machines à vapeur vive, très en vogue à la fin du 19ème siècle, ce qui paraît inconcevable aujourd’hui au regard des normes de sécurité.

Camion militaire Ernst Plank
Camion militaire Ernst Plank

Comme dans la réalité, le fabricant avait d’abord produit des machines fixes puis était passé naturellement en appliquant le même principe, la production d’énergie par la combustion de charbon, à des trains à vapeur. Ce furent les deux grands domaines d’activité de ce fabricant. Il diversifia ensuite sa production par l’intermédiaire de miniatures. Ernst Plank proposa dès les années 1905, une gamme d’autos et de camions réduite à l’échelle environ du 1/60ème. Ces jouets s’adressaient aussi bien aux petits garçons qu’aux petites filles. On note d’ailleurs la présence de nombreux personnages féminins à l’intérieur des autos.

Ces jouets sont à mettre en parallèle avec les Erzgebirge. Ils sont d’ailleurs reproduits à la même échelle, seul le matériau diffère, les Erzgebirge étant en bois. Il y aura des interconnections entre les deux marques : une gamme économique de Plank verra le jour avec des éléments en bois, le capot moteur, et des camions dotés fourgons également réalisés également en bois.

Tous les modèles Plank ont un châssis en tôle épaisse et des capots moteurs moulés en plomb. C’est là que réside le trait de génie de ce fabricant : offrir une gamme conséquente de modèles d’apparence fort différente, sur une base commune.

Les modèles se distinguent notamment par les ailes, quelquefois par leur absence. Ainsi, dans la gamme de véhicules militaires présentée ci-dessous, la carrosserie empruntée à la berline permettra la déclinaison d’une auto d’état major et de deux ambulances. Il a suffi au fabricant d’étudier un système d’ouverture du hayon arrière et de modifier subtilement la carrosserie. Ici, la découpe de la carrosserie, juste avant le poste de conduite, permet d’offrir une allure totalement différente de celle de la berline. On notera que le système d’ouverture du hayon évoluera avec le temps. Nous avons la trace d’un catalogue datant de 1905, où figurent déjà ces véhicules militaires.

Nous reviendrons, et sur plusieurs fiches sur les productions Plank, notamment les autos militaires, qui ont connu chez ce fabricant d’étonnantes déclinaisons…

Alfa Romeo Giulietta Sprint : la dolce vita

  • Fabricant: Mercury
  • Modèle : Alfa Romeo Giulietta Sprint
  • réf. : 3
  • 1954 : chassis argent
  • 1959 : chassis chromé

Un Mack pompier dans les rues de Londres

Il est parfois des logiques industrielles qui échappent au premier abord. Le cas de ce camion Mack pompier semi-remorque grande échelle en est une. C’est en effet le fabricant britannique Moore qui est l’auteur de cette reproduction.

Que peut bien faire ce beau camion Mack d’origine américaine dans les rues de Londres ? Le Royaume uni s’est toujours singularisé avec des véhicules que l’on ne rencontre nulle part ailleurs à l’exemple de ses autobus et de ses taxis. Les véhicules d’incendie ne font pas exception à la règle.

Camions Mack pompier Tootsietoys et Moore
Camions Mack pompier Tootsietoys et Moore

Les Merryweather et les Dennis, constructeurs britanniques de véhicules spéciaux, dont bien évidemment des véhicules d’incendie, ont produit des véhicules aux formes typiques que l’on ne croise que dans les pays du Commonwealth.

Remontons le temps. Tootsietoys, firme qui vit le jour dans les années 20, à Chicago, avait implanté une unité de fabrication en Grande-Bretagne. Ce fait est peu connu. Il y a une vingtaine d’années, dans une bourse à Londres, nous avons acquis un coffret Tootsietoys composé de camions Mack bulldog. La présentation du coffret ainsi que l’étiquette était identique aux coffrets américains. Mais un examen minutieux révéla une surprise : la présence de la mention Made in England. Plus tard, lors de nos voyages outre-atlantique, nous avons eu l’occasion de converser avec de grands amateurs de Tootsietoys. Nous leur avons signalé cette variante étrange et nous nous sommes aperçu que peu d’entre eux avait eu connaissance de cette branche anglaise. Nous avons découvert ensuite bien d’autres Tootsietoys « made in England » : Ford A, Ford T, Yellow cab… et un splendide coffret ayant pour thème la poste aérienne et comprenant des avions trimoteurs et des camions Mack qui avaient troqué la livrée US air mail pour celle du royal air mail !

Après quelques recherches auprès de gens compétents nous apprîmes que Jo Hill co, en parallèle à sa propre production, avait fabriqué sous licence ces Tootsietoys. On peut penser que Tootsietoys avait expédié en Grande-Bretagne des moules utilisés pour la production de modèles qui n’étaient plus à son catalogue. Le moulage, en plomb est plus grossier, plus empâté, que les modèles américains. Nous aurons le plaisir de vous présenter plus tard ces coffrets. Il y a donc bien eu une tentative d’implantation de production en Europe. Enfin, en Grande Bretagne pour être précis. Il est clair que Tootsietoys USA essaya par le biais d’importateurs de diffuser ses produits « made in USA » en Belgique, Suisse, Suède et même en Angleterre par l’intermédiaire de l’entreprise Moore.

Il est assez fréquent de rencontrer des jouets provenant de Chicago dans ces contrées, mais en aucun cas des Jo hill co, qui n’ont jamais été exportées. L’histoire se répétera, mais dans l’autre sens, avec une série de Lone star exploitée outre atlantique par Tootsietoys

Concernant ce camion Mack, nous possédons très peu d’éléments. Au premier regard on peut penser à un modèle où la seule différence serait le boîtage. C’est d’ailleurs la présence de cette étrange boîte qui nous a attiré. Un examen comparatif avec la version américaine nous amène à conclure que de nombreux détails ont été retouchés. Nous vous laissons constater sur les clichés.

Le fabricant Moore n’est pas listé par Paolo Rampini. D’ailleurs est-ce un fabricant ? … en fait, Moore était l’importateur officiel de Tootsietoys en Grande-Bretagne. Avant la Guerre, il a donc vendu, parallèlement aux modèles Jo Hill co fabriqués en Angleterre des modèles made in USA. Après guerre, il s’est aventuré dans la production comme Jo Hill co en retouchant ce camion Mack : ce fut un essai unique et malheureux.

C’était il y a cent ans… Ernst Plank

C’était il y a cent ans… Ernst Plank

Voici le troisième épisode de l’histoire des jouets Ernst Plank, après les épisodes 66 et 67. Celui ci concerne les utilitaires avec carrosserie spéciale.

Vous reconnaitrez

  • un camion de déménagement
  • un camion fourgon
  • un camion balayeuse
  • un camion postal.

La suite au prochain numéro…

Quand le Willeme devint le camion Bernard …

Tous les collectionneurs de longue date ont souvent été confrontés à cette question : maintenant que vous avez tout, qu’est ce que vous pourriez encore chercher ? Le problème, c’est qu’un collectionneur qui ne cherche plus n’est plus tout à fait un collectionneur !

En fait, le collectionneur n’est jamais rassasié.

Camion Bernard Solido
Camion Bernard Solido

Quel que soit son domaine de prédilection, plus il avance dans sa collection et plus il comprend la complexité et l’étendue de ce domaine. Au final, le collectionneur est rassuré par le sentiment d’infini.

L’anecdote du camion Bernard illustre à merveille cette vérité. Lors du salon 2010 de l’auto ancienne de Reims qui est, soit dit en passant, un salon d’envergure internationale bien plus convivial que nos salons parisiens, au détour d’un stand, j’ai repéré ce camion dans une vitrine. Ma curiosité de collectionneur m’a poussé à l’examiner de plus près.

Ce modèle est normalement issu des coffrets de montage Sahara, PL2 ou PL4 ; ils résultent de l’assemblage par vis des composants : cabine, vitrage, châssis …

Ces coffrets permettaient à leurs propriétaires d’assembler à l’infini les cabines de Berliet, Bernard, Willeme et Unic. Le côté ludique lié au montage-démontage était prédominant.

Mais dans le cas du camion Bernard présenté ci-dessous, l’unité de couleur entre la cabine et la remorque, inhabituelle dans les coffrets, m’interpella. Après l’avoir pris en main ma surprise fut grande de m’apercevoir que le camion et la remorque étaient rivetés. Ce camion Bernard n’était donc pas un assemblage provenant d’un coffret, mais bien un modèle proposé tel quel par Solido. Pour des raisons que nous ignorons, il a remplacé, sur une période excessivement courte le Willeme. On peut imaginer par exemple que le moule de celui-ci était en maintenance. La rareté de ce modèle, qui n’est mentionnée dans aucun livre est évidente.

Preuve que même lorsqu’on ne cherche plus rien, on peut encore espérer trouver quelque chose : ce sont les heureuses surprises de la vie des collectionneurs.